Géographie
politique.
Amende
honorable
britannique.
La liberté de Instantanés.
la Presse.
pl.t.
Se ANNEE No 3.
i i. i—
iiafcdamadaire 50 cent, ie numéro.
DIMANCHE 15 JANVIER 1939.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une j
solidarité nationale existe et qu'elle sel
cristallise dans la volonté du pouvoir. I
ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43.
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
La géographie est devenue une scien
ce fort instable, et les frontières défi
nitives qui délimitent certains pays
d'Europe centrale ont toutes les pro
priétés des matières élastiques. Ces dis
cussions pacifiques, au cours desquelles
les parties font intervenir des autos
blindées et des tanks, ne nous intéres
sent guère. Il y a quelques lustres ce
genre de discussion eut été qualifié de
guerre, ou, du moins, eut provoqué un
conflit armé. En l'an de grâce 1939
nous devons admirer cette forme mo
derne de pourparlers diplomatiques, et
reconnaître l'esprit pacifique des na
tions qui ne trouvent là aucun prétexte
se lancer de belliqueux ultimatums.
Où en est la question ukrainienne
La Pologne, instruite par l'exemple
tchécoslovaque, et se souvenant de cer
tains partages historiques, estime plus
habile de se mettre du côté du plus
fort. Après avoir signé un pacte éco
nomique très précieux avec ta Russie,
l'Empire de Staline agissant en l'oc-
curence comme le ferait le plus capi
taliste des Etats, M. Beck a été rendre
visite M. Hitler. Les pourparlers se
termineront par une colossale partie
de chasse, au cours de laquelle l'axe
Rome-Berlin pourrait fort bien sortir
élargi au point de devenir le bloc de
l'Europe Centrale et Danubienne. Ce
qui arrangerait fort bien les affaires de
l'Allemagne et de l'Italie, et consolide
rait, leur profit, la paix européenne.
L'Angleterre s'étant assurée par les
conversations de Rome la liberté en Mé-
diterrannée, laisserait carte blanche en
Europe aux deux puissances de l'axe,
et la France veillerait panser ses
plaies et consolider son Empire
La situation internationale nous pa
rait beaucoup meilleure, qu'il y a un
mois. Mais nous devons remarquer une
fois de plus, que cette amélioration se
termine par un accroissement d'influen
ce des puissances de l'axe, qui gagnent
chaque coup.
Il faudra bien que les champions des
démocraties s'y résignent, et que ce
naïf M. Roosevelt, qui parle de l'Eu
rope en témoignant d'une ignorance et
d'une incompréhension qui nous repor
tent aux ingénuités de M. V/ilson. com
mande ses porte-paroles un peu plus
de réserve et d'intelligence des faits.
Espérons que les affaires européen
nes, qui sont en voie d'arrangement, ne
seront pas gâchées par un Messianis
me en papier mâché d'un Chef d E-
tat qui est le jouet des puissances
occultes, juives et maçonniques, vain
cues en Europe, et qui veulent, New-
York, tirer leur dernière cartouche
H 1
C. V. R.
par Louis HABRAN
La mission officielle de MM. Neville
Chamberlain et Lord Halifax Rome
est un exemple offrir la méditation
des Belges dont la politique extérieure,
un quart de siècle après 1914, s'inspire
encore principalement, sinon unique
ment, de la haine de l'agresseur de
1914, l'Allemagne.
En 1935, M. Anthony Eden, secré
taire d'Etat au Foreign Office, décla
rait ni plus ni moins qu'il fallait étouf
fer l'Italie en Méditerranée. Cette exé
cution de tout un peuple hommes,
femmes, enfants, vieillards, infirmes et
malades était jugée nécessaire pour
maintenir l'Ethiopie sous la domination
abvssine, pour soutenir le droit de la
Société des Nations outragé, relever les
principes démocratiques foulés aux
pieds par le fascisme, et, un peu aussi,
sauvegarder la position dominante de
l'Angleterre en Afrique, entre la route
du Cap et celle des Indes.
En septembre 1938, M. Neville
Chamberlain, premier ministre de Gran
de-Bretagne, n'écarte de justesse une
guerre de son pays avec l'Allemagne,
propps de la Tchécoslovaquie, qu'en
sollicitant les bons offices du chef du
gouvernement italien près du chance
lier du Reich. Peu après, la Grande-
Bretagne reconnaissait officiellement
l'empire italien d'Ethiopie et voici qu'en
jahvier 1939, le premiér ministre et le
chef de la diplomatie d'Angleterre se
déplacent pour porter eux-mêmes, pour
aller en quelque sorte offrir l'empire
fasciste et prolétaire de Rome l'amitié
de l'empire mercantile, bancaire et aris
tocratique de la Cité de Londres.
Que s'est-il donc passé depuis 1935
pour que l'Angleterre ait ainsi renversé
la vapeur du char de sa politique exté
rieure et fasse route aujourd'hui exacte
ment contre l'orientation qu'elle prenait
si résolument il y a trois ans la tête
de l'univers
C'est qu'elle a simplement constaté
qu'elle s'est trompée et' qu'elle a frôlé
la catastrophe et que, pour corriger les
conséquences que son erreur a entraî
nées, et prévenir celles qui s'annoncent,
il faut corriger l'erreur radicalement en
substituant l'amitié- l'animosité dans
les relations avec l'Italie. Ce sain réa
lisme, ce profond bon sens, ce calme et
froid courage public méritent admira
tion et imitation. Quant l'Italie, elle
récolte le fruit de ses victoires et de ses
sacrifices.
