6 FRANCS PAR AN.
LE PETIT VIOLONEUX
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
Il Octobre IS6I,
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Chronique politique.
HT t,S66. Dimanche 9
28» ANNÉE.
LE PROGRES
VIRES ACQC1RIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond1 administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour ie restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83.
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Idem Réclames idem.
Les lettres et paquets doivent être affranchis.
fr. 0,15
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On dit que les démocrates espagnols sont fu
rieux contre les généraux qu'ils accuseul d'esca
moter la révolution dont ils ont été lea premiers
auteurs cette accusation n'est pas méritée. A
voir les Actes et les décrets du gouvernement pro
visoire on ne peut lui reprocher en bonne justice
qu'il escamote la révolution niais on ne pourrait
dire qu'il s'efforce de l'assoupir jusqu'à la réunion
des cortès constituantes.
Une dépêche ministérielle, arrivée il y a huit
jours Toulon, écrit-on de cette ville, avait
ordonné de renvoyer dans leurs foyers tous lea
soldais de l'infanterie de marine appartenant la
classe de i863. Cette opération était peine ter
minée qu'une nouvelle dépêche a prescrit d'appli
quer la même mesure la classe de 1864.
Nous croyons savoir, dit le Paya, que la garde
mobile est organisée sur le papier et que, dans un
très-court délai, il serait possible de convoquer
les geunes geus destinés eu faire partie. On nous
assure que la loi n'aura pas d'effet rétroactifet que
les jeunes gens libérés du service d'après la loi
antérieure n'auront pas prendre place dans les
rangs de la garde mobile. Ainsi les classesde 1865,
(866, 1867, ne seraient pas appelées.
Nous croyons devoir reproduire le passage sui
vant d'une lettre adressée de Vienne au Monde,
tout en laissant au correspondant qui l'a écrite la
responsabilité des grosses assertions qu'elle con
tient:
D'après les nouvelles que nous croyons cer
taines, la Prusse, l'Angleterre et la Russie emploient
tous les moyens pour isoler l'Autriche et la France,
et leur faire envisager la paix comme une néces
sité actuelle.
Le but que poursuivent ces trois puissances
n'est pas le même mais il y a un point où elles
sont parfaitement d'accord, prévenir toute guerre
qui pourrait être avantageuse la France. C'est
pour obtenir ce résultat qu'on aurait lait éclater
la révolution espagnole et qu'on laisserait cette
question indécise pendant tout l'hiver, afin que
PAR CH. DESLYS.
1 1
II. (Suite.
A cette même époque, il y a vait au bourg un fameux
ménétrier qu'on appelait le bonhomme Espoir, et cela
parce qu'il avait accoutumance de répondre tous ceux
qu'il voyait s'attristant la ronde
Allons, faut rire si le présent quelquefois est
noir, l'avenir est toujours couleur de rose. Confiance
donc et bon espoir
Ajoutez cela que le violoneux prêchait d'exemple,
et qu'en dépit de sa pauvreté il était toujours guilleret
comme une aube de printemps. Il gagnait bien quel
ques pièces blanches par-ci, par-là, dans les noces et
dans les assemblées mais l'argent fuyait entre ses
doigts comme l'eau qu'on puise avec la main dans la
rivière. Le cabaret en prenait d'abord une bonne part
le reste s'en allait en services rendus des amis, et le
bonhomme avait pour ami tout le monde. Brave père
Espoir je le vois encore d'ici.
C'était un grand vieillard excessivement maigre,
quelque peu voûté, toujours frais et propret comme
Napoléon ne songe pas attaquer la Prusse. Si la
révolution espagnole ne suffit pas pour occuper la
France, on ferait insurger l'Italie avant que l'Es
pagne ne soit apaisée. Puis on trouverait le moyen
de produire quelque formidable révolte en Algérie.
On nous affirme que des émissaires parcourent
déjà diverses tribus arabes. Le cabinet de Paris
sait probablement cette heure ce qu'il doit
peaser de ses bons amis d'Outre-Manche. Quant
au cabinet impérial de Vienne noua espérons tou
jours qu'il ne se laissera pas jouer par les intrigues
pacifiques de la Prusse et de la Ruasie, ni par leurs
désarmements factices. ..I.
Ypues, le 17 Octobre,
lie futur Concile.
Jadis l'annonce seule de l'ouverture d'un
Concile causait dans toute la chrétienté une
sensation immense, les empereurs, les rois
et les chefs d'état, désignaient les délégués
qui devaient les représenter la future as
semblée et les peuples attendaient, non sans
impatience et avec inquiétude, les résolutions
qui devaient être prises par le Concile.
Aujourd'hui, il en est tout autrement, c'est
peine si l'opinion publique se préoccupe de
la prochaine réunion des hauts dignitaires de
l'église, nous ignorons si des chefs d'état s'y
feront représenter, mais dans tous les cas, il
est certain que grand nombre d'entreux s'ab
stiendront d'y envoyer des mandataires.
