I
La Belgique en 1939.
Instantanés.
/écurité et
Parole
donnée.
5e ANNEE No 1.
Hebdomadaire 50 cent, le numéro.
DIMANCHE 1er JANVIER 1939
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une j
solidarité nationale existe et qu'elle se j
cristallise dans la volonté du pouvoir.
ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43.
Comment formuler les vœux pour
1939 Nous écrivions la semaine der
nière que l'Europe vivrait dangereuse
ment sous le signe de l'Ukraine, et que
la paix, le premier vœu que l'on doive
formuler, dépendrait avant tout de la
solidité des gouvernements de MM. Da-
ladier et Chamberlain. Cette paix vient
de remporter deux victoires cette se
maine.
Le Congrès socialiste français a prou
vé qu'il y avait une importante minorité
qui suivait M. Paul Faure et ne sou
haitait pas de se faire tuer pour les
idéologies moscoutaires ou anti-fascis
tes. Oserions-nous dire que la thèse de
M. Paul Faure rejoint celle que nous
avions exprimée pourvu que nous
ayons, ou que nous prenions, toutes les
garanties nécessaires sur le Rhin, lais
sons l'Allemagne l'occasion de pour
suivre librement une politique 1 Est.-
que nous sommes d'ailleurs incapables
d'entraver.
Et, en demeurant sur le terrain de la
raison, nous sommes obligés d'enregis
trer également comme heureuse nouvelle
pour notre pays, la mort de M. Emile
Vandervelde. C'est indirectement ap
porter un hommage la puissance et
au prestige du Patron Emile Van-
lervelde a rendu, socialement, de grands
services la classe ouvrière. Les excès
qui ont pu être commis par le socia
lisme trouvent leur origine dans les
abus du capitalisme financier. Nous de
vons déplorer que les catholiques
n'aient pas appliqué les préceptes de
l'Evangile la vie sociale, et se soient
laissé faire la morale par les hommes
de gauche.
Mais si, socialement, Vandervelde
a rendu service la classe ouvrière,
politiquement son action été néfaste,
surtout au cours des dernières années.
Après avoir été l'homme des six
mois le partisan du désarmement de
la Belgique, il était devenu, depuis l'af
faire espagnole, le pire défenseur de
L mportance de la tendance mini-
maliste du parti socialiste français est l'idéologie anti-fasciste. Autant l'atti-
d'autant plus importante pour nousT^Lv^^tude de M. Spaak peut garantir la paix
les départements frontaliers du Nord pour notre pays, autant celle de Van
et du Pas-de-Calais se montrent pro
fondément divisés. Nous insistons sur
ce point. Nous avons connu en 1936
certains détails d'organisation révolu
tionnaire dans le Nord, qui ne laissaient
pas de nous inquiéter fortement. Nos
lecteurs se souviendront des articles que
nous écrivions l'époque, et dans les
quels nous exposions nos inquiétudes
justifiées, et nous demandions aux
bourgmestres rouges de Mouscron et de
Menin, comment ils réagiraient éven
tuellement. Qu'il nous soit permis de
souligner, en passant, combien la pres
se locale a fait peu écho ces ques
tions.
Nous pouvons considérer en 1939 une
amélioration sensible de la situation. Le
redressement français a, pour la Bel
gique en général et pour notre région
en particulier, une importance économi
que considérable. C'est une vérité qui
saute aux yeux. Or ce redressement
s'opère avec la rapidité qui est bien la
caractéristique essentielle de la France.
On ne peut nier qu'il était urgent d'opé
rer ce redressement, ni contester que la
route suivre avant d'arriver un
équilibre économique et financier soit
longue et pénible. Mais le pèlerin fran
çais a mis sac au dos, et est parti cou
rageusement du bon pied. Le gouverne
ment Daladier se trouve consolidé, tant
par l'annonce du gros succès de l'em
prunt obtenu en Hollande au taux de
4 que par la division qui existe au
sein du parti socialiste. Les économistes
et les financiers ont confiance dans 1 a-
venir, et espèrent que le souvenir du
Front Populaire ne sera plus que celui
d'un mauvais cauchemar. Nous regret
tons simplement que pour tirer une
morale de cette histoire, on ne mette
pas sous les verrous ceux qui ont aussi
impunément mis en péril l'économie de
la France.
dervelde était génératrice de conflit. En
dehors de toute autre considération,
nous devons reconnaître que la situation
de la Belgique se trouve beaucoup amé
liorée, au seuil de l'an nouveau, grâce
la disparition d'un homme politique,
qui prétendait obstinément ignorer les
leçons des événements.
Ainsi le cabinet Spaak se trouve con
solidé, et l'œuvre qu'il a entreprise peut
et doit se continuer condition que le
Premier belge imite le Premier français,
remanie son cabinet, définisse son pro
gramme, établisse un plan de redres
sement complet, non pas la petite se
maine, mais échelonné au moins sur
deux ans, jusqu'aux prochaines élec-
tions.
Ce serait notre vœu pour 1939. Que
le gouvernement du Roi rende confiance
au pays en mettant la raison les po
liticiens de métier. Nous en avons tous
assez de ces querelles engendrées par
l'intolérance querelle religieuse et que
relle linguistique. Le moment est venu;
de grouper les forces vives de la Na-i
tion, de les arracher l'emprise des pc
liticiens. Ce fut l'idéal rexiste, mais no
pas la réalité Cela signifie-t-il que cet
idéal qui a échoué dans le rexisme, ne
puisse se réaliser autrement sous une
autre forme Cela signifie-t-il qu'il fail
le jeter le manche après la cognée Ja
mais
La Belgique peut et doit économique
ment triompher de la crise économique.
