7e ANNÉE. - N° 675.
DIMANCHE, U OCTOBRE 1847.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
LA CHATELAINE_BE WAGRÂM.
On s'aboune Ypres, Marcha
au Beurre, 1et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE LABONNEMEM,
par trimestre.
Pour Ypresfr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro 0-25
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé, Jranco
l'éditeur du journal, Yprca.
Le Progrès parait le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligna.
X
VIRES ACQUIRIT El'NDO.
YPKESle 23 Octobre.
Nos lecteurs se rappelleront qu'avant l'époque
de la plantation des pommes de terrenous
avons conseillé aux cultivateurs d'essayer si
l'aide du sel mêlé l'engrais, on n'aurait pu
parvenir préserver les champs de pommes de
terre des ravages de la maladie. Alors nous di
sions qu'une quantité de 75 100 kilogrammes
de sel ajoutée l'engrais liquide destiné fu
mer un hectare, paraissailune proportion con
venable pour tenter cet essai. Nous ne savons si
dans l'arrondissement on a fait celle tentative
mais au moins nous pouvons dire que dans
d'autres pays, on a recouru l'usage du sel
comme amendement des terres pour combattre
la maladie des pommes de terre, et l'on assure
avoir obtenu les meilleurs résultats.
La Sentinelle des Campagnes reproduit une
lettre du baron de Monlgaudryagronome
français, qui rend compte dans la Presse du
Dimanchede l'effet du sel comme préservatif
contre la pourriture des pommes de terre.
Voici le passage de celte lettre qui rend
compte de ces essais
Ici je dois vous parler du sel que vous avez
beaucoup aimé et vis-à-vis duquel vous êtes cou
pable d'infidélité. Vous savez que plusieurs mem
bres du congrès agricole de iB47 ont fait part au
congrès des expériences faites par eux sur des
champs de pommes de terre et que do ces expé
riences il résultait que le sel employé comme
amendement dans les terres était le plus sûr pré
servatif de la pourriture des pommes de terre. I.e
même résultat a été reconnu sur plusieurs points
de l'Allemagne. M. le professeur Liebig l'a reconnu
Giessen (Haute-liesse); M. de St-Georges, Franc-
fort-sur-le Mein M. le général baron de Muffling,
àCoblenlz;M. le professeur Rauffman Bonn,
et plusieurs autres agronomes qu'il serait trop
long- de vous citer, ont reconnu l'exactitude du
résultat du sel dans les localités qu'ils cultivent.
feuille, il a été rendu justice. L'auteur du fac-
tum, car il est facile de deviner la source decet
incroyable tissu d'erreurs volontaires et de
distinctions jésuitiques, devrait avoir la pudeur
de ne pas donner des leçons autruiquand
comme lui dans toute sa carrière administra
tive et politique, on n'a jamais eu d'autre guide
que des passions rancunières et des capricieuses
préférences de parti.
M. le lieutenant-colonel Jacqmain est nom
mé commandant d'armes de la place d'Ypres,
Il est arrivé en ville depuis hier.
Le Journal des Baziles contient un long
article pour expliquer, la mode de certain
ex-commissaire d'arrondissementla persécu
tion qu'on a fait subir la famille Desmadryl
de Brielen et laquelle, quoiqu'en dise la béate
On nous écrit de Messin s, 20 Octobre
Le Propagateur revient la chargedans
son n° de samedi passé, 16 octobre, sur certaine
affaire, qui s'est terminée en police correction
nelle, au tribunal d'Ypres. La dévote feuille en
prend lexle pour incriminer noire correspon
dance au sujet de la rixe en question. A l'en
tendre, nous aurions calomnieusement porté
atteinte la dignité, la considération, I hon-
neur du Notarial, en la personne, si hautement
recommandable, toujours d'après la béate feuil
le, de l'un de ses membres. Malheureusement,
il n'y a qu'un tout petit inconvénient tout ce
galimatias, tout ce pathos c'est que jamais
nous n'avons mis le-Noî^rtaten cause, ni direc
tement, ni indirectement. Nous ne voyons pas,
après tout, quelle solidarité il peut, il doit y
avoir entre une corporation quelconque, et tel
ou tel individu qui en fait partie. Prétendre le
contraire, comme semble le faire le Propaga
teur, avec sa logique borgne, avec son zèle
intempestif et maladroit, n'est-ce pas le comble
de l'injustice et de l'absurdité? Du reste, nous
concevons que ce système de solidarité des cor
porations avec les individus y agrégés.aille
parfaitement bien la feuille cléricale. Rien de
plus facile, de plus élastique. Avec cela, on
met l'éteignoir partout et sur tout. Les actes
les plus blâmables, les délits, les crimes mêmes
seront tus celés. Que de nouveaux Contra-
falto, d'autres Maingral, surgissent, on n'en
parlera point. Vile, l'éteignoir! Ne pourrait-on
pas porter atteinte la religion, dans l'un de
ses membres!!!
