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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
W 1,909. - 19* Année
Dimanche, 24 Juillet 1850.
Vires acquirit eundo.
LE NOUES
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 30 c. Provinces,4francs. Le Proches parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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TruES, 33 Juillet.
La discussion qui a eu lieu la Chambre des
représentants au sujet des élections de Louvain,
a fourni M. Alph. Vandenpeereboona l'occa
sion de s'expliquer sur les élections d'Ypres.
Nos lecteurs verront que si notre honorable
représentant n'a point répondu jusqu'ici aux
grossières provocations de la presse cléricale, ce
n'est point qu'il fut embarrassé de réfuter ces
attaques; il a cru devoir mépriser leurs injures
et il a eu raison, mais il n'a pas voulu laisser
passer sans répliques une simple insinuation
lancée par M. Dechamps,du haut de la Tribune,
au sujet de la sincérité de nos élections; au fait
il appartenait M. De'champs moins qu'à tout
autre de parler de sincérité et de bonne foi, et
c'est ce que M. Vandenpeereboom lui a fait re
marquer en termes convenables et bien mesurés.
M. Alp. Vanden Peereboom.Si je n'ai pas
demandé la parole au moment où l'honorable Nl.
Dechamps a parlé des élection* de l'arrondissement
d'Ypres, c'est que je n'ai pas voulu interrompre la
discussion aur la question d'enquête. Mais puisque
les débals semblent épuisés sur ce point, je demande
la permission la Chambre de répondre quelques
mots l'honorable député de Charleroi avant la
clôture de la discussion.
Je regrette que l'honorable M. Dechamps ait cru
devoir reproduire dans le parlement des attaques
injustes que certains journaux fidèles leurs habi
tudes, ont dirigées contre moi dans les termes les
plus grossiers et-les plus ignobles. Je m'empresse de
reconnaître que l'honorable membre a traduit ce
langage inconvenant en style parfaitement parle
mentaire, mais les insinuations sont d'autant plus
dangereuses qu'elles sont présentées avec plus de
convenance et de talent.
Je me suis abstenu de répondre aux grossières
attaques des journaux cléricaux de la Flandre; il
est certaine presse avec laquelle un honnête homme
ne peut avoir aucun contact mais on a parlé dans
cetto enceinte d'engagements non tenus, de ques
tions de bonne foi. Si j'avais manqué la parole
donnée, je ne mériterais plus votre estime, j'y tiens,
messieurs, et c'est pour la conserver pleine et en
tière que je crois devoir donner quelques explica
tions.
Voici, messieurs, ce qui s'est passé Ypres. L'ho
norable M. Malou que, comme parent et ami, je
regrette de ne plus voir siéger parmi nous, était
d'opiuiou qu'il serait bon qu'il n'y eût pas de lutte
électorale dans l'arrondissement d'Ypres; j'étais
complètement de son avis, qui était partagé du reste
Ypres par un grand nombre de personnes appar
tenant aux deux partis. L'intérêt de l'arrondissement
et de la ville, et non, veuillez le croire, notre intérêt
personnel, était notre seul mobile. Le parti conser
vateur ne m'opposa pas formellement de candidat.
De son côté, l'association libérale d'Ypres n'opposa
point de candidats i MM. Mslou et Van Reninghe.
Les chefs de parti pouvaient-ils faire plus pour
éviter une lutte? Mais s'il y a eu convention tacite
sur ce point, si cette convention a été violée, quel
est le coupable? est-ce le parti libéral?... où était son
candidat Ce candidat était-ce M. de Florisone, qui
au premier Jour du icrutin obtint quelques suf
frages? Non.
Ne doit on pas reconnaître au contraire que le
parti conservateur a plutôt manqué i ses engage
ments, puisque en dehors de la liste des députés
sortants, il a porté un candidat qui a réuni un grand
nombre de suffrage* et qui déjà avait obtenu des voix
aux élections antérieures. Il me reste déclarer que
M. Malou a été complètement étranger ces ma
nœuvres, comme j'ai été complètement étranger,
moi, au résultat de l'élection, résultat que je n'avais
pu prévoir et que je n'ai pu empêcher. Je m'étonne
que-L'honorable M. Dechamps, qui parses relations
fréquentes avec l'honorable M. Malou doit connaître
les faits, vienne lancer contre moi des insinuations
qu'il ne peut croire fondées.
Messieurs, quand, dans une élection, on n'oppose
pas deux listes complètes, peut-on forcer les élec
teurs d'une opinion voter pour les candidats de
l'opiriioa contraire? Evidemment non, cela est im
possible. Aux élections précédentes et notamment
en SS7, bien qu'il n'y eût pas de lutte, un grand
nombre d'électeurs catholiques n'ont pas voté pour
moi, et je ne m'en plains pas, cela s'explique et se
justifie parfaitement, c'est la conséquence des luttes
de parti; cette année encore 5oo voix conservatrices
m'ont fait défaut, un nombre plus grand d'électeurs
libéraux n'ont pas volé pour MM. Malou et Van
Renynghe; de là ballottage.
Permettez-moi, messieurs, de vous dire franche
ment quelles sont les causes du résultat des élec
tions d'Ypres, résultat si imprévu pour tous. Ces
causes sont au nombre de deux la première c'est
l'apaihie d'un grand nombre d'atnis politiques de
M. Malou qui n'ont pas pris part l'élection, et sont
aiusi cause qu'il y a eu ballotage; la seconde, c'est un
compromis fait avant le ballotage entre des libéraux
et une traction du parti catholique, compromis qui
a amené l'élection de MM. de Florisone et Vau Re
nynghe. Voilà la vérité des faits.
