Le parti clérical, aux abois dans noire ville,
ne sachant de quel bois faire flèche, sans in
fluence dans la commune, et la veille de perdre
son empire dans les campagnes, ne sail quel
saint se vouer. Battu sur les questions de prin
cipes, son organe, le Journal des Baziless'est
rabattu sur les questions de personnes. Du ton
venimeux d'un jésuite en colère, il a, dans son
dernier numéro, lancé un article de personna
lités pour tâcher d éveiller la susceptibilité des
lins, irriter les autres; enfin l'intention mani
feste de ce factum est de semer la désunion et
de souffler la discorde dans le camp libéral, en
élevant les uns jusques aux nues et en rabais
sant les autres avec la même exagération.
Cette presse sainte, ces feuilles des honnêtes
gens où en sont-elles réduites? Aujourd'hui leur
polémique est tombée au dernier échelon du
commérage il n'est plus question de libéra
lisme ni de théocratie, elles sont descendues
inventer, en forme de ballon d'essai, des soi-
disant rivalitésde personnes, une autocratie ridi
cule, fabuleuse, pour voir si la mise en pratique
du divide ut imperale fameux axiome des
jésuites, aura pour effet de galvaniser la coterie
cléricale tuée sous les coups de sifflets de tout
ce que la ville possède de gens éclairés et indé
pendants.
Nous ne suivrons pas la vertueuse presse sur
ce terrain. 11 nous serait très-facile de récriminer
et de dévoiler l'influence qu'un triumvirat d'é
trangers exerçaient en ville par voie d espion-
nage et de dénonciation, mais il nous répugne
de nous occuper de personnalités et d'injurieuses
biographies, bien que la matière ne puisse nous
manquer de sitôt.
Constatons dès aujourd'hui, que la coterie
cléricale qui se remue encore, ne voit plus
d'autre voie de salut pour elle, que de jeter le
désarroi dans le parti libéral. Ses ennemis poli
tiques ont essayé de l'entamer par tous les moy
ens, toujours il est resté debout, sans qu'on
soit parvenu l'ébranler. Il lui reste soutenir
sans broncher, un dernier assaut et ce moment
est arrivé. Les attaques de front n'ont pu en
triompher. On a fouillé dans l'arsenal de Loyola
et on a fourbi ces armes saintes qui, pour ne
pas être brillantes, n'en sont pas moins dange
reuses. C'est la fourberie et l'astuce que les
vertueux rétrogrades auront recours désormais,
pour essayer de diviser le libéralisme si com
pacte delà villed'Ypres. Qu'on se le tienne pour
dit, le premier acte de celle trame saintement
ourdie et jésuitiquement ténébreuse est joué.
Le bon sens public saura eu faire aisément
justice.
DISTRIBUTION SOLENNELLE DES PRIX AUX ELEVES
DE L'ÉCOLE COMMUNALE GRATUITE.
Bien que formée d'éléments laïcs, notre école
communale est une des mieux organisées qui
existent dans la province. Aussi tous nos habi
tants attachent-ils la plus grande importance
cet établissement; chaque fois qu'une solennelle
distribution de récompenses est annoncée, tous
se rendent la Halle pour animer par leur
présence, le zèle et l'ardeur des jeunes gens qui
seront plus tard des ouvriers laborieux et capa
bles. De la part de l'autorité communale, rien
n'est épargné pour faire tenir l'école primaire
gratuite le rang qui lui appartient. L instruc
tion qu'on y donue e<t élémentaire et ne dé
passe pas ce qu un bon ouvrier peut et doit
connaître, l'on s'attache surtout lui inculquer
solidement ce que l'enfant devenu ouvrier,
aura besoin desavoir toute sa vie. Le programme
de l'instruction primaire est simple outre la
doctrine chrétienne, on y apprend lire
écrire, les opérations fondamentales du calcul,
la langue flamande et les principes de la langue
française aux élèves des premières divisions.
