Baltique, Allemagne,
U. R.
Pas tant
besoin
de nerfs.
La Westflandre
province de
tourisme.
T
5e ANNEE No 23.
Hebdomadaire 50 cent, le numéro.
DIMANCHE 4 JUIN 1939.
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
•oliaarite nationale existe et qu'elle se
cnscaluse dans la volonté du pouvoir.
ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thoarout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43.
Les jours de Pentecôte ont prouvé
que la Westflandre, province de touris
me. doit surtout vivre du tourisme fron
talier. Nous n'avons cessé de le répéter,
et tous ceux qui vivent du tourisme en
sont actuellement convaincus. Malheu
reusement la commission provinciale de
tourisme de notre province a volontaire
ment négligé la propagande faire dans
le Nord de la France. Et d'ailleurs les
efforts tentés par le syndicat d'initiati
ves d'Y près pour attirer les touristes
français, ne sont pas plus nombreux que
ceux de la commission provinciale, le
même esprit étroit y régnant.
L'exposition du Progrès Social Lil
le illustre ce que nous venons de dire.
Le magnifique Pavillon de la Belgique
dont nous avons déjà vanté la présen
tation sera visité par toute la population
des départements français frontaliers.
La conclusion que les visiteurs tireront
de cette visite, c'est qu'il y a beaucoup
de choses voir en Belgique, dans toute
la Belgique, mais qu'il y a surtout une
région qui est prête recevoir cordiale
ment les touristes français le Hainaut.
Nous défions quiconque a parcouru le
Pavillon belge Lille de ne pas arri
ver cette conclusion le tourisme fron
talier français trouvera Tournai. Bin-
che, Mons et plus loin Namur, aux
bords de la Meuse, dans les Ardennes.
tout ce qu'il peut souhaiter.
Et comme nous exprimions des
Français notre déception de ne pas voir
Courtrai. Y près, Bruges et toute la
Westflandre l'honneur, ceux-ci nous
répondirent De quoi vous plaignez-
vous Les commerçants et les hôte-
liers de Westflandre doivent être en-
chantés Leurs vœux sont comblés.
Ils sont débarrassés de ces sales fran-
çais, de ceux qu'ils recevaient le 14
juillet en couvrant les routes nationa-
les d'inscriptions injurieuses. Voilà
plus de quinze ans que nous retrou-
vons chaque année en Westflandre les
preuves d'une lutte longue et tenace
contre nous et contre notre langue.
Voilà quinze ans que votre popula-
tion vote pour les politiciens qui ré-
digent dés lois destinées brimer no-
tre langue. La preuve est faite qu±
nous sommes indésirables. On nous
l'a dit et on nous le répète. Tandis
que dans le Hainaut on fait tout pour
nous recevoir et nous accueillir cor-
dialement. Nous aurions tort d'hési-
ter.
Commerçants et hôtelier? de West
flandre, méditez ces justes réflexions
Nous n'insisterons que pour demander,
avec résignation, aux syndicats d'initia
tives et la commission provinciale de
tourisme de faire de la propagande tou
ristique intelligente. Comme disait le
Taciturne, il n'est pas nécessaire d'es
pérer pour entreprendre, et... il est tou
jours permis de croire aux conversions
miraculeuses
par Louis HABRAN.
La situation diplomatique accuse la
plus profonde et la plus redoutable con
fusion. Tandis que Berlin, Rome, Ma
drid et Tokio sont d'accord pour tendre,
par le pacte antikomintern, un cordon
de surveillance autour du repaire des
Soviets, Londres et Paris font au con
traire appel aux Soviets pour leur con
fier l'épaulement de la barrière que les
diplomaties de l'Occident veulent dres
ser, de la Baltique la Mer Noire, sur
la voie de l'expansion de l'Allemagne
et de l'Italie vers l'Orient.
Les pays qui ont le privilège d'être
étrangers cette vaste et passionnelle
dispute ont cependant le droit et sur
tout ont le devoir, de par la loi na
turelle de la sécurité, d'étudier le phé
nomène et de tirer les conclusions inspi
rées de l'intérêt de leur indépendance.
Les Soviets veulent se dégager de
l'étreinte du pacte antikomintern. Nous
avons montré, le 7 mai, que parmi les
signataires du fameux pacte, l'Allema
gne et l'Italie tiennent les lignes militai
res pointées sur la position centrale de
Moscou, et nous prévoyions les exigen
ces de la réponse que le Kremlin, repre
nant la balle au bond, ferait aux sol
licitations intéressées de la diplomatie
britannique. L'état-major soviétique veut
voir prendre revers l'Allemagne et
l'Italie. Les six nations du pacte anti
komintern Japon, Mandchoukouo,
Allemagne, Italie, Hongrie, Espagne
occupent en effet autour de la Russie
un ensemble de positions terrestres et
navales qui, en cas de conflit militaire
généralisé, enserreraient les Soviets dans
un isolement plus étroit encore que ce
lui du Tsar en 1914. Et Staline connaît
fort bien le sort qui échut au Tsar au
bout de trois années de solitude straté
gique...
Sur le front d'Extrême-Orient, le Ja
pon et le Mandchoukouo bloqueraient
les communications de la Sibérie avec le
monde extérieur, tandis qu'en Occident
l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne dres
seraient, du Nord au Sud, une barrière
continue de plus de 2.000*kilomètres sur
les frontières terrestres et navales de la
Russie.
Nous examinerons aujourd'hui, sur
l'échiquier occidental, le secteur de la
mer Baltique.
Cette mer intérieure ne communique
avec la mer du Nord que par le Cat-
tegat et le Skagerrak, coude maritime
entre le Danemark, la Suède et la Nor
vège, et par le canal de Kiel que l'Al
lemagne a percé travers le Schleswig-
Holstein.