Messieurs, l'honorable M. Lebeau vient de donner
certains détails qui prouvent que M. Dechamps est,
sur le terrain électoral, un tacticien habile; mais cet
honorable collègue qui professe un respect si légiti
me pourries engagements transactionnels a-t-il tou
jours religieusement observé de pareils compromis?
Si ma mémoire est fidèle, il y a quelques années,
dans le district de Charleroi que M. Dechamps re
présentait la Chambre, aucune lutte électorale
n'était prévue, il y avait entente cordiale entre les
partis, engagement tacite; bien plus, jusqu'au mo
ment de l'élection le journal catholique portait fra
ternellement sur la même liste les noms de M.
Dechamps catholique et de M. Dumont libéral mais
la veille de l'élection on manœuvra daus les campa
gnes et le lendemain le scrutin donna pour résultat
l'élimination inattendue du respectable et libéral
M. Dumont et élection moins attendue encore de
M. Brixhe, collègue et ami politique de M. De-
champs. y
M. Dechamps pourrait, je pense, expliquer les
causes de ces élections moins facilement que j'ai pu
indiquer celles des élections d'Ypres.
La chambre des Représentants a constitué
son bureau définitif. M. Orts a été élu président
par 50 voix sur 79 volans. Cet honneur revenait
naturellement l'honorable député de Bruxel
les qui, dans une circonstance récente et solen
nelle, a eu la loyauté et le courage de tenir haut
et ferme, devant le corps électoral de l'arron
dissement le plus important du pays, le drapeau
du libéralisme parlementaire.
Pour les deux vice-présidences, la Chambre
a fait des choix qui recevront le plus sympathique
accueil de l'opinion publique. M. Dolez a été
nommé premier vice-président M. Vervoort,
second vice-président.
Les quatre anciens secrétaires ont été réélus.
Ce sont MM. de Moor, de Boe, Crombez et
Vermeire. MM. le comte de Baillet-Latour et
Allard ont été élus questeurs.
En prenant possession du fauteuil de la pré
sidence, M. Orts a prononcé les paroles suivan
tes, qui ont été couvertes d'applaudissements
Messieurs, en prenant place au fauteuil où vos
suffrages m'appellent, j'éprouve un sentiment do
vive gratitude et d'indicible émotion. Permettez moi
tout d'abord de vous adresser, Messieurs et chera
collègues, mes plus sincères remerciements pour
l'insigne honneur que vous voulez bien me faire au
jourd'hui. Cet honneur m'impose une tâche bien
lourde, je la sais, et je m'en effraie mais, pour sup
porter ce fardeau, je compte sur deux puissants
appuis; le premier, ce seront les grands exemples
d'impartialité, d'indépendance et de fermeté qu'a
laissésà ce siège l'hommeéminent auquel je succède.
Ces exemples me serviront de guide dans l'avenir
comme ils m'ont servi de leçon dans le passé. Le
second appui sur lequel je compte, c'est cette bien
veillance si précieuse que la Chambre vient de me
témoigner et que tous mes efforts tendront i me
conserver.
Je vous prie,Messieurs, de vous unir moi pour
voter des remerciements notre respectable doyen
d'âge etaux membres du bureau provisoire.
Demain, si le temps le permet, la musique
du corps des Sapeurs-Pompiers se fera entendre
au Parc, de midi une heure.
Le Moniteurde Louvain a publié, le 17, une
adresse aux électeurs qui obtient les honneurs
de la reproduction dans les colonnes du Journal
de Bruxelles. Celte pièce est assez curieuse
pour que nous la citions en entier
Electeurs
Une enquête, un coup de majorité libérale remet
tout en question dans notre arrondissement.
Le vote que vous avez émis librement et sincère-
ment le i4 juin dernier, est tenu en échec par l'am
bition de M. de Luesemans que sept fois déjà vous
avez repoussé I
Électeurs tous les hommes que la passioa politi
que n'égare pas flétrissent avec une énergique
indignation l'atteinte portée l'expression légale du
corps électoral de l'arrondissement de Louvain.
Quel que soit le résultat de l'enquête faite par nos
adversaires, enquête que nous ne redoutons nulle
ment, nous avons la ferme conviction que vous rati
fierez les votes patriotiques que vous avez émis
depuis i83o
Electeurs si l'honneur et la dignité de nos six
mandataires exigent un nouvel appel votre confi
ance, voua écarterez pour la dernière fois la vanité
d'un homme qui, bon gré mal gré, veut imposer au
pays son ambitieuse personnalité
Et vous réélirez une écrasante majorité MM. de
la Coste d'Overschie Laudeloos, Vandormael
Beeckman et de Man d'Attenrode.
Voua déjouerez par là les intrigues et les déloyautés
d'une faction, d'une colsris dont les manœuvres
éloignent de la représentation nationale six députés
qui eussent vaillammeot défendu vos droits et vos
intérêts en s'opposant de toutes leurs forces aux
augmentations croissantes des impots et des eharges
qui pèsent sur les contribuables
A bientôt donc!
Au milieu des événements extérieurs qui se
sont produits cette année, la célébration de
l'anniversaire du 21 juillet 1831 est de nature
exercer sur l'esprit public une impression