No 49. Jeudi,
49e ANNÉE.
20 Juin 1889.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
1815-1889.
Le coup de grâce.
Les basses œuvres cléricales.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
La grande manifestation boulangiste que
MM. Laguerre, Laisant, Deroulède etle Hérissé
comptaient organiser en Normandie a complète
ment raté.
Ce quatuor boulangiste, flanqué du repentant
Susini, est arrivé Dimanche, 1 heure 1/2,
Lisieux, où les attendaient un demi-millier de
personnes, lesquelles lui ont fait une réception
fort peu enthousiaste.
Deux ivrognes ont crié Vive Boulanger
et se sont fait conduire au poste parce qu ils ne
voulaient pas circuler. Les quatre cent quatre-
vingt-dix-huit autres citoyens ont tout simple
ment acclamé le président Carnot et la Républi
que. MM. les commis-voyageurs en boulangisme
n'en croyaient pas leurs oreilles.
Le boulangisme est d'ailleurs tellement en
baisse dans le pays normand, qu'il n'y a pas eu
d'autre moyen d'organiser une réunion Lisieux
que d'inviter les habitants un punch cinq
sous par tête. Deux cents personnes y ont assis
té, puis MM. Laguerre, Laisant et tutti quanti ont
repris le train de Paris, refusant d'assister un
meeting contradictoire auquel les conviaient les
républicains.
Comme fiche de consolation, ils auront appris
en descendant la gare Saint-Lazare, leur élec
tion Ivry en qualité de conseillers municipaux.
Il doit y avoir des Bruxellois zwanzeurs parmi
les électeurs de cette commune suburbaine.
L'aflaire de Samoa s'est terminée contre le
§ré de l'Allemagne, qui a dû abandonner ses
ésirs d'imposer son protectorat cet archipel.
Pour arriver ce résultat, les Etats-Unis
n'ont guère eu de sacrifices faire. Ils ont aban
donné leur protégé, le roi Mataafa, et consenti
la réintégration du roi Malietoa, qui aura fort
faire pour remonter sur son trône, attendu que
les habitants de Samoa tiennent pour son rival.
Une fois de plus, M. de Bismarck se heurte
un échec sensible pour sa politique coloniale.
Il en subira bien d'autres mesure qu'il cher
chera créer des colonies allemandes, car tou
jours il rencontrera les Américains et les Anglais,
peu désireux de voir s'implanter partout un voi
sin qui viendra certainement dangereux.
Les procédés coloniaux dont usent les Alle
mands ne sont pas faits non plus pour attacher
leur cause les indigènes, lesquels craignent
comme la peste ces civilisateurs qui sont plus
rapaces que tous les autres immigrants réunis et
qui ne sont prodigues que d'une chose pour
leurs protégés les coups de fusil.
Une correspondance envoyée de Berlin au
Matin assure que la guerre ne peut éclater ce
moment, parce que la Russie, malgré ses formi
dables préparatifs, n'est point prête encore
La réorganisation actuelle, laquelle on
travaille depuis six ans, est loin d'avoir atteint
les progrès espérés. La mobilisation e3t excessi
vement longue et difficile -, elle se heurte des
obstacles naturels invincibles et a été remplacée
par une concentration des troupes des frontiè
res. Successivement, les régiments, escadrons et
batteries accentuent leur marche vers l'Ouest.
Jusqu'à ce que l'organisation des casernements
et approvisionnements permette la Russie de
réunir la frontière de Pologne une armée assez
forte pour commencer les opérations sans atten
dre les réserves de l'intérieur,la paix est assurée.
Ije Czar ne veut pas renouveler les tristes
expériences de la campagne d'Orient.
Des fautes et des légèretés analogues au
raient les plus graves conséquences avec des
armées comme celles de la triple alliance.
Les nuages noirs vont donc se dissiper.
L'intervention de la Russie dans l'affaire "Wohl-
gemuth dans le même sens que l'Allemagne, le
concours acquis aux autres mesures contre le
socialisme européen fourniront un terrain d'en
tente.
Mais cela ne sera que provisoire, et nous de
vons demander, cette fois, que le provisoire dure
le plus longtemps possible.
Ypres, le 19 Juin 1889.
