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JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Feuilleton.
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Ô^ANNÉE. - N° 428.
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TPRES, le 7 Juin.
SI. J. MALOU. M. BIEBUYCK.
Pendant que dans toutes les autres provinces
l'esprit public est éveillé et qu'on s'occupe avec
ardeur des élections, dans la province de la
Flandre occidentale, une torpeur générale pa
raît s'être étendue sur les descendants des
anciens bourgeois de ces communes si fières et
si remuantes. Dans toute la Belgique, aucune
province ne paraît plus indifférente au résultat
des comices électoraux, qui s'assemblent au 10
juin prochain.
Cependant celle apathie n'est qu'apparente,
car dans les classes éclairées ou comprend tout
aussi bien dans les Flandres, que dans le reste du
pays, tout ce que le parti dominant rêve de pro
jets réactionnaires et qu'il n'attend que l'occasion
favorable pour les mettre en pratique. Mais il
faut en convenir, aucune partie de la Belgique
n'a été plus maltraitée par la loi électorale. Si
on avait écrit dans cette loi, que le clergé et le
ministère désigneraient les représentants, on
n'aurait pu plus sûrement y parvenirque
par le mode actuel d'élection. Si on avait
voulu que la stupidité régnât par la force bru
tale et que l'opinion de la majorité éclairée du
pays fût nullifiée par un nombre plus élevé des
volants incapables d'apprécier l'importance du
vote qu'ils sont appelés émettre, on n'eut pu
mieux réussir qu'à l'aide de la loi actuelle. C'est
du reste ce que le parti-catholique a voulu et il
l'a obtenu. Dieu veuille, qu'il n'en abuse pas.
Il n'est pas extraordinaire, qu'avec lin collège
électoral tel que celui de l'arrondissement
d'Ypres, on ait jugé inutile de lutter maintenant.
Mais quoique l'opinion libérale puissanteen ville,
puisqu'elle y possède au moins les deux tiers des
voix, ail jugé inopportun d'opposer des candi
dats MM. Malou et Biebuyck, nous croyons
que toute lutte est cependant loin d êlre impos
sible. Ce n'est donc pas avouer son impuissance
que de ne pas engager la lutte, mais simple
ment la remettre une époque plus propice au
parti, dont nous sommes l'organe.
Que le parti clérical soit en majorité dans les
campagnes nous ne voulons pas le nier; la loi
électorale a été faite dans ce but. Mais cependant
la voix du curé pour avoir voulu trop s'occuper
des choses de ce monde, parait avoir perdu de
son crédit; dans quelques communes l'esprit
entier et absolu de certains pasteurs qui veulent
tout régenter, fait supporter avec impatience
cet empire, qu'aucuns ne savent pas rendre assez
bénin. Nous découvrons donc des germes d'op
position dans nos campagnes contre un pouvoir
jusqu ici incontesté, maiutënautdélesté. Il s'agit
de savoir en profiler.
Les griefs de l'opinion libérale contre les
candidats du clergé sont de deux sortes. Nous
croyohs devoir, en faisant abtraclion de ses prin
cipes politiques, blâmer l'appui que M. Malou,
depuis qu'il est gouverneur d'Anvers, a donné
au ministère mixte qu'il avait si acrimonieuse-
ment poursuivi de ses paroles et de son mépris.
On a vu là une faiblesse, pour ne pas dire pis.
Quand on modifie sa manière de penser, parce
qu il vous est offert des fonctions par ceux que l'on
blâme, et qu'on accepte néanmoins, on perd
l'estime des électeurs de tous les partis, qui
croient que l'indépendance et l'incorruptibilité
d'un mandataire est la première qualité, qu'il faut
rechercher dans un candidat la représentation
nationale.
Au point de vue de notre opinion, nous re
fusons M. Malou notre confiance parce qu'il
vogue pleines voiles dans les eaux cléricales,
parce que chez lui, nous Croyons que l'attache
ment notre Constitution et nos libertés est
très-tiède et que, dans un intérêt de parti, il
n'hésiterait pas les immoler sur l'autel de la
réaction.
Quant au second candidat, M. Biebuyck,
nous nous en sommes occupés longuement
quand il a été élu, il y a quelques mois. Sa
carrière parlementaire a été fort courte et par
conséquent il est difficile déjuger quelle couleur
il prendra la chambre. Ceux qui le patrônent
le font passer pour un modérémais cette qua
lification a été donnée des hommes qui étaient
animés par les idées réactionnaires les plus fou
gueuses. Si nous avions un souhait formuler,
ce serait celui qu'on veuille délivrer le pays de
ces enrayés de modérésqui ont déjà mis le feu
de la discorde aux quatre coins de la Belgique.
Nous croyons que ce représentant de l'opinion
modérée est intimement attaché au parti clé
rical et que, dans toute occasion, son vole lui sera
aa aaaaaa sa a& ^aai^a,
nouvelle. 1.
(Suite.)
A peine ces paroles fureut-elles Jites que Marguerite se trouva
dans les bras de sou amant.
Mais ce n'est pas encore assez, reprit Meleal, pour appaiser la
haine soupçonneuse des sans-culottes il faut que voire fils consente
me suivre aux frontières.
Jean fil un geste énergique et voulut parler, mais le jeune homme
ne lui en laissa pas le temps
Je sais parfaitement, lui dit-il, que telle n'est pas votre volonté;
aussi la proposition que je viens vous faire u'a-t-elle pour but que
de sauver les apparences. Vous ferez partie du bataillou dout je
prends demain le commandement, vous m'accompagnerez l'armée,
et une fois hors de France, vous prendrez le ehemin qu'il vous
plaira la première affaire, j inscrirai votre nom parmi les noms
des braves qui auront versé leur sang pour leur pays; de cette
manière, votre mère, ni votre sœur ne seront point inquiétées, et
votre nom ne figurera pas côté de ceux des traîtres ou des lâches.
