5e ANNÉE. - N° 481.
DIMANCHE, 14 DÉCEMBRE 1845.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
VILLE D'YPRES. conseil communal.
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IHTÉRIEUR.
YPRES, le 13 Décembre.
Le principe qui admet les entrepôts francs
dans toute leur étenduevient de passer la
Chambre. Justement effrayée d'une latitude aussi
forte laissée au commercela section centrale
avait voulu pour certaines marchandises, met
tre des limites la mise en consommation
d'objets manufacturés déposés l'entrepôt franc.
La restriction de la commission et celles de MM.
Delehaye et Delhougne n'ont pas été admises.
La Chambre a cru devoir entrer dans une voie
dangereuse et que d'autres nations après y
avoir fait quelques pas. n'ont pas voulu conti
nuer. L'exemple de l'Angleterre invoqué par
Al. le ministre des finances n'est pas très-con
cluant. L'industrie anglaise n'a craindre la
concurrence d'aucun peuple du globe. Elle
peut produire au meilleur marché possible,
que lui importe alors que dans les entrepôts
francs il soit déposé des marchandises de pro
venances étrangères? D'ailleurs si l'industrie est
prodigieusement active, le commerce anglais
est encore plus étendu et les relations quil
entretient avec tous les pays du monde, lui
.permettent de faire dans les entrepôts francs
des assortiments qui conviennent aux peuples,
avec lesquels l'Angleterre opère un échange de
produits. Mais la Belgique qui n'a, pour ainsi
dire, pas de commerce lointain, n'aura créé les
entrepôts francs, que dans l'intérêt de la navi
gation étrangère qui vient visiter nos poi ls.
Les Flandres surtout avaient de l'intérêt ne
pas voir admettre le principe sans aucune res
triction. Seulement dix-neuf voix ont protesté
contre ce principe de liberté commerciale ou
trée qui, croyons-nous, ne peut encore convenir
la Belgique trop peu avancée dans la science
de produire beaucoup au meilleur marché pos
sible.
Dans un de nos précédents N"9, nous avons
annoncé que des collectes se faisaient en ville,
l'efFel de procurer du travail et du pain aux
nécessiteux. Depuis le 22 Novembre dernier,
dans le même but, MM. les officiers de notre
garnison indistinctement, se sont engagés sous
crire pendant les cinq mois de Décembre, Jan
vier, Février, Mars et Avril.
Au 16 de ce mois ces MM. feront faire une
distribution de 1,130 pains, pour manifester
spontanément leurs sentiments de dévouement
au Roi, en célébrant-le jour solennel de sa nais
sance par un acte d'humanité, ils ne se sont
point bornés cela, le 21 du courant, ils don
neront un Concert. Si nos prévisions sont fon
dées, il pourrait verser dans la caisse du comité
des secours un millier de francs.
ponts et chaussées. Ce fonctionnaire, ce qu'on
nous assure, est resté vendredi Ypres. On le
dit chargé de la part du conseil des ponts et
chaussées de faire le rapport sur le tracé du
chemin de fer de Courtrai sur Poperinghe
proposé par l'ingénieur anglais Henderson.
Pendant la journée du 8 de ce mois, un vol
de 17 francs a été commis au domicile de Tho
mas Vandermeersch, fermier, Zillebeke.
Nous avons attendu vainement de la part de
la commission de la Société des Chœurs,
une protestation qui eut prouvé qu'elle était to
talement étrangère toutes les malencontreuses
élucubrations de M. D. maisdepuis hier, tout
est changé. La clique dont M. D.n'était que
l'organe est revenue sur la décision prise, de
repousser toute responsabilité et cela indique
au moins que, si la majorité de la Commission
n avait aucune connaissance des injures adres
sées nos concitoyens par M. D., quelques-
uns en avaient eu vent.
Quoiqu'il en soit, nous devons une réponse
au désagréable personnage quitout en ayant
mille raisons pour ne pâs occuper le public de
ses faits et gestes, a la déplorable manie de
se poser. Parmi les belles qualités que possède
ce malencontreux rimailleur, il en est une
que nous n'avions pas encore soupçonnée, celle
d'espionner les gens. On ne se serait jamais
douté que ce gentil poète eut des allures de mou
chard.
Pour en finir avec ce M. D., il nous semble
qu'il ne doit plus s'occuper de MM. V., X., Y.,
ou Z.
C'est l'être moral qu'on appelle rédaction
d'un journal qui s'est permis de critiquer les
platitudes qu'il a chantées. Qu'on se le tienne
pour dit, c est le même être moral qui éprouve
actuellement une véritable difficulté exprimer
ce discordant personnage, toute la pitié qu'il
lui inspire.
Jeudi est passé par notre ville, se rendant
Poperinghe, M. Desart, ingénieur en chef des
Dans la nuit du 9 au 10, des malfaiteurs se
sont introduits l'aide d'effraction, dans la cave
de Jacques De Raedt, journalier, Eessenet
ont enlevé un sac de pommes de terre, et deux
livres de beurre.
Séance publique du Vendredi, 12 Décembre 1845.
