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JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N« 1,091. 10e Année
Jeudi, 90 Septembre 1050.
Vires acquirit eundo.
Collège communal et École
moyenne d'Ypres.
Chronique politique.
LE PROGRES
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Tpbes, 28 Septembre.
Il est d'habitude que les fêtes de Septembre
jettent les feuilles cléricales dans des accès de
monomanie. Elles choisissent ce moment pour
broyer les plus sombres couleurs en dépeignant
l'état de la Belgique, et c'est de l'encre la plus
noire qu'ils écrivent que dans notre libre Bel
gique règne en ce moment le despotisme le plus
insolent. Il n'est toutefois pas tellement inso
lent, qu'on ne laisse librement injurier les
institutions libérales et les fonctionnaires qui
n'ont qu'une médiocre sympathie pour l'opinion
cléricale. On se plaint de la tyrannie odieuseen
termes tels qu'on se dise que celte tyrannie
n'empêche nullement les organes du parti épis—
copal de dire vertement leur fait ces tyrans
odieux qui font l'effet de n'être aucunement de
la façon de Barbe-Bleue.
Mais ce n'est pas tout, on lit avec étonaement
dans les journaux des évêques qu'il y a en
Belgique des proscrits et des excommuniés po
litiques. Nous croyons qu'il faudrait promettre
une récompense honnête celui qui pourrait
en exhiber, cette découverte étant plus difficile
que celle d'une nouvelle planète.
Enfin on ne se douterait jamais que le gou
vernement belge est despotiquearbitraire et
tyrannique au plus haut point. Remarquez
surtout ces derniers mots, ils font te charme de
cette accusation. Despotique au plus haut
point, c'est là ce qui caractérise le gouvernement
constitutionnel, au dire des feuilles jésuitiques
qui n'ont pu énerver le régime parlementaire
en Belgique.
Mais l'étonnement qu'on éprouve en lisant de
pareilles horreurs doit augmenter encore, quand
on voit les fonctionnaires dépeints comme une
misérable valetaille ministérielle n'osant avoir
une opinion autre que celle des pachas qui tor
turent et rançonnent la Belgique.
Toutes ces énormilés sont imprimées au long
dans la Patriejournal de l'évêque de Bruges,
et nous croyons que ce n'est pas le seul journal
soidisant religieux qui se trouve ce diapason
épileplique.
11 n'y a rien répondre de semblables
aberrations d'esprit, il faut que le bon sens
public en fasse justicecar nous croyons que
toutes ces folies ne sont imprimées que pour
dégoûter le pays d'une de dos précieuses liber
tés, celle de la presse, dont les journaux moraux
et honnêtes abusent scandaleusement dans un
but facile concevoir.
La Patrie de Bruges a choisi l'anniversaire de
la révolution, le moment où la nation évoque
les glorieux souvenirs de son indépendance et
où la reconnaissance nationale élève un monu
ment au Congrès qui dota la Belgique de la
constitution la plus libérale qui existe la Patrie
disons-nous, a choisi cette époque pour donner
une édition travestie de la Constitution.
C'est, on l'avouera, pousser jusqu'aux der
nières limites, le dévergondage d'un parti.
Le Journal de Bruxelles prend le même
moment pour renouveler ses calomnies contre
M. Rogier, bien dédommagé par la manifesta
tion dont il vient d'être l'objet.
Le parti clérical fait comme le limaçon, il
salit ce qu'il ne peut manger.
Il est de ces actes que l'on ne qualifie pas, que
l'on se borne signaler, parce qu'ils portent eu
eux-mêmes leur condamnation.
On sait qu'à la suite des attaques odieuses
récemment dirigées par le Journal de Bruxelles
contre M. le ministre de l'intérieur, les décorés
de la Croix de Fer et les blessés de Septembre
ont saisi l'occasion des fêtes nationales pour
faire, en l'honneur de M. Charles Rogier, une
manifestation significative. D'après leurs ex
pressions, ces hommes de 1830 voulaient con
stater, en 1859, les services que M. Rogier avait
rendus la Belgique lors de la conquête de
l'indépendance du pays.
En même temps que cette manifestation avait
lieu, le Journal de Bruxelles écrivait un article
qui a soulevé dans la capitale un cri unanime
d'indignation. Cet article, publié samedi soir,
au milieu des généreuses émotions d'une foule
exaltée par le sentiment du patriotisme, repro
duisait, en termes plus violents encore, les ca
lomnies dont M. le ministre de l'intérieur avait
déjà eu l'honneur d'être l'objet de la part du
Journal de Bruxelles. Il nous répugne de re
muer ces choses-là. Nous sommes convaincus
que, même dans la presse cléricale, il ne se
trouvera pas un seul organe qui ose en accepter
la solidarité. [Écho du parlement.)
Voici en quels termes le Journal de Liège
apprécie l'article d|u Journal de Bruxelles
Nous protestons avec indignation contrelescan-
dale que donne depuis quelque temps le Journal de
Bruxelles. Sait-on comment ce coryphée du parti
clérical, cet organe des prétendus unionietee, ce Mo
niteur de l'épiscopat belge, annonce une journée de
nos fêtes nationales? Il écrit en tête 29*anniver
saire de la fuite de M. Rogier.
