5e ANNÉE. - N° 445.
INTERIEUR.
JEUDI, 7 AOUT 1845.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
feuilleton.
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YPRES, le 6 Août.
LA KERMESSE.
La fêle communale a été moins animée que
de^coulume. On doit l'attribuer l'incertitude
de la température. Les plaisirs organisés par les
sociétés étaient très-brillants, mais peu suivis
Un tir donné par la confrérie de St-Sébastien,
établie l'Iloekje, n'avait attiré qu'une cen
taine d'archers, malgré les conditions favorables
et loyales qu'il présentait.
Les prix consistaient en couverts d'argent. Ce
lui qui aurait abattu l'oiseau supérieur, en rece
vait douze. Pour deux oiseaux de coté, le prix
était pour chacun, de six, et pour les oiseaux de
côté inférieurs, de trois couverts. Les heureux
archers qui les ont obtenus, sont MVI. Ghel-
linck deGulleghem, l'oiseau supérieur Van-
dromme, de Lokeren. l'oiseau de coté n° 2;
François Voliebout, de Y Hoekje. l'oiseau n° 3;
Aernoudt, de Gheluvell, l'oiseau ri*1 4; et Louis
Frère, de Tourcoing, loiseau n° 5. Le dernier
oiseau abattu donnait droit un prix consistant
en deux couverts II a été tiré par François
Voliebout. La médaille d'éloignement a été dé
cernée la société de Breedene et celle pour le
pins grand nombre de tireurs, la eoufrérie
de Gheluvelt.
Si le temps avait été moins incertain. le nom
bre d'amateurs eut été au moins du double;
car rien n'avait été épargné, pour engager les
archers assister ce tir et il faut en convenir,
un tirage brillant comptant deux cents archers,
n'eut pas été trop nombreux, pour récompenser
les peines que la confrérie de Y Hoekje s'était
données, pour obtenir un résultat digne d elle
et de la ville d'Ypres.
Le dimanche soir, un bal brillant donné par
la société de la Concorde a réuni un grand
nombre d'étrangers et presque toute l'élite de
la ville. Rarement nous avons eu une fêle aussi
animée et une salle de bal aussi bien remplie.
Tout le monde paraissait heureux de pouvoir
se livrer au plaisir de la danse. Des toilettes
ONPIUI.
V II.
l'original. Suite.
Cœuvres esl sept lieues environ de Mantes, Lancés franc
étrier sur la route, nos cavaliers arrivèrent en peu d'heures au châ
teau. Le marquis de Cœuvres, homme d'une oiuquantaine d années,
reçut le roi avec l'empressemeut d'un vieux courtisan.
Sire, dit-il en le conduisant dans les jardins, soyez le bien venu
dans notre modeste domaine. L honneur que vous me faites d'y
descendre sera notre plus beau souvenir.
Il y a longtemps, marquis, que nous désirions de venir vous
voir; mais 110s nombreuses occupations nous en ont empêché jus-
qu ce jour. Nous profitons d'un moment de répit pour réaliser
enfin notre projet. Nous venons d ailleurs pour vous adresser un re
proche.
A moi. Sire
A vous, marquis.
Comment ai-je pu mériter
C est bien simple, interrompit le roi, je ne vous vois plus du
tout la cour; vous ne venez pas même quand vous y êtes invité.
Ventre-saint-gris! ce n'est pas bien cela, marquis.
Sire, daignez m excuser; je suis un peu souffrant de vieilles
blessures reçues an service de vos ancêtres me font éprouver depuis
fraîches et charmantes relevaient l'éclat de cette
fête, qui a duré jusqu'à quatre heures du malin.
CONCERT DONNÉ PAR LA SOCIÉTÉ DES CHOEURS.
Quelle soirée! Quelle délicieuse musique!
Quelle adorable réunion Quel doux parfum
de fleurs et de toilettes Ah que je voudrais
bien posséder seulement pour un quart d'heure
le bonnet de coton de Jules Janin d'où s'échap
pent toutes ces choses spirituelles qui inondent
la France et l'étranger. En quels termes élégants
je vous exprimerais monadmiration pourle talent
de MUe A. Charpentier, pianiste assurément fort
distinguée. Un étranger qui croyait celle dame de
notre ville, me demanda avec beaucoup de
sang-froid, s'il fallait aujourd'hui chercher le
talent au fond d'une province comme autrefois
l'on cherchait la vérité au fond d'un puits. La
Fantaisie pour le piano sur des thèmes favoris
de Guillaume Tell a été exécutée avec une pré
cision qui annonce une extrême facilité, et l ac-
compagnement du duo de Lucie et du Souvenir
de Spa nous a révélé de grandes et sérieuses
études.
M. L. Teinturier possède un excellent violon
celle dont il se sertavec beaucoup de talent. Son
chant est aussi beau que celui d'une belle voix
humaine; il nous a rappelé notre jeune De-
ntunck. c'est dire qu'il a rappelé un talent jus
tement admiré et aimé de tous.
Le duo chanté par MUe M*** et Monsieur Edm.
Brunfaul, a été couvert de bravos bien mérités;
c'est qu'en effet ces deux voix s harmonisent
parfaitement même ampleur de sons, même
méthode, même sentiment musical. Je répéterai
avec plaisir ce que tous mes voisins me disaient
ce soir c'est que Mlle M*** possède les qualités
nécessaires pour émouvoir et qu'elle s'en sert
comme une personne d'une organisation aussi
musicale peut seule s'en servir.
