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JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
1,916. 19e Année.
Dimanche, 11 Septembre 1869.
Vires acquint eiHido.
OT.Ie baron Mazeman. Nouveau venu
LE PROCHES
ABONNEMENTS Ypres (franeo), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces,4francs. I Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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Ypres, 10 Septembre.
M. le sénateur baron Mazeman de Couthove
prononcé, le 6 de ce moisau Sénat, l'oc
casion du projet de loi sur les fortifications
d'Anvers, ce que l'on appelle la Chambre des
lords anglais, son maiden speech.
Le premier discours d'un membre de la
Chambre haute est dans ce pays comme dans
le notre, un événement politique.
C'est, en effet, par ce début que l'on appré
cie l'aptitude, le talent et les opinions du nou
veau représentant de la nation la Chambre
haute.
Nous croyons n'être contredits par personne,
en disant que le début oratoire de noire nou
veau sénateur a été des plus heureux. M. Ma
zeman s'est exprimé avec netteté, franchise,
fermeté et dans les meilleurs termes, il a prouvé
que les déclamations des feuilles catholiques
et surtout du Propagateur, soi-disant organe de
l'opinion publique de l'arrondissement d'Ypre6,
n'avaient aucune influence sur son esprit. Nous
aimons croire qu'il persévérera dans cette
voie.
Notre sénateur a voulu prouver aussi qu'il
avait sérieusement cœur de défendre les
intérêts de la ville et de l'arrondissement. 11 a
tiré parti de la situation avec beaucoup de tact,
pour recommander au gouvernement l'agricul
ture, la voirie et l'industrie. Il a demandé enfin
une garnison pour notre ville. Après ce début
et dans une antre séance, M. le sénateur baron
Mazeman a appelé l'attention du cabinet sur le
projet de canal de la Lys l'Yperlée, projet si
important et dont notre représentant M. Alph.
Vanden Peereboom avait déjà entretenu lon
guement la Chambre.
Nous sommes heureux d'entendre notre sé
nateur défendre les intérêts de ses commettants
et notre satisfaction est d'autant plus vive, que
depuis longtemps aucune voix ne s'était élevée
(Suite.)
XXV.
Le baptême du juif, qui est certainement une allégorie
A la conversion générale des juifs prédite dans les évan
giles, a lieu, de temps immémorialau baptistère de
Saint-Jean-de-Latran, nommé Saint-Jean-m-Fonte.
Ce baptistère, où Constantin fut baptisé lui-môme,
suivant la tradition, n'a plus d'autre destination depu's
des siècles, que de servir la cérémonie du Samedi Saint.
C'est une magnifique église, attenante l'église Saint-
Jean-de-Latran, mais n'offrant que des proportions très-
exiguës auprès de cette immense basilique. L'édifice est
de forme circulaire avec une coupole soutenue par deux
rangs superposés de colonnes ces colonnes au nombre
de huit, sont de sculpture antique, au premier rang, et
de marbre blanc, au second.
Une foule considérable de peuple s'était portée, dès le
tnatin, aux alentours de Saint-Jean-in-Fonte, quoique
cette petite église ne puisse pas contenir plus de quatre
ou cinq cents personnes, et que les places soient réservées
aux étrangers de distinction munis de billets. Mais le
bruit s'était répandu que le néophyteaprès avoir reçu
le baptême iraittète et pieds nus couvert d'une che
mise de laine blanche, faire le pèlerinage des sept basili
ques, c'est-à-dire visiter successivement les églises de
Saint-Jean-de-Latran, de Saint-Paul hors des murs, de
Saint-Sébastien, de Saint-Laurentde Sainte-Marie-Ma-
au Sénat en faveur de l'arrondissement et sur
tout de la ville d'Ypres.
Nous nous faisons un véritable plaisir de re
produire in extenso, dans nos colonnes et d'après
les Annales parlementairesle maiden speech
de notre nouveau sénateur.
dans cette assemblée où siègent un si grand nombre
d'hommes d'Etat initiés aux affaires publiques, je
n'ai et ne pois avoir la prétention de jeter quelque
jour sur les graves questions soumises en ce moment
aux délibérations du Sénat.
Si j'ai demandé la parole, c'est moins pour dis
cuter le projet de loi qui nous occupe, que pour
motiver en peu de mots mon vote.
Je le déclare, Messieurs, sans hésitation, je par
tage l'opinion de ceux qui pensent que les sommes
consacrées en Belgique aux dépenses militaires sont
très-élevées, surtout lorsqu'on les compare nos
recettes générales.
Je pourrais donc difficilement me résigner voter
l'avenir des augmentations des dépenses pour notre
état militaire, et je serais heureux, si je pouvais
contribuer un jour faire réduire les dépenses sans
toutefois compromettre la défense du pays.
Cependant, Messieurs, dans les circonstances ac
tuelles je ferai taire mes appréhensions et je serai
sourd mes désirs d'économies.
Je roterai donc les crédits demandés pour les for
tifications d'Anvers.
Je n'examinerai point si notre métropole com
merciale est bien la position militaire qu'il convient
de fortifier de préférence la capitale ou même
Namur. Je suis incompétent pour trancher de pa
reilles questions.
J'ai d'ailleurs sur ce point comme sur beaucoup
d'autres une confiance entière dans M. le ministre
de la guerre qui défend son projet avec autant de
talent que de conviction.
Je reconnais qu'il importe l'honneur du pays,
noire indépendance età notre nationalité déposséder
une position militaire où le drapeau belge, le gou
vernement du roi et notre armée pourront en cas de
revers trouver un abri momentané en attendant les
secours de nos alliés.
jeurede Sainte-Croix-de-Jérusalera et de Saint-Pierre
qui sont éloignées de trois lieues les unes des autres.
