La Nation et
les Langues.
Instantanés.
la véritable
indépendance.
la crise continue
dans l'industrie
de la pêche.
5e ANNEE No 34.
Hebdomadaire Ml cent, le naméfd.
DIMANCHE 20 AOUT 1939.
L M'
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se
.cristallise dans la volonté du pouvoir.
I
ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
10, rue Saint-Georges, BRUGES. Compte-chèque postaux 1003.43.
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Au moment où l'Europe pique une
nouvelle crise politique, les Belges
éprouvent la satisfaction de constater
que la politique d'indépendance de no~
trc pays réduit au minimum le danger
de nous voir entraînés dans un éventuel
conflit européen.
Mais cette politique d'indépendance
doit se doubler d'une mentalité corres
pondante. Sans passion, le belge doit
pouvoir juger les événements européens
et apprécier ce qui se passe chez ses
voisins, chez tous ses voisins. Cette mys
tique doit se trouver l'origine d'un re
nouveau intellectuel de notre pays. Etre
nous-mêmes, profondément nous-mê
mes, et considérer en européen les évé
nements qui bouleversent l'Eurqpe.
Nous avons développé, un moment
où nous en étions presque les seuls pro
tagonistes, cette thèse dans LE SUD.
Depuis quelques mois la presse quoti
dienne belge paraît entrer dans la même
voie. Un remarquable article de notre
ami Raymond De Becker résumait par
faitement cette attitude dans l'Indé
pendance de dimanche dernier. Il faut
lire et méditer cet important extrait que
nous en donnons.
Les articles de la Tribune libre du
Soir, retiennent souvent l'attention, mais
nous croyons que le dernier article de
M. Emile Coulonvaux mérite non seu
lement d'être lu, mais devrait servir de
fondement la politique libérale en
Flandre. Nous souhaitons retrouver
bientôt la thèse du président du parti
libéral reprise commentée et approuvée
dans la presse libérale de notre région.
A moins que les politiciens locaux n'é
pousent pas les idées de leur président
national Que nos lecteurs conser
vent soigneusement ce texte, que nous
ne pouvons qu'approuver.
Il s'agit de prendre conscience de la
manière la plus profonde de ce qu'est
notre vocation nationale. Et si cette vo
cation existe, elle est en quelque sorte
inscrite dans les structures de notre na
tionalité.
Or, le propre de cette nationalité, on
l'a fait assez souvent remarquer, est un
dualisme somatique, linguistique et cul
turel. Toute mystique belge, pour être
viable, ne peut donc esquiver la réalité
de ce dualisme, mais doit, au contraire,
être fondée sur sa reconnaissance large
et sincère. Elle n'a de sens que dans
la mesure où elle assigne aux peuples
flamand et wallon une mission qu'ils
ne pourraient réaliser s'ils étaient sé
parés l'un de l'autre, ni qu'aucun autre
peuple ne pourrait réaliser leur place
et qui, par le fait même, fait de leur
indépendance une nécessité européenne.
Et quelle est cette mission C'est de
chercher, par tous les moyens, de re
donner l'Occident et l'Europe les
possibilités d'une nouvelle vie commune,
et cela tant dans l'ordre politique et
économique que dans l'ordre spirituel
et culturel. Car cette dualité nationale,
qui, si souvent, menace de nous déchi
rer qui, d'une certaine manière, est
pour nous une sorte de faiblesse congé
nitale, est aussi, d'autres points de
vue, la source d'une force incompara
ble et la possibilité pour notre pays
d'accomplir en Europe une tâche de
premier plan ce duahisme intérieur est
le dualisme même de l'Occident, et les
deux groupes qui constituent notre na
tion sont également ceux qui ont fait
l'Europe, de telle sorte que nous som
mes mieux placés que quiconque pour
comprendre les aspirations des uns et
Un pays qui, comme la Belgique, se
situe au carrefour des grandes nations
européennes doit, pour servir la paix et
pour résister aux entreprises de la for
ce, constituer un bloc compact sans la
moindre brèche, animé d'un même idéal
A d'une même volonté.
Cette pensée doit dominer l'œuvre du
gouvernement, la volonté des partis po
litiques et l'action parlementaire elle
doit profondément imprégner les initiati
ves individuelles.
Lorsque nos constituants ont construit
la Belgique, ils ont compris que son
existence même était inséparable de
l'exercice de toutes les manifestations
de la liberté. Ils ont saisi qu'entre la
Nation et la liberté, il y avait un lien
étroit et que c'était par la liberté, et
par elle seulement, que l'Etat nouveau
défierait le mauvais destin. Ils ne se sont
pas trompés. Jamais la Belgique n'a con
nu le danger d'une division quelconque
jusqu'au jour où l'article 23 de la Con
stitution a été violé L'emploi des lan-
gpes usitées en Belgique est facultatif
il ne peut être réglé que par la loi, et
seulement pour les actes de l'autorité
publique et pour les affaires judiciaires».
Le texte est clair, exempt d'équivo
ques, et son esprit ne l'est pas moins.
Les passions partisanes, l'audace et
l'ambition de meneurs sans scrupules
ont changé tout cela et ont remplacé
sans se gêner la liberté par la contrain
te. Le redoutable problème linguistique
a été réglé dans la plus grande obscu
rité on a confondu la liberté des lan
gues avec le libre épanouissement de
chaque langue qui a servi de prétexte
pour recourir la contrainte. Le texte
de notre grande charte signifie sans
discussion possible que tout citoyen bel
ge a le droit de s'exprimer dans la lan-
(Voir suite page 8)
des autres, pour servir entre chacun d'u
tile intermédiaire et pour rechercher
avec succès, les bases d'une entente
commune.
