Le Peintre JozeS QUISTHOUDT® 18 francs français. Nous reproduisons bien volontiers cette étude parue dans le Vingtième Littéraire sur un de nos peintres yprois. Le portrait est une des branches de l'art, autour de laquelle on se bat le plus en ce moment. Les partisans de l'Art Vivant de l'« Avant Garde du Cubisme etc., s'en vont clamant que l'art du portrait est mort, et qu'eux seuls naturellement sont capables de le ressusciter et, quand on s'enquiert de ce qu'ils ont fait, on est stu péfait de constater quelles horreurs ou quel les pitoyables nullités sont sorties de ces milieux. Presque tous méprisent le dessin, ont des coloris violents, capricieux et faux, des ressemblances trop approximatives, bref des ensembles toujours disgracieux, désagré ables voir et tout cela sous prétexte d'impulsivité, d'originalité, de nouveauté. Nouveauté Voilà le grand mot L'orgueil humain ne permet plus aux jeunes de pro fiter des leçons et du génie de ceux qui les ont précédés. La nature, la vérité, l'har monie, fariboles que tout cela Il faut faire quelque chose qu'on tire de soi-même, et que personne n'ait encore imaginé. Mal heureusement le génie ne s'improvise pas et l'on arrive de jolis résultats. L'autre jour, un groupe français, nouvelle école, Les Portraits Contemporains exposait l'Atrium. Une pompeuse préface décidait que le portrait était mort, et que la pré sente exposition le faisait revivre. Pourquoi cette prétention outrecuidante nous a-t-elle attiré là Nous aurions dû nous méfier. Cétait pitoyable a dessin grossier la plu part du temps, couleur brutale, absence d'harmonie de tons pour la ressemblance, nous ne pouvions guère juger que d'une chose, c'est que les modèles ne devaient être ni beaux, ni séduisants. La femme qui se fait peindre de cette façon doit être dé pourvue de tout amour-propre et c'est là ce bel avenir qu'on nous propose Grand merci Gardez-le votre avenir, fussiez Mon sieur van Dongen, ou Monsieur Dufy et cela sous prétexte de peindre des idées, des caractères Mais où avez-vous pris que nos peintres modernes, tels que Emile Wau- ters, Herman Richir, Fernand Toussaint ou Henri Thomas manquassent de caractère Trouvez-vous qu'ils sont tous faits dans le même moule Il faudrait être bien peu ob servateur. Mais nous allons en ajouter en core un ceux que nous apprécions et que nous aimons c'est Monsieur Joseph Quist- houdt peintre portraitiste Ypres. C'est un Flamand ce nom seul évoque tant de gloires mais, malheur, c'est un Fla mand tradirionnaliste, qui a aimé, qui a compris ses grands ancêtres qui a dû nous le soupçonnons, étudier même var Eyck et Memiing. Il a aussi une admiration fervente pou Rembrandt ,Rubens, van Dyck. C'est là ur grand crime certainement. Cela empêcht un artiste d'être lui-même, d'avoir une in spiration personnelle. Singulier reproche Ainsi, vous auriez interdit Verhaeren de lire Euripide, Corneille et Racine, de crain te qu'il ne fût pas assez original. Rassurez- vous. S'il a aimé Baudelaire et Mallarmé, il avait lu aussi et relu les grands Classi ques, et cela ne l'a pas empêché d'avoir une imagination, une poésie et une langue bien personnelles. Mais revenons Monsieur Quisthoudt. Il était encore bien jeune quand il solli cita son entrée l'Académie d'Anvers. 