BILLET DE BRUXELLES
OPTIMISME ET
CALME
A NOS LECTEURS
LA VIE
ECONOMIQUE
Administration Rédaction 163, Chaussée de Ghistelles, St ANDRE-lez-BRUGES
Publicité 10, Rue St Georges, Bruges.
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Le numéro
30,— Fr. l'an. C. C. P. 367.225
60 centimes. Téléph. 3 1 5.24
COMBATTONS LE CAFARD
ŒUVRE REINE ELISABETH
BOURRAGE DE CRANE
LE PARTI COMMUNISTE
HORS LA LOI
sAMEDI 23 SEPTEMBRE 1939
HEBDOMADAIRE
92me ANNEE. No 37
Tous nos pansants voisins semblent
avoir compris, enfin, la position prise par
la Belgique, et les avantages que chacun
peut retirer de cette position. Car seule la1
question réaliste de Fintérêt immédiat peut
faire obstacle une violation de notré
neutralité. Le jour où il serait prouvé, que
pour l'une ou Foutre puissance, il y a in
térêt violer notre territoire, les belles pa
roles, les promesses solemnelles ne seraient
plus qu'un souvenir.
Or il apparaît chaque jour, plus claire
ment que la vigilance de nos Rois nous a
doté d'une armée qui nous permet de ren
dre illusoire tout adversaire, F avantage
qu'il éprouverait emprunter notre pays
comme couloir de passage. Et c'est cette
armée qui garantit, mieux que toutes les
signatures, notre neutralité.
Il en fut d'ailleurs ainsi en 1870. La
France avait proposé la Prusse de fon
du une amitié sur un partage de la Bel
gique. La Prusse hésitant, la France vou
lut s'assurer de l'état de notre armée, et
comme Fécrit le Vicomte Terlinden, dans
un remarquable article du dernier numéro
de la Revue Catholique des Idées et des
Faits, c'est l'excellent armement de l'artil
lerie belge qui détourna le Second Empire
de ses projets. Léopold I et lÂopold II
avaient créé Finstrument qui, en 1870, a
garanti notre indépendance.
La leçon ne fut malheureusement pas
comprise. L politique fraîna le développe
ment de l'armée, que la monarchie avait
organisée. En vain le Roi insista-t-il. Ce
n'est que sur son lit de mort qu'il obtint
le service militaire obligatoire. Trop tard.
Car si nous avions été prêts en 1914, com
me nous l'étions en 1870, une invasion eut,
peut-être, été épargnée.
Cesl ce qui nous permet de dire qu'en
1939 nous ne sommes pas comme en 1914,
mais comme en 1870. l\ous devons nous
conduire maintenant comme alors. Si en
1914 nous avons été acculés l'héroïs
me remercions Dieu de nous avoir don
ne des monarques clairvoyants, qui, opi-
"lâtrement, et malgré les campagnes odieu
ses des politiciens de gauche, ont maintenu
e' fortifié notre armée. Que disent mainte-
"ait les hommes courte de vue qui me
nèrent campgne pour les six mois que
usent maintenant les objecteurs de cons
cience
le calme et l'optimisme s'imposent, non
pas parceque nos archives détiennent des
Papiers couverts de signatures, mais parce-
1Ue nous possédons une armée et un ar
mement qui enlèvent tout caractère profi
table une invasion.
lt surtout que l'étranger sache bien que
Belgique de 1939 est moralement la
Jeme que celle de 1914. Comme en 1914
es Belges s'opposeraient de toutes leurs
P.rces, tout envahisseur, quelqu'il soit.
°ire position est identique., mais la par-
organisation de notre armée dissipe
lentation de nous envahir.
oilà ce dont les bons patriotes belges,
T' "e sont pas toujours les patriotards,
e rendent compte. Et cette attitude calme
v'nle justifie leur optimisme.
C. r. R.
Le gouvernement est fermement décidé
combattre le cafard qui pourrait éventuelle
ment s'introduire dans l'armée'. L'approche
de la mauvaise saison incitera, sans doute,
nos ministres améliorer autant que possi
ble le couchage des troupes en campagne et
éviter que nos hommes reposent sur la dure,
ou sur une botte de paille dans une étable
ou une grange ouverte tous les vents.
Pourquoi ne pas donner des billets de loge
ment destinés aux habitations de Belges qui
ne sont pas appelés servir sous les dra
peaux. ou dont la famille n'a aucune obli
gation militaire Nous connaissons un cou
vent de pères où fut logé un détachement de
fantassins qui se déclarèrent enchantés de
leur hospitalité. Il faudra régler sans tarder
la question de logement dans les cantonne
ments.
