Fermes de Flandres
Conjectures
LES EPINGLES
INSTANTANES
BRUXELLOIS
administration Rédaction 163, Chaussée de Ghistelles, St ANDRE-lez-BRUGES
publicité 10, Rue St Georges, Bruges.
Abonnement 30,Fr. l'an. C. C. P. 367.225
Le numéro 60 centimes. Téléph. 3 1 5.24
5>MEDI 14 OCTOBRE 1939
HEBDOMADAIRE
92me ANNEE No 40
En fouillant dans un tiroir d'une vieille
(omniode, je viens de retrouver une boite
épingles, de longues épingles d'au moins
Jix centimètres. Elles portent des petits
jrapeaux joliment peints. Les uns tricolo
res français surchargés de l'aigle impé
riale les autres argentées au grand aigle
je Prusse en noir. Il me souvient que mon
pond-père m'a raconté avoir utilisé ces
'épingles pour marquer sur une carte les
batailles de la guerre de 1870. C'était le
soir, la lumière d'une lampe au pétrole,
quand, rentrant d'une séance du Parlement,
son père lui rapportait avec inquiétude
la nouvelles de Bruxelles, les difficultés
éprouvées par notre armée de couverture,
fanxiété des milieux gouvernementaux. La
Belgique allait-elle échapper au conflit
Et ces deux générations se sont éteintes,
mais les rivalités entre les peuples demeu
rent. J'ai aussi conservé des épingle:- bien
plus nombreuses, mais plus modestes, gar
nies de petits papiers coloriés sur lesquels
étaient dessinés des drapeaux, dont la plu
part n'existent {dus. Ce sont les épingles de
ma jeunesse, quand, pendant f occupation
allemande, nous marquions, mon père et
moi. avec quelle angoisse, les étapes de la
libération. Cela pendant des années, pour
une guerre qui ne devait durer que quel
ques semaines. Et notre génération a été
formée dans cet état de guerre poin
tant. en poésie, des sous-marins ou des ba
teaux coulés,' et, en'rhétorique, tes villa
ges conquis dans la Somme ou au Chemin
des Dames, abreuvant notre curiosité en
éveil aux sources officielles du bourrage de
crâne des communiqués.
M
J avais devant moi ces boites d'épingles,
quand mon fils, rentrant du Collège, me
montra un bulletin, qui pouvait satisfaire
la sévérité paternelle, et me demanda com
me récompense de lui acheter une carte de
la ligne Siegfried et une boite d'épingles...
Combien de temps encore, ainsi de gé
nération en génération, la jeunesse de EEu
rope sera-t-elle formée en piquant des
cpingles pour marquer, presque dans l'in
différence, sur un morceau de papier F en
droit où les hommes versent leur sang pour
des causes dont ils comprennent peine
les éléments, les origines, les buts réels.
Et. dois-je l'avouer, fai répondu mon
fils que cela ne valait pas la peine <F acha-
ler une carte maintenant car les hommes
étaient devenus tellement malins, avaient
poussé ce point le progrès qu'ils étaient
parvenus se faire la guerre sans prendre
"p villages, en restant sur place, en se fai-
mt tuer pour gagner cent mètres de prai-
r,e' e> que le temps était /tassé des victoi-
rPî qui se marquaient sur les caries,
c°ups (Fépingles.
C. v. R.
Pu que rendre hommage l'énergie et
'optimisme des organisateurs qui n'ont pas
hésité ouvrir ces salons de la T. S. F..
f|p la fleur et du fruit, de l'alimentation
PJ de la brasserie. Voilà ce qui s'appelle
installer dans la crise internationale, et
opter le slogan la vie contin.ue Que cet
soit suivi par tout le pays. Au
,f>u de mettre le pays au ralenti, il fau'
|jPp tous s ingénient trouver le moven
e travailler et de faire travailler. Ce n'est
1"p par une activité économque accrue
1uf la Belgique sortira de l'épreuve. Tâche
i 1 n est pas facile réaliser, mais ce ne
l'1' pas les difficultés nui doivent faire
Siacle la volonté de les vaincre.
Il m'est arrivé souvent cet été d'errer
sur les grand'rouies qui coupent nos cam
pagnes ou de vagabonder par les sinuo
sités des sentiers agrestes, humant avide
ment la bonne senteur qu'exhale notre fer
tile terre de Flandres.