1200 candidats se présentaient ceux qui n'étaient pas recommandés furent congédiés mais le jeune Quisthoudt ne digéra pas cette dis grâce. Resté sur place, il entre dans une classe au hasard, se place devant un che valet et dessine. Ce qu'il fit, nous l'igno rons, mais ce dut être assez remarquable pour son âge (douze ans) car, du coup, on l'admit. Son père, peintre lui-même, avait guidé ses premiers pas. A l'Académie, ses succès ne se comptaient plus. Elève du Maî tre Julien De Vriendt, il remporta dans la division supérieure les premiers prix de des sin de peintre, d'anatomie, etc... enfin, le premier prix d'excellence et le prix De Keyser. Pourquoi n'a-t-il pas toujours gardé dans sa carrière l'audace dont il fit preuve pour se faire admettre, bambin encore, l'Aca démie C'est un modeste il ne chercha jamais le bruit autour de son nom, et, s'il a eu un renom bien mérité, surtout en Hol lande, ce n'est pas lui qui a sollicité la Renommée. Elle est venue le prendre par la main. Sa carrière fut loin d'être monotone. Il eut d'abord lutter, même contre ses maîtres, qui voulaient lui inculquer un art plus facile. Souvent quand il avait bien ter miné une esquisse ou une ébauche, on lui disait mais c'est très bien ainsi tout s'y trouve la couleur, l'expression, la vie. Soit répondait-il, mais je ne suis satisfait que quand mon œuvre est achevée. C'est pourquoi, il ne se croit pas quitte envers son modèle quand il n'a pas perfectionné tous les détails d'un sujet, qu'il rend ainsi plus intéressant et qui ne plaira pas une mode, un caprice momentané, mais qui restera car c'est un convaincu et un con sciencieux. Bien loin d'être banal, il veut que chacune de ses œuvres, chacun de ses por STATISTIQUES INTERESSANTES. Pour travailler, l'autorisation n'était exi gée des jeunes travailleurs étrangers qu'à partir de l'âge de 15 ans. Depuis la mise en vigueur du décret du 23 octobre 1933, elle est exigée dès qu'ils travaillent, c'est-à- dire en général depuis l'âge de 13 ans. De ce fait, non seulenîent tous les jeunes étran gers arrivant l'âge de 13 ans ont dû se pourvoir d'une autorisation, mais aussi tous z-jceux qui, âgés de plus de 13 ans et de moins de 15 ans, travaillent déjà sans autorisation. L'influence exercée par l'application du décret du 23 octobre 1933 sur l'augmenta- :ion des autorisations peut être appréciée sar ce seul fait 46,5 p. c. des autorisations La récolte Lorsque les fruits prennent une teinte rouge-orange, on les cueille, puis on les- trie en 2 ou 3 catégories, suivant la gros seur. La récolte qui commence en juillet, se termine en octobre. Les fruits qui ne seraient pas encore tout fait mûrs, peu vent être enlevés et mis dans un endroit plus ou moins chauffé et aéré, où ils pour ront atteindre leur complète maturité. Ja. v: LE SUD mt en lecture dans plu» de cent hôtels et cafés et vous recom mande irrordép* du 1f»r JOZEF QUISTHOUDT. A l'Atelier £F QUISTHOUDT. L'Abbesse traits ait le caractère et rende la vie du per sonnage et, en cela, du portrait le plus sé vère au plus gracieux, il a parfaitement réussi. Sa renommée était déjà grande An vers, quand survint la bourrasque de la guerre et le siège de sa ville. Il dut se ré fugier en Hollande avec sa femme et ses trois enfants. Quelle odyssée Il cou cha plusieurs nuits dans des granges, puis dans un camp militaire Berg-op-zoom. Là, un commandant, sachant qu'il était peintre, lui fit faire les portraits de tous ses amis, et ainsi le tira d'un cruel em barras car ses ressources étaient bien min ces. Enfin La Haye, où il s'installa du mieux qu'il put, on connut tôt sa valeur et les commandes de portraits affluèrent. L'« A- vondspost de La Haye parla de lui et le Graphie de Londres, publia de ses por traits et de ses croquis. Les critiques l'appelaient le plus grand portraitiste du moment en Hollande Ce qui prouve que le traditionalisme et le bon réalisme ne déplaisent pas tout le monde. Cet accueil lui fit prolonger pendant neuf ans son séjour en Hollande, où il connut de très grands succès. On voit de lui au Musée Militaire le portrait, grandeur na ture, du ministre d'Etat et commandant de l'Armée des Indes, le lieutenant général van Swietens. La Magistrature, l'Armée, les notables, l'honorèrent de leur confiance, et chaque