5e ANNÉE. N° 472.
INTÉRIEUR.
JEUDI, 13 NOVEMBRE 1843.
JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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LU LM ÂlRflOUIAIUX.
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YPKES, le 12 novembre.
DISCOURS DU TRONE.
La session ordinaire de 1845-1846 vient de
s'ouvrir. Le Roi accompagné d'un brillant état-
major, s'est rendu la chambre des représen
tants et a prononcé le discours que nous faisons
suivre et qui est un chef-d'œuvre d insignifiance
relevée d'une certaine teinte d'hypocrisie.
Mes rapports avec les puissances étrangères
conservent un caractère marqué de mutuelle
confiance.
Je suis heureux de vous annoncer qu'un
traité de commerce et de navigation a été conclu
avec les États-Unis d'Amérique. 11 sera soumis
sans retard votre approbation.
J'ai l'espoir fondé que les négociations com
mencées avec d'autres états transatlantiques
auront bientôt une issue favorable. Ainsi con
tinue porter ses fruits, la politique commer
ciale que vous avez sanctionnée.
j) En vertu d'un arrangement récent, qui
recevra bientôt une sanction définitive, le com
merce belge, dans ses relations avec la Chine,
sera traité comme le commerce des nations les
plus favorisées.
33 Des négociations se poursuivent avec plu
sieurs Nations voisines pour assurer et pour
agrandir les débouchés ouverts nos produits.
Les résultats vous en seront communiqués, dès
que les intérêts du pays le permettront.
33 Depuis plusieurs années, mon Gouverne
ment s'est occupé de l'extention de nos rapports
commerciaux par l'établissement d'une Société
d'exportation. Les bases de cette institution
•viennent d'être discutées. J'espère que dans le
cours de la session, les questions importantes
que ce projet soulève, pourront être résolues.
33 La situation générale du commerce et de
l'industrie est satisfaisante. Plusieurs branches
de la richesse nationale ont retrouvé la prospé
rité qu'elles avaient perdue. Le Gouvernement
ne néglige aucun moyen d'atténuer les effets
du malaise dont l'industrie linière souffre encore.
>3 Les intérêts de l'agriculture continuent
d élie l'objet des soins constants du gouverne
ment. Les récoltes des céréales ont été généra
lement bonnes. Si l'un des produits les plus
précieux de la nourriture des classes pauvres a
été, en grande partie, détruit, les résolutious
que vous avez adoptées pendant votre session
extraordinaire, ont amené déjà d'heureux ré
sultats elles allégeront les conséquences de ce
fléau, et permettront, en outre, par lencoura-
gemcnt de travaux utiles, de subvenir aux be
soins d-fs classes ouvrières.
33 L'État, les provinces et les communes con
sacrent des fonds considérables étendre le sys-
lèmedes communications vicinales. Les mesures
que le gouvernement proposera pour la propa
gation des meilleures méthodes de culture le
développement de l'enseignement agricole, le
défrichement des terrains incultes, exerceront
une salutaire influence sur ce grand intérêt na
tional.
>3 Des projets de loi destinés régler l'en-
seignementde la médecine vétérinaire, ainsi que
l'exercice de cet artseront soumis vos déli
bérations.
33 L'exposition des Beaux-Arts a maintenu
l'école belge au rang que lui ont assigné et
l'admiration du pays et la justice des nations
voisines.
>3 J aime croire que l'exposition nationale
qui aura lieu en 1847, constatera les nouveaux
progrès de notre industrie.
33 L'instruction publique', donnée] aux frais
de l'Etat a été réglée dans son degré supé
rieur et dans son degré inférieur par les lois de
1835 et 1842. Je désire que celte organisation
soit complétée, pendant la session actuelle, par
le vote du projet de loi sur l'enseignement
moyen dont la législature est saisie et auquel
l'expérience acquise permettra de donner d'uti
les développements. Je fais avec confiance un
appel aux sentiments de conciliation qui vous
ont toujours animés dans l'examen de ces ques
tions importantes.
33 Le sort des classes pauvres fait l'objet de
ma constante sollicitude. Pour améliorer leur
condition morale et matérielle, mon Gouverne
ment sera puissamment secondé par leshommes
honorables dont il a récemment réclamé le con
cours.
33 Le patronage des condamnés libérés s'or
ganise. 11 pourra être rendu plus efficace après
le vote de la loi destinée modifier le régime
pénitentiaire.
33 Le travail d'une révision prudente et suc
cessive de la législation se poursuit; des chan
gements au code d'instruction criminelle et la
loi organique du notariat vous seront proposés.
33 Depuis que les chemins de fer de l'État ont
atteint les frontières de la France et de l'Alle
magne, le mouvement des transports et le chif
fre des recettes n'ont pas cessé de suivie une
progression rapide. Les résultats obtenus celle
année dépassent mon attente.
33 Vous avez signalé la fin de votre session
dernière par le vote de divers projets de che
mins de fer et de canaux. L'accueil favorable
fait aux capitaux étrangers, a amené un grand
nombre de demandes de concession quelques-
unes d'entre-elles après avoir été instruites
pourront vous être soumises.
33 Pour augmenter les moyens de travail pen-
Feiiilleton.
(Suite.)
III.
