5e ANNÉE. - N° 474.
INTÉRIEUR.
JEUDI, 20 NOVEMBRE 1845.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Feuilleton.
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VIRES ACQtIRIT EONDO.
YPRES, le 19 Novembre.
M. VANDE WEYER.
II est'triste pour la Belgique de voir ses plus
nobles eufants renier leurs antécédents et leurs
principes, pour élayer l'édifice décrépit de la
prédominance cléricale. Tel a élé M. Nolhomb
qui, pendant quatre ans, a lutté de toute la
force de son intelligence, contre les principes
qu'il défendait autrefois. Malgré toute son ha
biletéil n'a fait que hâter ce mouvement de
décadence qui placera bientôt le parti calholi-
que-polilique dans la condition d'une minorité
sans influence.
Tel sera M. Vande Weyer qui grâce un
éloignement de quinze ans, avait conservé dans
l'opinion libérale beaucoup de sympathies et
qui vient, par son discours au Sénat, se mettre
au service de cette politique mixte, sans éner
gie et sans pudeur. M Nolhomb s'est retiré du
ministère, parce que le système qu'il avait pris
tâche de faire prévaloiravait élé condamné
par les électeurs et M. Vande Weyer n'a rien
trouvé de mieux que de continuer cette politi
que déloyale et rusée, mais iuefficace pour arrê
ter la décrépitude du parti clérical.
Jusqu'ici, depuis 18-41. tous les ministères
qui se sont succédé, n'ont eu d'autre système
de gouvernement, que celui de décimer l'opi
nion libérale au profit du parti catholique. C est
le but qu'il fallait atteindre, c'était la mission
que les ennemis du libéralisme leur avaient
confiée. Malgré les efforts de ses adversaires
l'opinion libérale a toujours suivi une marche
ascendantetandis que la décadence du parti
catholique est devenue de jour en jour plus
visible.
Actuellement le ministère mixte, ayant échoué
dans l'entreprise de conserver, soùs un masque
libéral, la prédominance au parti-prêtre, a
modifié la lâche qui lui incombait. Il ne s'agit
plus pour lui, que de retarder la chute inévi
table de l'opinion cléricale et de la rendre aussi
douce que possible. Celte noble mission est celle
qu'a acceptée M. Vande Weyer, le libéral du
Congrès qui soutient que ses opinions poli
tiques n'ont pas varié, tandis qu'au Sénat, il a
dit n'appartenir aucune opinion et qu'il fal
lait se tenir entre les deux, pour pouvoir gou
verner. Du reste il était impossible qu'il s'expri
mât autrement, les deux enfants d Ignace qu'on
lui a accolésn'auraient pu accepter une ;pro-
fession de foi libérale de la part du premier
ministre, mais ils ont protesté de la modération
de leurs opinions politiques. 11 ne manquait
la comédie qui vient de se jouer, pour ridiculiser
la neutralité politique de M. Vaude Weyer, que
de voir MM. Malou et Deschamps se poser en
modérés, l'un et l'autre ayant fourni les preu
ves dans les discussions sur les modifications
portées la loi communale, que la chambre ne
comptait pas de plus fougueux réactionnaires
que les députés d Ypres et d'Ath.
Voilà encore un homme qui passait pour
dévoué aux opinions libérales, sur le compte
duquel toute illusion est devenue impossible
et dont la Belgique doit faire son deuil. On doit
leranger parmi ces hommes d état, pour qui les
convictions ne sont rien et qui sont disposés
se faire un jeu de tromper tous les partis, sans
s inquiéter de l'opinion publique ni des senti
ments du pays.
sirent faire admettre toutes les améliorations
possibles. Il n'en était pas ainsi de M. Deschamps,
ses principes étaient républicains il arborait
le drapeau de l'anarchie mais il est vrai'que
depuis il l'a échangé contre des croix, des por
tefeuilles et autres faveurs gouvernementales.
Il n'est pas bon d'avoir si peu de mémoire, cela
dispose quelque fois commettre des? mala
dresses et il est assez drôle devoir M. Deschamps
flétrir une opinion, qu'il avait autrefois de beau
coup dévancée.
La Société des Chœurs d'Ypres, se propose
d'exécuter l'occasion de la Ste Cécile, Lundi
24, 10 heures du matin, dans la cathédrale
de St. Martin la belle messe en ré mineur
d'Hummelet 5 heures de relevée, un beau
salut. Nous ne doutons aucunement que toute
la ville voudra assister cette louchante solen
nité, et aller encourager nos jeunes lauréats.
M. Deschamps, le ministre des affaires étran
gères, 1 enfant chéri des jésuites, a voulu mettre
eu pratique quelques préceptes de ses maîtres.
C'est ainsi qu'au sénat, il a voulu intimider les
Pères Conscrits, en faisant accroire que dans
trois grandes villes les représentants élus de la
commune sout des anarchistes 11 appartient bien
M. Deschamps de qualifier si durement quel
ques hommes, lui qui a élé au Congrès de l'opi-
nion la plus avancée, lui qui prêchait la répu
blique. Le parti qu'il qualifie d'anarchiste
n'est que progressif et moins avancé que celui
dont M. Deschamps était l'organe dans 1Éman
cipationnon pas lEmane rpatraque incolore
ou catholique, comme l'appelle ta Franchise
Betyemais cette feuille républicaine dans la
quelle M. Desehamps poussait la sévérité des
formes, jusqu ne jamais nommer ses collègues
daujourdhui que citoyen Vande Weyer, ci-
toyeu De Theux, etc.