famille voulait avoir des souvenirs de ses membres peints par Quisthoudt. Voici comment parlait de lui un des meilleurs critiques d'art hollandais, M. Aug. Heyting Je me rappelle très bien M. Quisthoudt, comme personne et comme artiste. C'est la modestie et l'amabilité per sonnifiées. Il est droit et consciencieux. Son art se caractérise par une étude appro fondie du sujet, qui donne unMPSsemblance parfaite. Ce n'est pas quérant arrogant, qui son sujet non, il l'apj respect. Il ne se contei mais il achève le poi bien qu'il connaisse 1 tique actuelle. Quelquefois, quand le portrait n'était encore qu'un simple croquis sur la toile, il me disait en riant mélancoliquement Regardez-moi ce portrait si je le laissais tel, il serait moderne et apprécié par la critique la plus exigeante il me coûte rait moins de temps et de peine, mais cela ne m'attire pas, ne me contente pas il doit être achevé». Parmi ses toiles, je cite en particulier le portrait d'une vieille femme, fuyant l'inva sion. Ici l'artiste a laissé parler son propre sentiment et il a donné cette femme une roquis, points, la cri- expressiun dramatique et saisissante, qui faisait d'elle la synthèse de toutes les mi sères de la guerre. La conscience de l'artiste était reconnue en Hollande comme elle le fut ici. Les- gens de goût, des deux côtés de la fron tière, comprennent que l'art dit moder ne n'est que celui du moindre effort, et que les meilleurs artistes, ceux que nos dé cadents renient aujourd'hui, seraient tour aussi capables qu'eux de faire des œuvres, d'impression, des croquis inachevés mais vivants, et qu'ils ne veulent pas le faire parce que ce n'est pas leur sentiment, par ce que la beauté n'est pas dans l'à-peu-près et que la nature ne laisse rien d'inachevé. Quisthoudt eut peut-être le tort d'aimer trop sa patrie, et malgré sa vogue chez nos voisins, il revint, voici dix ans, et s'installa Ypres. Là aussi, on lui fit fête, et peu peu toute la bonne Société, tout le monde offi ciel voulut avoir des portraits peints par lui. Nous remplirions des pages, si nous- voulions citer toutes les personnes notables- dont il reproduisait les traits. Malgré qu'il fût toujours simple et so bre, son art fut cependant très varié. II a. peint les portraits de beaucoup de jeunes femmes et de jeunes filles entre autres de Mlle Plissait de Kerchove, de Mlles- de Géradon, de Madame et Mlle Bléror d'Elzenwalle, et les premiers magistrats d'Ypres, ainsi que les dignitaires de l'E glise. Ce fut encore pour lui une belle épo que que celle de son retour en Belgique. Des jours plus sombres sont venus pour lui maintenant on le connaît moins. Est- ce sa modestie qui en est cause Peut-être, mais il y a aussi ce sot engoûment qui court après la mode, et, si l'on n'est pas le pein tre des snobs, on ne compte plus. Que Monsieur Quisthoudt se rassure ces- sottises passeront. On se dégoûtera de fan taisie et de l'inachevé on reviendra l'art intégral et bien vivant, malgré l'opposition des aveuglés. Mais, comme lui disait na guère un de ses anciens maîtres, son vieil ami, en lui frappant sur l'épaule Allons, Quisthoudt, mon garçon, un peu d'ambi tion Et qui lui jetterait la pierre Nous ,vivons en un temps où, dans le monde officiel des Arts, l'inrrigue et l'au dace tiennent lieu de talent et de goût où nos meilleurs artistes se voient sacrifiés des farceurs qui n'ont d'autre savoir-faire que de courber l'échiné et de suivre la mode où les plaintes et les récriminations, quelque justes qu'elles soient, ne sont plus écoutées il faut s'affirmer et. avant tout, se sentir fort. On peut s'y hasarder quand, comme Mon sieur Joseph Quisthoudt, on est en mesure de le prouver. G P

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Le Sud (1934-1939) | 1935 | | pagina 6