No 635. Jeudi,
41e ANNÉE.
3 Février 1881
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Un peu de logique.
LE PROGRÈS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires acquirit eundo
j
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HEURES DE DÉPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-20. 12-07. 6-27.
Poperinghe. 6-20. 9-07. 10-00. 12-07. 2-50
5-55. 6-27. 8-45. 9-50.
Courtrai. 5-34. - 9-56. - 11-20. - 2-41- 5-25.
Roulers. 7-50. 12-15. 6-30.
Langhemarck-Ostcnde. 7-21. 12-22. 3-59.6-27.
BULLETIN POLITIQUE.
La discussion du projet de loi sur la presse con
tinue défrayer les séances de la Chambre fran
çaise Samedi la Chambre avait volé l'article punis
sant la provocation, suivie d'effet, de commettre des
crimes. Elle s'est occupée d'un amendement du
centre gauche, développé par M. Ribol cl portant
que quiconque aura provoqué directement com
mettre un crime puni de la mort, des travaux for
cés perpétuité ou de la déportation, par voie de
la presse ou de publication quelconque, serait puni
de un mois un an de prison et de 30 2,000 fr.
d'amende, sans préjudice des dispositions sur la
complicité, et que la même peine serait applicable
celui qui. par ces mêmes moyens, aurait provoqué
des militaires la désobéissance envers leurs chefs.
L'orateur s'est efforcé d'établir que dans tous les
pays monarchiques ou républicains, dotés ou non
d'un régime de liberté, le pouvoir législatif a tou
jours pris soin de ne pas désarmer le gouverne
ment contre la provocation. Son éloquent discours
lui a valu les acclamations réitérées des bancs du
centre, mais les droites et l'extrême gauche ont
exprimé éoergiquement leur désapprobation. M.
Goblet a établi que la provocation compliquée de
menace tombe toujours sous l'application du Code
pénal et l'amendement de M. Ribot a été repoussé
par 349 voix contre 114.
La question de Transvaal a de nouveau été sou
levée la Chambre des communes d'Angleterre.
Déjà Vendredi un député, M. Sameulson, avait
attiré l'attention de l'assemblée législative sur la
situation des Hollandais de l'Afrique du sud et avait
demandé si ceux-ci devaient être considérés comme
des belligérants ou comme des rebelles. Une ré
ponse évasive fut faite par un membre du gouver
nement, M. Duff, mais sir VV. Lawson ayant
demandé des explications catégoriques. M Gladstone
était intervenu dans le débat et avait demandé que
J'inlerpellalion fût ajournée.
Avant-hier donc le ministre de la guerre a repris
cette question et a déclaré que, durant le cours de
l'insurrection, les Boers seront traités conformé
ment aux règles en usage chez les belligérants
civilisés. M. Childers a profité de cette occasion
pour réduire néant une calomnie qu'une partie de
la presse anglaise se plaisait déverser sur les
rebellions DutcJimen il est tout fait inexact
que les prisonniers anglais soient maltraités par
leurs vainqueurs de l'Afrique méridionale.
A la suite du succès des Transvalicns, l'agitation
ce leur faveur chez nos voisins du Nord redouble
d'intensité; non seulement les pétitions adressées
la nation anglaise se sont couvertes d'un nombre
énorme de signatures, mais le comité Harling ré
clame des démarches diplomatiques pour le réta
blissement de l'indépendance du Transvaal. On
annonce, en outre, que le Prince Frédéric des
Pays-Bas, oncle du roi Guillaume III et beau-frère
de l\ mpereur Guillaume d'Allemagne, a été invité,
en sa qualité de grand-maître de la franc-maçon
nerie néerlandaise, adresser une requête la
reine d'Angleterre en faveur des Boers, et qu'il a
immédiatement déféré cette demande.
Les Boers n'ont donc pas lieu de se plaindre
d'avoir été abandonnés eux-mêmes dans ces cir
constances critiques; il faut, si l'on veut arriver
une solution conciliante, que l'intervention se fasse
dans le plus bref délai possible, car les renforts
anglais arrivent rapidement au Transvaal et de
nouveaux engagements semblent imminents.
