w Quelle plus sanglante condamnation des injures que la presse cléricale n'a cessé de lancer notre honorable représentant depuis une douzaine d'an nées. (Vérité.) Tandis que le Hainaut n'a plus qu'un seul re présentant clérical, que le libéralisme triomphe Verviers, où l'ancien ministre, M. Cornesse, reste sur le carreau de fer-blanc, qu'un ministre en fonctions échoue honteusement Soignies, et qu'à Thuin l'échec du frère du gouverneur du Hainaut prouve que, dans le pays du travail, les influences princières et gouvernementales sont impuissantes, Gand, la ville d'Artevelde, reste inféodée au clergé, et la Flandre orientale tout entière est au parti du rebroussement. Quoi qu'il en soit, le libéralisme sort fortifié, retrempé de la lutte, tandis que la droite est affai blie, le ministère rudement frappé et son action encore amoindrie. Ce qu'il n'a pu faire avec 22 voix de majorité, il ne le réalisera pas avec 14 voix seulement. Quant au Sénat, la majorité y est inoindre en core et tout fait insuffisante. Si nous ne craignions d'abuser d'un mot trop souvent répété, nous dirions qu'après une victoire la Pyrrhus comme celle qu'il vient de remporter, après l'humiliation d'un de ses membres, un cabi net qui aurait de la dignité, s'empresserait de faire ses malles. Il n'en fera rien et il continuera s'appuyer sur. la seule localité où il a eu la majorité, grâce aux 11 millions de subside qu'il lui a accordés payant ainsi les services électoraux avec les deniers de l'Etat et aux sommes fabuleuses dont le parti clérical a disposé. On peut dire, dès présent, que le cabinet ne représente plus au pouvoir que 150 électeurs de l'arrondissement de Gand. Le reste des électeurs lui ont signifié son congé en bonne et due forme. OPINION DE LA PRESSE Sur les élections dn 9 Juin. On lit dans Y Indépendance Si la journée électorale du 9 juin n'a pas répondu toutes les espérances du parti libéral, elle n'en constitue pas moins pour lui un incontestable succès./ Elle est surtout bien humiliante pour le minis tère et les cléricaux. Elle leur inflige, en effet, un double échec, un échec matériel et un échec moral. Les cléricaux sontbattus Verviers, Soignies, Thuin, Charleroi et Ath. Il y avait lutte dans six arrondissements. Les cléricaux succombent dans cinq arrondisse ments. Ils maintiennent péniblement leur situation àj Gand, où la ville avait donné la liste libérale une majorité considérable, réduite néant par les élec teurs ruraux conduits au scrutin par leurs curés. Les cléricaux n'ont pas conquis un seul siège, ni la Chambre ni au Sénat. Ils perdent, pour le Sénat, M. de Robiano, rem placé Thuin par M. Brouwet; Charleroi, MM. Sylvain Pirmez et Houtart-Cossée, distancés par MM. Dewandre et Piret-Coblet. Ceur majorité sénatoriale, déjà peu considéra ble, est donc sensiblement affaiblie. Il y avait au Sénat 35 cléricaux et 27 libéraux, soit 8 voix de majorité cléricale. Il y a maintenant 32 cléricaux CL et 30 libéraux, 2 voix de majorité cléricale. Les forces des deux opinions sont presque équilibrées dans cette assemblée. Pour la Chambre les cléricaux perdent, Char roi MM. de Dorlodot et Hermant, remplacés par |M. Lambert et Van Dam, libéraux élus avec MM. Hrmez et Sabatier. Grâce la protection toute ersonnelle de M. Balisaux, le clérical M. Drion fcst réélu mais la victoire des libéraux est trop ans cet arrrondissement, pour que leurs ad- aient beaucoup se réjouir d'une fiche ■dation aussi mince. Jrviers, les cléricaux perdent M. Cornesse, nembre du cabinet de 1870, et son parrain |mis, éliminé par le ballottage, uin, ils n'ont pas réussi faire passer leur favori, M. le prince Caraman-Chimay. ^ies, la défaite est plus humiliante encore, ît le ministère eq la personne d'un de ses M. Beernaert, qui n'avait rign.