No 775. Jeudi,
8 Juin 1882.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Le discours de M. Frère.
Le grand scandale de Tournai.
Fête de Passchendaele.
42e AIUÉE
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIRANCHE. VIRES acquirit ECNDO.
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BULLETIN POLITIQUE.
Une question de M. Camille Pelletan sur certains
faits d'une haute gravité qui se sont passés dans un
asile d'aliénés Clermont a amené la tribune un
sous-secrétaire d'Etat, M. Develle, qui a promis de
sévir contre les coupables; ensuite la Chambre a
repris la discussion du projetsur la réorganisation de
la magistrature.
Le conseil municipal de Paris a décidé, malgré
l'opposition des conservateurs, de se faire représen
ter par cinq de ses membres aux funérailles du gé
néral Garibaldi
Le Parlement allemand s'est réuni hier. L'ordre
du jour porte la discussion, en seconde lecture, du
tarif douanier. Le débat a été vif, mais un grand
nombre de députés ont manqné l'appel. La semaine
prochaine, au contraire, presque tout le monde sera
son poste, car Lundi ou Mardi commencera l'exa
men du projet de loi sur ie monopole des tabacs et
sur la proposition Lingens, qui s'y rattache.
Les libéraux modérés reprennent courage ils
espèrent qu'après le rejet du monopole, le prince de
Bismark, ayant besoin de nouveaux alliés, cherchera
s'entendre avec eux pour créer les ressources dont
l'empire ne peut se passer plus longtemps; aussi les
journaux de la gauche engagent vivement leurs amis
assister assidûment aux travaux du Parlement.
Bien que le gouvernement anglais n'ait pas encore
reçu la note par laquelle le Sultan annonce son refus
de se faire représenter la conférence, il semble que
celte note existe et qu'elle a été remise officiellement
Vienne. S'il en était ainsi, la conférence ne se
tiendrait pas, car la Gazette de Cologne assure que
les puissances orientales et l'Italie avaient subor
donné leur adhésion celle de la Turquie. Le même
journal dit, dans une dépêche de Paris, que l'am
bassadeur de Turquie a eu hier une longue entrevue
avec M. de Freycinet et a demandé l'ajournement de
la conférence, disant que la commission spéciale
ottomane envoyée au Caire rétablirait les bons rap
ports entre le Khédive et ses ministres et que la
conférence ne sera nécessaire que si Dervisch pacha
éprouvait un échec. M. de Freycinet aurait consenti
l'ajournement. Nous n'enregistrons naturellement
qu'avec réserve cette allégation de la feuille rhénane.
On mande d'Athènes la Nouvelle Presse libre
que le roi de Grèce, avant d'entreprendre un voyage
dans le nord de l'Europe, a l'intention d'aller Con-
stantinople afin de remercier personnellement le
Sultan de l'appui que celui-ci avait donné la solu
tion pacifique de la question des frontières lurco-
grecques.
Dans la première partie de ce discours, si impa
tiemment attendu, M. Frère juge de haut le pro
gramme de M. Malou, dans la seconde, d'un intérêt
plus immédiat et plus pressant, il traite de la réforme
électorale. Voici, dans cette partie essentielle du
discours, les déclarations dont nous prenons acte
Le gouvernement reconnaît que la réforme s'im
pose tous les cabinets donc, ni non possumus ni
non volumus. Il est là dessus d'accord avec l'opinion.
Il ajoute, pour compléter cet accord, qu'elle doit
être faite dans le cours de la session prochaine,
soit par la section centrale, soit par l'initiative du
gouvernement, qui l'a déjà mise l'étude. Le projet
de loi de 1870 est imparfait, il espère, il croit
trouver une solution meilleure. Nous croyons pou
voir induire de ses paroles qu'il l'a trouvée. S'il ne
l'expose point, c'est par une réserve concevable. Il
ne peut, dans une réunion publique, exposer des
projets qui doivent être soumis aux délibérations du
Conseil des ministres.
Mais, ce qu'il peut dire, c'est qu'il faut étendre le
droit de suffrage au delà des prévisions de la loi de
1870.
