N° 40. Dimanche,
49e ANNÉE.
19 Mai 1889
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6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
ÉLECTION PROVINCIALE
COLLÈGE ÉLECTORAL
Un scandale Rome.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays7-00.
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Marché aux Herbes.
DU 26 MAI 188 9.
DES CANTONS D'YPRES.
Le Président du Bureau principal informe
MM. les électeurs qu'il recevra les propositions
de candidats, leurs acceptations et les listes
des témoins, qu'ils auront désignés, le Lundi
20 Mai 1889, de 2 4 heures de l'après-midi,
au Palais de Justice en la Chambre au Conseil.
Passé ce délai, aucune proposition ou accepta
tion de candidature et aucune désignation de
témoins ne sera plus recevable.
La liste officielle des candidats sera commu
niquée dès le 21 Mai 1889, au môme lieu et
aux mêmes heures.
Le Président,
J. 1WE1NS.
Ypres, le 18 Mai 1889.
Que nous sommes loin de l'Eldorado que
nous devait procurer le régime clérical
Pour arriver au pouvoir aucune promesse
n'a fait défaut. Le règne du cléricalisme devait
faire cesser les crises, ramener la paix univer
selle et réduire les charges publiques, que ces
maudits libéraux s'elaient permis d'aggraver
sans nécessité aucune.
Dans nos Flandres surtout, on fit comprendre
nos bons et niais cultivateurs qui forment la
base de la force cléricale, que des droits prolec
teurs seraient établis sur les produits de la
ferme lesquels devaient les guérir de tous les
maux dont ils souffraient depuis si longtemps.
Le ministère d'agriculture, établi leur in
tention pour diminuer encore la vue des myo
pes, était appelé reformer les anciennes
méthodes, considérées comme surannées, pour
en prescrire de nouvelles, qui nécessairement
devaient avoir pour conséquence de faire cou
ler le pactole devant la porte de tous les fer
miers. Quelle heureuse perspective Ce n'est
pas tout des agronomes, enrôlés par l'Etat,
seraient la disposition de tous les paysans
pour donner un lustre, un éclat, une prospérité,
sans exemple dans l'histoire, la première,
la mère de toutes les industries, l'agriculture.
11 y a cinq ans que ces belles promesses ont
été faites et la situation de l'agriculture est plus
souffrante que jamais.
A qui la faute A nos cléricaux, ils n'ont
cependant rien épargné, ni négligé pour abu
ser de l'ignorance de nos paysans auxquels on
défend de se mettre en contact avec les per
sonnes qui préconisent le'progrès en matière
politique et économique.
Pour faire un civet, il faut nécessairement
un lièvre. Pour la question agricole les cléri
caux inventèrent les ligues en vue de clérica-
liser de plus en plus nos fermiers, mais pour le
bonheur du pays ces institutions n'ont vécu que
ce que vivent les roses, l'espace d'un jour.
Destinées faire une guerre aux associations
agricoles qui se sont établies partout par né
cessité sur l'initiative de M. Rogier et la suite
des crises que nous avons eu supporter dans
les années quarante, les ligues n'ont plus donné
signe de vie, depuis qu'au bruit de la grosse
caisse, on a établi des droits d'entrée sur le
bétail, destinés, disait-on, h soulager la culture
et qui ne lui ont donné jusqu'à ce jour que des
ennemis.
Ces institutions, établies sur un mot d'ordre,
ont disparu de même.
Faut-il en attribuer la cause nos gouver
nants, qui ne peuvent soutenir les assauts de la
tribune parlementaire, qu'à l'aide de principes,
fondés sur la science et l'expérience, nullement
au moyen de ceux mis en avant par nos petits
vicaires 11 faudrait le supposer.
Quoiqu'il en soit, il résulte du discours que
vient de prononcer M. De Bruyn, ministre de
l'agriculture, que les courtiers électoraux du
cléricalisme ont indignement leurré leurs plus
fervents soutiens. Le ministre a été obligé de
constater que l'Etat ne peut se constituer la
Providence de l'agriculture. En examinant la
question de savoir si le droit sur les céréales
ferait une situation plus avantageuse l'agri
culture, le ministre a répondu négativement
et constaté qu'il n'y a pas de raison pour faire
fléchir en celle matière les principes du libre-
échange. Un droit minime serait son avis sans
efficacité et un droit élevé nuirait au grand
commerce d'Anvers, sans être d'un secours réel
pour l'agriculture.