Il y avait hier 74 ans, par une journée plu
vieuse et triste, que se livrait, sur le sol belge,
le drame militaire le plus terrible. Le soir,
quand l'arrivée de Blùchef, alors que l'on at
tendait Grouchy, eût décidé du sort de la jour
née quatre-vingt mille cadavres étaient
amoncelés sur le champ de bataille, dont le
sol buvait le sang jeune et généreux. Les Rois
coalisés avaient terrassé le géant des batailles,
que chacun croyait impérissable.
La paix devait suivre cette exécution capi
tale. La France démembrée, devait céder
quarante-deux de ses départements. Les pro
phéties étaient fausses. La France subit une
seconde fois les malheurs de l'invasion, elle dut
céder l'Alsace, payer une rançon de milliards
et vit de nouveau sa jeunesse fauchée dans sa
fleur.
Et aujourd'hui, que se passe-t-il encore dans
les visites princières quese font les chefs d'Etat?
Que méditent les grands contre les petits
Un Congrès delà Paix va s'ouvrir, l'occa
sion du centenaire de la grande Révolution.
Sera-ce la paix universelle ou bien les na
tions, faites pour s'aimer, resteront-elles ar
mées jusqu'aux dents, prêtes s'entre-déchirer
sans avoir aucun motif de se haïr
Les épouses, les mères, les sœurs, laveront-
elles encore de leurs larmes le sang répandu sur
la terre
Dieu veuille que les idées pacifiques, qui
semblent germer chez les peuples, descendent
dans le cœur des grands faucheurs de l'huma
nité et les Waterloo de l'avenir ne plus être
que des agapes fraternelles.
Pauvre M. De Becker Battu par les libé
raux, le voilà qui reçoit le coup de grâce de ses
amis politiques.
Un de nos amis qui connaît parfaitement
l'arrondissement de Bruxelles, écrit 1 Escaut,
nous affirme que si les conservateurs avaient
eu pour candidat un commerçant notable,
adversaire du service personnel et des exagé-
rations militaristes, il l'aurait très probable-
ment emporté sur Janson.
Les cléricaux n'ont plus voulu de M. De
Becker comme député de Louvain. A Bruxel
les, où il se présentait comme le vengeur de la
moralité publique, le garant de l'honneur du
chef du cabinet, il a échoué et aussitôt ses amis
politiques lui jettent la pierre. C'est lui le pelé,
le galeux d'où provient tout le mal.
Son malheur est complet.
On ne se fait pas idée des moyens auxquels
ont recours les petites communes cléricales, qui
se sentent soutenues par le pouvoir central
pour ruiner l'enseignement officiel et discrédi
ter les instituteurs.
Le conseil communal de Watou, arrondisse
ment d'Ypres, vient de prendre la honteuse
délibération que voici
Ainsi, non seulement on met le couteau sur
la gorge des parents qui éprouvent des diffi
cultés acquitter l'écolage de leurs enfants,
mais on charge l'instituteur de les altraire en
justice et on lui ordonne d'agir avec la plus
grande rigueur.
On veut, de cette façon rendre odieux un
homme qui, plus que tout autre, doit avoir la
confiance et l'estime des familles.
C'est scandaleux 1 c'est ignoble I Chronique
M"
LE PROGRÈS
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Roulers, 7-45 10-45— 12-20 2-45 —4-10 6-42
Langemarck-Ostende,7-16 -9-57—12-17 3-56 6-21
-8-14.
Cou rirai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-41 5-20
7-50.
('.ourtrai-Bruxelles, 5-30—9-58—11-16—2-41 5-20.
Gourtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.
Les potentats du Nord, réunis en conseil,
D'une éternelle paix gratifiant l'Europe,
Au futur genre humain
Disaient son horoscope.
L'Escaut lui reproche d'être la cause de l'é
chec dn cléricalisme Bruxelles.
Considérant que les parents non indigents qui ont des
enfants l'école communale mettent de la mauvaise vo
lonté acquitter les frais d'écolage,
Décide l'unanimité
1" La fréquentation de l'école sera interdite aux enfants
dont les parents ont négligé de payer l'écolage...
2° Le collège est autorisé attraire ces parents en jus
tice...
3° L'instituteur est chargé de l'exécution de ces déci
sions, et invité a s'acquitter de cette mission avec la
plus grande rigueur.