JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Le tout payable d'avance.
YPRES, Dimanche
Quatrième année. JJi0 45.
11 Ncrvembre 1866.
Paraissant Ie dimanche.
PKIX Ü'ABOIXEIIIEMT
POUR LA BELG [QUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour l'Elranger, Ie port en sus.
Un Numéro 25 Centimes.
OPINION
PRIX DES AIXOICEK
ET DES RECLAMES J
10 Centimes la petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes.
Laissez ilire, laissez-vous blémer, raais publiez votre pensée.
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rue de Dixmude, 55.
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ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
L>es elections commnnales.
Que penser du résullal des dernières elections com-
munales? La presse ministerielle assure que le cabi
net a remporté urie éclatante victoire le parti cléri-
cal, de son cólè, ne se montre pas moins triomphant,
et vraiment, a s'en rapporter aux chiffres sur les-
quels chacune des deux opinions appuie sa demons
tration, on serait lenté de croire qu'elles ont raison
l'une el l'autre. l.e plus clair pour nous, dans cette
polémique, c'esl qu'elles ont gardé, a peu de chose
prés, leurs positions d'avanl la lutie Tel est aussi
l'avis de VEtoile beige, a qui Ie Progrès n'imputera
pas, pensons-nous, d'être itiüe par des passions
inavouables.
Le cabinet n'est cependant pas sorti de la lutte
sans avoir regu de rudes horions. A Anvers, la coali
tion l'a emporté de pres de 500 voix sur la liste libé
rale el, ce qui pis est, a Liege, le parti clerical a fail
une brêche dans le boulevard du libéralisme et plantè
le drapeau de St Vincent-de-Paul au beau milieu du
Conseil communal effaré. Accident de bdlotage, dit le
Journal de Liege Soit, mais pared accident n'eüt pas
été possible it y a cinq ans. Les cléricaux, a cette
époque, n'osaient pas même entrer en lutte avec leurs
puissants adversaires et s'abstenaient de prendre part
aux elections. Que le Journal de Liége nous expiique
comment des adversaires si timides il v a cinq ans,
en sent arrives aujourd'hui a se sentir asscz forts pour
affronter le combat et se mi surer avec un parti qui
lui inspirait naguère une si violente frayeur qu'ils en
étaieni comme paralyses
Le journal doctrinaire a son explication toute prête-
C'est, dtra t-il, la coalition qui a rendu l'aüdace aux
cléricaux. Sans l'appui des radicaux, le parti clérical
serail ce qu'il était il y a cinq ans et nous n'aurions
pas a déplorer l'accidènt du 30 octobre.
Soit encore J'c'est la coalition qu'il laut condamner.
c'est elle qui a tout fait. Mais qui a fait la coalition?
qui doit porter la responsabilité de cette alliance, si-
gnalée par Ie Journal de Liége, comme la cause deter-
minanle de la resurrection du parti clérical au milieu
de la ville la plus libérale du pays? qui, si ce n'est le
ministère lui-même, dont la politique decevante a fini
par pousser dans les voies du dósespoir ceux-la rnême
par qui son avenement au pouvoir avait été salué
avec le plus d'enthousiasme? Nous n'aimons pas les
coalitions et jamais on ne nous verra elever la voix
pour les defendre; mais il est par trop facile, vrai
ment, de leur imputer des désastres que I'on a pro-
voqués par ses faiblesses et ses tergiversations. Si le
ministère avait tenu ses promesses, s'il avait pris a
coeur de suivre ['impulsion a laquelle il devait la pos
session du pouvoir, le parti radical n'aurait jamais
vu le jour en Belgique et nous n'en serions pas arri
vés, après dix annees de gouvernement, a eplucber
misèrablement les scrutius pour prouver que le pays
n'a pas cesse d'être avec nous.
La contrainte par corps.
Une excellente nouvelle nous a été apportée, cette
semaine, par Vindépendance beige. S'il faut en croire
ce journal, dont les informations semblent puisées a
bonne source, Ie gouvernement aurait résolu de sai-
sir les Chambres, dès I'ouverlure de la session pro-
chaine, d'un projet de loi portant abolition de la con
trainte par corps.
Nous ne pouvons que nous associer aux félicitations
que la presse liberale tout entière s'est empressée
d'adresser, a cette occasion, au ministère et par icu-
lièrement au jeune et vaillant chef du département de
la Justice, a qui revienten grande partie l'honneur de
cette humaine et vraiment libérale initiative. Disons-
Ie, cependant la satisfaction que nous éprouvons
n'est pas exempte d'une certaine inquiétude. En com-
mentant la nouvelle donnée par Vindépendance, le
Journal de Liégel'un des organes les plus autorisés
du ministère, se croit en droit d'affirmer que le pro-
jet de loi annoncé par son confrère de Brn^Hes n'aura
pas le caractère radical que celui-ci lui attribue et
qu'il maintiendra la contrainte par corps a l'égard de
certaines calégories de débiteurs, désignés par le jour
nal liégeois sous la dénomination générale de débiteurs
de mauvaise foi.