On le voudrait, on ne saurait plus joliment
se moquer de ses électeurs qui, embrigadés par
les curés et les vicaires, se sont rendus au
scrutin avec le ferme espoir qu'ils auraient des
droits protecteurs et qu'ils votaient pour des
gens qui tiennent leur parole.
Pour ôlre complet, M. De Bruyn aurait dû
ajouter que les faiseurs de nos élections abusent
de l'influence que leur procure le sacerdoce
pour tromper sciemment les ignorants. Espé
rons que cette vérité arrivera plus lard.
Espérons aussi, pour mettre toute chose sa
place, que le pape, en sa qualité de chef de
l'église catholique, lancera un jour une bulle
portant défense nos curés et vicaires de s'oc
cuper d'autre chose que de dogme, qu'en fai
sant les élections et en dirigeant es choses
mondaines, ils sortent de leurs attributions et
trompent les fidèles.
Chacun serait ainsi dans son rôle. Suum
cuique. X.
Nous avons raconté dernièrement qu'un haut
dignitaire du Vatican avait pris la fuite. La
Lanterne publie sur cette affaira les détails
suivants
Le révérend père Saccheri, de l'ordre des do
minicains, un galant et fougueux prélat, était
depuis quelques années secrétaire de la congré
gation de l'Index.
On sait que l'Index dépend du Vatican et fait
partie des nombreux saints offices pontificaux.
La congrégation de l'Index est installée au
palais de la Chancellerie et forme une espèce de
tribunal ecclésiastique.
C'est monsignor Saccheri qui était chargé spé
cialement de la caisse de la congrégation.
Depuis longtemps les tripotages du révérend
gère n'étaient un mystère pour personne Rome.
n savait qu'il s'était engage dans une foule
d'aflaires véreuses et d'entreprises louches.
Ce n'est qu'après le départ du brillant digni
taire que l'on a jeté les hauts cris en trouvant la
caisse de la chancellerie vide devant une foule
de victimes criant au scandale.
Depuis plus d'un an, le fougueux dominicain
avait fait la connaissance d'une jeune et jolie
Anglaise, miss Dowe, une protestante (et par
conséquent une hérétique) dont il était tombé
éperdument amoureux la façon des satyres du
Vatican.
La jeune coquette lui tenait la dragée haute
et ne lui cachait pas ses goûts immodérés pour
les diamants et les riches toilettes.
Aussi le digne frocard, qui n'avait aucune
fortune personnelle, n'hésita pas, pour arriver
ses fins, puiser dans la caisse de la chancellerie.
La jeune et blonde miss était bientôt installée
dans un superbe appartement de la Via Natio
nale, richement meublé avec l'argent du pape,
èt son heureux et patibulaire amant passait
tous les jours des heures entières chez la jeune
pécheresse.
Pour combler le déficit de la caisse apostoli
que, le Rév. Père eut recours des opérations
de bourse et toutes sortes d'entreprises fantai
sistes. 11 avait essuyé de grosses pertes la
bourse de Rome, lorsqu'il dénicha la quatrième
page d'un journal parisien l'annonce alléchante
d'une agence financière qui promettait un succès
certain et de gros bénéfices en jouant la bourse
de Paris.
Monsignor Saccheri se laissa prendre comme
les autres, fournit pendant des mois des sommes
importantes l'agence véreuse et, comme on le
pense bien, au lieu des bénéfices promis, ces
opérations n'amenèrent que des pertes désa
streuses.
Bientôt le déficit atteignit quelques centaines
de mille francs. Pour faire face cet énorme
découvert, le père Saccheri avait fait appel
aux caisses de plusieurs autres congrégations
romaines et s'appropriait sans vergogne les som
mes qui lui étaient confiées.
Miss Dowe était de plus en plus exigeante.
Mais un beau jour, ayant découvert les embar
ras financiers de son amant et prévoyant un dé
sastre final, elle jugea prudent de s'esquiver.
Elle partit en Suisse au bras d'un jeune Russe,
après avoir fait argent de son installation et de
la partie encombrante de sa garde-robe.
Cette fugue fit complètement perdre la tête au
vénérable prélat. Il se jeta dans les plus folles
entreprises.
LE PROGRÈS
vires acquirit ecndo.
EXTRAORDINAIRE
«ILCLLdJu
Fuite d'un haut dignitaire du Vatican.
Le pot aux roses.
Cherchez la femme.