POUR PREPARER LA PAIX R0ULING A KAT°
la crise de
Administration Rédaction 163, Chaussée de Ghistelles, St ANDRE-lez-BRUGES
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Le numéro 60 centimes. Téléph. 3 15.24
L'EUROPE
por le Président SALAZAR
ntnl 25 NOVEMBRE 1939
5A^ED HEBDOMADAIRE 92me ANNEE No 46
la grande crise de l'Europe, c'est de ne
pas savoir maintenir la paix en elle-même.
Ile a encore la primauté dans les scien
ces, les lettres et les arts elle possède les
secrets de la technique elle sait organi
ser le travail, mais ne sait pas avoir la
paix. La cause de son malaise ne réside
pas proprement parler dans la densité de
<a population, dans l'épuisement de son
saI ou de son sous-sol, dans l'exiguïté des
terres occupées elle réside dans une ma
ladie de l'esprit. Et, telle l'ancienne Rome
m une certaine heure de sa décadence, elle
semble déjà ne plus pouvoir suppor
ter ni maux ni remèdes
Im force, qui est essentielle la vie des
sociétés, n'est pas /'ultima ratio c'en est
la première. D'elle proviennent morale,
droit, organisation sociale, et, dans ces
œnditions, elle n'assure plus la prtix elle
attendre la guerre. A faire la guerre ou
t armer en vue d'elle, l'Europe, malgré un
travail intense et de dures restrictions,
i appauvrit énormément. On entrevoit une
prolétarisation croissante des nations euro
péennes, et en présence de l'hypertrophie
de l'Etat qui. titre de défense collective,
concentre en soi toute richesse et tout
pouvoir, les hommes en échange d'un tra-
rail servile se bornent espérer de quoi
suffire aux nécessités fondamentales de la
m. Mais, ce point extrême, disparaît
cette parcelle de liberté et de dignité hu
maines que nous nous obstinons croire
essentielles la vie civilisée.
le dépérissement de l'économie ainsi que
la diminution morale de l'Européen met-
knt en sérieux périlla résistance de
I Europe devant des éventualités qui peu-
'ont ne pas être que de simples créations
de l'esprit car la force des Etats est fra-<
pic et précaire quoi qu'en aient les ima-
s'oatians exaltées qui délirent en face des
Woires et des conquêtes. La force des
hcts dépend du sort divers des batailles
1uj v"ut et compte, au delà, c'est l'orga
nisation de la vie et la force morale des
Peuples, si tes mêmes principes de mort
n ont pas détruit déjà ces derniers.
rangements ethniques des popula-
lu- ni accords économiques, ni sécurité
"oturellg des frontières ne suffisent don-
7 a Poix, pas plus que ne l'obtiennent
<-onibinaisons diplomatiques qui ne re-
dcl" ^°S *Ur 'a coexistence d'intérêts
i ni les créations artificieuses de la
k l liue, ni I obstination soutenir contre
l Pre-don dt la vie ce que ni l'histoire ni
^°îfaphie n'ont cherché consacrer et
itlple"*r.' !J(nx e:t surtout une création
des eJruit de la force qui se donne
toutes, c est-àdire de la conscience qui
>lar lscerner et respecter la ligne de dé--
entre le droit propre et le droit
rfay1' sacrifier son intérêt un
Qr-' ^périeur qui lui est étranger,
s, i européenne, crise de l'esprit, crise
*nCdlSat">" Au sein de l'Europe, une
i"' spécifiquement sienne est née,
1 i'A civilisation latine et chrétienne.
Êiirc/' celle-ci, toutes les nations de
de l'Amérique se sont formées
Part' em1nt' bien d'autres, en diver-
kfbu c-S j m°tide, ont bénéficié de son
!f l> dans cet héritage moral qui est
L iérlt'Se trouvent des principes éternels
pi il e ,e' de vie sociale, nous estimons
'délité notTe devoir de proclamer la
font pi" Ces Pflucipes d'autant plus qu'ils
oubliés et violés, d'une jaçon
5u"e au bas de la colonne suivante)
(V,
Oir
Les leçons de 1 histoire ne sont pas com
plètement inutiles. Ainsi constatons nous,
non sans plaisir, que les hommes d'Etat
s occupent actuellement moins de trouver
des formules nouvelles pour continuer la
guerre, que de scruter d une manière ap
profondie comment, après les formalités
du conflit armé, ils organiseront ta paix.
C'est l'amère leçon de la paix de 1919.
qui porte ses fruits, de cette paix qui a
gâché la victoire par le grotesque traité de
Versailles.
