No 45. Jeudi,
49e ANNÉE.
6 Juin 1889
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
L'élection de Bruxelles.
Garde Civique.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
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Ypres, le 5 Juin 1889.
Voici lerésultat officiel de l'élection de Lundi:
Votants15,629
Bulletins nuls et blancs 199
Bulletins valables15,430
M. De Becker. 6,410
M. Janson4,818
M. Graux4,201
En conséquence, il y aura ballottage, Mardi,
11 Juin, entre M. De Becker et M. Janson.
La journée du 3 Juin, quoiqu'il arrive, mar-
Îuera dans les fastes de nos luttes politiques,
u milieu de nos divisions et malgré nos divi
sions, le cléricalisme dans la capitale a été
battu. Ministère, majorité parlementaire, indé
pendants, tout a été désavoué. C'est un aver
tissement, c'est peut-être le signal d'une évo
lution régulière et mesurée vers la solution du
problème gouvernemental libéral futur.
Nous ne le cachons pas. Les prévisions
n'étaient pas dans le sens tel que nous l'a donné
le scrutin de Lundi. Le passé était là pour
montrer la supérioriténumérique du parliGraux
sur la fraction Janson et personne n'eût osé
irédire qu'un renversement d'idées eût amené
e résultat qui met en ballottage MM. Janson et
)e Becker. Cependant le fait est là et il faut
'accepter sans murmure et sans réticence. Que
e procès de Mons qui, pour ceux qui vont au
ond des choses, n'a en rien relevé M. Janson
au point de vue politique, y soit pour beau
coup que les déclarations franches et loyales
de la Ligue libérale, décidée se ranger éven
tuellement, sans arrière-pensee du côté de
M. Janson en cas de ballottage, ait déterminé
un grand nombre d'électeurs libéraux porter
leur voix sur M. Janson, pour couper court, du
premier coup, des difficultés ultérieures,
peu importe, le résultat est là, le cléricalisme
est ébranlé, il faut poursuivre sa chûte jusqu'au
bout. Les animosités doivent disparaître. Une
idée dominante doit être le seul guide des
diverses fractions du libéralisme, sauver le
parti libéral et soustraire le pays la domina
tion de la bande noire.
Que M. Janson ait déclaré la Ligue qu'il
maintient son programme, soit il a aussi dé
claré qu'entre lui et les membres de la Ligue il
y a différents points communs. Ce sont ces
joints communs qui doivent être le ciment des
jarties contractantes. C'est là le trait d'union, la
jase d'opérations ultérieures, le fondement et
a contexturegénéralede l'édifice futur; le reste,
es programmes et les desiderata qui les accom
pagnent n'en sont que l'ornement, le luxe dont
le temps décidera. Car il ne faut pas se faire
une idée fausse de ce que l'on appelle les in
transigeants on peut être capitaine Fracasse
tant qu'on croit nécessaire de se montrer redou
table, mais le moustachu, tout autant qu'un
autre, sait faire le gros dos quand, sans s'hu
milier, il peut convenablement se mettre dans
le joint.
Ne nous effrayons donc pas outre mesure des
Janson et autres croquemitaines politiques.
S'ils ont péché, il faut leur pardonner avec
l'espoir que la sagesse, si elle s'est égarée dans
l'élher des utopies, descendra enfin terre pour
fjrendre corps corps ceux qu'une trop boud
ante nature avait jetés hors des sentiers d'une
politique raisonnéeet pratique, la seule possible.
Ayons confiance dans les leçons du passé.
Elles auront profité tous, il faut l'espérer
chacun saura marquer le pas, les uns en accé
lérant l'allure, les autres en la modérant, et
ainsi se résoudra enfin la question tant désirée
de la concentration par la concession.
Les élections qui ont eu lieu Dimanche der
nier pour compléter le cadre des officiers de la
Garde Civique, ont offert un intérêt tout parti
culier en ce qui concerne le remplacement de
M. le Capitaine Myle, commandant la 2* com
pagnie, démissionnaire.
Deux candidats se présentaient pour l'obten
tion du grade MM. Fraipont et Werbrouck.
M. Maurice Fraipont, lieutenant la 2e com
pagnie, est un officier extrêmement recomman-
dable, tant par ses connaissances militaires que
par son activité, ses aptitudes au commande
ment, le zèle et le dévouement qu'il apporte
dans l'exercice de ses fonctions. Le comman
dant de la Garde, Monsieur le Major Dusillion,
appréciant ses hautes qualités, était non seule
ment favorable son élection, mais la désirait
et l'espérait.