Dans sa pensée, il conviendra, pour faire l'expé
rience de la réforme nouvelle, d'en restreindre
d'abord l'essai aux élections provinciales et commu
nales. Si les résultats de l'expérience sont favorables,
il y aura lieu de l'étendre aux élections législatives.
M. Frère-Orban a parlé avec franchise sur la
question de la révision
De toutes les choses impossibles, a-t-il dit, la
plus impossible est la révision de la Constitution.
Le cabinet s'est constitué pour atteindre un but
déterminé qu'il poursuit. Il écarte les questions
qui divisent. Mon opinion est connue, je la main-
tiens. Si la révision est proposée, je la combat-
traiNos institutions ont fait leurs preuves.
Elles les feront encore. Elles ne méritent pas d'être
traitées avec mépris. Avant d'ôter une pierre de
l'édifice imposant qui nous abrite, nous voulons,
pour éviter les crevasses, avoir la pierre éprouvée
qui doit la remplacer.
Les journaux de sacristie insinuent vainement que
la mise en liberté de Goodhue indique que l'affaire
Bernard-Du Rousseaux n'a pas de caractère pénal et
que le chanoine et ses complices sont désormais
l'abri de tout ennui judiciaire.
Illusion que nous regrettons de détruire. Il y a
vol et partant il y a des voleurs.
Goodhue a été relâché parce que des médecins
chargés de le visiter ont déclaré qu'une plus longue
détention serait dangereuse pour sa raison et même
pour sa vie.
Sa mise en liberté ne change rien l'affaire. Elle
a réjoui les chanoines parce qu'ils ont vu s'éloigner
un homme dont les déclarations auraient pu devenir
très compromettantes. La justice a ses exigences et
ses lenteurs. Il faut les subir avec patience. Mais tou
tes les préventions restent debout, toutes! Lentement
on reconstitue les faits, on rassemble les preuves.
L'heure des explications précises va sonner. 11 est
impossible que la justice se contente des réticences
des prêtres et des calembredaines des journaux catho
liques.
Plus on marche, plus on réunit d'éléments et plus
l'affaire sç complique et s'aggrave.
Elle devient inquiétante pour certains personna
ges. Cela est tellement vrai qu'il faut s'attendre voir
prochainement mettre en prévention plusieurs des
anciens amis du chanoine Bernard, et parmi eux les
plus huppés. Verba volant, scripta manent,
Plus d'un tonsuré aura le plaisir de méditer sur
cette courte phrase. Quelques-uns pourront méditer
également sur la nécessité de dire la vérité la justice.
Mais aussi, pourquoi ont-ils violé l'un des pre
miers préceptes du décalogue Tu ne prendras
point le bien d'autrui (Le National).
La commune de Passchendaele était en fête, Di
manche dernier, l'occasion du cinquantième anni
versaire de l'entrée en fonctions comme Notaire de
M. Christiaen.
Les Notaires de l'arrondissement d'Ypres offraient
un banquet l'honorable jubilaire, dans la salle des
concerts de la Société de musique Vlijt voor Kunst,
et un grand nombre de Notaires de divers autres
arrondissements dés deux Flandres s'étaient associés
cette fête.
Après l'arrivée du train de Roulera, 2-12,
MM. les Notaires, auxquels s'étaient joints quelques
Notaires honoraires, précédés de la Société de mu
sique de Passchendaele, se sont rendus en cortège
chez M. Christiaen où M. le Notaire Butaye, de
Messines, Secrétaire de la Chambre des Notaires de
l'arrondissement d'Ypres, a, au nom de ceux-ci,
félicité le respectable jubilaire de sa longue et hono
rable carrière et lui a présenté un superbe bouquet
de fleurs naturelles comme symbole de l'affection et
de la considération des Notaires de ce ressort. M.
Christiaen, vivement ému de cette manifestation, a
remercié ses confrères en termes très-touchants.
De là le cortège, auquel se sont joints le respec
table jubilaire, ses fils, petits-fils et gendres, s'est
rendu au local de la Société de musique que M. le
Docteur Comyn avait gracieusement mis la dispo
sition de MM. les Notaires et où un magnifique
banquet attendait le héros de la fête.
Dès que tous eurent pris place, les fanfares de
Passchendaele ont entonné la brabançonne aux ap-
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