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Le pavé de
l'ours
La véritable
indépendance,
la PATRIE
et LE SUD
Se ANNEE No 35.
DIMANCHE 27 AOUT 1939.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se
cristallise dans la volonté du pouvoir.
ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
10, rue Saint-Georges, BRUGES. Compte-chèque postaux 1003.43.
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
L'ours moscovite a lancé un pavé fa
meux dans la mare de lal diplomatie
européenne de cette pauvre Europe qui
est le théâtre de, querelles stériles, pen
dant que le reste du monde s'émancipe
et tend se dégager de l'emprise de la
mère-patrie ou de la métropole.
Il fallait être bien naïf pour jouer,
dans la partie de poker, une aussi mau
vaise carte que la carte russe, qui a
d'ailleurs souvent porté malheur ceux
qui misaient sur sa chance. Mais il fal
lait surtout ne rien comprendre au ré
gime soviétique pour croire l'appui
d'une formidable force militaire rus
se.
D'abord l'armée soviétique est l'ar
mée du parti au pouvoir qui tient en
esclavage quelques deux cents millions
de malheureux paysans, taillables et
corvéables merci. Comment concevoir
que la dictature rouge oserait armer des
moujiks, qui ne seraient que trop heu
reux d'utiliser leurs armes pour se li
bérer du régime.
Ensuite comment supposer une allian
ce loyale avec l'ennemi le plus constant
et le plus dangereux des démocraties
le bolchevisme. Nous aimons ces protes
tations indignées parce que Berlin et
Moscou s'entendent, tout momentané
ment. Ce sont deux dictatures qui pour
suivent. avec des moyens fort sembla
bles, des buts différents. Ces deux ré
gimes sont infiniment moins incompati
bles que ne le sont les démocraties
de Paris et de Londres, avec Moscou.
Tout cela n'est qu'un jeu de force,
comme nous l'avons écrit bien souvent
jeu historique, jeu normal dans le cours
de l'histoire de l'humanité, mais auquel
l'hypocrisie des gouvernants mêle bien
inutilement un vocabulaire sentimental
op idéologique.
Mettons les choses en pleine clarté.
Ni la Russie, ni l'Allemagne ne veulent
s'engager dans un conflit mondial. La
France et l Anqleterre ont envoyé for
ces oeillades la Russie, et celle-ci très
logiquement se dérobe. L'Allemagne es
saye par tous les moyens d'arriver ses
fins, mais veut éviter l'aventure de la
guerre, et le partenaire italien n'éprou
ve aucune envie de jouer le rôle de ci
ble.
Que fera l'Angleterre Elle ne de
manderait pas mieux que de briser l'hé
gémonie allemande, comme elle a brisé
toute hégémonie jusqu'ici en Europe.
C'est une page nouvelle d'une histoire
séculaire.
Nous espérons que ces jours-ci la rai
son l'emportera sur l'orgeuil, et cela
dans les deux camps, dont nous, Bel
ges, demeurons spectateurs étrangers,
mais intéressés, hélas
C.v.R.
P.S. - La réunion des pays du grou
pe d'Oslo et l'admirable déclaration du
Roi Léopold III confirment et fortifient
la politique d'indépendance de la Bel
gique, laquelle, sans hésitation aucu
ne, nous avons appiaudi dès le discours
célèbre du Comte de Broqueville en
1934.
Par Louis HABRAN.
Et pour peu que vous poussiez
l'homme de la rue (en Hollande), il
ajoute
C'est parce qu'une partie de votre
presse et de vos hommes politiques
ne suit pas l'exemple de notre cor-
rection l'égard de la politique de
neutralitéqu'à aucun prix, entendez-
vous, nous n'envisageons, l'heure ac-
tuelle. l'hypothèse d'une union défen-
sive hollando-belge. Nous ne voulons
pas attirer la foudre.
(M. Français Maret, dans la Libre
Belgique du 10 août 1939, en conclu
sion d'un reportage qu'il venait de faire
La Haye)
La politique d'indépendance armée et
vigilante est certes la seule qui apporte
la Belgique des chances d'éviter la
guerre, si elle éclate en Europe. Toute
autre politique nous rangerait dans un
des camos qui se forment pour la guer
re et désignerait donc, dès le temps de
paix, les peuples que nous aurions choi
sis comme ennemis sans qu'ils nous aient
provoqués ni menacés. Ce serait une po-
litiaue de guerre, dont l'esprit comme
la lettre engageraient directement et to
talement notre responsabilité nationale
sans nous laisser aucune circonstance at
ténuante, ni justification d'ordre moral,
ni apoel. ni échappatoire d'aucune sorte
en cas de conflit. Ayant tout risqué, il
ne nous resterait qu'à vaincre ou périr
comme peuple.
Sans doute les mots de politique
d'indépendance sont-ils sur toutes les
lèvres. Mais la chose est moins dans les
esorits. La plupart, en politique inter
nationale. cèdent secrètement leur pas
sion idéologique, philosophique ou ra-
cique. Presque tous pensent et écrivent
en politiciens, peu en politiques, presque
tous en hommes de groupe, de clan, peu
en Belges. Aussi est-ce une surprise et
un bonheur de découvrir dans le fatras
de prose faussement impartiale qui en
combre trop souvent les journaux, un
écrit qui rende la sonorité franche de la
froide observation clinique et de l'ex
pression sincère des réalités.
U.R.S.S. ET ALLEMAGNE.