Quant aux faits avancés par la correspon
dance elle-même, nous les maintenons, nous
qui sommes sur les lieux, nous qui avons pour
nous une irrécusable autorité la notoriété pu
blique.
Toute l'indulgence de la police locale et
par suite toute l'indulgence de la justice ne
sauraient faire que ce qui est, ne soit point.
Nous n'avons pas examiner le jugement in
tervenu mais, nous n'hésitons pas le dire, si
le battu, si les témoins eussent voulu ou osé
parler, si, en un mot, la vérité eût pu se faire
jour, nous avons l'intime conviction, comme
tout le monde, d'ailleurs, ici Messines, sauf
les intéressés, bien entendu, que certains rôles
eussent été singulièrement intervertis, et que
l'indulgence même du tribunal se serait chan
gée en utile, en nécessaire sévérité!... En voilà
bien assez comme cela. Nous n'y reviendrons
plus, quoi qu'ergote ou fulmine le Journal
des Baziles.
Watou, le 18 octobre 1847.
Monsieur le rédacteur,
Nous venons vous prier d'avoir l'extrême obli
geance de vouloir bien insérer ces quelques ligues
dans l'un de vos prochains u°', en réponse un ar
ticle qui a paru le i4 de ce mois dans votre estima
ble journal. L'auteur de la leMre doi:L il s'agit [lirait
vouloir insinuer que le houblon de Watou, qui a
figuré et obtenu le premier prix l'exposilion na
tionale agricole de Bruxelles, n'aurait probablement
pas eu ce beau succès, s'il avait eu soutenir la
concurrence avec le houblon récolté Poperingbe.
Sans vouloir le moins du monde porter atleinle
la réputation justement acquise ce produit du ter
ritoire de Poperingbe, qu'il nous soit permis pour
tant de faire remarquertant dans l'intérêt de la
justice, que dans celui de notre commerce local,
que le houblon récolté Walou, n'a, lui aussi,
cessé de jouir de temps immémorial d'une réputa
tion tout au moins égale celle dont jouit le hou-
hlon récolté par nos voisins les Poperinghois.
D'ailleurs nul ne conteste ce que nous avançons
lorsqu'on saura que le houblon cultivé Walou,
est, sous tous les rapports, de la même qualité que
celui qu'on cultive Poperingbe c'est-à-dire
d'une qualité supérieure et généralement reconnue
comme telle, que le mode de culture est absolument
le même dans les deux localités, que le terrain pos-
Feuillcton.
IX. libre Suite
Tout en regagnant le château de Wagram, Béat ri x repliée mé
lancoliquement au fond de sa calèche demeurait plongée dans nue
rêverie pénible. L'exaltation qui l'avait soutenue jusque là s'était
progressivement affaissée et sa faiblesse naturelle lui revenait de
nouveau, alors le baron lui apparaissait menaçant et terrible
Guillaume mourait des suites de sa blessure le duc de Reichstadt
lui-même rejoignait l'empereur dans la tombe et elle restait seule
eu face de son ennemi qui la sommait de tenir sa parole et la persé
cutait plus audaoieusement qu'il ne l'avait fait encore. C'est ainsi
que son imagination troublée lui peignait l avcnir et lui arrachait
des larmes sur des malheurs incertains. Elle parvint cependant
fortifier son cœur el se promit même de rompre avec M. de Winler.
Elle se disait que c'était pour elle un devoir impérieux, et qu'elle
ne pouvait subir plus longtemps une sujétion qui l'humiliait. Le
lendemain elle se répétait les plus beaux raisonnements du monde
pour se maintenir dans sa nouvelle résolution, lorsque M. de Winler
se présenta devant elle-, elle se promenait dans sou jardin, effeuil
lant quelques roses qu'elle venait de cueillir.