Pourquoi en est-il ainsi Par une raison
bien simple, parce que le principe de la sépa
ration de l'église et de l'état est, de nos jours,
un principe généralement compris et admis
et si nous pouvons parler ainsi, considéré
comme un dogme politique par les nations
mêmes où le catholicisme est la religioo de la
majorité voire même de la presqu'uoanimité
des citoyens.
On comprend en effet que les décisions du
concile assemblée religieusene peuvent
au malin d'un dimanche il portait la culotte courte,
bien entendu, et le long gilet descendant jusqu'aux
genoux if avait de la poudre encore et une petite
queue qui sautillait perpétuellement sur le collet droit
de son habit vert-pomme. Quant sa coiffure, c'était
un de ces chapeaux comme on n'en voit plus, relevés
en cornes par devant et qui n'en finissaient plus par
derrière. Bref, il avait toujours sur les lèvres un petit
sourire qui faisait plaisir voir, dans les yeux un je
ne sais quoi de brillant, et son violon sous son bras.
Malgré tous les dictons qui couraient sur la Hutte
au Diable, jamais il ne passait devant sans y entrer
c'était le grand ami de la mère Jeanne c'était surtout
celui de Nicole. Le bonhomme Espoir s'était affolé de
cet enfant-là, qui, du reste, le lui rendait bien, je vous
le jure c'était même lui qui avait commencé le pre
mier.
Un jour que le violoneux faisait danser une noce, il
avait tout coup remarqué non loin de son tonneau
un petit déguenillé qui, les yeux tout grands ouverts,
la bouche bcante, semblait écouter la musique avec
une admiration qui tenait de l'extase. Sitôt la contre
danse finie, le bonhomme avait sauté bas de sa fu-
taille, afin de s'approcher du gamiu. Mais l'enfant
plus, comme au moyen-âge, exercer une in
fluence quelconque sur les destinées des
peuples. Les temps où les hauts dignitaires
de l'église dépossédaient des empereurs et des
rois est passé, et l'on n'excommunie plus au
jourd'hui des nations entières pour des faits
entièrement étrangers des questions reli
gieuses.
Toutefois le Concile annoncé pourrait rendre
sinon la société civile elle-même, du moins
aux nombreux catholiques, uu service im
mense, et tranquilliser bien des consciences,
en admettant le grand principe de la sépa
ration de l'église et de l'état et en recon
ciliant le catholicisme avec la civilisation
moderne.
S'il en était ainsi, le prêtre se bornerait
désormais remplir sa mission religieuse, le
citoyen s'occuperait des affaires civiles et de
L'état et l'on verrait mettre en pratique ces
grandes paroles du Christ
Mon eégne n'est fas de ce sonde
Rendez a César ce qui est a César et a Dieu
ce qui est a Dieu.
L'Écho du Parlement publie une lettre de
M. l'abbé Van Becelaere, en réponse un
article que ce journal nous avait emprunté.
L'impartialité nous fait donc un devoir de
reproduire cette lettre qui, notre sens, ne
prouve rien, et nous espérons le démontrer.
La voici
Sainte-Croix, i5 Octobre 1868.
Monsieur le rédacteur,
Je viens de voir, un peu tard, il est vrai, que,
dans un article qui a paru daos 1 Eeho du Parle
ment, il y a quelques jours, se trouvent ces mots
L'ignoble pamphlet le Katholyke Zondag est
donc rédigé par un prêtre. Deux lignes plus
haut vous aviez donné mon nom en toutes lettres.
Votre loyauté vous engagera admettre ma ré
ponse dans les colonnes de votre journal.
s'était enfui toutes jambes. C'était l'époque où Nicole
ne hantait encore que les bois, et n'était, comme je
crois vous l'avoir dit déjà, qu'un singe parlant.
Deux ou trois autres fois encore le bonhomme
Espoir, tout en jouant du violon, examina l'enfant, qui
paraissait décidément s'attacher ses pas mais sou-
ventes fois encore l'enfant bondit en arrière au moment
où le vieillard allait lui mettre la main sur l'épaule, et
disparut toutes jambes. Cet étrange amour de la mu
sique, cette sauvagerie non moins étrange, piquèrent
au jeu le ménétrier, qui mit en œuvre toute son
adresse et toute sa patience afin d'apprivoiser le jeune
sauvage. Il y parvint enfin, mais grâce surtout son
violon ce fut en le mettant entre les mains de l'enfant
qu'il put le retenir près de lui et'obtenir ses ques
tions quelques réponses. Encore fallut-il que le violo
neux donnât aussi l'arcbet et montrât la manière de
s'en servir Déjà Nicole avait l'instrument l'cpaulc
c'était quasiment comme une première leçon.
Bien d'autres s'ensuivirent, allez Dès le lendemain
matin, Nicole était venu frapper de lui-même la
porte du violoneux, et peine se fut-elle entr'ouverte,
qu'il sautait déjà sur le violon.
Tu devrais me dire bonjour, au moins, dit en