Dans le Rappel de Charleroi du
17 juillet, nous avons découpé un arti
cle oui est, de bout en bout, marqué
de ces précieuses qualités. II est signé
de M. Ignace Sinzot, ancien député ca
tholique de Mons. Sa lecture plaira
sûrement au lecteur autant qu'elle nous
délecta
A l'Est rien de nouveau. Malgré
toutes les concessions que lui accor-
dent l'Angleterre et l'Allemagne, Mos-
cou ne fait que réponses dilatoires.
Et le grave Times imprime cette
communication de son correspondant
russe
Après trois mois d'efforts inces-
sants, le pacte tripartite d'assistance
mutuelle semble être en vue. Après
chaque échange de vues, la structure
de l'alliance se précise et les diver-
gences s'isolent. La prochaine démar-
che franco-britannique pourrait fort
bien être décisive, d'une façon ou
d'une autre.
Et. sans doute, ce texte, quelle que
sôit son ambiguïté, n'a rien d'honora-
ble pour MM. Chamberlain et Hali-
fax, non plus que MM. Daladier et
Bonnet.
Cette attitude de suppliants ne con-
vient guère de grandes nations sur
tout quand elles se prosternent devant
la barbarie.
Et l'on se demande, bon droit,
quels sont les dessous de cette poli-
tique et pourquoi Moscou mène le
jeu.
Tout l'article du journal anglais est
rédigé avec la volonté évidente d'es-
t> quiver le vrai problème.
Il n'est pas question y lisons-
nous de garantir les Etats baltes
En réalité, il n'est nullement ques-
tion de les garantir. Ces Etats sont de
toute façon résolus insister l'in-
cursion de troupes étrangères. Ce pue
les trois puissances recherchent, c'est
un pacte aux termes duquel, si une
puissance estime nécessaire de résister
l'expansion de l'Allemagne, les au-
très appuieront son action.
Contrairement ce qui a été sug-
géré, la Russie ne menace pas les Etats
baltes, qui sauraient ce qu'ils ont
faire si elle les menaçait. En tant
qu'alliée de la Grande-Bretagne et de
la France, la Russie demande l'assu-
rance qu'il sera aidée si elle décide de
s'opposer une menace allemande des
Etats baltes.
Dans ces circonstances donc, les né-
gociations actuelles,, bien que relati-
ves aux Etats baltes, ne concernent
que les trois puissances. On peut s'at-
tendre ce que les Etats baltes pro-
testent contre tout accord conclu
leur sujet, mais on a le sentiment que
cela ne doit pas nécessairement affec-
ter l'accord tripartite pourvu qu'il soit
soigneusement rédigé.
Il faut donc protéger des Etats con-
trairement leur volonté
Où est donc passé ou trépassé le
droit de libre disposition des peuples
Et ce sont les démocraties anglaises
et françaises qui s'apprêtent faire
ce coup,!
«Mais ce journaliste a le sens de l'hu-
mour comme tous les Anglais.
Comme nous l'avons annoncé nos
lecteurs, ils recevront partir du 1 sep
tembre LA PATRIE, qui continue les
abonnements du SUD. C'est avec plai
sir que nous leur annonçons cette nou
velle, car ils constateront que, en fait,
l'union fait la force. Us recevront un
journal plus complet, de douze pages
au lieu de huit, qui les renseignera sur
les événements d'ordre général, comme
sur l'actualité de la vie locale. Pour la
région d'Ypres, la chronique locale res
tera la même. Mais celle de Bruges sera
beaucoup plus complète, ainsi que celle
de Courtrai. Ainsi, par étapes, nous ar
riverons réaliser ce qui était l'essentiel
de notre programme faire paraître un
hebdomadaire provincial d'expression
française.
Par ses chroniques locales, et par son
supplément, LA PATRIE vous donne
ra un aperçu des activités essentielles de
la province. Ce journal ne pourra que
vous intéresser et vous plaire, et c'est
avec la conviction du service que nous
rendons nos lecteurs, que nous conti
nuons dans la voie que nous nous som
mes tracée.
L objet essentiel que nous prétendons
atteindre est, en faisant mieux connaî
tre notre région et sa vitalité, de mieux
faire aimer notre pays, si riche dans
sa diversité, si attachant dans sa com
plexité, de cette Belgique dont nous de
vons avoir l'amour et la mystique, de
cette patrie qui occupe une place essen
tielle dans la vie de l'Europe, au car
refour des peuples et des civilisations.
Plus que jamais nous demandons aux
nombreux amis du SUD, qui ont com
pris et apprécié notre effort, de nous
continuer leur confiance et leur soutien*
m
(Voir suite page 8)
LES SUPPLEMENTS DU SUD.
Une personnalité de premier plan nous
disait récemment combien la formule des
suppléments du SUD correspondait
une nécessité, et tout l'intérêt que l'his
torien, l'artiste et l'économiste éprouve
raient plus tard consulter cette collec
tion, qui offre un reflet fidèle d'activi
tés si diverses et si riches de notre pro
vince. Grâce la collaboration avec LA
PATRIE nous pourrons donner une am
pleur nouvelle ces suppléments.
Nous avons résumé, sous forme de ta
ble, l'ensemble des articles parus dans
les 14 premiers suppléments. Avant que
paraisse la nouvelle série dont le premier
numéro sortira le 10 septembre, nous
donnons aux lecteurs du SUD la table
des numéros 15 28.
8 janvier 1939. Le Tourisme en 1939 s
interview de Kosmos-Tourisme. Pope-
ringhe et les Monts par M.-H. van Mer-
ris. Le peintre Constant Van de Velde.
St. Martin, apôtre des Gaules. L'As
semblée de la Westflandre Y près.
(Voir la suite page 2.)