Ce n est pas prendre attitude de prophè
te d estimer que la durée du conflit dépen
dra moins d une solution militaire, que de
la préparation économique du bloc franco-
anglais aborder la paix. Nous rentrons
de cette manière dans l'exacte notion des
buts de la guerre, qui doivent coïncider
avec les causes de celle-ci. Or, par une con
fusion bien expliquable, les peuples ne
parviennent pas faire le départ entre les
causes profondes, fondamentales d un con
flit, et les occasions très accessoires qui
permettent de le déclencher.
L'occasion accessoire du conflit actuel
c'est la nécessité de vaincre le nazisme.
Pour obtenir l'adhésion des masses cette
croisade démocratique il a fallu me
ner au milieu d'un fouillis de contradic
tions, les campagnes anti-fascistes et anti
dictatoriales. La masse se laisse facilement
prendre ce jeu. L'opinion publique ne
peut être formée que par la presse et celle-
ci se trouve incapable de remplir sa mis
sion, le journalisme étant devenu un sim
ple commerce de lignes typographiques.
Ce qui nous a permis de voir les grandes
démocraties faire courbettes devant la plus
odieuse des dictatures, celle de Moscou, et
combattre des régimes qui coïncidaient in
finiment mieux avec leur idéal de civilisa
tion chrétienne, tels que ceux de Rome, de
Lisbonne, de Madrid. On sait trop les con
séquences de cette véritable prostitution
du génie de l'Occident, que fuient les dé
moralisantes négociations de Paris et de
Londres avec Moscou. Il est des gens avec
lesquels on ne peut discuter. Nous ne ca
chons pas que nous avons vu avec plaisir
s acoquiner ceux qui poursuivent les mêmes
fins sociales, essentiellement matérialistes
et grégaires Berlin et Moscou.
Mais que 1 on ne se laisse pas prendre
au mirage. Tout cela n est que 1 aspect
occasionnel du conflit mondial actuel, qui
est essentiellement d'ordre économique. On
ne se bat pas actuellement pour tracer des
frontières, mais pour faire triompher des
autarcies pour acquérir des espaces
vitaux pour s assurer des 4 matières
premières Les frontières n'ont plus de
signification politique exclusive elles
sont avant tout destinées contenir la vie
économique d'un pays, et les lignes de for
tification, images d'un autre temps, ne sont
que le camouflage des barrières douaniè
res. t
Aussi, souhaiterions-nous, que nos lec
teurs ne se laissent pas prendre ces dis
cours pathétiques, dont le thème est inspi-
d'autant plus justifiée que le monde est
davantage alarmé, et plus perplexe la
conscience des preuples qui s interrogent
anxieusement pour savoir si, parmi cette
débâcle, il se trouvera encore de la place
pour la vérité, l'honneur, la justice, la lé
gitimité du droit, le bien commun des hom
mes et des nations...
ré par les malheurs des trois pauvres «na
tions» européennes l'Autriche, la Tché
coslovaquie, la Pologne. Car se Iaisser
influencer 1 esprit par ces thèmes sentimen
taux, on risque fort d'aller la rencontre
d'amères désillusions.
Brutalement, le problème suivant s'est
posé 1 Europe le Reich puissant, vio
lent, partisan de la force, va-t-il imposer
au continent la paix germanique et,
d accord avec le Japon, s'emparer des mar
chés d'Extrême-Orient, avec le même suc
cès qu'il rencontrait dans la conquête des
marchés de l'Amérique du Sud.
La réponse de Londres et de New-York
cette situation de fait d'ordre économi
que a été catégoriquement négative. Tant
qu il s agissait de la Rhénanie, ou de
1 Ansrhluss, ou de la Tchécoslovaquie, ou
de la Pologne, nous n'avons cru un con-
fiit armé. La cause du conflit devait être
d ordre économique, et c'est ce qu'Hitler
sentait en déclarant qu'il ne voulait pas se
battre pour des colonies et c'est cette ob
session de la guerre économique, qui intro
duisait continuellement dans le vocabulai
re du troisième Reich, comme justification,
les expressions se rapportant l'espace
vital.
I n Reich puissant, armé, organisé, ne
troublait pas excessivement l'Angleterre,
qui d ailleurs, malgré les avertissements
de la France, se trouvait être l'artisan de
ce redressement allemand. Mais un Reich
autarcique, tout comme une Italie qui ten
tait d imposer une économie autarcique
son Empire, voilà ce que ni Londres, ni
New-York ne pouvaient admetttre.