Si le projet du gouvernement doit être réduit aux
proportions que lui assigne Ie Journal de Liégenous
aurons beaucoup a rabattre de la satisfaction que
nous a fait éprouver la nouvelle donnée par Vindé
pendance, car ce projet ne serail plus, dans ce cas,
qu'une demi-mesure, une sorte de procédé empirique
sans base et sans principe, qui laisserait la porte ou-
verte a la plupart des abus que I'on reproche si jus-
tement au régime actuel. C'est ce que nous n'aurons
pas de peine a etablir si les prévisions du Journal de
Liége se vèrifientmais, pour l'honneur du libéralisme,
nous voulons croire qu'elles ne se réaliseront pas et
que le discours du Tróne tranchera le doute en faveur
de la version de Vindépendance.
i aZD^KTKtt—
La brochure de 11. Brialmont.
Le travail de M. le lieutenant-colonel Brialmont sur
la réorganisation de Varmée a fait l'objet de bien des
commentaires. On a voulu d'abord lui attribuer un
caractère semi-oflicile puis, le Moniteur ayant dé-
cliné, au nom du gouvernement, la responsabilité de
eet écrit, on a répandu le bruit qu'il avait été inspiré
par le gènéral Chazal. M. Brialmont a démenti ce
bruit dans VEtoile beige. Qu'a-t-on dit encore? que
cette brochure exprimait les idéés personnelles du
Roi sur la question militaire et qu'elle était un pre
mier pas vers la solution de la question anversoise,
qui tient particulièrement au coeur de S. M. On n'en
finirait pas de rapporter les versions auxquelles a
donné lieu la publication de ce travail. Mais, quoiqu'il
en soit des unes el des autres, l'opinion publique s'est
émue et la presse ministerielle ne réussii a pas a écar-
ter le debat que les questions soulevées par Al. Brial
mont viennent de poser devant le pays. Le mi
nistère a demandé au pays de nombreux millions
pour fortifier Anvers et il a promis de faire de cette
ville une place de guerre de premier ordre. Ces mil
lions, le pays les a donnés, pas de bien bonne gréce
a la vérite, mais, enfin, les ayant donnés, il a le droit
de savoir ce qu'ils sonl deveuus el si Anvers est vrai
ment ce qu'on lui avait promis qu'il serait. M. Brial
mont le nie il affirme qu'a l'heure qu'il est, Anvers
est accessible a la fois par la rive gauche et par
une flotte remontant le cours de l'Escaut. De la
part d'un honirne comme M. Brialmont, ces affir
mations sont de la plus haule gravité et, nous le
répétons, il n'est pas possible que les Chambres
n'exigent pas des explications nettes et catégoriques.
De profundls.
Au moment oü M. Bourgois, appréciant son propre
mérite mieux que le Progrèsjuge prudentde se reti-
rer de la vie publique, nous pensions en avoir fini
avec les faitset gestesde l'honorableéchevin. Lorsque,
a la veille des dernières elections, fut faite une énumé-
ration générale des travaux exècutès sous la direction
de ce membre du collége, nous avions pour but de dé-
montrerune dernière foisavecquelle impéritieavaient
été soignés les intéréts de la ville et d'en faire voir les
tristes conséquences pour I'avenir.
Pareil examen n'est plus permis. Nous n'avons plus
d'autre droit que celui de nous aligner sous la ba
guette du maitre, nous ne pouvons plus remuer les
lèvres que pour chanter ses louanges.
Quelqu'un contróle-t-il l'administration, blame-t-il
certains actes et ceux qui les commettent, un contri-
buabledemande-t-il complede l'emploide ses deniers,
aussitót le Progrès crie a une litanie de diatribes,
qui a indigne les honnêtes gens du Progrèslll Le
silence sur toute la ligne, masquanl prudemment les
sottises de ses amis, irait bien mieux au gré de la
feuille doctrinaire.
Done, c'ésl M. Bourgois que celle-ci a résolu d'ex-
humer de l'ombre pour nous confondre. II est douteux
que notre échevin en soit bien reconnaissant le sup-
poser même serait porter atteinte a son bon sens. II
est, en effet, de ces éloges plus cruels que les sarcas-
iriesles plussanglantset qui,lancésa brüle-pourpoint,
vous atteignent un homrne en pleine poitrine et le
renversent comme ferait un pavé. Le Progrès a la spé
cialité de ces eloges-la.
Ecoutez plutót.
<j Echevin chargé des travaux publics, notre conci-
loyen a prèsidé a l'exécution d'iinportantes construc
tions. La restauration des Halles, la construction de
l'Abattoir, du Marché au Póisson, des trottoirs, etc.
La restauration des Halles Chacun sail que
cette restauration a èiè faite sous la direction de la
commission des monuments dont les membres ve-
naienl surveiller les travaux. Le pubiic est curieux
d'apprendre, autremant que par des déclamations
steriles et des flatteries nauséaboudes, quel a été dans
la restauration des Halles le röle ulilejoue par M. Bour
gois
La construction de l'Abattoir 1 l.e plan en a été
fait a Bruxelles. Dans l'exécution les mesures furent
si bien prises qu'il etait achevé lorsqu'on s'apercut
que le sang ne pouvait s'ecouler des salles d'abattage.
Le Marché au PoissonC'est une oeuvre bien
réussie a la vèrité, mais dont l'honneur revienta
M. Desmazières qui a fait les plans et a M. Valcke qui
les a exécutés.
Les trottoirs Les plans en ont été faits par les
ponts et chaussées. L'exécution, il est vrai, en fut