épatgné' îpher. Malgré s? "tesitior «in travaux publics est battu. Il ne sera pas représen tant. On se demande s'il restera ministre. Dans l'arrondissement d'Ath, enfin, les députés libéraux sortants ont victorieusementi résisté aux attaques du parti clérical. Donc pour le parti libéral, des victoires par tielles, mais parmi ces victoires plusieurs conquê tes, tant au Sénat qu'à la Chambre. Pour le parti clérical, pas une conquête des pertes sensibles, de cruelles humiliations, et, en fin de compte, une majorité notablement réduite. Depuis le 11 juin 1872 la majorité cléricale la Chambre était de 22 voix. Les élections du 9juin 1874, en faisantgagner 4 voix aux libéraux, opèrent un déplacement de 8 voix. Reste une majorité cléricale de 14 voix. C'est assez pour garder le pouvoir, mais non pour donner une ligne politique un gouvernement clérical Inutile d'insister sur le sort que les élections du 9 juin ont fait au programme franchement clérical des ultramontains, la politique soi-disant. répa ratrice du Courrier de Bruxelles et du Bien public. Il est suffisamment démontré que le pays né l'appelle pas de tous ses vœux. Le parti clérical était impuissant avec 22 voix de majorité. Quelle ne sera pas son impuissance maintenant que sa majorité est réduite de 8 voix la Chambre et presque anéantie au Sénat. M. Malou peut dire qu'il n'a pas encore de suc cesseur mais il n'est pas certain qu'il s'en félicite. Si son ministère n'est pas mort, il est plus poitri naire qu'auparavant, pour rappeler le mot de Castiau en revanche, ildoit avoir perdu beaucoup de ses illusions. On lit dans l'Echo du Parlement Les élections législatives n'ont pas tout fait répondu notre attente. A Gand, les efforts des libéraux ont.échoué de vant la formidable organisation des milices cléri cales. La Flandre orientale tout entière, y compris le chef-lieu, reste inféodée au clergé. En revanche, dans les arrondissements du Hai naut et de la province de Liège où il y avait lutte, le libéralisme ne compte que des succès. M. Cornesse est éliminé Verviers, et son col lègue, M. Simonis, arrive péniblement un ballot tage avec M. Peltzer, dont l'élection n'est pas dou teuse. A Soignies, M. Beernaert, en dépit des manœu vres les plus scandaleuses, et de sa qualité de mi nistre des travaux publics, reste sur le carreau avec toute la liste dont il formait la tête. A Thuin, le prince de Caraman et M. de Robia no son! battus tous les deux les représentants libéraux sortants sont réélus une-forte majorité, et le sénateur clérical est remplacé par un excel lent libéral, M. Brouwet. AAth,MM. Bricoult etDescamps sont maintenus une majorité écrasante. A Charleroi, MM. Dewandre et Piret-Gobletrem- placent pour le Sénat MM. de Dorlodot et Herman sont éliminés,en dépit de la scandaleuse alliance du Journal de Charleroi avec les cléricaux. Honneur aux libéraux du Hainaut et de la pro vince de Liège. Honneur aussi nos amis de Gand, qui ont vaillamment lutté pour secouer le joug du clérica lisme. On voit que si lesespérances des libéraux ne sont pas entièrement.réalisées, le ministère, par contre, a subi Un grave échec, un échec moral dont il ne se relèvera pas. Sa majorité, diminuée de deux voix Charleroi et d'une Thuin, n'est plus que de quatre voix au Sénat. A la Chambre elle est réduite de 22 14. Si Gand noik avait été favorable, le cabinet était condamné la retraite. Dans les conditions actuelles le ministère peut continuer gouverner tant bien que mal, la con dition de ne riea faire. 