Ali Madame, lui dit le baron du ton le plus dégagé, que vous
ont fait ces pauvres fleurs que vous les martyrisez ainsi
Béatrix leva froidement ses yeux sur lui. L'air presque doux du
baron lui inspira encore plus de résolution. Elle s'attendait le voir
sombre et violent, mais il était trop bon diplomate pour n'avoir pas
compris du premier coup d'œil que son intimidation ordinaire ne
réussirait pas en ce moment.
11 me faut aussi des victimes moirépondit-elle. Le goût
m'en prend par imitation.
Vous imitez quelqu'un
Sans doute, avec celte différence que ma cruauté s'exerce sur
des objets inanimés taudis que certaines gens s'adressent leurs
semblables.
Oh que c'est mal
Mais on se lasse la fin des persécutions comme de tout.
Et les prétendues victimes ne veulent plus l'être
Précisément.
Je les approuve fort.
A merveille1.
Pour riez-vous me citer une de ces infortunées qui s'émanci
pent ainsi
Vous continuez la comédie j'y consens. Je vous répondrai
done que cette infortunée, c'est moi! moi, qui ai l'honneur de vous
déclarer que je suis fatiguée de trembler devant vous, que je veux
vivre indépendante, et que je vous supplie de ne plus m'houorer de
vos visites.
Un congé
Définitif
Diable Ne m'avez-vous pas engagé votre foi est-ce ainsi
que vous remplissez votre promesse en vérité, je ne vouscomprends
pas
C'est pourtant bien facile; j'avais consenti devenir votre
femme, Monsieur le baron, je m'y refuse maintenant.
Oh! oh! c'est formel
Et c'est irrévocable
Vous croyez
Trêve de plaisanterie.
Je n'ai pas envie de plaisanter je vous jure. Sjns doute vous
me faites un reproche d'avoir épargné M. de Gardeville Oh tout
n'est pas fini entre nous, soyez tranquille.
J'obtiendrai de lui qu'il ne consente jamais àse battre aveo
vous
M. de Gardeville a été militaire répoudil avec une sombre
tranquillité M. de "Winler, il ne saurait souscrire vos vœux.
S'il le faut, je fuirai avec lui et vous ne découvrirez jamais
notre retraite.
Vous ne ferez pas un pas, Madame, que je ne le sache.
Et comment et par qui
C'est mon secret. Vous auriez beau d'ailleurs vous dérober
dans une thébaïde impénétrable la mémoire de votre père ne vous
y suivrait pas,el vous n'oubliez pas saus doute que je puis...*
Toujours toujours
La flétrir ajouta le baron avec un accent incisif.
Mais les enfants après tout, ne s >ct pas solidaires des fautes
de leurs pères.
C'est aussi mon avis ne vous inquiétez donc pas pour si peu
Votre père La mémoitede votre père au pilori de l'opiuion publi
que, en quoi cela peut-il vous atteindre
-h Vous êtes odieux vous êtes iuf...
Infâme! achevez; et quand vous aurez dirigé contre ma poi
trine toutes les épithèles les plus foudroyantes, je vous dirai en
cessant ce jeu cruel de railleries Madame Stiller, revenez vous
ne désespérez pas un homme dont la volonté est inflexible comme
son cœur est dévoué Je vous l'ai dit cent fois, Madame, j'ai con
centré sur vous toutes mes espérances et tous mes désirs, je ne vous
céderai personne, dussé-je écraser sous mon pied tous ceux qui
aspirent vous
Eh quoi je ne m'appartiens pas Mais c'est de la folie
De la folie, soit. Je suis nionomaue, si vous voulez. Ma mala
die, c'est de vouloir vous obtenir, vous épouser; maladie chronique
dont je ne puis plus guérir, il est trop tard. J'ai cru un instaut que
vous alliez appliquer le remède mon mal votre parole déjà m'é
tait acquiseet j'étais si heureux que j'avais eu le courage de mé
priser une première iusulte de M. de Gardeville. Pourquoi la fatalité
a-t-elle permis que je le renoontrasse encore et qu il m'insultât de
nouveau? Le ciel m'est témoin que je ne le cheroiiais pus F »uvais-
je dédaigner cette seconde provocation Je le devais, mais je u't a
ai pas eu la force. Pardonnez-moi Madame, car je pouvais tuer
M. de Gardeville, et je ae l'ai pas fait.