Sir Ch. Dilke a donné dans la séance d'avant-
d'hier, des explications sur le conflit turco-hellé-
nique. De ses déclarations, il résulte que l'Angle
terre maintient son point de vue relativement la
fixation de la frontière, mais qu'elle ne veut pas
agir isolément pour soutenir les revendications des
conseil ers du roi Georges.
La Chambre grecque s'est occupée de la question
des frontières, et le président du ministère a mar
qué de nouveau son opposition toute tentative de
résoudre le conflit au moyen d'une conférence dans
laquelle la Grèce ne serait pas représentée.
iim .-i-n
Supposez un jeune homme qui été élêvé sur
les genoux de l'Eglisec'est-à-dire dont l'éduca
tion premières ont été dirigées soit par des ecclé
siastiques, soit par des professeurs subissant la
contrainte des programmes contre lesquels luttent
les idées contemporaines.
C'est le cas le plus général dans notre pays, c'est
coup sur celui de la majorité de nous tous.
En même temps que l'histoire politique des peu
ples, il aura eu la mémoire farcie d'histoire reli
gieuse. d'ancien et de nouveau testament. On lui
aura appris des choses extraordinaires, des événe
ments appartenant ce domaine du merveilleux
qui frappe et attire si irrésistiblement le jeunes in
telligences.
Cela ira comme cela jusque l'âge de dix ou
douze ans; cela ira jusqu'au commencement des
études scientifiques quelque.peu sérieuses. Alors,
dans la plupart des intelligences se produit celle
transformation qui a pour conséquence de condui
re l'esprit l'habitude de la discussion et de l'ob
servation.
Alors, très-généralement arrive le doute.
Le doute! le mal le plus affreux pour l'espril de
l'homme
Ce n'est plus alors de merveilleux que l'intelli
gence se répaît de toutes choses elle cherche les
causes, les origines et les conséquences; chaque
pourquoi elle veut le pareeque. El,comme en mathé
matiques, chaque principe, chaque théorème,
elle réclame une démonstration, et en* déduit les
scholies et les corollaires.
Car c'est un sentiment unanime, puissant, irré
sistible que celui qui s'éveille alors la recherche
de la vérité.
Les uns obéissent cet instinct, ce besoin qui
s'éveille en eux les autres, effrayés par celte me
nace: sans la foipoint de salut, réagissant con
tre lui, contre leur raison même et, prenant leur
abnégation, leur effacement moral et intellectuel
pour la foi, ils acceptent tout ce qui leur est or
donné de croire.
Comme s'il était possible de croire autre chose
qu'à la vérité et si toute vérité n'était absolument
évidente pour tous ou susceptible de démonstra
tion.
De là la division des hommes en deux camps,
au point de vue religieux les premiers seront, ou
pourront être, des gens pieux, les autres tombe
ront fatalement dans le triste aveuglement du fa
natisme.
C'est dans la première catégorie que l'on voit se
développer ce sentiment ardent l'amour de la vé
rité; c'est cet amour qui conduit cette catégorie
l'étude des grandes questions parmi lesquelles le
rôle de l'homme dans l'humanité, le but et la fin
de l'existance humaine.
L'amour de la vérilé conduit nécessairement
l'amour de la liberté et de la justice cl. par suite
au respect des autres et de soi-même, la toléran
ce et la charité.
Avons-nous besoin de dire que celte première
catégorie appartient au libéralisme.
L'autre, courbée sous le joug qu'elle n'a pas eu
le courage ou le pouvoir de secouer, voudra le
voir se perpétuer et, le subissant, le fera subir ou
s'efforcera de l'imposer aux autres: elle sera le
cléricalisme.
N'ayant plus la liberté de l'intelligence, comment
veut-on qu'elle ait l'intelligence delà liberté.
Ernal,