J'eus ainsi maintes fois l'occasion de
constater que les paysans abandonnent leur
vieille ferme. Entendons nous bien, je ne
parle pas ici de l'exode rural, mais bien
de ce modernisme mal compris qui pousse
les paysans bâtir des maisons de ville en
pleins champs. Vous m'entendez, des mai
sons de ville en pleine campagne, et si
vous n'y croyez pas, allez y voir par vous
même. Que les habitants des campagnes
aussi bien que ceux des cités désirent avoir
Le confort moderne chez eux, il n'y a là
qu'un Légitime désir de bien-être et d'hy-
giéne que l'on retrouve dans toutes les
classes dé la société contemporaine. Mais
n'y a-t-il vraiment d'autre moyen pour ce
la que de recourir ces laides construc
tions uniformes et anonymes, de type in
ternational que l'on tolère dans nos villes,
mais qui ne réflètenl en rien Les habitudes
et les traditions du terroir, ni rien de ce
que leurs ancêtres ont légué nos pay
sans Nos architectes portent certes une
grande responsabilité dans ce que je n'hé
site pas appeler du vandalisme contre
la nature de notre pays plat. S-*»4 reste
vrai que tout citoyen est libre de construi
re sa guise, il importe ici de ne pas
fausser le goût esthétique de la classe ru
rale tel point qu'elle arrive considérer
•es charmantes fermes aux toîls rouges et
aux volets verts, comme les signes désuets
d'un passé qui manquait de confort et de
propreté. Il appartient donc tout spéciale
ment aux architectes et aux grands organis
mes qui s'occupent du bien-être des pay
sans. de leur démontrer la réelle beauté
de ces vieilles fermes, chaudement préser
vées du grand vent de la plaine par le
coquet toît de tuiles rouges. Tout archi
tecte soucieux de maintenir l'esthétique de
notre pays, devrait, lorsqu'un paysan s'a
dresse lui pour dresser les plans d'une
habitation, lui soumettre les plans d'une
ferme toute moderne, mais d extérieur net
tement flamand inspiré des centaines de
fermes qiii subsistent heureusement encore
dans nos régions, ou même, au lieu de
construire, l'inciter restaurer judicieuse
ment l'habitation que lui a légué ses pères.
Qui nous fera accroire que derrière une fa
çade de style purement régional on ne peut
créer des pièces claires et bien aérées,
pourvues de tout le confort de la vie mo
derne qui affirmera qu'une chambre dés
affectée ne pourrait être arrangée en salle
de bain confortable que la beste ka-
mer ne puisse être munie de toutes les fa
cilités d'éclairage qu'offre l'électricité que
la vieille cuisine campagnarde ne puisse
pas profiter utilement des bienfaits du
gaz Il y a certes ici un vaste champ d'ac
tivité pour les architectes et ceux qui tout
en s'intéressant au bien-être de la classe
rurale tiennent également maintenir en
honneur le folklore sous toutes ses formes.
Il est temps que l'opinion publique s'in
téresse activement cette question qui, com
me le prouve de nombreuses villas de style
flamand édifiées au Zoute, peut rendre de
façon parfaite, et ceci l'avantage des tou
ristes et des paysans eux mêmes, son vé
ritable caractère notre vieille terre de
Flandre. Il faut faire comprendre au paj
san toute la beauté de sa ferme chaulée,
aux charmants pignons sous le toît rouge;
toute la chaude intimité qui règne autour
du vieil âtre de la salle commune ornée de
précieuses potteries flamandes, et le dé
tourner pour de hon de ces horribles bâ
tisses sans style qui de plus en plus en
laidissent nos plaines.
F. C.
LES PRINCES A CIERGNON.
Faisant contraste avgc l'inquiétude peu
•éfléchie de l'opinion bruxelloise, le Roi a
une nouvelle fois, donné l'exemple de la
confiance. II a permis aux enfants royaux
de se rendre en villégiature, comme chaque
année, Ciergnon. Il est certain que si les
événements inquiétaient vivement le Roi,
il ne laisserait pas les deux Princes s'in
staller dans la allée de la Lesse. Ce fait
a calmé beaucoup d'esprits.
LA DECLARATION DE M. PIERLOT.
Dans les milieux pondérés la déclara
tion gouvernementale a fait la meilleure
impression. Calme, complète, objective,
sans vaine phraséologie, elle témoignait de
la part du Premier Ministre d'une connais
sance claire des difficultés de l'heure, et.
tout autant, d'une volonté de les dominer
sans en diminuer l'importance.
La machine gouvernementale est mal
adapté au rôle d'économie dirigée qui
lui incombe brusquement. Il est évident
que si l'organisation professionnelle avait
été poussée plus activement, le gouverne
ment aurait mieux pu se décharger au
jourd'hui de taches qui ne sont pas les
j siennes. Simple constatation laquelle il
ne faut pas trop longtemps s'attarder. Il
suffit que le mal soit décelé pour que les
événements actuels hâtent une décentrali
sation de l'organisation économique, dont
le besoin est impérieux. Le rôl" de l'Etat
est d'empecher les abus et de provoquer
les initiatives. Il n'est pas de prendr? celles-
ci.
