5e ANNÉE. - N° 452.
DIMANCHE, 31 AQftt 1S.43> V
INTÉRIEUR.
I
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
3
VILLE D'YPRES. CONSEIL COMMUNAL
On s'abonne Tpres, Marchi
au Beurre, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
Pour Ypresfr. 5-00
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Prix d'un numéro0-35
Le Progrès
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Tout ce qui colice
tion doit être adressé, franco, h
l'éditeur du journal, Ypres.
Le Progrès parait le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine,
PRIX l)ES INSERTIONS.
Quinze centimes pat lijna.
TIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES. le 30 Août.
Un journal de cette ville, dans son dernier n°,
s'est empressé d'annoncer, qu'une pioposition
de fusion entre les deux collèges avait été faite
en séance secrète, au conseil communal par M.
l'échevin Vanden Peereboom. Nous pouvons
démentir celte nouvelle invention de quelque
Bazilequi ne sait comment jeler la désunion
et la discorde parmi les habitants d'une ville,
qui envisagent avec mépris les efforts faits par
certains folliculaires, pour nuire une institu
tion méritant l'estime de l'unanimité intelligente
de la population.
Nous sommes autorisés déclarer que jamais
proposition de ce jjenre n'a été faite et si nous
devons dire, ce que nous en pensons, aucun
membre du conseil n'a eu, croyons-nous, l idée
d'un pareil projet qui. en dernière analyse, se
rait la ruine de l'institution communale et l'an
nihilation de l'influence de l'autorité civile sur
l'enseignement moyen Ypres.
Quant aux insinuations que le susdit journal
se permet l'endroit de M. Vanden Peereboom,
c'est là un petit acte de rodinisme. Nous croyons
que l'honorable échevin est assez connu, pour
ue chacun ait pu l'apprécier. Nous estimons
onc ne pas devoir relever les absurdes suppo
sitions auxquelles se livre avec délices le jour
nal des sacit!>tains.
Séance publique du Vendredi, 79 Août 1845.
Présents: MM Vanderstichele de Maubus,
Bourgmestre, président; Alphonse Vanden Pee
reboom et Iweins-Hynderiek, échevins; Gérard
Vandei meersch. Louis Annoot, Théodore Van
den Bogaerde, Boedt, avocat, Martin Smaelen,
Charles Vande BroukeErnest Merglielynck
et Pierre Beke. conseillers.
M. le secrétaire donne lecture du procès-
verbal de la séance précédente. La rédaction en
est approuvée.
11 est donné communication au Conseil d'une
dépêche de M. le Ministre des travaux publics,
en réponse une lettre de l'administration com
munale et la pétition adressée par les habi
tants notables ce haut fonctionnaire, pour le
prier d engager la compagnie concessionnaire
commencer les travaux simultanément sur la
ligne d Ypres Courlrai çt sur celle de Bruges
Coi/rlrai. M. le,ministre nous garantit, sans
toutefois promettre la simultanéité de travaux,
qu'il aura soin de mettre la compagnie conces
sionnaire dans la nécessité d exécuter tous ses
engagements.
M. Titeca, sculpteur, adresse au Conseil une
demande tendante ce que son neveu Jules Ti
teca, élève distingué de l'Académie de Dessin,
obtienne un subside pour continuer ses études
artistiques. L'assemblée cr'ôit que cette pétition
doit être examinée quand 011 discutera le bud
get
Dans la séance du 19 Avril 18-îo, le Conseil
paraissait disposé louer la Salle de spec
tacle située sur la Petite Place. Le collège
a fait quelques démarches et la propriétaire
n'est pas éloignée de souscrire uu bail de neuf,
dix-huit ou vingt-sept années loplion seule
de l'autorité communale el pour une somme de
cinq cent cinquante francs par au. La ville
serait chargée de faire exécuter les embellisse
ments et les dépenses d agrément ses frais;
comme propriétaire, le bailleur serait tenu de
prendre sa charge les grosses réparations que
le bâtiment pourrait exiger. On estime que la
part de la ville dans la restauration de la Salle
de spectacle s'élèverait au moins une somme
de quatre mille francs. Le Conseil croit que cet
engagement mérite mure réflexion et en remet
la discussion une prochaine séance.
La demande faite par la commission de la
Société de la Concorde au ministre de l intérieur,
tendant pouvoir établir uu. appareil fabri
quer le gaz hydrogène bi-carbonné dans la cour
de l'hôtel de la Châlellenie est renvoyée au
conseil pour avis. Sur la proposition du collège,
la discussion de cet article de l'ordre du jour,
est remis une prochaine séance.