Mais ce triomphe postule que les poli
ticiens s'abstiennent de provoquer de
vaines querelles, de dresser, les unes
contre les autres, les forces vives de la
nation. Ce triomphe du peuple pondéré,
travailleur, économe qu'est le peuple
belge, exige simplement un peu d'ordre
dans la maison un peu de propreté aus-
par Louis HABRAN.
La grande offensive diplomatique de
1 Allemagne et de l'Italie, conséquence
stratégique de la victoire de Bohême,
se prépare. Elle pourrait fort bien coïn
cider avec le dénouement de l'affaire
d'Espagne. Dans ce cas, elle placerait
l'Europe, en Méditerranée et en Occi
dent particulièrement, devant un problè
me politique d'une acuité pareille celle
du premier semestre de l'année 1914.
S'ils ne veulent être surpris par des
événements redoutables, les petits peu
ples qui sont étrangers la contestation
doivent rassembler toutes les ressour
ces de leur sang-froid, définir exacte
ment leur position internationale et bien
savoir que la sauvegarde première de
leur sécurité résidera dans leur force mi
litaire, dans leur unité morale et dans
leur esprit d'affranchissement l'égard
de causes oui leur sont étrangères.
Par les pièces de chancellerie que la
Belgique a passées avec ses trois grands
voisins pour définir et fixer la politi
que indépendante que la déclaration du
14 octobre 1936 de S. M. le Roi devant
le conseil des ministres et les discours
ultérieurs de M. Spaak, ministre des af
faires étrangères, ont exposée au pays,
la Belgique a assumé vis-à-vis des con
tractants une responsabilité d'autant
plus solennelle que c'est elle qui a pris
l'initiative du changement apporté son
statut international et qui assume la tâ
che de le rendre efficient, c'est-à-dire
générateur de sécurité pour elle-même
(Voir suite page 3)
Il ne suffit pas de chasser les brebis
jaleuses. Il faut rappeler, dans tous les
îilieux que la médiocrité administrati
ve, la loi du moindre effort dans les
cadres de l'Etat, cette espèce de veulerie
du rond de cuir, cette effarante pratique
de la politique du parapluie tuent
beaucoup plus certainement un pays,
que le risque de l'aventure. C'est la
mort lente, certaine, d'inanition. C'est
dans tout le cadre de l'Etat, dans cette
masse informe et anonyme qu'un esprit
nouveau doit régner.
Pour 1939 nous demandons aux po
liticiens de rendre la Belgique le seul
service qu'ils soient en mesure de ren
dre leur pays le silence. Mais aux
dirigeants incombe la responsabilité de
revigorer le cadre de l'Etat, totalement
anémié par le caractère politique des no
minations, le découragement provoqué
par le favoritisme qui règne dans les
sphères gouvernementales.
Que 1939 apporte la Belgique une
réforme administrative sérieuse et com
plète Ne croyez-vous pas que ce vœu,
s'il était accompli, nous permettrait de
marquer cette année d'une pierre blan
che
C. u. R.
Nos aîné» liquident le passe pendant
que nous construisons l'avenir.
LE SOMMEIL DES
CHAMBRES DE COMMERCE
Croyez-vous que les Chambres de
Commerce de notre province aient eu
la moindre réaction en recevant nos ar
ticles au sujet des possibilités d'expor
tation de notre pays vers les Etats-
Unis Si elles avaient quelque souci de
la prospérité économique de leur région,
elles eûsent dû, au moins, nous convo
quer, ou nous écrire une lettre. Rien.
C'est cette inertie de ceux qui occu
pent les postes de direction qui pa
ralyse surtout la vie économique.
Ainsi les Chambres de Commerce de
notre province devraient, chacune dans
son arrondisement, pouvoir éditer une
véritable petite synthèse de la vie éco
nomique de la région. Un secrétariat
d'une Chambre de Commerce devrait
être un centre d'activité tel que l'on
y sente battre l.e cœur de la vie écono
mique de la région. Nous sommes loin
de compte.
Nous gardons précieusement une let
tre d'un digne vieillard, qui en réponse
notre article sur les avantages du traité
économique anglo-américain, nous a
traité de fou parce que nous étions op
timiste Maintenant, après deux mois,
on signale dans la presse les avantages,
de l'accord anglo-américain.
Le jour où les Chambres de Com
merce locales apprenaient que cet ac
cord était signé, elles auraient dû dé
signer immédiatement un des leurs pour
étudier les avantages que cet accord
pouvait procurer aux industriels de la
région. Ou bien elles ne servent rien,
ou bien elles doivent dans ces cas-là
prendre des initiatives.
N'insistons pas plus, car nous pour
rions dire des choses par trop peu flat
teuses.
AMNISTIE
La veulerie triomphe Le projet d'am
nistie a été stigmatisé comme il se de
vait dans notre journal. On amnistie
un cas de cocos peu intéressants sous,
prétexte que les bons citoyens ont fait
leur devoir au moment de la mobilisa
tion. Grotesque et odieux.
Mais figurez-vous que ce projet n'a
pas été approuvé par le Sénat. Vous
sentez aussitôt passer un souffle d'air
frais. Enfin nos sénateurs ont retrouvé
un peu de dignité Hélas préparez-
vous une profonde désillusion. Le Sé
nat ne s'est arrêté qu'à une question
de gros sous le projet est rejeté parce
qu'il priverait le trésor de 20 25 mil
lions d'amendes. Est-ce lamentable
I
Voir suite page 2)