Il est souhaiter que l'autorité militaire
dispose de plus de pouvoirs en cette matière,
et ne soit pas sous les ordres du secrétaire
communal, délégué du bourgmestre, qui
craint froisser ses gros électeurs. Un bon lo
gement est un moyen sûr contre le cafard.
Applaudissons le gouvernement d'avoir
créé l'œuvre du colis du soldat et mainte
nant l'œuvre des délassements sous le haut
patronage de la bonne Reine Elisabeth, la
mère des soldats de la guerre de 1914. C'est
un choix des plus heureux. Nous ne pou
vons qu'exprimer notre satisfaction de l'ini
tiative généreuse du gouvernement en vue de
combattre le cafard qui pourrait se manifes
ter si la guerre devait durer longtemps. On
a évité ainsi que la politicaille et des calculs
ne se mêlent une œuvre patriotique privée.
Et on a bien fait.
Qu'on se souvienne de la dernière guerre
des tranchées, d'où surgit un mouvement
subversif dont on ressent toujours les re
mous. Ce mouvement débuta innocemment
par des réunions au cabaret, des conférences,
des concerts, des petits journaux, des repré
sentations, etc. Des patriotes vigilants
avaient signalé les dangers de l'initiative pri
vée non dirigée en cette matière et on a heu
reusement compris en haut lieu. C'est le
général Denis qui aura tout en mains et c'est
M. de Man. ministre sans portefeuille et
commandant de réserve, qui aidera le minis
tre de la Défense Nationale. Inutile de dire
qu'il sera assisté d'officiers qui connaissent
la troupe.
Ainsi le pays pourra être tranquille et les
conspirateurs la manque, qui avaient cru
dindonner les soldats flamands, en seront
pour leurs frais.
Nous engageons nos lecteurs soutenir
pécunièrement la nouvelle œuvre dont le siè
ge se trouve l'état-major de l'armée. 113,
avenue de Cortenberg Bruxelles. Ce sera
une bonne œuvre entre toutes.
Qu'on fouille aussi le grenier et la biblio
thèque. On trouvera bien des livres et illus
trations en français et en flamand dont on
pourrait faire cadeau la section du livre
dont profiteront les militaires.
Il faut se montrer fraternel et solidaire.
On croit que l'Allemagne prend des me
sures sévères pour obvier la pénurie de
toutes sortes de choses. La revue économi
que Deutsche Volksivirt du 15 septembre
nous apprend que c'est le contraire. C'est
l'Angleterre qui est dans la dêche et qui
manquerait de tout si elle n avait pas de
colonies ou de dominions. C'est l'Allema
gne qui a le plus de charbon sur terre. Les
razzias dont la Pologne est la victime, ont
sans doute pour cause les charbonnages de la
Silésie polonaise qui, dit-on, possède 70
milliards de tonnes de charbon encore en
foui au sein de la terre.
La revue ajoute que les neutres comme
les Scandinaves, l'Italie et d'autres pays en
seront pourvus largement moyennant espè
ces sonnantes et trébuchantes. Est-ce que le
maréchal Goering n'a pas dit que le charbon
est une bardevise
Les Scandinaves se passeront de charbon
anglais. D'ailleurs l'Angleterre devra être
nourrie par le blé et le sucre français comme
l'armée expéditionnaire anglaise le sera en
France. Pour ce qui concerne l'Allemagne,
elle ne manque de rien et le blé est abon
dant, écrit le Deutsche Volkswirt hitlérien.
Le bourrage de crâne est complet et il se
fait avec un cynisme désarmant.
Le coup de Jarnac de Staline a soulevé
l'indignation et l'écœurement du monde en
tier. L'intervention russe pose la question
dans tous les pays civilisés savoir si oui ou
non le parti communiste peut continuer
d'exister
Ce parti est, en effet, inféodé non pas
seulement au Komintern mais l'empire
russe. On sait que Dimitrov mène le bal et
qu'il fait danser les communistes de Belgi
que.
La Suisse a déclaré le parti communiste
hors la loi, que Hitler a dissous, depuis
longtemps quitte s'allier Staline. On
sait que les communistes en pays étranger
renseignent Moscou sur tout ce qui s'y passe
et qu'ils ne dédaignent pas l'espionnage.
Qu'attend le gouvernement pour suivre
l'exemple de la république helvétique
Le premier devoir d'un journal est
de rendre service ses lecteurs. Com
ment rendre le mieux service dans la
période actuelle, tel doit être notre
constant souçi. N'est-ce pas en ac
centuant les deux buts réels de la
presse renseigner et distraire.