Les économistes anglais, l'esprit
obnubilé par les vertus de la doctrine li
bérale, nièrent d'abord la possibilité de
succès du Reich, comme ils avaient nié la
force de résistance de l'expérience mosco
vite. Mais l'éloquence des chiffres les rap
pelèrent la réalité. Quand ils virent l'Al
lemagne pénétrer dans les Balkans, conqué
rir l'économie Yougo-Slave en apportant
la prospérité ce pays agricole, pénétrer
en Roumanie et organiser avec elle des ba
ses d'échanges qui assuraient au Reich un
acheminement certain vers l'économie tur
que et celle du proche Orient lorsqu'ils
apprirent que le Reich envoyait des mis
sions d'études aux Indes lorsqu'ils con
statèrent les progrès foudroyants des ex
portations allemandes vers l'Amérique du
Sud. le sort de la paix européenne fut dé
cidé.
Pendant que des armées, qui deviennent
peu peu des armées de métier, montent la
garde, les économistes préparent le statut
de la vie de l'Europe de demain. Quand,
sans s'occuper de la question toute acces
soire des frontières politiques, ce slatut
sera mis au point, une paix pourra être
proposée l'Europe. Dans les articles qui
suivront nous verrons quels seront les élé
ments essentiels de cette paix, et l'attitude,
comme l'avenir, des pays neutres euro
péens.
C. v. R.
A NOS LECTEURS
La poste présentera sous peu les
quittances d'abonnement pour 1940
et nous espérons que nos fidèles lec
teurs donneront des instructions pour
que cette quittance postale soit payée
la première présentation.
D'avance nous les en remercions.
Le colonel Rouling, héros colonial,
vient de mourir l'âge de 70 ans, après
avoir longtemps tenu tête la mort qu'il
avait tant bravée au combat. Entré dans la
carrière congolaise en décembre 1905 sous
l'Etat Indépendant, commandant supérieur
des troupes du Kasaï en 1914, capitaine
commandant de compagnie au 1er régi
ment de ligne sur l'Yser pendant l'hiver
de 1914 1915, major des troupes colonia
les et commandant d un groupement puis
du 4me régiment de marche dans l'Est Afri
cain en 1915-1916, blessé au Ruakadigi
(Kivul le 21 janvier 1916, éborgné et
vainqueur Kato (lac Victoria Nvanza) le
3 juillet 1916, commandant en chef de la
Force Publique du Congo Belge Borna en
1917, le colonel Rouling s'en va auréolé
de la gloire militaire la plus pure.
Kato est un des combats étonnants de la
campagne de Tabora. Le Hauptmann Go-
dovius, commandant du territoire de la
Kagera. battait en retraite sur Muanza.
Dans la savane boisée de l'Oussouwi.
Kato, il trouve sur son chemin le major
Rouling, enfant de Bastogne, et quelques
éléments de notre 4me régiment qui, mal
gré leur infériorité numérique, l'affrontent
et le culbutent.
Epargnant au lecteur le récit technique
de la rencontre, nous ferons parler les sur
vivants; Des hommes qui ont accompli ce
geste d'épopée que le général von Lettow-
Yorbeck lui-même souligne dans ses mé
moires, des hommes qui traversèrent une
mêlée où, en quatre heures, sur il7 qu'ils
étaient, 9 tombèrent tués ou blessés, des
hommes qui ont livré une telle action
audacieuse, puissante et décisive, ont le
droit et le devoir d'apporter eux-mêmes
aux jeunes générations, avant de descendre
I dans la tombe, un enseignement de victoi
re dans une leçon d'héroïsme.
FRATERNITE D'ARMES
Le 3me régiment Luapindi et le 4ma
Kato arrêtent cinq colonnes, capturant
350 soldats, 27 Européens et près de 2.000
charges. RUWET.
INITIATIVE ET RESPONSABILITES
Nous étions notablement inférieurs en
nombre. Notre armement était démodé.
Aucun médecin sur place et fort peu de
médicaments.
Dans ces conditions, ai-je bien fait d'ac
cepter et même de rechercher le combat,
comme le prouve l'ordre donné au com
mandant Lescornez dès que furent enten
dus quelques coups de feu un kilomètre
environ l'ouest de mon campement
Fallait-il laisser Godovius se retirer
sans combat du district de Bukoba Ne
répondons pas cette question et méditons
le vers du poète A vaincre sans péril
on triomphe sans gloire ROULING.
L'EXEMPLE ET L'ASCENDANT DU CHEF
Quand, au début, on vit la quantité
d'assaillants qu'il y avait, tout le monde
se regarda de travers, mais le moral était
si supérieur, grâce Rouling. qu'on dit,
tandis que chacun cherchait sa place pour
combattre l'aise On leur fichera une
pile, ils peuvent venir
s
Quand Rouling revint avec son œil per
du et ses blessures, il dit Si j'étais en
danger d'être fait prisonnier, tuez-moi
RUWET.
TEMOIGNAGE DE FRERE D'ARMES
Quand on apprit que le major Rouling
était grièvement blessé, le capitaine com
mandant Hubert réussit maintenir les
soldats au combat en les appelant nomi-