Jamais calomnie ne fut plus éhontée, mais
jamais elle ne fut plus grossièrement, plus ignoble
ment publiée. En présence de tant de bassesse, nous
comprenons les sentiments qui poussent le Journal
de Gand engager la presse libérale s'abstenir
désormais de répondre un journal qui ne mérite
plus que le mépris. Malheureusement, on n'est
pas libre de choisir ses adversaires en politique.
L'administration des chemins de fer de la
Flandre occidentale informe le public que des
modifications seront introduites dans les heures
dedépart des trains, dater du premier octobre.
(Voir la fin du journal.)
La rentrée des classes au Collège communal
et l'Ecole moyenne d'Ypres, aura lieu Lundi
prochain, 3 Octobre 1859, à9 heures du matin.
L£ ©HITiT®.
(Suite.)
XXIX.
Robert, toujours pensif et silencieux, prétexta le besoin
de repos et une légère indisposition pour ne pas suivre
Saint-Non la chapelle Sixtine où l'on devait exécuter
en musique le salut de Pergolèze. Il rentra chez luiet
au lieu de se coucher il s'établit dans sa chambre pour
y passer toute la nuit au travail.
Fragonard était allé, avec quelques pensionnaires de
l'Académie de France, voir le peuple se divertir, boire et
danser dans les tavernes de Monte-Teslaccio. Quant
Robert, il aurait cru commettre un crime que de prendre
sa part d'un plaisir pendant que Sella était en prison,
sous le coup d'un procès capital et la merci de l'odieux
Badolfo.
Avant de s'enfermer dans sa chambre, il avait pris
dans la bibliothèque de l'abbé de Saint-Non les ouvrages
relatifs aux Catacombes composés par Antonio Bosio et
par ses savants continuateurs Serverant, Boldetti et
Boratari.
Accoudé devant ces immenses recueils d'observations,
de descriptions et de planches, il les passa en revue avee
une attention infatigable; il fit une étude approfondie,
quoique précipitée, de celte Rome souterraine que les
premiers chrétiens habitèrent aux époques de persécution
et qu'ils remplirent de leurs sépultures.
La nuit était venue il avait allumé la lampe qui éclai
rait souvent ses veille». Lorsque Saint-Non revint, il
cacha la clarté de cette lampe, et feignit de dormir.
Saint-Non évita de le troubler dans son sommeil, et se
retira doucement.
Robert était en train d'étudier le plan figuré, dressé
par Bosio vers 1620, et complété depuis par ses con
tinuateurs; il examina plus minutieusement les cimetières
de Sainte-Priscille, de Saint-Damase, de Saint-Nicomède
et de Saint-Mareellin, situés entre la porte Latine et la
porte Salaria il suivait de l'œil et du doigt les détours
des voies qui s'entrecroisent et s'entremêlent; il mesurait
au compas les distances; il cherchait la route la plus sûre
et la plus courte pour pénétrer dans la partie des Cata
combes qu'il voulait explorer; il gravait dans sa mémoire
toutes le» particularités qui devaient l'aider s'y conduire.
En comparant le plan de Roma sotterranea avec celui
Du 25 Septembre au 28 Inclue.
D'après une dépêche arrivée Paris, l'archiduc
Maximilien serait nommé gouverneur de la Vénétifl
et investi probablement de pouvoirs extraordinaires.
La même dépêche annoncerait qu'un Congrèe ae
réunirait A Bruxelles sous la présidence du Roi dea
Belges.
Nous devons laisser la responsabilité de cette
nouvelle la Patrie, de Paris, qui nous l'apporte.
Nous rappelerons seulement que la Patrie est l'or
gane semi-officiel du gouvernement français.
Si ces renseignements venaient se confirmer, le
de la campagne de Rome qu'il avait levé lui-même, il
circonscrivit l'espace qu'il avait parcourir pour y trou
ver le cadavre du P. Alexandre.
Les heures s'écoulèrent sans que ses yeux appesantis
se fussent fermés sur les livres il s'aperçut du temps
qu'il avait donné cette exploration méditative des Ca
tacombes, lorsqu'un rayon de soleil fit pilir la lueur de
sa lampe.
En ce moment, on sonnait la porte de la rue.
Saint-Nou dormait encore et ne s'éveilla qu'au bruit de
la sonnette. Robertqui était tout habillésortit de sa
chambre et alla ouvrir un domestique, dont la livrée
rouge, bigarrée de taches multicolores, tombait en lam
beaux.
Excellence, luidit ce valet qui le saluait jusqu'à terre,
je viens de la part de monsignore Badolfo et de sa fa
mille... Sa famille? interrompit Robert qui relevait
cette expression usitée Rome pour désigner toutes les
personnes d'une grande maison. Oui, Excellence, et
je vous apporte dans cette bourse six cents écus romains
pour prix d'un tableau...
Robert avait pris machinalement une grande bourse
de velours, qui conteaait la sommeet il s'apprêtait le