Dans une des dernières réunions de l'assem
blée, lecture avait été faite d'une lettre de M.
le maire de Bail leul adressée l'autorité commu
nale, pour la prier de prêter sa coopération la
construction d'une roule pavée d'Ypres vers Bail-
leul. Le conseil, après avoir entendu le rap
port de la Chambre de commeree et tout
en reconnaissant la haute utilité de la mul
tiplicité des voies de communications, ne
peut s'associer cette nouvelle construction
puisque déjà une communication facile avec
la ville de Bailleul pourra être établie par
la nouvelle route qu'on est en train de con
struire d'Ypres Neuve-Église. Un autre motif
qui empêche le conseil de répondre favora
blement aux vœux de M. le maire de Bailleul,
est celui-ci que l'emprunt levé pour payer les
subsides volés pour la voie nouvelle d Ypres
Neuve-Église n'est pas encore remboursé.
On donne lecture d'une demande de M. Le-
clercqui prie le conseil de lui accorder une
augmentation de subside sur le fonds pour
l'encouragement de la bâtisse. Prenant en con-
sidéiation les grandes dépenses que le pétition
naire est obligé de faire et l'amélioration qui
e*t résultée de a n construction de cette maison
pour l alignement de la Grand'Place, le conseil
est d avis de lui accorder une somme de quinze
cents francs.
Avant d'ouvrir la discussion sur le nouveau
règlement concernant le marché au poisson, le
collège par l'organe de M. le bourgmestre, fait
connaître au conseil que quelques anciennes
redevances sont toujours payées par la minque
et peut-être ne serait-il pas sans intérêt de s en
quérir, si elles sont encore dues. Le collège pro
pose donc de renvoyer cette affaire l'examen
de la section du contentieux et de la prier d'en
faire l'objet d'un rapport.
L'ordre du jour public étant épuisé, l'as-
Fcuilleton.
VQTCIilKlZA.
i.
le départ.
A cinq lieues au nord de Belluue, du milieu des collines vertes et
boisées qui s'étagmt en amphithéâtre sur le versant des Alpes,
e élevait, vers la fin de Tannée 1812, l'ancien château de (Jaslauo.
Rien de plus majestuenx que l'aspect de ce hardi inanoir, adossé
un rocher comme un nid d'aigle, et rieu de plus agreste que le pay
sage au-dessus duquel il semblait planer. A ses pieds jaillissait la
Piave, dont le lit écumeux courait se perdre au fond de la vallée,
tandis que, sa droite et sa gauche, la montagne projetait en vain
ses deux bras en demi-cercle comme pour Ty enfermer.
On était la fin d'octobre. Le jour commençait percer de
rayons lumineux les ombres encore amassées sur la vallée..... Une
fenêtre s ouvrit au second étage du château; un homme âgé avança
la tête, interrogea les nuages de tous côtés, comme pour étudier la
direction du vent et se retira satisfait du résultat de oet examen.
Cet homme était le marquis de Caslano, vieux débris des armées
de la république aristocratique de Venise, et qui, depuis le traité
comme les gens qui ont beaucoup souffert, sa volonté, quelle qu'elle
fût, ne soutirait pas d'obstacle. En dépit de ses goûts et a la giaude
Satisfaction de sa fille et de sa nièce, ses compagnes habituelles, une
affaire importante le forçait de quitter sa retraite avant 1 invasion
de l'hiver.-Après avoir.différé son départ le plus longtemps qu'il
lui fut possible, un matin il s éveilla en disant nous partirons au
jourd hui. Rien, dès ce moment, n'eût pu l'empêcher d'effectuerBon
projet. Ayant donc refermé vivement la fenêtre, il sortit de sa
chambre, s'avança daU6 un corridor encore obscur et cherchant
iâtoos une porte laquelle il frappa avec une certaine discrétiou
Vinctnxa, œom entant, dit-il en adoucissant sa voix, lève-toi
nous partons aujourd hui.
La jeune fille a qui ces paroles étaient adressées sortit immédia
tement ses épaules blanches de dessous leur enveloppe de lin, éten
dit les bras sur sou lit et s'assit sur son séaut eu regardaitl autour
d elle dans la demi-obscurité où tremblottait encore, sous son globe
de verre, la pâle lumière d une lampe de nuit. Je n'ai pas rêvé,
dit-elle, on m'a bien appelée....