La plus vive joie remplaça l'effroi dans celle malheureuse famille*
Madame Durand inondait de larmes les mains de Melval qu'elle ap
pelait son sauveur; Jean I avait remercié daus uue muette étreinte, et
la douce Mai guérite, dout le visage avait repris en quelques iuslauts
tout l'éclat que le malheur lui avait enlevé, fixait sur son fiancé ses
grands yeux rayonnants.
Oh! que j'avais bien jugé ce noble cœur, dit—elle, et qu'il m'a
bien guidée 1 irrésistible instinct qui me disait Tu peux l'aimer
sans orainte.
Melval se tourna vers Jean, auquel il dit en souriant légèrement
Vous ne m'aviez pas jugé aussi favorablement, mon cher Du
rand; mais je ne vous en ai pas voulu pour cela; c'est le défaut
général aujourd'hui; tous ceux qui ne pensent et n'agissent pas
comme nous sout des traîtres convenez-en, c'est la plus fausse des
sentences. Vous, par exemple, vous ne m'estimiez pas, parce que
j'ai franchement embrassé la cause de la révolutiou, et que vous avez
pensé que c était une chose impossible un homme qui avait porté
l'épée la cour de Louis XVI; doue, vos yeux, j'étais un traître.
Vous vous êtes tenu l'écart, vous avez fui, quelquefois même blâmé
les désordres populaires; votre famille, entachée de royalisme, a été
ruinée et décimée donc, aux yeux du peuple, vous êtes uu traître.
Kb bien, je l'aflirmerais sur l'honneur, nous sommes francs et sin
cères l'uu et l'autre; et je yous le dis eu yéiilé, quelque bizarre que
fidèlement acquis. Il est regretter que M. Bie
buyck soit en même temps président du tri
bunal car l'expédition des affaires judiciaires
pourrait bien souffrir de son absence de la ville
pendant la moitié de l'année.
Cependant pour être juste, nous devons avouer
que quand il s'est agi de nous doter d un em
branchement de chemin de fer, la ville d'Ypres
a trouvé des défenseurs de ses intérêts, dans les
deux élus du clergé. Mais aussi il faut ajouter
que la ville d Ypres n'était pas senle intéressée
ce que celte nouvelle voie de communication
se construise; le rayon électoral devait en pro
fiter autant que nous et sous ce rapportnous
ne devons qu'une reconnaissance mitigée MM.
Malou et Biebuyck.
Si nous avions prescrire une ligne de con
duite nos amis politiquesce serait celle de
s'abstenir de prendre part l'élection de mardi
prochain, et d'attendre des temps meilleurs,
pour déposer un vole consciencieux dans l'urne.
Un motif de plus pour ne pas s'en occuper,
c'est que la Flandre occidentale, qui n'envoie
que des candidats ministériels la chambre, est
la province la plus maltraitée par le gouverne
ment, tandis que celles dont les représentants
sont presque tous de lopposilion, obtiennent
tout ce qu'elles demandent. Cela tend prou
ver, qu'on ne réussit pas en s'humilianl et quil
vaut mieux se faire craindre du ministère que
d'envoyer des députés, dont le rôle se bornera
lui accorder leur vote quand même.
De tous les coups de pied de l'âne, qu'on eut pu
donner aux honnêtes et apathiques électeurs de
la Flandre occidentale, certes voici le plus rude,
aussi vient-il de dame Émancipation. Le calme
plat dont nous jouissons une époque, où dans
les autres provinces tous les esprits sont agités
par les élections, lui paraît admirable.
Aussi en fait-il honneur M. De Meulenaere,
vrai Carter politiquequi possède le don
d'apprivoiser par des paroles conciliantes, les
NATURELS du pays qui jusqu'ici passaient
pour indomptables. Au sortir de ces entre-
tiens magnétiques les hommes les plus absolus
admettent des tempéraments leurs doc-
tri nés.
Qu'en dites-vous, électeurscomment trou
vez-vous le mol apprivoiser et celui de naturels
puisse vous paraître ma conduite, au milieu des événements qui nous
pressent de toutes parts, j agis par opinion, par conviction. De
grandes erreurs, de grands crimes se commettent, je l'avoue; mais
du choc terrible de la liberté contre le despotisme, jaillira une
flamme immense, phare indestructible destiné guider une société
nouvelle dans le port du salut. Avez-vous donc supposé, mon ami,
que des révolutions pouvaient s'accomplir ainsi sans troubles, sans
discordes?... élève-t on des monuments sans pierres ni ciment? Nos
pierres, nous, ce sont les tètes des hommes qui veulent livrer lâ
chement le pays l'étranger, notre ciment c'est du sang!... Épou
vantable édifice, j'en conviens, mais que le pins fort devait
inévitablement élever; le peuple l'emporte, c'est un temple la
liberté; s'il avait succombé, le parti vainqueur en avait fait un palais
la tyranuie! Ainsi, vous le voyez, entre le point de départ et le but
il y a des obstacles inutiles, puissants, mais inévitables; les abattre
c'est marcher vers la l iberlé, y renoncer c'est rentrer dans 1 escla
vage!
»- De tout ce que je viens d'entendre, dit Jean erau et surpris,
une chose m étonne; c'est qu'un semblable langage sorte de votre
bouche. La révolution vous a enlevé vos lit»es et vos privilèges, et
vous pariez comme les plus ardents lévolutionuaiies. Ne puis-je
croire qu'il y a quelque exagération dans votre enthousioaure? que
peut-être vous vous trouvez aujoui d hui emporté beaucoup plus loin