Si l'école communale est montée sur un pied
excellent, une part de reconnaissance revient de
droit M. Levasseur le directeur-surveillant
de l'institution. Il y consacre tous les moments
que son travail l'hôtel-de-vil le lui laisse libres.
Aussi croyons-nous qu'il doit ctre heureux de
voir l'école communale appréciée sa juste
valeur.
Les jeunes gens les plus avancés ont joué
deux petites pièces, une en flamand intitulée
Dieu te voit, et l'autre en français avec couplets,
ayant pour titre: Courage et Poltronnerie. Les
petits acteurs se sont acquittés de leur rôle
avec un aplomb merveilleux et sans la moindre
hésitation. La prononciation du flamand est
celle recommandée par le congrès linguistique
de Gand et qui parait accepté maintenant par
le plus grand nombre d'auteurs qui s'occupent
de littérature flamande. La prononciation du
français est correcte et sans accent prononcé.
En somme, tout l'auditoire a été heureux de
voir ces jeunes enfants se tirer aussi bien des
rôles qui leur étaienlconfiés. Quelques couplets
ont été chantés et très-bien par les petits ac
teurs, et la pièce française s'est terminée par un
chœur général, qui, malgré la difficulté, n'a pas
trop mal marché. f
En finissant, rendons hommage aux profes
seurs qui par leurs soins, leur zèle, et une at
tention de tous les instants, sont parvenus
améliorer la situation morale des enfants de la
classe indigente et leur inculquer des princi
pes, qui certes en feront des hommes utiles
dans l'avenir.
Prix d'honneur: Th. Borry; J. Bras; L, Wydoogbe.
I* ANNÉE.
i* Division. Doctrine chrétienne. ir A. Mervaille;
2* G. Dumord. Application et conduite. Prix unique:
L. Duboo. Lecture, i. P. Caltnein 2. A. Kokel.
Arithmétique. 1. A. Ballenducq 2. L. Slosse. Ecri
ture. 1. E. Priera 2. Th. Debeig.
2" Division. Doctrine ohrélienne. 1. C. Vanholle-
beke 2. H. Rubbe. Application et conduite. Prix
unique: L. Deruddere. Lecture. 1. J. Petilprez; 2.
C.. billet. Arithmétique. 1. J. Lapiere; 2. F. douillet.
Écriture. 1. C. Credis 2. P. Pieters.
2* ANNÉE.
i* Division. Doctrine chrétienne. 1. G. Godschalck;
2. J. Creus. Application et conduite. Prix unique
A. Declercq. Français. 1. L. Seys; 2. L. Dezeghere.
Flamand. 1. L. Dezeghere; 2. J. Vaudermeersch.
Arithmétique. 1. L. Dezeghere; 2. A. Hyntens. Écri
ture. 1. E. Mahieu a. G. Van Uxem.
2" Division. Doctrine chrétienne. 1. Pi Siffys 2.
A. Van Uxem. Application et conduite. Prix unique:
D Boudry. Lecture. 1. G. Wenes; 2. J. Deiney.
Flamand. 1. L. Vlaminck 2. C. Coutelle. Arith
métique. 1. A. Vati Uxein 2. A. Dubois. Écriture.
1. D. Vandermeersch 2. L. Duprez.
3e ANNÉE.
1° Division. Doctrine chrétienne, i. P. Laçante; 2.
L. Sinaeve. Application et conduite. Prix unique
J. Dubois. Français i. L. Buyle 2. F. Simoens.
Flamand. i.T. Deconinck H. Leboucq Arithmé
tique. 1. D Delhein 2. F. Simoens, Écriture. 1. P.
Deiney L. Bras.
20 Division. Doctrine chrétienne. 1. H. Hidde-
bauw 2. Orogny. Application et conduite. Prix
unique: J Debouck. Français. 1. A. Verhuist 2.