Les conséquences déjà échues de l'er
reur de l'Angleterre l'égard de l'Italie
requièrent une longue énumération
C'est le Rhin, frontière de l'Angle
terre au dire de M. Stanley Baldwin,
réoccupé par la puissance militaire alle
mande, et la sécurité de Locarno cul
butée.
(Voir suite page 3)
Il y a un an, Le Sud a mené une
campagne en faveur de la liberté de la
Presse. La série d'articles se terminait
sur cette proposition Restons l'arme
au pied
Depuis lors, une superficielle accal
mie permettait aux naïfs de croire que la
liberté de la Presse était sauvée.
C'est le moment de marquer les
points, car il semble que la lutte reprend
plus âprement qu'avant, si pas plus
sournoisement.
Il y a quelques semaines un journa
liste était incarcéré et mis au secret, on
ne savait trop pourquoi. Dans les jour
naux on ne parle plus de cet incident.
Dans les milieux de Presse on en parle
beaucoup et on s'attend un rebondis
sement de l'affaire. Il faudrait en effet,
dit-on. rapprocher l'arrestation de Mr
Lebrun, de la publication d'un fait-di
vers dont Le Peuple donna la pri
meur et qui fut repris par la plupart
des quotidiens. Il s'agit d'une grosse
affaire de médecine toute spéciale. Cet
te affaire (voir les journaux) aurait des
ramifications partout en province et de
grosses légumes du monde médical ainsi
que d'importantes cliniques seraient im
pliquées dans l'affaire. Nous admettons
bien volontiers que le parquet désire
terminer son instruction en secret. Mais,
le journaliste ayant eu ses informations
et les publiant, y avait-il lieu de le met
tre également au secret Où est la li
berté garantie la Presse et ses re
présentants, par notre constitution
Autre incident. L'affaire du Gala de
l'Union de la Presse étrangère. Elle a
eu une solution Cahin-Caha Il ne res
te pas moins évident, qu'il y a eu une
intrusion étrangère dans une question
où seuls les dirigeants belges avaient
une responsabilité assumer et une po-
Iitiaue d'indépendance faire respecter.
Encore autre chose. Quelques semai
nes avant cet incident, il y eut celui
de Mr van Langenhove qui aurait vou
lu, disait-on. qu'on limite la liberté de
parole et d'écrit aux journalistes trai
tant des questions de l'Allemagne de
Mr Hitler. Un hourvari général s'étant
élevé on vit les responsables de cet in
cident se multiplier en explications,
plus nébuleuses les unes que les au
tres. D'autres sujets d'actualité firent
tomber celui-là dans l'oubli.
Enfin ceci, qui est tout fait d'actuâ-
lité. Le procès Van Zeeland-Cassan-
dre. On le plaide au civil. On a l'es
poir de pouvoir faire état du jugement
contre la liberté de la Presse. Car, ce
procès constitue en vérité, le procès de
la liberté de la Presse, telle qu'elle exis
te depuis cent ans. Nous nous borne
rons constater que si Mr van Zee-
land devait gagner ce procès, il serait
désormais impossible un journaliste
de critiquer ouvertement la gestion d'un
homme politique et de traduire par la
caricature tout ce que la plume ne peut
exprimer que très longuement. Le gain
de ce procès par le diplômé de Prince-
town serait le prologue d'une comédie
SOUS LES DRAPEAUX.
La semaine dernière les recrues des
régiments de ligne de Bruges et d'Os-
tende sont rentrées. Pourquoi ne pas
veiller ce que l'entréè sous les dra
peaux des défenseurs de la Patrie soit
empreinte d'une certaine dignité La
veulerie du régime triomphe dans tous
les domaines.
Ainsi Bruges les recrues ont pro
voqué un complet embouteillage de la
circulation. Par rangs de huit, bras?
dessus, bras-dessous, les bleus oc
cupaient le haut du pavé Evidemment
il est plus agréable de constater que les
bleus débordent de bonne humeur,
mais si, dans les écoles du Royaume,
les instituteurs avaient inculqué leurs
élèves les premiers éléments du civisme
et de l'éducation, nos recrues ne res
sembleraient pas des bandes de
voyous débraillés.
CURIOSITE MALSAINE.
La formation scolaire n'est pas seule
responsable. La formation syndicale est
aussi coupable. Les politiciens exploi
teurs de la messe ouvrière ne cessent
de parler de la formation de la masse,
du relèvement de son niveau culturel, de
son éducation morale. Autant de fou
taises en juger par l'action des di
rigeants de syndicats qui songent avant
tout cultiver la haine des classes, l'en
vie. et faire triompher les droits des
ouvriers, sans souligner les devoirs du
salarié.
Voir suite page 3)
qui se terminerait par l'asservissement
de la presse.
Tout cela nous fait remonter 1936.
A la période où notre confrère Max
Hodeige et d'autres du Pays Réel
étaient en cellule Saint-Gilles et où
Mr Paul Henen, président de l'A.G.
P.B. eut un entretien avec Mr van Zee-
land, premier ministre. A l'issue de cet
te entrevue, Mr Paul Henen laissa pu
blier dans tous les journaux un com
muniqué où on disait que les diri
geants des Associations de Presse exa
mineraient avec soin et diligence les sug
gestions qui seraient faites par le gou
vernement pour corriger les excès de la
Presse
Ce petit aperçu rétrospectif ne nous
paraît pas superflu au moment où notre
premier Ministre actuel accepte la res
ponsabilité de l'affirmation que nous
rapportons au début de cet article.
1936 Van Zeeland. 1938 Spaak.
Même attitude et même méthode vis-à-
vis de la Presse. Avions-nous raison de
conseiller aux vrais défenseurs de la
liberté de la Presse de rester vigilants et
l'arme au pied