\o 42. Jeudi,
48e ANNÉE.
24 Mai 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Revue politique.
Intérieur.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
ja dépêche du Standard, relative la tension
rapports entre l'Allemagne et la France, fait
urellement beaucoup de bruit dans le monde
itique. Personne ne se méprend sur la gravité
questions qui en font la matière. On peut
r, au ton que prend la presse officieuse alle-
ude pour en parler, que sa mission n'est pas
cisément une mission d'apaisement. C'est le
d'une menace hautaine la France est en
îlque sorte sommée de donner des explica-
îs. On jugera si elles sont suffisantes et l'on
paraît pas disposé les accueillir avec une
iplaisance absolue.
!e serait le cas ou jamais, cependant, pour les
tisans de l'arbitrage européen, de faire en-
dre des paroles pacifiques. Nous- ne disons
d'intervenir moralement entre les puissan-
en cause, car il n'y a pas même lieu une
irvention motivée, les faits qu'on signale étant
t au plus, s'ils sont vrais, de nature fournir
éléments d'un procès de tendance. Mais, s'il
faut croire des journaux qui ont de l'autorité,
nouvelles au sujet desquelles on parle de re-
sailles entre l'Allemagne et la France auraient
oin elles-mêmes de confirmation,
j'affaire Littauer,ce marchand ambulant dont
nom est mêlé ces vexations de frontières,
urait jusqu'ici troublé d'aucune manière les
itions des deux puissances; il y a plus,ajoute
ournal que nous citons et qui est le Temps, il
a aucune preuve officielle de l'exactitude
iplète du renseignement donné par la feuille
;laise.
1 faut cependant que quelqu'un ici se trompe
a des détails qu'on n'a pu inventer, par ex
pie, ces mesures de représailles qui auraient
résolues et signées même avant le départ de
de Bismarck, cette intervention vaine de
nbassadeur de France, ces explications qu'on
larait insuffisantes sans en avoir rien fait con
tre, tout cela ne peut être invention pure,
endons donc pour juger, et, avant de voir
is ce nouvel incident la main de politiques
idés ne pas laisser l'Europe huit jours de
iquillité, sachons ce qu'il y a de fondé en
Faire. On n'invente point un décret de repré-
les, voilà ce qui est nors de doute, mais corn
ât concevoir des mesures semblables sans un
ange sérieux et préalable d'éclaircissements?
L'Instruction
primaire en Belgique.
III.
)ans nos deux derniers articles, nous avons
aontré que l'admirable régime scolaire établi
le législateur de 1879 l'inverse de la né-
loi des couvents de 1884, était une œuvre
e, grandiose, basée sur la tolérance, ayant
ir but de faire des générations de citoyens
bruits, probes, patriotes, et non de préparer
diligemment des races de crétins.
)ocuments officiels on main, nous avons ré-
t néant l'accusation de gaspillage lancée tant
fois contre le ministère libéral nous avons
bli que les dépenses scolaires sont, peu de
>se prèB, ce qu'elles étaient il y a cinq ans,
alors que nous avions un enseignement sérieux
donné par des maîtres formés dans nos écoles
nationales, et présentant toutes les garanties dé
sirables tant au point de vue de la science que
de la moralité et du patriotisme.
Nous avons aussi montré de quel côté sont les
véritables conservateurs dans Je parti qui, de
1879 1884, s'est épuisé soutenir la nécessité
primordiale du respect de la loi nationale et du
pouvoir civil, ou dans le parti qui.a fait litière
de la loi nationale au mépris du pouvoir civil et
qui a dignement couronné son infamie par une
iniquité dont il ne se lavera jamaisle renvoi de
1,500 instituteurs coupables de fidélité leur
serment et aux lois du pays
Aujourd'hui, nous nous proposons de dire
quelques mots sur les subsides scolaires.
Un grand nombre de communes belges se trou
vent dans une situation financière épouvantable
depuis que l'implacable M. Jacobsle ministre
trop éphémère, hélas! a réglé la répartition
des subsides scolaires en prenant pour base uni
que la population et en fixant la part d'interven
tion de l'Etat un franc par téte d'habitant.
Le célèbre député d'Anvers, s'inspirant des
paroles de Victor Hugo dans les misérables, avait
un jour déclaré que la nourrice et l'instituteur
sont les deux premiers fonctionnaires d'une na
tion vraiment civilisée. Mais il n'avait pas fait
connaître quelle catégorie d'instituteurs avait
ces sympathies. C'est pourquoi, fidèle aux prin
cipes de son parti et aux ordres émanant de l'é-
piscopat, il s'est hâté de manifester sa haine aux
modestes travailleurs de l'émancipation sociale
et religieuse par l'instruction, en réduisant, d'un
trait de plume, de plus de 4 millions, l'interven
tion pécuniaire du gouvernement dans cet impor
tant service public.