L. Devos. Flamand. 1. J. George; 2. C. Burggraeve.
Arithmétique. 1. P. Casier; 2. C. Carton. Écriture.
1. J. Desoraere a. F. flamant.
4' ANNÉE.
1* Division. Doctrine chrétienne. 1. F. Borry 2.
L. Joestens. Application et conduite. Prix unique
C François. Français. 1 L Pieters; 2. L. Lemajeur.
Flamand. 1. F. Borry; J. Ommeslag. Arithmétique.
i. H. Soetaei't 2. E. Soetaert. (iéo uétrie pratique.
1. E. Vlaininck 2. F. Borry. Dessin linéaire, t. E.
Soetaert 1. P. Waeles. Histoire. 1. F. Borry 2. E.
Soetaert. Géographie. 1. E. Soetaert 2. F. Borry.
Style et composition. 1. A. Parrain 2. I. Ducorney.
Écriture. 1. F. Borry 2. Vlaminck.
2° Division. Doctrine chrétienne, i. P. Drolez, 2.
H. Delangbe. Application et conduite. Prix unique
J. Derolez. Français 1. C. Deiney; 2. E. Uittenhove.
Flamand. 1. J Geloen; 2. L. Buseyuo. Arithmétique.
I. L. Roussel; 2. E. Uittenhove. Écriture. 1. II.
Claeys 2. J. Degenef.
ÉCOLE DU SOIR. l" ANNEE.
Doctrine chrétienne. 1. A. Derille; 2. L. Van Uxem.
Lecture. 1. A. \leeuws 2. L. Van Uxem. Écriture.
1. J. Dem'ey 2. T. Tasseel.
•2* ANNÉE.
Doctrine chrétienne. i.G. Debouck; 2. P. Buseyne.
Lecture. 1. C. Rende!; 2. L. Duflou. Ecriture. 1. P.
Duflou 2. F. Dedier.
3" ANNÉE.
ie Division. Doctrine chrétienne. 1. L. Ravaut 2.
H. Boutens. Français. 1. J. Pli 1 ips 2. P. Fivée.
Flamand. 1. A. Buseyne; 2. Salomez. Arithmétique.
I. C. Arnaud; 2. P. VVaelis. Écriture, 1. A. Ponfort;
2. T. K.errinckx.
2" Division. Doctrine chrétienne, i. J. Baey; 2. E.
Holvuet. Flamand 1. H. Alletnuii 2. L. Dubois.
Arithmétique. 1. L. Vanbaecke; 2. L. Duflou. Écri
ture. 1. L. lloedt 2. L. Deberg.
Depuis quelques jours, il est question de
congréganistes qu'on aurait enrôlé contre le
gré de leurs parents, de quelques-uns de recru
tés qui sont encore aux écoles. Nous engageons
les jeunes gens ne pas se laisser endoctriner
par les apôtres de la congrégation, car avec
un beau nom et sous de faux semblants de
sainteté, c'est une institution essentiellement
immorale, où l'espionnage s'organise et où la
délation est de règle. Nous croyons même que
les parents feront bien de surveiller leurs en
fants, car les enjôleurs congréganistes n'oublient
f< u sombre; ses lèvres singulièrement vermeilles faisaient ressortir
la pâleur malle cl chaude de son teint. Le front élevé annonçait
qu'une intelligence vigoureuse était au service de cette organisation
puissante.
La promenade se poursuivit alors travers les allées sinueuses du
paie. Fut-ce 1 effet du hasard ou de la volonté M®« de Laverney
fit prendre Guillaume un seniier différent que celui que suivaient
le baron et Béatrix. Elle fut si charmante d'animation que Guil
laume se laissa entraîner l'attrait de cette vive causerie. Lorsqae
es deux couples se rejoignirent dans un des carrefours du parc
M** de Laverney se penchait avec abandou sur le bras de Guillaume,
qui semblait la soutenir avec une attentive prévenance. Béatiix
cette vue sentit encore malgré elle son coeur se serrer.