(Voir suite page 3)
Voici quelques jour que rentrait au
port le magnifique chalutier moteur,
le 0.297 Rubens celui bord du
quel le prince Baudouin fit récemment
une excursion. Il avait fait une campa
gne de trois semaines dans les parages
de l'île des Ours il a mis sa pêche en
vente, en deux jours, la minque com
munale d'Ostende.
Voici l'importance du butin au total
113 mille kilos de poisson, se décompo
sant comme suit cabillaud, 35.420 ki
los charbonniers, 660 kilos petits ca
billauds, 51.300 kilos sébastes, 22.860
kilos églefins, 1.260 kilos elbot, 1.514
kilos.
Qu'a produit cette pêche sensation
nelle
Trente-six mille 803 fr. 60, soit une
moyenne de 32 centimes le kilo
Il en résulte une perte de cinquante
mille francs pour l'armement et un sa
laire de famine pour le pêcheur, puisque
ce facteur intervient pour environ soi
xante pour cent de la vente du pois
son.
Le cabillaud alla 31 centimes le ki
lo le charbonnier, 26 centimes le pe
tit cabillaud, 16 centimes les sébastes,
29 centimes: l'églefin, 1 fr. 12;
l'elbot, 6 fr. 12.
Ces prix semblent inexacts, quand on
veut bien les comparer aux prix prati
qués l'intérieur du pays. On se de
mandera, en conséquence, qui réalise ce
bénéfice usuraire, au détriment de l'ar
mateur, du pêcheur et du consomma
teur.
Ce n'est pas le grand intermédiaire,
qui achète le poisson' pour le livrer
d'autrer revendeurs. Lui aussi perd de
l'argent.
La grande masse de poissons vendue
la minque des prix dérisoires fait
naître l'esprit de spéculation chez cer
taines personnes, qui inondent le mar
ché intérieur un rythme irréfléchi et
effréné.
Une société d'Ostende avait, pendant
les mois de mai et juin, fait d'impor
tants achats de cabillaud, lequel avait
été expédié directement aux différentes
minques du pays pour y être vendu la
criée.
Gand avait reçu 8.550 kg., achetés
9.066 fr. la vente rapporta 9.11$ fr.
36 centimes. Malines avait reçu 3.330
kg., achetés 2.911 fr. la vente donna
3.726 fr. 20. Bruxelles reçu 7.100 kg.
prix d'achat 5.868 fr. 30 vendus pour
6.520 fr. 53. Anvers reçut 4.000 -kg.
prix d'achat 3.384 fr. 60 vendus pour
4.444 fr. 25. Liège reçut 500 kg., prix
d'achat, 230 fr. vendus pour 322 fr.
50 centimes enfin, Louvain reçut 1.050
kg., prix d'achat, 676 fr. vendus pour
392 fr. 90.
Au total il y eut donc 24.530 kg.
achetés pour 22.136 fr., vendus pour
24.521 fr. 74.
Il s'ensuit que 24.530 kg. de cabillaud
ont rapporté 24.521 fr. 74, soit 1 fr. le
kilo cette vente a laissé globalement
La poste ayant égaré une partie du
texte devant paraître dans ce numéro,
notamment l'article de notre collabo
rateur Louis Habran, et la chronique
du tennis, nous prions nos lecteurs de
bien vouloir excuser le retard dans le
parution de ce numéro.
LE SUD.
LES BALLES EXPLOSIVES.
C est avec un vrai plaisir que nous
avons lu dans la presse l'histoire des
balles de tennis... explosives
Un attentat avait eu lieu Londres
au début du mois. Et sous un titre im
pressionnant Près de Lens, la police
trouve des balles de caoutchouc, analo
gues aux explosifs utilisés par l'I.R.A.
nous lisons
Deux agents en tournée sur la route
Nationale, près de Lens, ont découvert
sur la voie publique d'étranges balles de
caoutchouc, dont l'aspect rappelle des
balles de tennis, qui jonchaient la chaus
sée en divers endroits.
A l'examen, ces balles se révélèrent
creuses et on constata que certaines
contenaient deux comprimés de couleurs
différentes, d'autres contenaient un li
quide incolore mais corrosif.
Se trouve-t-on devant une affaire de
réelle gravité On est porté le croire
devant le mutisme que gardent les auto
rités sur cette étrange découverte.
On sait toutefois que le Parquet de
Béthune et la préfecture d'Arras ont été
alertés d'urgence et que des recherches
ont été entreprises pour retrouver le ca
mion d'où est certainement tombée cette
dangereuse marchandise.
Une remarque importante les objets
trouvés sur la route, Carvin, présen
tent certaines analogies avec les engins
qui ont servi commettre les attentats
hier, dans l'après-midi, dans certaines
villes anglaises.
(Voir suite page 8)
2.385 fr. 74, soit en moyenne 9 centimes
au kilo.
Quand on aura compté les frais de
transport, 16 centimes au kilo, et la
glace, 20 kg. pour 50 kg. de cabillaud,
soit ensemble 4.904 fr. 80, il ne sera
pas difficile de conclure que la société
aura perdu, ses envois, environ deux
mille cinq cents francs, abstraction fai
te de tous les frais de manutention pour
l'embalage et le coût des caisses.
Dans le courant de la même semaine,
la minque d'Ostende, 87.610 kg., com
prenant de petits cabillauds, charbon
niers, sébastes, n'ont même pas produit
15 centimes au kilo ils ont été sous
traits la consommation pour être
transformés en nourriture pour bétail et
en engrais
Cette situation est regrettable. La
Commission de propagande a, là, matiè
re études et résolutions pratiques.