Jusque-là Sterny, malgré les sollicitations de Prosper Gobillou
el de M. Laloine, avait gardé in petto la résolution de ne pas rester
une minute après la signature l'église. Toute la grâce, toute
la beauté de Lise même, en l'occupant beaucoup, ne l'avaient pas
décidé braver l'ennui d une noce bourgeoise; car il avait parfai
tement compris que cela ne le mènerait rien, qu'à avoir admiré
quelques heures de plus cette belle enfant.
Mais il lui sembla que la phrase de Lise était une espèce de congé
qu'on lui donnait; il pensa donc, et justement, que ce n'était pas lui
qui serait délivré d'un ennui, et il ne voulut pas accepter cette ma
nière d'être évincé; aussi répondit.il Lise
Je n'éprouve aucun ennui, mademoiselle, faire une chose
convenable et qui paraît avoir été désirée par Pro>per et lui être
a gréable; si elle ne l'est pas pour tout le monde, ce n'est pas moi
qui me suis trompé, c'est votre beau-frère, et c'est lui que vous
devez gronder en ma présence.
Cette fois encore, Lise fut vivement contrariée de s'être attiré
cette admonestation, faite avec une politesse sérieuse et laquelle
elle ne put rien répondre, car Léonce la salua aussitôt et se retira
dans un coin de la sacristie. Lise se cacha parmi ses jeunes compa
gnes, n écoutant poiut leurs caquetages mi-voix; elle était tout
absorbée dans ses pensées, quand une autre jeune fille lui poussa
vivement le coude eu lui disant
Regarde donc
Elle regarda, et vit Léonce qui signait.
-m 11 a ôlé sou gant, ajouta la jeune fille avec un petit accent de
triomphe, ccmme pour féliciter Lise du succès de la leçon qu'elle
avait donnée au beau marquis.
Léonce, qui avait entendu l'exclamation, leva les yeux sur Lise
et rencontra son regard qui avait quelque chose d'inquiet.
Lise sentit comme par un indicible instinct qu'il se passait entre
elle et ce jeune homme quelque chose qui n'eût pas dû être ainsi, et
lorsque ce fut son tour de signer, ses yeux étaient pleins de larmes,
sa main tremblait, et quand sa mère, qui était près d'elle, lui de
manda ce qu'elle avait
Rien, lieu, dit-elle; une idée.
Et profilant de l'alarme qu'elle avait causée sa mère, elle s'at
tacha son bras.
Prends-moi dans ta voiture, maman! lui dit-elle avec l'accent
d'un enfant qui a peur et qui demande protection.
Viens viens ma pauvre Lise, lui dit sa mère en l'embrassant
et en l'entraînant daus un petit coin, tandis que les hommes graves
de L'assemblée souriaient entre eux d'un air capable, que les jeunes
gens regardaient sans rien comprendre, et que Léonce se disait dans
son coin
Certes, je reviendrai pour le dîner et le bal.
Tout le monde descendit, et Lise regarda Sterny remonter dans
sa voiture. Le cocher, humilié d'avoir été si longtemps en mauvaise
compagnie de remises, se mit faire piaffer les chevaux de façon
faire craindre qu il n'allât tout briser, puis disparut avec rapidité.
Lise poussa un gros soupir, et remontant en voiture, elle se trouva
son aise pour la première fois depuis la matinée, et se mit parler
de la belle toilette qu'elle allait faire pour la soirée. Mais au milieu
de cette importante discussion, elle porta lout-à-coup la main
son cou.
Ah mon Dieu! j'ai perdu mon médaillon mon Dieu! mon
Dieu je l'avais, j'en suis sûre.
11 est peut-être tombé la mairiepeut-être tombé dans
l'église, peut-être dans une voiture.
Ah dit Lise, pourvu que ce ne soit pas dans celle de M. de
Sterny.
-4 Et pourquoi? lui dit sa mère; il le trouvera et nous le rap
portera.
11 revient donc?
Il nous Ta promis.
Lise ne répondit pas; mais elle redevint triste, ne parla plus et
pensa que sa toilette, dont elle avait d'abord été si ravie, n'était
peut-être pas si charmante qu'elle l'avait pensé. Mais Lise n'était
pas d'un âge et d'un caractère ce qu'une pareille préoccupation
durât bien longtemps, et peine était-elle dans la maison qu'elle
avait jeté de côté toutes ces craintes vagues, et qu'elle s'était écriée
Ah! mais non! je veux être gaie aujourd'hui.
Et sans qu'il fût besoin de plus longs raisonnements, elle se déli
vra de la pensée du beau marquis, et se promit bien de s'amuser A
son nez, et comme s'il était un jeune homme tout comme un autre.
Quant Léonce, dès qu'il fut seul, il hésita de nouveau repa
raître la noce, quand il aperçut, sur le coussin de sa voiture, une
petite plaque d'or suspendue un mince cordonnet de cheveux.
Cette plaque était en tout pareille celle que Lise avait sa bague j
elle portait comme elle une devise, et cette devise était:
Ce qu'on veut on le peut
A ce moment, le lion se posa en face de lui-même, et se trouva
tout-à-fait méprisable et sans portée.
Quoi! une petite fille de la rue Saint-Martin osait se donner pour
devise pe qu'on veut on le peut, et lui, lion, lie se sentait la force ni
de vouloir ni de pouvoir.
Fardieu! se dit-il, je voudrai et je pourrai; et comme six heu
res sonnaient, Sterny entrait au Cadran-Bleu.
(La suite au prochain A%.)