On regagna le ohftleau.
Le soir au moment où chacun prenait congé de Mme Stiller
>tiS me permettez, n'est-ce p«g, Madame, puisque votre départ est
aj ii.i né, de venir quelquefois vous voir, oomme un ami dévoué lui
iirmanda Guillaume.
Le baron ftouça le sourcil de Laverney se pencha son
oreille.
Décidément je le trouve charmant dit-elle voix basse et je
ferai en sorte qu'il ne revienne pas souvent.
Muuûeur, ajouta-t-elie en i'adresfant a Guillaume, je suis singu
lièrement pcuieuie, moQ fièu qui est voisin de M*" Stiller va
retourner chez lui. Serait-ce trop vous demander une première
rencontre, si je vous priais de vouloif bien m'accompaguer.
Très-volontiers Madame inon cheval ne quittera pas votre
portière.
Oh ce n'est pas ainsi que je l'entends vous laisserez votre
cheval M"* Stiller et vous viendrez le chercher demain si vous
voulez, pour me faire compagnie dans ma voiture.
Guillaume allait balbutier un refus, quand il lencontra le regard
de Béatrix qui semblait I ui dire d accepter.
Il s'inclina et répondit avec l'accent de la plus froide politesse:
Je ne saurais refuser, Madame, un si grand honneur.
M'u* de Laverney lui déplai»ait-elle dono aussi fort que son
frère Eu historien fidèle nous devoos dire sincèrement que non.
il la craignait plutôt, car elle lui semblait déjà fort séduisante et fort
coquette.
Mroe de Laverney feignit de ne pas s'aperçevoir de cette préoccu
pation, qui était déjà 1 effet du remords et qui rendait le vicomte
quelque peu maussade, et jusqu'à Vienne elle fit comme dans la
journée, les frais de la conversation avec le môme art ménager les
piéjugésde Guillaume, aveo la même adresse surtout ne moHtrer
d'elle que cc qui pouvait lui valoir la sympathie de son compagnon.
En se séparant de lui, M.rae de Laverney dit Guillaume aveo un
divin sourire: Vous reverrai je, Monsieur? Je l'espère.
Guillaume s'inclina en balbutiant; j'aurai tel honneur, Madame.
Et il rentra chez lui tout pensif.
Le lendemain Gardeville se rendit Schœnbriian pour rendre
compte au duc de Ueichsladt de sa mission; mais les médecins avaient
ordonné de ne laisser pénétrer personne auprès du prinoe.
La journée commence mal, se dit Guillaume attristé Voyons
comment elle finira. Béatrix en in ordonnant par un signe de recon
duire la oomtesse, m'a donné le droit de retourner chez elle
aujourd'hui pour chercher mon cheval. Qu'il soit donc fait ainsi
qu'elle l'a voulu et profitons de la fortune.
Lorsqu'il arriva au château de Wagram, Stiller elle-même se
disposait partir pour faire sa promenade daus la plaine, distraction
qu'elle avait interrompue depuis quelques jours. Elle n'avait aucun
prétexte pour refuser Guillaume dé la suivre et l'heureux jeune
homme, grâce an caprice qu'avait eu la veille Mraede Laverney, eut
la bonne fortune de marcher côté de celle qu'il aimait de veiller
sur ses pas, et des'énivrer de sa grâce.
Ils parlèrent peu ne savaient-ils point d'avanoe tout ce qu il»
avaient se dire mais ils étaient certains qu iU pensaient l'un
l'autre, et cela suffisait encore les rendre heureux,
A Siissenbriinn Béatrix exigea que Guillaume continuât son
chemin pour rentrer Vienne. Le vicomte n'osa pas insister, et sans
autre protestation qu'un regard de reproche, il salua Béatrix et
partit au galop.
suite au proçhaiit n