L'autre candidat, le Werbrouck, simplegarde
dans la même compagnie, n'a donné jusqu'à ce
jour aucune preuve d'aptitude au commande
ment. Loin de là. Triste garde, il fut un jour
appelé au grade de caporal et donna sa démis
sion parce qu'il n'avait pas le temps d'aller aux
exercices. On peut juger d'ici ce qu'il sera com
me capitaine, car nous oublions de dire que
c'est lui qui l'a emporté sur M. Fraipont par
40 voix sur 33, et qui a été nomme comman
dant de la 2e compagnie.
Ce sont les Baus et leur clique qui ont préparé
ce coup monté, aidés par quelques mécontents
ou quelques inconscients et, ceci est le bouquet,
Ear un très intelligent avocat de la rue de
,ille qui a trouvé le temps de se soustraire
ses encombrantes occupations pour leur prêter
son concours dévoué.
A propos de cet avocat, il nous vient une
réflexion qui nous paraît assez juste: il fait
partie de la société des sous-officiers or le
programme du Werbrouck comporte (entr'au-
tres belles choses) guerre la dite société!
L'avocat travaille donc contre la société dont il
est membre. Voilà une occasion, ou je ne m'y
connais plus, de mettre ce faux "camarade la
porte avec tous les honneurs.... qui ne lui sont
pas dûs.
Revenons au sieur Werbrouck. Toute cette
élection ridicule n'est que le résultat d'une
odieuse cabale. Nous soulignons dessein if
mot ridicule, car, peut-on admettre que des
gens de bon sens nomment d'emblée capitaine
un simple garde qui, signe caractéristique, s'est
toujours distingué pârsa négligence?
Avant de s'adresser au Werbrouck, les fau
teurs de cette cabale se sont adressés M. J. A.,
ancien officier de Garde Civique. M. J. A. ac
cepta d'abord le grade qu'on lui offrait, mais,
quand on lui demanda: 1") s'il voulait s'engager
ne pas se soumettre aux volontés du Major,
2*) s'il voulait s'engager ne pas faire partie
de la société des sous-officiers, 3°) s'il voulait
s'engager accorder des congés chaque de
mande qui lui en serait faite, M. J. A. répondit
non, non et non. 11 ne voulait pas être un
brandon de discorde, il ne voulait pas d'un
mandat impératif.
Voilà agir loyalement. Mettons en parallèle
la conduite du Werbrouck. Aux .trois mêmes
questions susdites il s'est empressé de répondre
oui, oui et oui. Le nouveau capitaine a donc
accepté un mandat impératif et son programme
est connu Guerre au Major, guerre la société
des sous-officiers exemption des services
Lisez donc le manifeste de Samedi soir, signé
par quelques gardes de la 2e cie U est beau,
il est subi i me ..de bêtise. 11 déclare qu'ouvriers,
marchands, etc., après avoir travaillé toute la
semaine, ont le droit d'être exemptés du service
de la Garde Civique le Dimanche, mais que,
en cas de danger, ces mêmes citoyens sauraient
parfaitement défendre leurs foyers main
armée. Il n'y a qu'une chose craindre, avec
des idées pareilles et un pareil capitaine, c'est
que ces burgers en armes ne soient infiniment
plus dangereux pour eux-mêmes que pour les
émeutiers éventuels. Vous pouvez voir dans
tout cela l'intention de ridiculiser et de désor-
faniser notre excellent cadre d'officiers. Mais,
homme qui a été choisi pour se faire l'incar
nation de ces idées de discorde, l'individu qui
a accepté cette odieuse mission d'être complai
sant et de tout laisser faire, ne sera jamais
considéré comme un camarade par MM. les
officiers. Comme intrus il se présente, comme
intrus il sera traité. Comment osera-t-il même
prêter serment, comment osera-t-il jurer fidé
lité au Roi et son pays, ce catholique qui
accepte un grade avec la mission de désobéir
son chef
Pour qui connaissait les deux candidats en
présence aux élections de Dimanche passé,
jour qui avait une idée tant soit peu saine de
organisation de la Garde Civique, du rôle
qu'elle est appelée jouer dans les moments de
crise, de la considération dont elle doit être
entourée, le choix devait tomber sur M. Frai
pont qui a fait ses preuves, qui a des titres in
contestables, et qui était tout désigné aux
suffrages des gardes de sa compagnie, feh bien!
M. Fraipont a été éliminé, précisément cause
de ses qualités militaires, cause des titres qui
le recommandaient en un mot, parce qu'il a
le sentiment du devoir haut placé, parce qu'il
prend ses fonctions au sérieux.
Il nous est revenu que M. Fraipont, la suite
de l'élection du capitan Werbrouck, a donné
sa démission et qu'un autre officier de la 2®
i compagnie a l'intention d'en agir de même.
LE PROGRÈS
VIRES ACQCIRIT EPÏIDO.