N° 50. Dimanche,
14 Avril 1889.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Deux Étoiles.
ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ d'Ypres pour
Popennghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
Ypres, le 13 Avril 1889.
Nos honorables s'en donnent en veux-tu, en
voilà
L'un est un peu moins goulu que l'autre, mais
tous, cela se sent, se délectent manger de
l'instituteur, pourvu qu'il soit officiel. C'est pour
ces Messieurs un régal et parmi ceux qui s'y
complaisent le plus, il faut, citer en premier
lieu, notre représentant M. E. Struye.
Non que M. E. Struye fasse le chacal, dévo
rant le tout d'une seule happée. Il sait la ma
nière de s'en servir et il y va par bonnes
petites bouchées la fois.
Mais je ne prétends nullement, Messieurs,
(c'est lui qui parle) que le Gouvernement
doive supprimer d'un coup tous les traite-
menls d'attente. Mon moyen, c'est de réduire
d'un tiers ou d'un quart, par année, le traite-
ment actuel d'attente.
Vous voyez, M. Struye n'affame pas les gens
d'un coup, il leur coupe les vivres par portions
successives jusqu'à extinction complète de cha
leur naturelle. Notre pieux représentant appar
tient l'école de ces aimables justiciers du duc
d'AIbe qui n'étranglaient pas leur victime dans
un coup de nœud coulant, mais avaient mieux
que cela. Pour rendre le plaisir plus durable,
ils avaient le collier pointes armé d'une vis.
Un lourde vis, la pointe entrait dans la chair,
premier temps. Un deuxième tour de vis, et la
pointe entrait un peu plus avant, deuxième
temps, et ainsi de suite jusqu'à ce quelle y
fût entrée jusqu'à sa base. Alors quelques
tours de vis de plus, soigneusement calculés,
ramenaient le collier près du cou qui se rétré
cissait, s'étranglait et se réduisait sa plus
simple expression, mesure que la vis faisait
son œuvre.
C'est qu'ils s'y connaissaient. Mais la mode de
ce genre de réjouissances est passée, peut-être
reviendra-t-elle, car toutes les modes reviennent,
en attendant on affame, ça a l'air plus humain
et quand on est cruel comme M. Struye, on a
la cruauté plus douce. Dans le camp clériçal,
cela passe pour un progrès.
En moins de deux ou trois ans, dit notre
charitable représentant, tous ces Messieurs et
ces Demoiselles seront casés, pourvu qu'ils
cherchent.
Ah vous croyez cela, Monsieur E. Struye
Vous savez bien que non, mais vous dites cela
pour masquer l'odieux de votre mesure. Vous
savez que c'est vous et votre parti qui avez mis
ces honnêtes travailleurs dans la triste position
qui leur est faite malgré eux que vous aviez
juré leur perle, en haine des écoles officielles, et
que, s'ils sont dans une situation dont ils n'as
pirent qu'à sortir, c'est vous qu'ils le doivent.
Vous savez bien que ces Messieurs et ces
Demoisellesfaits pour l'enseignement, ont
énormément de mal se placer convenable
ment, moins que vous ne soyez d'avis que le
métier de garde-route ou de gardeuse de va
ches, ce qui est bien possible, ne soit assez bon
pour eux.
Vous savez bien que rien n'est plus rare
qu'une bonne place, même modeste, quoique
vous n'ayez jamais été dans le cas d'avoir de
ces préoccupations, ce dont je vous félicite
car, part celle de représentant dont on vous
a bombardé pendant que vous égreniez votre
chapelet, vous ne vous êtes jamais fendu
en huit pour en trouver une. Mais deman
dez tout autre ce que coûte la recherche
d'un emploi et comptez un peu consciencieuse
ment quels sont ceux qui cherchent et combien
il en est qui trouvent.
Mais nous vous mettrons même de déployer
vos rares qualités de placier et de montrer en
même temps le bien que vous voulez ces Mes
sieurs et ces Demoiselles. Us ne vous deman
dent qu'une petite place équivalente au modeste
traitement dont ils jouissent pour entretenir le
souffle de la vie présentez-leur cela, avec
quelques conditions de stabilité, et voyez s'ils
accepteront ou s'ils refuseront
Essayez un peu pour voir.
