i\° 56. Dimanche,
49e ANNÉE.
5 Mai 1889.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les 14 du Journal d'Ypres,
Une étoile filante.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Ypres, le 4 Mai 1889.
L'élection de Tournai pour un membre du
Sénat, en remplacement de M. Dumont, décédé,
prouve une fois de plus la force du libéralisme,
quand il marche compact et uni au combat.
Les journaux cléricaux comptant, aujour
d'hui comme jadis; sur un prétexte quelconque
pour jeter la zizanie dans le camp libé
ral, avaient depuis longtemps prédit la chute
du fidèle et intégré représentant du libéralisme,
de l'honorable M. Bara. Mais il a suffi que tous
les amis du progrès de cet arrondissement
modèle se soient entendus sur la présentation
d'une seule candidature pour faire descendre
plus de cent mètres sous terre ces revenants
d'un autre âge.
Les libéraux de Tournai ont décidé de mar
cher la main dans la main au scrutin aux fins
d'en faire sortir triomphalement le nom de
l'honorable M. Van Lerberghe. Cette déclara
tion d'entente et d'union a produit un efft
magique. Immédiatement les cléricaux ont
décide l'abstention. Seulement pour amortir le
coup que pareille décision devait produire dans
le pays, ils ont tente de faire une bravade en
[iroclamant candidat in extremis rien que pour
a forme M. Stiénon du Pré, un inconnu, qui
a bien voulu s'offrir en holocauste. Us savent
que leur règne n'est pas de ce monde, dès que
les drapeaux sont franchement déployés, dès
qu'ils ne peuvent compter sur la division des
libéraux, enfin, dès que nous resserrons les
rangs.
Quelle leçon pour le passé et le présent
quelle leçon pour l'avenir
Les cléricaux, qui sont arrivés au pouvoir et
qui ont su y acquérir une majorité si formida
ble par fraude et par force avec l'appui de
1 episcopat et surtout en coopérant l'introduc
tion et au maintien des divisions du parti
libéral, savent mieux que nous qu'ils ne doivent
cette situation exceptionnelle qu'à nos fautes.
Nous serions donc criminels, en présence
des désastres qu'a déjà provoqués le parti clé
rical, si, dans nos luttes d'avenir, nous nous
amusions aux discussions byzantines au lieu
de réunir nos forces pour faire disparaître
tout jamais les éteignoirs du XIX* siècle.
A l'avenir souvenons-nous et sachons imiter
l'exemple que nous donnent présentement nos
excellents amis de Tournai. Ainsi nous relè
verons la patrie en danger.
Il dépend de nous de mettre la raison cette
majorité parlementaire, qui brave la raison et
le droit, parce qu'elle croit pouvoir se dispenser
de l'opinion des citoyens libres, vu qu'elle doit
son mandat l'ignorance, appuyée par le
fanatisme.
Il ne tient qu'à nous de faire disparaître cette
force par la diffusion de l'instruction.
Pour longtemps encore l'opinion libérale
n'aura qu'une mission remplir. Celle de chas
ser du pouvoir les représentants du cléricalis
me. Dans l'exercice de ce devoir il ne saurait
se produire aucune division dans nos rangs, ni
dans le mandat de rétablir tous les degres cet
enseignement public, prévu et imposé par la
Constitution, parce qu'il est le prélude de la
prospérité de toute nation.
Il importe de voir disparaître de la scène po
litique, sous les sifflets de tous les honnêtes
gens, ces hommes qui paradent avec un uni
forme ministériel, qu'ils n'ont pu acquérir qu'en
jetant aux quatre coins du vent leur ancienne
conviction politique.
Il faut que ce clergé politique, qui s'arroge
tout pouvoir et qui commande en maître sou
verain les collèges électoraux de nos provinces
flamandes, soit confiné dans son rôle sacerdotal
et que toute élection, faite son intervention
ou sou ordre, suit annulée.
En un mol il faut que tous ces abus, qui,
depuis 1884. se sont infiltrés partout, disparais
sent et que l'égalité civile des citoyens devienne
une réalité.
Les mérites et les devoirs civiques doivent
pouvoir valoir sans l'intervention de ce pouvoir
occulte, qui plane, comme un funeste génie,
sur les destinées de la patrie.
