N° 4. Jeudi,
48e ANNÉE.
12 Janvier 1888.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
TIRES ACQUIRIT EL'NDO
CHEMIN DE FEK.
Revue politique.
On sait que la Commission française du budget
'imposition
forme des droits de succession. C'est là-dessus
8ue M. Tirard s'est expliqué hier au sein de la
ommission. Il a fait remarquer que ce n'est
pas peu de chose que la suppression de cet im-
Î)ôt. En effet, il ne s'agit de rien de moins, pour
e Trésor, que d'une perte de cent cinquante
millions, et cette somme ne se trouve pas, on l'a
dit sensément, sous le pas d'un cheval.
M. Tirard, esprit positif, estime donc qu'il im
porte d'aviser. Sans doute, on trouve une com
pensation dans l'élévation des licences mais,
tout compte fait, il resterait trouver encore
trente-deux millions, que la Commission espère
en vain regagner sur 1 augmentation des droits
de succession. D'abord, il s'en faut que les chif
fres soient exacts. M. Tirard pense qu'ils ne le
sont pas, au moins y a-t-il une erreur de douze
millions commise par M. Yves Guyot, rappor
teur général, dans l'évaluation du produit des
licences.
Pour ce qui est du relèvement des droits de
succession, M. Tirard le juge excessif, enfin, il
met la Commission en garde contre l'évaluation
des résultats de la mesure relative ces droits.
La Commission, dit M. Tirard, s'expose des
mécomptes sérieux en proposant de tenir
compte de l'importance des parts héréditaires
et d en déduire le passif successoral, question
souvent étudiée, a-t-il dit, mais difficile résou
dre convenablement.
On n'ignore pas, nous l'avons dit, que, dans
l'affaire de la conversion de l'ancien 4 1/2, le
gouvernement n'a eu, malgré la crise, que pour
quatre-vingt millions de demandes de rembour
sement. Or, si l'on joint cette somme la partie
non souscrite des cent cinquante millions qui
représentent le boni de l'opération, on B'assure
■que l'Etat a en main, et placer, un chiffre de
rentes qui, sans pouvoir donner lieu une émis
sion, ne laisse pas d'avoir son importance. M.
Tirard voudrait qu'au lieu d'acheter pour les
caisses d'épargne des titres la Bourse, il pût
leur remettre ceux-là mesure de leurs besoins.
On le voit, M. Tirard ne perd pas son temps. Ses
propositions seront discutées aujourd'hui même.
Il y aura demain un grand dîner militaire
l'Elysée et le général Boulanger, qui est Paris
depuis quatre jours, figure parmi les invités.
La question bulgare pourrait bien, déjà nous
l'avons fait entendre, avoir une solution plus
prompte qu'on ne l'imagine, non pas que nous
ajoutions beaucoup de foi la nouvelle d'une
mission dont le prince de Reuss serait chargé,
mais on parle d une intervention de M. de Bis
marck, et ce serait plus sérieux.
Ypres, le 11 Janvier 1888.
Le ministère Je-m'en-fiche.
Et quel temps fut jamais si fertile en pro
messes
Je veux parler du temps des élections. 11 me
semble voir encore ces innombrables affiches
multicolores, et particulièrement tous ces pla
cards rouges, toutes ces déclarations cléricales,
au milieu desquels se lisait en gros caractères
Des économies I Plus d impôts
Quelques braves gens, voyant la foule se
laisser prendre encore toutes ces promesses
chatoyantes, secouaient la tète d'un air de
doute, et s'en allaient quelque peu attristés,
disant Nous verrons bien I
Mais les cléricaux se chargeaient de les re
mettre la raison et s'écriaient Oui Mes
sieurs, plus d'impôts Des économies Douter
de nous Douter de nos promesses Eh bien
soit I nous verrons Par l'ombre du grand
Malou, plus un impôt ne surgira sous le bien
faisant régime des catholiques, et les économies
gonfleront le budget.
Et M. Beernaert vint et lui aussi jura que
c'en était bien fini de tous les impôts établis
depuis 1878.