1 Le seul de s«s membres qui fût' en cause, est honteusement bà^u. Et sur cinq arrondissements oû l'on lutté, il) a quatre qui ont condamné sa politique. Le pays tend de pi® ^^his se diviser en deux ten^^i^jrapeau du progrès, F"-ii camps, les^f |Jion et les Flamands celui de l'ultramontanisme et de l'éteignoir. Journal de Gand. Si quelque chose pouvait prouver tout ce qu'il y a de faux et de monstrueux dans un scrutin qui donne notre ville, si libérale, une représentation catholique aux Chambres et s'il était nécessaire de faire une telle preuve on n'aurait qu'à évoquer le témoignage de tous les étrangers qui ont vu l'aspect de Gand, avant-hier après la proclamation officielle des résultats du scrutin. Où étaient les vainqueurs On ne les voyait nulle partni leurs partisans non plus le coup fait, ils avaient disparu. Or, ce sont ordinairement, dans les élections, les vaincus qui se dispersent et ne donnent plus signe de vie. Qui acclamait-on dans les rues Les libéraux. Qui a-t-on cru devoir mettre sous la protection de la gendarmerie? Les vainqueurs. Ils ont bien tenté, dans un de leurs cercles, quelques fanfaron nades, mais elles ont peu duré. Quand les libéraux triomphent, toute la ville est pavoisée chacun s'empresse d'arborer Je drapeau national où y avait-il avant-hier des drapeaux Nulle part. Nous nous trompons il y en avait un, un seul, et c'était au Cercle catholique dont la porte était blindée et les volèts soigneusement fermés. Ce n'est pas ce drapeau national qui convenait, on rougissait de l'y voir c'est le drapeau de l'ul tramontanisme qu'il y fallait arborer. Les citoyens auraient volontiers arboré le drapeau noir qu'on place sur les hauts édifices des villes atteintes de la peste. On eût dit, en effet, avant-hier au soir, que Gand venait de recevoir une nouvelle accablante, celle de la défaite de ses enfants sur quelque champ d e bataille ou que l'ennemi avait pénétré dans ses murs. Aussi était-ce bien cela l'ennemi s'était par surprise, et aidé par la corruption, introduit dans la place, et toute la population ainsi livrée protes tait par son attitude. Cette attitude caractérise le succès de nos adversaires et la moralité de l'élec tion. Journal de Liège. Les élections d'aujour d'hui sont un succès matériel et surtout un grand succès moral pour les libéraux. Dans la province de Liège M. Cornesse et M. Simonis sont éliminés. A Huy où les cléricaux n'ont pas même osé lutter M. de Lhoneux est exclusivement élu par les libéraux. Dans le Hainaut, succès Thuin, où M. de Ro biano est éliminé du Sénat succès Ath où les libéraux sont réélus succès Charleroi où la sacristie alliée aux plus tristes saltimbanques po litiques n'a pu sauver que M. Drion du naufrage de la liste cléricale succès Soignies où M. Beer naert, le ministre modéré que l'on connaît, échoue, malgré la plus blâmable pression. v Gand, malgré une lutte vaillante, succombe sous une majorité de quelques voix. C'est encore une fois le triomphe des campagnards flamands sur la ville de l'ignorance et des préjugés sur l'intelli gence et la raison c'est un de ces succès que l'on doit subir mais qui ne donnent aucune force 'morale un parti. Quelle sera la situation que les élections vont faire au pays Un ministère qui était impuissant avec 22 voix de majorité la Chambre et 12 au Sénat, lorsque M. Maloù avait tout le prestige d'une réputation usurpée, va se trouver en face du pays et des Chambres avec une majorité décimée, avec un chef meurtri par les dernières discussions, ayant perdu touteautorité morale, avec les provinces wallonnes et toutes les grandes villes contre lui En outre, M. Beernaert, après l'échec qu'il a subi, n'a plus qu'à remettre son portefeulle au Rpi- Et hors du personnel actuel dik ministère, le parti clérical ne peut trou^^ uneBdministration présentable il est sans açpuI'lhdKl quelconque dans la partie vivace, active*, interfiaente du pays. Le cabinet clérical pourra encorew^eéter quel que temps mais dès aujourd'hui son inbuissance politique sera de la décrépitude les mofcfle son .existence sont comptèê. W-*

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Le Progrès (1841-1914) | 1874 | | pagina 2