Sur ce terrain tous les libéraux doivent être
d'accord. Les leçons du passé et du présent
nous en imposent le devoir. Ne sortons pas de
notre programme de 1846, il est assez large
pour couvrir de son ombre toutes les amélio
rations qui sont réalisables d'ici longtemps
encore. Nous ne pouvons jamais oublier la force
de notre ennemi et si nous entrons dans le
domaine des rêves, nous risquons fort de lâcher
la proie pour l'ombre. Il suffit que nous prati
quions fidèlement notre charte commune. C'est
cette politique basée sur l'expérience que
nous devons revenir.
L'arrondissement de Tournai nous en donne
un exemple frappant. Sachons l'imiter partout
et les propagateurs de l'opinion libérale auront
bien mérite de la patrie. X.
Le 13 Avril, le Journal d'Ypres écrivait
Le parti catholique Yprois vient de rem-
porter de nouveau (ce de nouveau est comique!)
un brillant succès dans la dernière session des
a examens électoraux.
a Les libéraux avaient présenté 49 candidats
a dont 32 ont obtenu le diplôme de capacité,
a soit une proportion de 66 °/0.
a Les catholiques, de leur côté, avaient pré-
a senté 66 candidats dont 46 ont obtenu le
a diplôme, soit une proportion de 71
a Les catholiques ont donc, pour cette session,
a une avance sur les libéraux de 5 °/0 et de 14
a électeurs, a
Et là-dessus la véridique feuille de sacristie
entame des variations l'infini sur la supériorité
de l'enseignement clérical sur l'autre exaltant
le mérite hors ligne de l'instituteur en chef et
prédisant le jour heureux et certain cù elle
montera arec ses amis en masse, l'Hôtol-de-Ville.
Toujours la même ritournelle monter l'Hôtel-
de-Ville, c'est l'éternel rêve du Journal, c'est
une obsession.
A ces fanfaronnades, vieilles comme le Journal
d'Ypres et son ancêtre, le Propagateur, nous
répondîmes le 17 Avril
Nous ne savons pas où le Journal a été puiser
ses chiffres. Son article nous fait l'effet d'une
grosse gasconnade. Nous ne possédons pas les
chiffres officiels, mais même en l'absence de do
cuments précis, nous pouvons dès maintenant
assurer que l'article en question est de pure fan
taisie, et nous n'y attachons pas plus d'impor
tance qu'à tout ce qu'écrit le pieux confrère.
Nous parlions ainsi sans crainte de nous trom
per, l'expérience nous ayant par trop édifiés
cet égard.
Et en effet au fur et mesure qu'arrivent les
résultats des examens, c'est un nouveau démenti
aux affirmations ampoulées de l'organe des
petits frères, tant et si bien, qu'à la fin, de tous
ces beaux succès, il ne restera plus rien. Les 14
auront disparu, comme la neige au soleil.
Nous ne tarderons pas d'être en mesure de
donner nos lecteurs le mot de la fin.
Autrefois, jusqu'en l'an de grâce 1888, on se
plaignait des séances du Conseil communal.
Elles étaient ternes, monotones. Jamais rien de
piquant. On y faisait les affaires de la ville, il est
vrai, mais cela n'est pas amusant. Il fallait de la
diversion et les catholiques, aidés pour cette
fois et rien que pour voir, de quelques libéraux,
résolurent d'apporter un peu de piment ce
menu au blanc d'œuf.
Un contrôleur, voilà l'affaire, et il s'en tire,
tudieu que c'est un plaisir.
Tenez, vous avez lu les séances du 16 Mars et
du 20 Avril, et n'est-ce pas que c'est tout-à-fait
réussi M. Colaert, grand partisan d'un tram
passant par le petit pavé de Dickebusch, se dé
mène comme un diable dans un bénitier pour
faire accepter sa ligne. Les autres, un peu durs
la comprenure, ne veulent pas entendre de
cette oreille, ou du moins sont travaillés par un
doute qu'explique la nouveauté de la chose. De
là, grande turbulence du contrôleur et, comme
argument dernier, il apprend au Conseil ébahi
que la chose est décidée, depuis deux ans, entre
MM. Vanheule et Glorie, ce dernier de Neuve-
Eglise.
Tiens, tiens, se dit-on, en lisant cette résolu
tion suprême, inconnue de l'édilité Yproise, c'est
drôle Quelle révélation Grâce M. Colaert,
nous voilà au courant d'une nouvelle qui ne peut
manquer de faire sensation. Quel homme ce M.
Colaert il sait tout et il nous apprend tout.
Merci, Monsieur le contrôleur bien votre ser
viteur
Là-dessus les affaires vont leur train et on se
demande ce qui va sortir de cet embrouillement
LE PROGRÈS
VIRES ACQCIRIT EDNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
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-t, Marché aux Herbes.