Présents: MM. Vanderstichele de Alaubus,
bourgmestre président, Alphonse Vanden Pee-
reboom et Iweins-Hynderick. échevins, Gérard
Vandermeersch, Louis Annoot, Boedl, avocat,
Martin SmaelenBoedt-LucienCharles Vande
Brouke Ernest AlerghelynckPierre Beke
conseillers.
M. le secrétaire donne lecture de l'acte d'in
stallation et de prestation de serment de M.
Henri Iweins-Fontevne, élu en remplacement
de M. François Iweins, démissionnaire, dont le
mandat expirait au premier Janvier 1845. Le
nouveau conseiller, après avoir prêté serment,
est invité par M. le président prendre part
aux délibérations du Conseil.
Lecture est donnée du procès-verbal de la
dernière séance. La rédaction en est approuvée.
M. le président donne communication au Con
seil d une lettre de la commission des hospices
civils, qui présente la sanction de l'assemblée
le compte de celte administration charitable
pour l'exercice 1844 et le budget pour l'exer
cice 1846. Ils sont envoyés la commission de
comptabilité, qui est chargée de les examiner.
M. l'échevin Vanden Peerebooin fait connaître
les démarches faites Bruxelles près de Sa Ma
jesté et de M. le ministre des travaux publics,
au nom du Conseil et de la Chambre de com-
Fcuilleton.
VII. (.Suite.)
Un rustre de paysan eut l'effronterie de se présenter cet appel,
et Sterny lui dit
Comment, butor, vous laissez monter une femme sur une selle
qui n'est pas mieux sanglée que ça! il y a de quoi la tuer... Vous
ne savez donc pas votre métier, imbécile Et sans attendre la ré
ponse, il passa la droite du cheval et serra les sangles lui-même
avec une adresse et une vigueur qui stupéfièrent le loueur de
chevaux.
Merci, lui dit Lise si bas que ce merci n'était que pour lui et
ponr autre chose sans doute que ce qu'il venait de faire.
Il allait peut-être lui parler mais Mme Gurauflot vint pour ainsi
dire le prendre au collet et lui dit:
Ah monsieur, soyez donc assez bon pour voir si les selles de
mes filles sont bien «rraugées.
Avec grand plaisir, lui dit Léonce.
Et le voilà faire le palefrenier pour toutes ces dames et demoiselles
avec une bonne grâce, un empressement si franc, que Mme Gurau
flot se mit dire M. Laloine:
Je suis sûre que s'il venait avec nous, il nous montrerait les
beaux endroits de la forêt; vous qui le connaissez, vous devriez
l'inviter
Ah fit M. Laloine, voulez-vous que je me fasse moquer de
moi, ce serait une drôle de partie de plaisir proposer un homme
comme lui.
Bah laissez donc, dit Mme Gurauflot, je vais lui demander s'il
veut être du piquenique.
M. Laloine airêta M™® Gurauflot, avec des yeux courroucés mais
celle-ci ne se tint pas pour battue, et alla au moins lui demander le
chemin le plus court pour aller aux Loges.
C'est assez difficile vous expliquer, madame, lui répondil-il
mais une fois dans la forêt je pourrais vous le montrer.
Ah je vous en prie, monsieur le marquis, ne vous dérangez
pas, s'écria M. Laloine... Vraiment, madame Gurauflot, vous
abusez...
Pas le moins du monde, répondit Sterny, c'est l'affaire de
vingt minutes, et je n'ai rien qui me presse.
M. Laloine prit un air de désolation, très-contrarié de l'indiscré
tion de Mn,c Gurauflot.
Je lui paie la dette que j'ai contractée avec son mari, lui dit
Sterny, c'est justice.
On partit les jeunes filles et les jeunes gens cheval, les grands
parents et Sterny pied.
On alla d'abord doucement, les mamans criaient qu'on allait se
blesser. Mais peu peu et lorsque les indications de Sterny eurent
assuré le chemin, on s'éloigna, on s'emporta, allant, revenant, et
riant des fichus qui s'envolaient, des chapeaux qui se détachaient.
Sterny causait gravement, suivant Lise des yeux, Lise qui paraissait
l'avoir oublié et qui n'était pas la moins folle de cette volée de
jeunes filles.
Pauvre Sterny, que de soins pour obtenir une invitation un
mauvais dîner! que de sottises accomplies en un jourl A quel mé
tier était-il descendu peu peu il avait sanglé l'âne de Mme Gu
rauflot, et encore n etait-il pas arrivé son but. Une fois encore il
trouva qu'il devenait dupe. Lise courait joyeuse et indifférente sans
s'occuper de lui, il prit donc le parti définitif de se retirer il était
furieux contre elle.
A ce moment un cri perçant partit d'une allée détournée.
C'est Lise, cria M"»® Laloine.
Elle n'avait pas aohevé de parler que Sterny s'était élancé vers
l'allée travers le bois.
Il arriva près de Lise qui était très-paisiblement sur son cheval,
tandis que M. Tirlot s'époussetait et redressait les bosses de son
chapeau; Lise avait eu peur: voilà tout. Sterny, rassuré sur son
compte, ne la regarda même pas, et retournant vers Mmc Laloine,
il cria de loin
-n Ce n'est rien, madame, c'est M. Tirlot qui est tombé.
Laloine arriva presque au même instant, et tout effrayée de