La grande porte qui regarde la place du palais de
Latran restait fermée; mais une autre porte était ouverte
dans l'intérieur du couvent qui dépend de la basilique,
et donnait issue dans l'église de Constantin. On s'écrasait
cette porte, avec des cris et des injures que la sainteté
du lieu ne réprimait pas.
Les étrangers, moins nombreux pourtant cette épo
que, se montraient fort curieux de voir ce baptême,
comme si c'eût été un spectacle profane; et le clergé
romain, qui est accoutumé cet empressement de curio
sité dans les cérémonies du culte catholique, favorisait
l'introduction des dames et les faisait placer autour de la
balustrade des fonts baptismaux. Le tumulte régnant
dans l'assemblée ne ressemblait guère au prélude d'une
cérémonie religieuse.
Parmi les assistants privilégiés, on remarquait Nisida,
vêtue de ses plus riches habits et parée de tous ses bi
joux; sa toilette seule avait un air de fête, car sa physio
nomie, pâle et défaite, exprimait unaraer découragement,
et des larmes luisaient au bord de ses paupières.
A chaque' instant, elle levait les yeux du côté de l'ora
toire du pape Saint-Hilaire, par lequel le néophyte chré
tien devait entrer environné des chanoines de Saint-Jean-
de-Latran puis, elle baissait la vue aussitôt et reprenait
sa prière interrompue, en serrant le grain de son chapelet
dans sa main tremblante.
C'était la seule femme présente qui portât le costume
romain, et elle avait obtenu la faveur d'assister aubap-
L'armée belge est brave, instruite, dévouée eu
pays elle ferait vaillamment son devoir, j'en ai la
conviction la plus sincère, mais notre armée est
relativement peu nombreuse que l'attaque vienne
de l'est ou du midi, l'armée ennemie sera plu* nom
breuse que la nôtre et nos soldats, après avoir fait
des prodiges de valeur, pourront être accablés par le
nombre et forcés de battre en retraite.
Or, noire pays a peu d'étendue où s'arrêterait
celle marche en retraite si notre armée ne pouvait
trouver sur le sol de la pairie, dépourvu d'obstaclea
naturels, une position sérieuse de défense créée par
le génie militaire.
Nous avons depuis plusieurs années dépensé des
sommes énormes pour assurer notre armée un
matériel de guerre suffisant ce matériel, ne devien
drait-il pas bientôt, en cas de revert, la proie de
l'ennemi si nous ne pouvons renfermer toutes noa
richesses militaires dans une place pour ainsi dire
inexpugnable? Quand il s'agit de l'indépendance et
de l'honneur du pays, les considérations financières
n'ont plus d'influence sur mon esprit.
11 n'y a rien de commun, il n'y a aucune affinité
entre les questions de nationalité et les questions
d'argent. Je n'ignore pas qu'en cas de guerre, la
partie du pay».que je représente plus spécialement
au Sénat, sera la première exposée aux invasions de
l'ennemi.
Je sais que notre Flandre, si riche, sera soumise
de dures épreuves. C'est là une triste perspective,
mais c'est une dure nécessité, et nos populations
puiseront dans leur patriotisme la force de ce sacri
fice pour le salut de la patrie.
J'appelle l'attention du gouvernement et de M. le
ministre de la guerre sur la position qui sera faite
aux populations de notre Flandre en temps de
guerre, et je prie le cabinet de vouloir accorder ces
populations une espèce de compensation au moyen
de l'allocation de subsides pour l'agriculture, la
voirie et l'industrie ainsi que de la répartition des
garnisons.
Confiant dans la justice et les intentions bienveil
lantes du gouvernement et pour les motifs que je
viens d'indiquer, je voterai les crédit» demandé»
pour les fortifications d'Anvers.
tème de Marco, parce que Marco avait exigé qu'elle en fut
témoin. Son costume aux couleurs éclatantes, sa beauté
carastéristique, et plus que tout, son émotion et sa tris
tesse, attiraient les regards et provoquaient bien des
commentaires, sans qu'elle daignât y prendre garde. On
ne tarda pas savoir qu'elle représentait la famille du
juif qu'on allait baptiser, cl l'on augura, de sa contenance
pieuse et recueillie, qu'elle s'intéressait vivement la
conversion de cet hérétique.
Richard de Saint-Non, qui arrivait de la Villa-Adriana
où il n'avait point appris la mort du padre Alexandre,
envoya son domestique mettre leurs chevaux l'écurie,
et se rendit sur-le-champ au baptistère, avant que la
cérémonie fût commencée. 11 ne put trouver place dans
l'enceinte circulaire du rez-de-chaussée, et grâce 1 en
tremise d'un chanoine de ses amis, il monta dans une
galerie supérieure, il y était peu près seul, et il se mit
en devoir de dessiner la scène qu'il avait sous les yeux.
Un demi-silence s'était établi parmi les spectateurs
pressés les uns contre les autres quatre soldats suisses
portant l'uniforme bariolé des lansquenets du seizième
siècle, ouvraient avec peine, a travers la foule compacte,
un étroit chemin la procession du catécbumcnc com
posée de douze chanoines en robes de lin blanc et de
quatre enfants de chœur avec la croix, le livre des Évan
giles, la patène et l'encensoir. L'archidiacre de Saint-
Jean, en habits pontificaux, la mitre épiscopale sur la
tète et la crosse la main, pour rappeler que le pape
saint Sylvestre avait baptisé l'empereur Constantin dans
cette même église quinze siècles auparavantmarchait