Sous ce titre, 1 Économie de Tournai publie
un articulet humoristique l'adresse d'Ernest I.
Le brav'général, réfugié Bruxelles, rencon
tre, rue Montagne aux-Herbes-Potagères, Mme
Judic, la célèbre artiste, et la conversation sui
vante s'engage entr'eux. Nous ne garantissons
pas l'authenticité de cette entrevue, mais, tou
jours est-il que, si non vero benè trovato.
Ecoutez
LE PROGRÈS
vires acqcirit eun90.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
Pçur les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Marché aux Herbes.
4-00 6-42 - 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-42.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20 7-50.
Comines, 5-30 - 8-05 8-20 - 9-58 10-10— 11-16
2-41 2-53 5-20 7-50 8-58.
Comines-Armentières, 5-308-0511-16—2-53—8-58
Roulers, 7-45—10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42
Langemarck-Ostende,7-16 -9-57—12-17—3-56 6-21
8-14.
Courlrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-41 5-20
7-50.
Courlrai-Bruxelles, 5-309-5811-162-41 5-20.
Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.
*-
Le général. Hé Je ne me trompe pas c'est M*e
Judic
Mme Judic Je ne me trompe pas davantage. Le gé
néral...
Le général. En personne. Par quel hasard Bru
xelles
Mme Judic. Et vous-même
Le général. Comment vous ne savez pas Mais il
m'est arrivé un tas de choses
Mme Judic. Excusez-moi, je m'occupe fort peu de
politique et j'ai été tellement prise par mes préparatifs de
départ...
Le général. Est-ce qu'on a aussi voulu vous faire des
ennuis
Mm« Judic. Oh non
Le général. Cela n'aurait rien d'étonnant. Ce gou
vernement est si jaloux de tout ce qui a du succès Ainsi,
moi, qui vous parle, on a voulu m'arrêter.
M"' Judic. Est-il possible
Le général. Parfaitement. Et ce qui me surprend,
c'est qu'on ne vous en ait pas fait autant.
Mme Judic. A moi Sous quel prétexte
Le général. Nos situations ne sont-elles point iden
tiques
Mmt Judic. Je ne vois pas...
Le général. -- Suivez-moi bien. Nous sommes deux
étoiles qui brillons d'un éclat sans pareil dans le firma
ment parisien. Vous êtes la mode, je suis la mode. Je
suis un bel homme, vous êtes une jolie femme.
Mme Judic. Des compliments.
Le général. Je m'en fais moi aussi, ça n'a donc
pas d'importance. Vous ne portez pas la barbe comme
moi, c'est vrai, mais vous avez plus de cheveux. Il y a
compensation. Vous faites des tournées, .n'est-ce pas -
Mm« Judic. En ce moment même...
Le général. Eh bien moi, j'en fais aussi. Et dites-
moi quand vous faites des tournées, que se passe-t-il
M™'Judic. Mon Dieu je suis généralement très bien
accueillie. Les autorités viennent me recevoir la gare.
Le général. Comme moi.
M™ Judic. On m'apporte des fleurs.
Le général. Comme moi.
M"" Judic. On m'invite des banquets.
Le général. Encore comme moi.
Mmc Judic. On vient sous les fenêtres de l'hôtel où je
suis descendue. On me donne des aubades, on me demande
de paraître la fenêtre et de parler la foule.^
Le général. Toujours comme r. oi
Mm'Judic. Enfin, quand je joue, on veut bien me
reconnaître du talent. On m'applaudit, on me rappelle et
on me donne beaucoup d'argent.
Legénéral. Tout cela m'arrive aussi. De plus, vous
oubliez une chose c'est que, si tôbtes les femmes m'ado
rent, tous les hommes sont amou/eux de vous.
Mm« Judic. Oui, mais moi, je ne suis pas seule. Je
suis entourée de comiques.
Y