Cette fois-là encore, chat échaudé ne craignit
pas l'eau chaude, et les cléricaux, enfourchant
le grand dada de l'économie, entrèrent une fois
de plus au palais de la rue de la Loi.
Hélas qu'il est déjà loin le temps des pro
messes, et quel abîme sépare la réalité de tous
ces beaux rêves.
Pauvre dada des économies, que d'entorses
les cléricaux t'ont déjà données Combien de
fois t'ont-ils cassé les jambes?
Ah! grand Beernaert, toi qui promettais tant
de belles choses, sachant bien que tu ne pour
rais jamais les tenir, tu dois être content
présent I
Le ministère folichon dont nous sommes
affligés, dit, chaque fois qu'une question na
tionale est mise sur le tapis, et cela avec un
ton de parfaite insouciance Moi, je m'en
moque. Faites ce qui vous plaira. Je n'ai pas
d'opinion arrêtée sur ce sujet. Vous êtes libre
de décider blanc ou noir.
Et voilà ce qu'on appelle de nos jours, en
Belgique, un gouvernement 1
Mais, ils ne savent donc pas que gouverner,
c'est tenir le gouvernail de manière diriger le
vaisseau de l'Etat avec sûreté et fermeté. Le
pilote qui abandonnerait le gouvernail du na
vire au moment le plus critique de la tempête,
serait un lâche et un misérable. Et c'est là pré
cisément ce que fait le ministère Beernaert.
Dans les moments les plus critiques, au moment
où tout le monde éprouve le besoin de s'aban
donner une main habile et vigoureuse, le
ministère va-comme-tu-pourras, lâche le gou
vernail, et laisse aller les choses au petit
bonheur.
Ce qui est amusant dans ce triste sujet, c'est
Sue dans toutes les questions importantes M.
eernaert croit qu'il est de son devoir d'auto
riser ses collègues agir comme il leur plaît,
c'est-à-dire faire des bêtises. Comme si ses
collègues avaient besoin de cette autorisation I
Comme s'il n'y avait pas déjà beau temps qu'ils
usent et qu'ils abusent de cette étonnante
libérté I
Ah elle nous en fait voir de belles, la majo
rité cléricale
Vous êtes libres de ruiner la Belgique, Mes
sieurs Donnez-vous en, mes amis, tant que
vous en avez l'occasion
Mais, puisque vous vous déclarez implicite
ment incapables de faire quoique ce soit de
passable, puisque vous le sentez, puisque vous
le reconnaissez, pourquoi donc restez-vous en
place
Allez-vous-en
La guerre aux écoles.
Il paraît que nos écoles primaires ne sont
pas encore suffisamment disloquées. Le parti
clérical achève, sur divers points du pays,
l'œuvre de destruction qui était son principal
objectif en escamotant le pouvoir. Dans une
commune de la province de Namur, Grand-
Leez, le conseil communal clérical vient de
supprimer l'école communale des filles, fré
quentée par 64 élèves en âge d'école. Cette
suppression entraine la mise en disponibilité
de l'institutrice, venant ainsi grossir le nombre
des victimes qui on s'était promis d'arracher
des grincements de dents.
On ne devinerait pas le procédé ingénieux
auquel a recours ce conseil communal éclairé
pour combler, dans son enseignement, la lacune
qu'il vient d'y creuser. 11 a transformé son
école de garçons en école mixte, et celle-ci
comprendra, désormais, 220 élèves des deux
sexes, entassés, pêle mêle, dans deux classes
dirigées par deux instituteurs.
On ne peut-être plus clairvoyant et plus
clérical 1
Lue bévue colossale.
On écrit de Bruxelles, la Meuse
Grâce une bévue colossale que vient de com
mettre M. le ministre de la justice, les tribu
naux belges vont avoir une jolie besogne. Yoici
la chose
L'article 262 du Code pénal punit d'un empri
sonnement de 8 jours un an et d'une amende
de 26 500 francs tout fonctionnaire public,
électif ou temporaire, qui aura continué
exercer ses fonctions après leur cessation
légale.
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