Quand l'U.R.S.S. attire l'attention de
l'Angleterre sur la brèche qui s'ouvre
sur son flanc, de la Prusse la Finlan
de, elle mesure toute l'étendue de l'am
putation que le traité de Versailles lui
a infligée sur les rivages de la Bal
tique. Lituanie, Lettonie, Estonie, Fin
lande, autant de territoires qui lui ont
été enlevés et qui maintenant s'interpo
sent entre elle et la mer. Le traité a Com
me'refoulé et aveuglé la Russie l'in
térieur des terres et si la Pologne ne
peut communiquer avec la Baltique que
par l'étroit couloir terrestre de Gdynia,
l'U.R.S.S. de son côté ne dispose que
du goulot du golfe de Finlande, défilé
maritime entre l'Estonie et la Finlande,
pour accéder encore la haute mer.
La perte de cette frontière maritime,
dont Libaù ér'Revel (Tallihffpétaieftt
les bastions militaires et Riga la métro
pole commerciale, interdit aux Soviets
toute domination dans la Baltique et
surtout la prétention de conserver des
communications tant soit peu suivies
avec la mer du Nord. Cette faiblesse
des positions stratégiques se double de
la faiblesse de la force navale soviéti
que, qui est dispersée entre quatre bases
séparées par d'immenses distances la
mer Baltique, la mer Blanche océan
Arctique), la mer Noire et la mer du
Japon. C'est l'Allemagne qui, malgré la
mutilation de la Prusse, est la force do
minante de la Baltique, tant par le poids
de sa population massive de 80 millions
d'êtres et la puissance de son armée que
par la vigueur renaissante de sa marine,
bien concentrée, entièrement constituée
d'unités du tout derrier modèle, et qui
se développe une rapide cadence.
Si l'on dit crûment les choses telles
qu'elles se lisent sur la carte et c'est
là le rôle d'un observateur impartial
on peut déclarer que l'Allemagne, du
coup que la Pologne n'entre pas dans
ses vues touchant le sort de l'Europe
orientale, voit son intérêt militaire dans
la neutralité des Etats riverains de la
Baltique, tandis que l'U.R.S.S. au con
traire trouverait son avantage dans la
revision du statut fondé par le traité
de paix dans ces parages.
L'ALLEMAGNE.
Dans l excellente revue dirigée ma
gistralement par l'Abbé van den Hout.
La Revue Catholique des Idées et des
Faits le chroniqueur régulier de la
politique anglaise est un européen dont
l'objectivité autant que la connaissance
approfondie des problèmes actuels sont
généralement reconnus. C'est le fin let
tré, l'Anglais indépendant Hilaire Bet-
loc. Dans sa dernière chronique, Hilaire
Belloc totalement dégagé des officines
d'agences et de la presse officielle, tra
duit nettement son impression sous le
titre Pas tant besoin de nerfs. Nous
reproduisons ce passage avec d'autant
plus de plaisir qu'il correspond parfaite
ment aux opinions émises dans LE
SUD, et nous saisissons l'occasion pour
insister sur le fait, que. pendant toute
cette période agitée au cours de laquelle
triompha le bourrage de crâne, nos lec
teurs qui ont suivi régulièrement nos
chroniques ont joui d'une sérénité d'es
prit et d'un calme que d'aucuns ont dû
leur envier.
Voici comment s'exprime Hilaire Bel
loc.
C'est ce qui explique que l'Allemagne
ait pris l'initiative de soumettre aux sept
petits Etats nordiques la suggestion
d'échanger des vues préparatoires qui
permissent d'orienter l'action diploma
tique vers la conclusion de pactes de
garantie ou bien de non-agression ou
tout autre arrangement répondant aux
vœux des parties intéressées.
Les ministres des affaires étrangères
de Suède. Noryège, Danemark et Fin
lande (les Finnois voisinent plus volon
tiers sur le terrain extérieur avec les
(Voir suite page 8)
Le Triumvirat (pour lui donner un
nom grandiloquent) qui, de Berlin, sè
me l'inquiétude en Europe n'est jamais
plus heureux que quand il croit avoir
déchaîné le vent Rudoyer et ef
frayer est son principal atout et ces
Messieurs sont tout particulièrement sa
tisfaits quand ils croient avoir suscité
une panique, ici, en Angleterre.
Trop de gens les aident d'ailleurs en
cela. La plupart le font inconsciemment,
par légèreté quelques-uns (comme ceux
responsables du Times par exemple) par
un mélange de légèreté, d'ignorance et
de vanité une vanité nourrie par la
fréquentation du monde officiel et par
la Cité de Londres1, car les responsables
du Times s'imaginent être un départe
ment d'Etat, un ministère.
Voilà quand au Times, etc. Mais pour
nous qui voyons les choses comme elles
sont, le matamore prussien, encore qu'il
soit une dangereuse nuisance, n'est tout
de même nas aussi invincible qu'il se
1 imagine. Impossible, malheureusement,
de nous rendre un compte exact de la
force réelle de l'Angleterre, car il fau
drait pour ce faire publier des infor
mations tenues, avec raison, secrètes
mais la matière comporte certains as
pects généraux qu'on ne devrait pas
perdre de vue.
Tout d abord, les puissances mineures
de l'Europe de l'assujettissement des
quelles Berlin ne doutait olus sont
maintenant sur leurs1 gardes. Plusieurs
d entre elles sont comme les alliées na
turelles de Berlin, soit cause de leur
fonction même, soit cause de la me
nace que présente dans ces pays le pro
blème juif coit cause de li^ns écono-
(Voir suite page 5)