Ces hommes que M. Deschamps traîle d émeu-
tiers, ne lèvent pas un autre ordre de choses
que celui qui existe actuellement, mais ils dé-
Par arrêté royal du 12 novembre, les con
seils communaux de Leysele, Isenberghe, Wul-
veringhem etVincke, sont autorisésà construire
une roule pavée, partant du hameau de Gou-
denhoofd, commune de Wulvei inghem et se
dirigeant par les villages d'Isenberyhe et de
Leyseleet par le hameau la Clachoirevers la
frontière de France.
On lit dans la Chronique de Courtray
La police rurale vient de faire une prise
importante et d amener Courlrayoù il a été
incarcéré, un malfaiteur de la plus dangereuse
espèce le nommé Gauzard âgé de 42 ans de
Vive-Saint-Bavon forçat libéré après un quart
de siècle de travaux forcés, et de nouveau con
damné par défaut, il y a plus d'un an, par le
tribunal correctionnel de Courlray, cinq ans
de prison. Cet individu iuspirait aux habitants
une terreur générale, et sa capture avait élé
mise prix et vivement recommandée ses
agents par l'autorité judiciaire. Mais prendre
vivant cet homme-là et le garoller, n était pas
chose sans danger. Il paraît cependant que le
garde-champêtre de Vive-Sainl-Bavon a voulu
en avoir le cœur net, car depuis quelque temps
il était la piste de l'endroit où il avait l'habi
tude de se cacher la nuit, quand il n'était pas
IV.
(Suite.)
Ce furent des acclamations et des transports louchants. M. Tirlot
triomphait; Lise était émue, elle applaudissait, elle se repenlait de
la contre-danse qu'elle lui volait.
Mais Stemy était en veine de bonheur, et il poussa doucement le
coude Lise, en lui disant
Dites que je veux chanter aussi.
Lise se lova, étendit sa jolie main, et chacun se lut, s'altendant
quelque chauson nouvelle dite par la jeune fille. Mais quand elle
réclama Je silence pour M. le marquis, il y eut des cris d'étonne-
ment et de félicitatiou pour son amabilité.
Stemy jouait gros jeu; il pouvait être ridicule, même pour ces
bourgeois; il l était pour lui-même, et le sentit. Il se jeta tête bais
sée dans le danger et voulut précipiter la catastrophe
Pardon, messieurs, dit-il, ce n'est pas une chanson, mais un
eouplet qui me parait manquer la chanson si spirituelle de M,
Tirlot.
M. Tirlot s'inclina.
Voyous! voyons! dit-on de tous côtés.
Et tout aussitôt Stemy se mit chanter presque aussi fièrement
que M. Tirlot lui-même, en s'adressant d'abord M. et Alme
Laioine
Le droit sacré de faire des heureux
Est si beau que Dieu nous l'envie
En montrant Prosper Gobillou et sa femme:
Et comme vous, quand on en a fait deux,
N est pas, pour vous, épuisé sur la terre;
A M. et Mmc Laloiue, seuls
Et cependant, ce droit que l'on bénit
C'est bien assez notre tache est remplie.
En se tournant vers Lise
Car en voyant Lise, chacun se dit:
Il leur reste un heureux faire!
Oh lion, quelle honte! Un couplet improvisé table, une noce
de patentés! Lion, que vous êtes petit garçon! Pauvre lion!
Léonce n'eut pas le temps d'y penser; car peine le couplet fut-il
achevé que toute la table craqua d applaudissements, de trépigne
ments, de bravos. Lise, qui ne s'attendait pas la conclusion, ca
chait sa rougeur en baissant la tête; MQ,e Laioine, tout en larmes,
se leva pour venir embrasser Lise, en disant M. Tirlot:
C'est Yrai, M, Tirlot, vous ayiei oublié ma Lise!
M. Laioine, ému, vint se mêler ces embrassemenls, et tendit la
main Léonce en lui disant du fond du cœur
Merci, monsieur le marquis, merci merci!
Puis la mère le remercia, et on le félicita de tous côtés. Cela fit
un moment de brouhaha où tout le monde quitta sa place, tandis
que Gobillou criait:
Au salon! au salon il y a déjà du monde
Léonce offrit son bras Lise. Elle le prit; mais il sentit que sa
main tremblait.
Elle était confuse, embarrassée mais elle n'était ni triste ni con
trariée.
-« M'en voulez-vous aussi de mon couplet lui dit Léonce.
Oh non, dit-elle doucement, cela a fait plaisir mon père et
maman.
Et vous?
Moi... je le trouve très-joli, dit-elle en baissant les yeux.
Et elle se dégagea doucement pour aller la rencontre de quel
ques-unes de ses jeunes amies qui étaient déjà dans le salon, que M.
et M Laioine avient déjà accueillies, et qui ils avaient rendu
compte de la raison des applaudissements furieux qui venaient
d'ébranler le Cadran-Bleu.
Est-ce vrai? dirent les jeunes Glles Lise en l'entraînant, est-c«
yrai que le beau marquis a fait un couplet pour toi?