LA MONNAIE.
La crise du théâtre est un sujet que les
journalistes abordent volontiers. 11 est de
fait que notre grande scène nationale
malgré les subsides octroyés par la Ville
de Bruxelles présente un budget... de fail
lite. Cet été la Monnaie avait fait relâch'
plus que de coutume. Les esprits timorés
avaient déjà annoncé que les théâtres bru
xellois ne rouvriraient pas leurs portes. Il
est des gens qui pour résister au malheur
des temps conseilleraient d'organiser cha
que soir, en famille, une séance d'entraine-
ment du port des masques gaz dans les
caves. Heureusement tous ne cultivent pas
ces délectations moroses. La vie continue
et la Monnaie a rouvert ses portes. Ce fut
un assez beau succès et une bonne salle
applaudit les reprises habituelles.
AU CENTENAIRE.
Nombreux sont les bruxellois qui ont
visité les salons de Centenaire. Ils n'ont
Voire suite en bas de la Ire colonne
suite)
Quelques textes officiels ou officieux
jetteront de la clarté sur les considérations
que nous avons faites dernièrement sur la
politique de l'Italie.
Le 1er septembre, jour de 1 entrée des
armées allemandes en Pologne, on mandait
de Rome au D. N. B.
L'Agence Stefani communique le téle-
gramme suivant du Fiihrer M. Musso-
lui
Je vous remercie cordialement pour
l'aide diplomatique et politique que vous
avez accordée tout récemment F Aile-
magne et son bon droit. Je suis con-
vaincu qu'avec la force militaire aile-
mande je pourrai remplir la mission qui
nous est destinée.
Je crois donc que dans ces circonstan-
ces je n'aurai pas besoin de l'aide mili-
taire de l'Italie. Je vous remercie, Duce,
aussi pour tout ce que vous ferez
Favenir pour l'Axe commun du fascisme
et du national-socialisme.
Le même jour, le conseil des ministres
italien se réunissait. A l'issue de la séance,
on publiait le communiqué officiel suivant,
qui était également radiodiffusé
Le conseil des ministres s'est réuni au-
jourd'hui 15 heures au Palais de Vimi-
nale sous la présidence du Duce.
Après un examen de la situation créée
en Europe par le conflit entre PAlterna-
gne et la Pologne dont l'origine remonte
au traité de Versailles, après avoir pris
connaissance de tous les documents pré-
sentés par le ministre des affaires étran-
gères qui montrent l'œuvre menée par le
Duce pour assurer l'Europe une paix
basée sur la justice, le conseil a donné
son entière approbation aux mesures mi-
litaires adoptées jusqu'ici, mesures qui
ont et conserveront un caractère pure-
ment précautionnel et répondent ce but,
il a approuvé également les dispositions
de caractère économique et social néces-
saires en vue de la période grave et trou-
blée dans laquelle est entrée la vie euro-
péenne, il déclare et annonce au peuple
que 1 Italie ne prendra aucune initiative
d'opérations militaires, il adresse un
c haut éloge au peuple italien pour l'exem-
pie de discipline et de calme dont il a,
comme toujours, fait preuve
Le 4 septembre, l'Agence Stefani pu
bliait Rome des précisions officielles sur
I ultime tentative faite pour sauver la paix
lorsque celle-ci était très gravement mena
cée.
Le 9, sous le titre L'action déployée
par M. Mussolini pour sauver la paix d'Eu
rope le bulletin hebdomadaire en lan
gue française de l'Agit (Agenzia d'Italia e
dell Impero) ajoutait ce commentaire
C est après de vains pourparlers qui
n ont contribué, du reste, qu'à faire em-
pirer la tension internationale, qu'on est
arrivé la veille des événements fatals
quatre mois de distance du fameux
c discours prononcé par le Fiihrer. Devant
les atermoiements de la Pologne, une
seule initiative pouvait avoir quelqir-
chance de succès l'intervention de M.
Mussolini. Et le Duce, tout en tenant
compte des difficultés exceptionnelles du
moment, proposait, le 31 août, une con-
férence internationale pour le 5 septem-
bre aux fins de régler le différend g
mano-polonais et de revoir aussi les clau-
«ses du traité de Versailles cette noble
c tentative se poursuivait encore quand les
opérations militaires étaient déjà enga-
gées.