Renseigner, ce qui veut dire ne pas
faire écho aux bobards, aux courants
affectifs, aux nouvelles d'agences et
aux communiqués officiels, mais tout
simplement apporter un petit grain de
bon sens au milieu d'une avalanche
d'« informations Et cela en ayant
toujours devant soi, selon la concep
tion thomiste, la poursuite du bien
commun de l'intérêt général.
Distraire, en offrant nos lecteurs,
et dans la limite des moyens dont
nous disposons, quelques distractions
qui détournent leurs esprits de la lec
ture obsédante des quotidiens ou de
l'audition encore plus obsédante du
journal parlé
C'est pourquoi nous commençons
aujourd'hui un concours réservé aux
joueurs d'échecs. Déjà les problèmes
posés dans LA PATRIE provoquaient
des réponses assez nombreuses. Nous
espérons que le concours stimulera le
zèle des joueurs d'échecs.
Mais nous ne pouvons pas créer
une classe de privilégiés, et nous or
ganisons également un concours de
mots croisés.
Et nous nous adressons nos lec
teurs pour leur demander s'ils ont
d'autres suggestions nous faire.
Il faut que nos concitoyens se persuadent
de la nécessité de trouver les moyens de ren
dre vie l'activité économique du pays. La
Belgique est un pays industriel où l'initiati
ve privée a toujours triomphée. Cette ini
tiative a été brimée, entravée et découragée
par une politique économique et financière
qui témoignera jamais de l'étroitesse de
vues et des préoccupations électorales des
gouvernements qui se sont succédés depuis
la guerre précédente
Aujourd'hui la Belgique doit s'installer
activement dans la crise. Elle ne doit pas
écouter les défaitistes. Les industriels belges
ne doivent pas se casser la tête en discutant
des difficultés éventuelles qu'un blocus an
glais pourrait causer. Ce blocus est hypothé
tique, et si l'Angleterre voulait le rendre
absolument effectif, elle commettrait une er
reur grave et dont elle supporterait avec dif
ficulté les lourdes conséquences. Napoléon a
été vaincu par l'Angleterre, mais celle-ci a
trouvé des alliés contre l'Empereur parce que
Napoléon prétendait obliger les pays s'in
cliner devant les prescriptions du blocus
continental.
Que l'Angleterre prenne garde de s'aliéner
d'innombrables sympathies en prétendant
interdire aux travailleurs, industriels et ou
vriers des pays neutres, d'utiliser les instru
ments de production qui leur permettent de
vivre. D'ailleurs nous avons constaté avec
plaisir que le ton arrogant concernant le blo
cus, que l'Angleterre a pris la première se
maine. n'a pas ému les pays d'Oslo. Et la
conséquence immédiate s'en est suivie. M.
Chamberlain a déclaré mercredi, d'abord que
les marchandises normalement nécessaires
aux neutres pour leur propre consommation ne
sont pas interceptées et ensuite que la po
litique fondamentale de l'Angleterre était de
conserver autant que possible les conditions du
trafic normal.
Il est de fait que la maîtrise des mers ap
partient l'Empire britannique, et que noùs
pourrions voir la guerre sous-marine assez
rapidement atténuée, en tenant compte des
grands progrès réalisés depuis 1918. Par
conséquent deux tâches s'imposent une
première au gouvernement qui est de veiller
ce que la Belgique ait toujours une réserve
suffisante en aliments de première nécessité,
ce qui est fait une seconde aux industriels
qui est, sans se soucier de blocus ou de dis
cours d'intimidation, de tendre avec toutes
leurs forces utiliser le plus de main d'oeu
vre possible. Cela présuppose que l'autorité
militaire ne retiendra pas sous les drapeaux
les industriels et les techniciens qui sont in
dispensables dans leurs usines.
Pour confirmer la pertinence de notre
point de vue, et dans l'espoir de secouer la
torpeur de ceux qui se croient obliger de
traverser cette crise européenne en restant
blottis dans leur coin, signalons que l'An
gleterre vient de négocier avec l'Italie, «pays
neutre un accord organisant l'échance de
charbon britannique contre des produits ita
liens, et que même, allant plus fort, elle
passe commande l'Italie de moteurs d'a
vions.
Prenons exemple sur les Etats Scandina
ves, qui, au lieu d'hésiter ont déclaré dans
un communiqué officiel publié mercredi
Les pays nordiques sont actuellement déter
minés défendre, en vue d'assurer leur acti
vité économique, le droit de maintenir leurs
relations commerciales traditionnelles avec tous
les Etats, même AVEC LES PUISSANCES BEL
LIGERANTES. Ils se croient fondés compter
que, par des conversations ouvertes avec les
deux parties opposées, ils pourront se mettre
d'accord avec ceux-ci en vue d'obtenir le res-