Elle écouta el entendit le bruit des pas qui s'éloignaient. Laissant
alors glisser terre ses petits pieds roses, elle vint a agenouiller de
vant une madone d'ivoire suspendue en face de son ht. Ses longs
cheveux d'ébèue tombant sur son cou, la candeur répandue sur ses
tiaits, sa beauté suave, l'auraient fait prendre pour une des plus pu
res créations du ciseau de Canova.
Viucenza avait seize ans. Née d'un père italien et d'une mèie
anglaise, elle réunissait, dans un mélange plein d harmonie, les deux
types de beauté les plus tranchés, mélange aussi remarquable a ail
leurs au moral qu au physique. Ses cheveux avaienl des reUets
bleuâtres et sa peau la transparence de celle d un enfaut. Ses yeux
exprimaient la rêverie, tandis que la gaîtéet la vivacité se peignaient
dans toutes ses p. roles. Sa taille, peu élevée a la vérité, avait de ces
mouvements ondufeux commun-, aux se-peuts et aux tilles d Italie.
Du reste, pavée depuis longtemps de sa inere par la mort, elle
n'avait encore ressenti dans s«»n cœur d autie alièctiou qu une ten
dresse respectueuse pour son père et une amitié de sœur pour Lucia,
sa cousine.
Quoique douce et un peu mélancolique, sou caractère se ressen
tait de la liberté de son éducation el des gàteiies de la tendresse de
son peie. Tour tour pensive et rieuse, elle aimait les champs, la
solitude, les courses folles travers la montagne et les poétiques
rêveries au fond des vallées. Souvent, le maliu, au lever du soleil,
elle venait s asseoir sur la terrasse du château, d'où la vue 8 étend
au loin sur la croupe arrondie des Alpes. La, seule, appuyée t une
des hautes colonnes de pierres grises qu'entourent, comme une dra
perie transparente, les fleurs sauvages et les plantes griiupautes, elle
passait des heures entières suivre des yeux les nuages qui glis
saient dans le ciel, au-dessus de sa tête. D'autres fois, après avoir
fait, autour d'elle, une riche moisson de fleurs, elle en tressait des
couronnes qu'elle posait, en riant, sur sou front pur, ou dont elle
ornait dévotement la madone d'ivoiie appendue dans sa chambre.
Une jupe de soie ou de mousseline blanche recouverte d une bas-
quine de velours serrait sa taille, déliée et laissait voir une partie de
ses bras délicats et veloutés. Sa riche chevelure, séparée en ban
deaux sur son front, était retenue sur sa tète par une épingle d'or.
Souvent la coquette enfant se plaisait a ajouter sa coiffure le gra
cieux capulet des paysaunes romaines, dont les longs plis retom
baient, comme un voile, sur ses blanches épaules.
Le marquis de Castano n'oublia pas sa nièce dans sa ronde ma
tinale, et le bruit qu'il faisait ayaut éveillé les domestiques, toute la
maison fut bientôt sur pied.
Lorsqu il entra au salon, il y trouva sa fille qui, en le voyant,
l'entraîua familièrement vers uu fauteuil où elle le fit asseoiret,
passant sou bras autour de son cou, le tint longtemps embrassé. On
eût dit une fraîche grenade sur un arbu>te flétri.
Tu es donc bien heureuse de t en aller, lui dit-il en la consi
dérant dans les yeux; et voudrais-tu me dire pourquoi? N'étais-tu
pas bien ici N 'avais-tu pas tous les jours des fleurs dévaster, des
oiseaux nourrir, des champs parcouiir, et du lait boire chez
toutes les fermières du village.
Oui, mou père; mais que voulez-vous ce qu'on fait un jour
ici, il faut le faire le lendemain. Lhiiondelle qui, chaque anuée,
vient bâtir son nid sous nia fenêtre,.déjà sèst envolée Gomme elle,
j'aime a aller, la saison passée, retrouver mon nid de la ville et mon
foyer d'hiver.
Dis plutôt les soirées et les hommages, coquette....
Oh mou père,.... dit la jeune fille en rougisvsant.
Eh mon Dieu c'est tout naturel La jeunesse et la beauté ne
sont pas des Heurs a tenir sous cloche. Noyons, tes cai tous, tes
malles sont-elles prêles? La peste soit des chiffons Allons! â.ous—
nous Aide ta cousine, aide Margarita, s il le faut tandis que je Vaii
aider Pietio.
Et le pétulant vieillard allait et venait, surveillant et hâtant les
préparatifs de oe départ précipité.
(Lu suite ou prockmn