Le sieur Pecci, dit Léon XIII, avait écrit
Léopold II
Nous pensons, Majesté, que la lutte soulevée
dans votre royaume ne pourra s'éteindre et la
paix n'y rentrera qu'au moment où l'on fera
n disparaître la cause funeste qui est venue la
troubler.
A cet ultimatum du Pape, il fallait obéir
promptement On l'a fait d'une manière mé
riter des louanges.
Et ce bon M. Frère-Orban, échange des vues
avec un impudent de cette trempe
Il savait bien, le réactionnaire, qu'en accou
chant de la fameuse circulaire en question, il
enlevait aux communes surtout celles libéra
les ce qu'il a appelé le nerf de la guerre et les
mettait dans la triste mais inévitable nécessité,
ou d'augmenter les impôts et partant de se ren
dre impopulaire,ou de réduire des proportions
mesquines, dérisoires, les ressources qu'elles
consacraient au développement de l'instruction
des classes nécessiteuses.
Et ces gens poussent l'audace jusqu'à décla
rer, en plein Parlement, leurs profondes sympa
thies pour le peuple Quelle astuce
Comédiens, gare au réveil Priez votre dieu
qu'il ne vous soit pas trop terrible
Depuis plus de 40 ans, les subsides scolaires
s'allouaient d'après les besoins et d'après les res
sources des communes. C'était juste et logique.
Il eut été de sage administration de conserver les
allocations précitées, sauf les modifier sensi
blement, s il était démontré qu'elles étaient
irrégulières. Des situations de fait s'étaient éta
blies. Les communes avaient établi leurs res
sources en tenant compte de l'intervention
pécuniaire qui ne leur avait jamais fait défaut.
Si l'on voulait revenir sur le passé, il fallait
ménager une transition; on aurait pu, au moins,
procéder graduellement de manière que le pas
sage d'un régime l'autre ne compromît rien.
C'eut été agir honnêtement mais allez donc de
mander de l'honnêteté et de la loyauté des
gens que dominent le fanatisme et la haine de
l'enseignement public.
Les sept pantins marchant la remorque du
clergé, ont, l'aide d'une simple circulaire, fait
table rase de tout ce qui existait. Un franc par
habitant, c'est comme si l'on fixait les subsides
scolaires d'après le nombre de rues pavées qu'il
y a dans la commune,ou d'après la surface carrée
des églises qui y sont établies.
Le chiffre de la population peut être un élé
ment, mais le prendre pour base unique, c'est
vraiment absurde, inique
Dans le système actuel, une commune ayant
une grande étendue, possédant trois ou quatre
hameaux ayant chacun leur école, recevra Deau-
coup moins de subsides qu'une bourgade agglo
mérée où une seule classe peut servir.
De plus, certaine commune est riche et pros
père, elle a des revenus patrimoniaux qui per
mettent de suffire aux dépenses communales les
habitants sont peu imposés parce que la com
mune est bien en caisse. Telle autre, au contraire,
est dépourvue de toutes ressources non seule
ment elle n'a pas de revenus patrimoniaux, mais
ses établissements charitables ne possèdent rien;
les charges de tous les services publics, celles de
la bienfaisance aussi bien que les autres, retom
bent sur les habitants; les contributions commu
nales doivent suffire toutes les dépenses.
Et ces communes sont traitées de la même
façon par l'Etat qui ne connaît qu'une seule
chose la population. Il y a autant d'habitants,
cela fait autant de francs. Débrouillez-vous
ensuite. Cela est votre affaire On ne tient au
cun compte des besoins ni des sacrifices faits.
Certaines communes ont donné leurs soins
l'enseignement elles se sont imposées de gran
des dépenses pour se mettre la hauteur des
nécessités actuelles. Tant pis pour elles on les
frappe de ce chef. Plus ces communes qui sont
toujours libérales ont fait de sacrifices, et
moins elles toucheront de l'Etat.
Telle autre, au contraire, n'a rien fait du tout
et c'est le cas des communes catholiques,
elle a laissé toutes ces obligations en souffrance,
elle a réduit le service de 1 instruction primaire
des proportions dérisoires. Tant mieux, elle
sera recompensée. La manne du budget tombera
sur elle sous la forme de gros subsides, qui per
mettront de salarier grassement plusieurs écoles
dites libres.
C'est le monde renversé. Les communes qui
ont fait leur devoir sont punies et voient leurs
finances ruinées, tandis que celles qui ont négligé
de remplir leurs obligations sont récompensées
et voient leur caisse s'arrondir considérablement.
C'est de la justice distributive contre-sens,
c'est de la réaction en fait d'équité comme dans
toutes les matières. Il a suffi d'inventer la répar
tition des subsides raison d'un franc par tête
d'habitant, pour amener toutes ces contradic
tions et toutes ces iniquités.
LE PROGRÈS
vires acquirit eunro.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr 0-25.
Insertions: Judiciaires la ligne un franc.
Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Jjjçplte aux Herbes.
JNNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
Ypres, le 23 Mai 1888.
Les subsides scolaires.