Nous avons entendu de nouveau la belle ou
verture grand orchestre de M. F. Duhayon.
Cest une de ces compositions qui gagnent
une seconde audition il est impossible déjuger
une œuvre aussi large en l'entendant une pre
mière fois.
un an des ressentiments douloureux qui me donneut un peu d éloi-
gneinent pour le monde.
-h Tant pis, marquis, tant pis; je préférerais vous savoir bien
portant et dispos, mon reproche dût-il être fondé je n'en regrette
pas moins votre absence de la cour, car j 'ai ouï dire que vous aviez
une fille qui pourrait y figurer parmi les plus belles.
Ou a sans doute fort exagéré son mérite.
C'est ce que nous verrons, j 3 pense que vous nous ferez le
plaisir de nous la présenter.
Elle est absente en ce moment, Sire.
Absente? dit le roi qui ne put cacher un certain désappoin
tement.
Elle est chez la marquise de Villars, sa sœur, une lieue d'ici
mais je pense qu'elle sera de retour avant oe soir. Sa Majesté, re-
pril-il, comple-t-elle me faire l'honneur de rester quelques jours
chez moi?
Jusqu'à demain soir, marquis, si notre présence ne tous cause
pointîun trop grand embarras.
Cest plus que je 11 osais espérer, dit le vieux courtisan, et c'est
beaucoup moins que je ne souhaitais.
La conversation continua sur ce ton; puis, sur un avertissement
que le dîner était servile marquis de Cœuvres conduisit le roi la
salle manger; après qu'Henri IV se fut assis, chacun prit place
table. Le repas était peine terminé que l'on vit une petite voile
latine glisser mollement devant les croisées de la salle donnant sur
la rivière, puis un bruit de bateau qui aborde et des yoi* féminines
Une fantaisie brillante pour la clarinette, par
Klosé. a été exécutée par M. Celis, artiste du 5m0
régiment d'infanterie. Que d études pour domp
ter un instrument si ingratmais aussi quelle
joie de les voir appréciées par un public éclairé
C'est ce qui est arrivé M. Celis, et nous l'en féli
citons bien sincèrement.
Le Stabat Mater a couronné celte belle soirée
musicale comme un magnifique diamant cou
ronne une parure de pierres précieuses. Quel
grandiose, quelle majesté! Ce mélange de voix,
tantôt graves et fortes, tantôt mélodieuses et
douces; ces instruments qui tantôt les soutien
nent, tantôt les abandonnent, puis y reviennent
encore comme pour les étouffer et les laisser
ensuite dominer de nouveau, plus suaves, plus
sonores; ce mélange est dune richesse saisis
sante et je n'hésite pas le dire c'est bien là le
chant de la foi, le chant digne du temple chré
tien
Au concours des pinsons, on nous annonce,
que c'est une société de Rousbrugge, qui a ob
tenu le premier prix.
Depuis quelque temps, il était question du
départ de noire garnison «le cavalerie. Il parait
que ce changement est décidé. Les Cuirassiers
se rendront Bruxelles, pour-remplacer le régi
ment des Guide s qui ira au camp de Beverloo et
puis après la dissolution du camp, ils se diri
geront sur Brugesqui sera leur résidence
définitive.
Nous avons le plaisir de pouvoir annoncer
que 1 effectif de notre garnison ne subira aucune
diminution. D'après les projets du ministre de la
guerre, il paraît que la ville d'Ypres sera le
séjour de deux escadrons et de l'état-major du
premier régiment de Lanciersqui jusqu'ici
avait tenu garnison Ualines.
Un arrêté royal du 29 juillet, considérant
que le nom d'Hospice donné l'établissement
royal de Messines, n'est nullement en harmonie
avec la destination que lui assignent les lettres
patentes de l'Impératrice Marie-Thérèse, du 30
août 1776, décide que cette dénomination sera
se firent entendre.
Ce sont mes filles qui reviennent par eau, dit le marquis d«
Cœuvres.
Et ^adressant un domestique
Priez-les d'aller m'attendre au salon, reprit-il, et annoncez-
leur qu'elles vont avoir l'honneur d'être présentées au roi.
-n Si vous voulez bien, mon hôte, dit Henri IV, nous ne ferons
pas attendre ces dames et nous irons incontinent les joindre.
Comme il vous plaira, Sire, répondit le marquis en se levant
de table; ce que firent le roi et tous les gentilshommes de sa suite.
Henri IV mourait d'envie de voir celle que Bellegarde lui avait
tant vantée, son impatience ordinaire, surtout en pareille circon
stance, ne lui permettait pas de retarder la satisfaction d'un désir
qu'il pouvait réaliser immédiatement. Quand il entra au salon, deux
femmes y étaient déjà. Le regard du roi se porta rapidement sur
elles. Il reconnut lune pour la marquise de Villars qu il avait déjà
vue la cour. Mais en apercevant l'autre, son visage prit lout-à-coup
une expression admirative tellement visible que quelques gentils
hommes le remarquèrent.
Oh oh dit le jeune comte de Marcillac l'oreille du baron
d'Aubigné le roi paraît ému gare Bellegarde
Bellegarde couduil lui-même le loup dans la bergerie, répondit
le baron sur le même ton. II n'aurait que ce qu'il mérite.
En ce moment le marquis de Cœuvres présentait ses filles au roi.
Nous sommes heureux, Mroe de N illars, dit Hv-iiii IV, de vous
encontrer ici j il y a longtemps déjà que nous ne vous ayons vue