JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRE8, Dimancbe
Quatrième année. N° 32.
12 Aoüt 1866.
Le tout payable d'avance.
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Paraissant le dimanche.
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POUR LA BELGIQUE
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L'OPINION
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ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
Correspondance particuliere de l'OPINION.
Bruxelles, 10 aoüt.
L'événement du jour, il n'est pas besoiu de vous le
dire, c'est la dépêche annoncant la revendication par
la France de ses frontières d'avant 181 h. Si j'en crois
des informations prises a bonne source, Ie gouverne
ment beige avait connaissance depuis plusieUrs jours
déja, de cette grave nouvelle qui menace l'Europe
d'une conflagration plus sanglante encore que celle
qui vient de l'éprouver si cruellement. Dés la semaine
dernière, le correspondant de Bruxelles de I 'Echo du
Luxembourgqui est en même temps un haul fonc-
tionnaire dans un de nos départements ministériels,
annoncait que l'empereur Napoléon ne laisserait pas
s'accomplir les annexions prussiénnes sans réclamer
leprix de sa médiation et quedesréclamations avaient
étè adressées dans ce sens par le gouvernement fran
cais au cabinet de Berlin. S'il fauten croire le corres
pondant de VEcho du Luxembourg,j'ai toutes raisons
de croire a l'exactitude de ses renseignements, Ia Bel-
gique'aurait a céder, dans les arrangements projetés,
une partie du Luxembourg et, sur sa frontière de
l'ouest, une longue bande de territoire englobant les
cantons de Dour, Merbes-le-Chateau, Beaumont, Chi—
may, Walcourt, Florenne, Beauraing et Gedinneelle
recevrait, en échange, le Limbourg cédé des mains de
la Hollande it qui l'on offrirait, en retour, des com
pensations dans le Grand-Duché d'Oidenbourg.
Quoi qu'il en soit de la véracité de ces informations,
il n'y a plus a douter, si la dépêche est exacte, des
intentions annexionnistes de la France, et la Belgique
aura bientót a se prononcer entre la résistance que
lui conseille son honneur et la résignation que lui
inspirera la politique. Si nous étions seuls en jeu,
toute idéé de résistance devrait peut-être être écar-
tée, mais la Prusse, a qui Ton demande des sacrifices
de territoire assez considérables, la Prusse, tout
enivrée de gloire militaire, consentira-t-elle a parta-
ger avec la France le fruit de ses brillantes victoires?
Cela paralt douteux, et dans ce doute est tout notre
espoir. Quant a l'Angleterre, les principes proclamés
tout récemment par ses hommes d'Etat, nous disent
assez que nous n'avons pas a compter sur elle. L'An
gleterre se désintéresse de plus en plus des affaires
du continent. Elle n'y interviendra plus, elle l'a dit
assez haut pour que chacun le sache, que lorsque ses
propres intéréts y seront directement engagés.
Resle l'hypothèse, et celle-ci n'est pas plus invrai-
semblable que tant d'autres, oü les prétentions for-
mulées par la France ne seraient que le résultat d'une
entente depuis longtemps arrêtée entre Napoléon III
et M. de Bismarck.
MM. Vésinier et Rosez viennent de se pourvoir en
cassation contre l'arrèt de la Cour d'assises qui les
condamne chacun a 18 mois d'emprisonnement et
mille francs d'amende, du chef d'offenses envers l'em
pereur des Francais.
Deux motifs de cassation sont invoqués par les de-
mandeurs. Le premier résulle du fait que, dans le
cours de son réquisitoire, M. I'avocat général aurait
donné lecture de la déposition écrite d'un témoin en-
tendu devant le juge d'instruction, contrairement au
principe qui veut que l'instruction devant les Cours
d'assises soit exclusivement orale. Le second moyen
est fondé sur ce que plusieurs jarés auraient emporté
de la salie d'audience des exemplaires des oeuvres
incriminées et constituant des pieces de conviction,
sinon Ie corps même du délit.
Ce dernier moyen est considéré au Palais comme
très-sérieux, et j'ai entendu dire par des jurisconsultes
fort respectés ici qu'il pourrait très-bien entrainer
l'annulation de l'arrêt. Quant a la réalité du fait, elle
sera, paratt-il, assez facilement établie et l'on cite di
vers membres du jury qui ne feront nulle difficulté
d'en convenir. Mais aussi, pourquoi ne les a-t-on pas
prévenus? On peut être un juré très-intelligent, très-
sagace et très-impartial et ne pas se douter que la loi
vous interdit de lire, le soir, dans votre lit, le livre
que vous serez appelé a juger demain. Encore si ce
livre eüt été une oeuvre de haute philosophie, comme
VEglise el la Revolution de Proudhon, l'avertisse-
ment eut pu paraltre inutile; mais une oeuvre de
scandale, telle que la Femme de César et le Mariage
d'une Espagnole, convenez que c'était alléchant et
qu'une défense formelle n'efit pas été de Lrop pour
résister a la tentation d'un titre aussi gras de pro
messes.
M. le ministre de la justice a tout récemment
inslitué une commission chargée de réviser notre
Code de procédure civile. Telle est, en ce moment,
la préoccupation générale, des esprits que cette im
portante mesure a passé, pour ainsi dire, inapercue.
Peut-être aussi cette indifférence doit-elle être attri-
buée au scepticisme que l'opinion publique professe
a l'endroit des commissions et des résultats a at-
tendre de leurs travaux. Je souhaite fort, pour
ma part, que les honorables jurisconsultes délégués
par M. Ie ministre de la justice pour déblayer les
voies judiciaires des formalités inutiles et vexatoires
qui les obstruent, nous démontrent promptement
qu'en ce qui les concerne, ce scepticisme ne se
justifie point et vraiment, quand on considère que la
nouvelle commission compte dans son sein des hom
mes profondément versés dans la science des lois,
des praticiens tous les jours aux prises avec les
chicanes qu'autorise le régime actuel de la procé
dure il sembleau premier abordqu'on peut
avoir toute confiance en elle. 11 n'en sera ni plus
ni moins, cependant, de celle-ci que de toutes celles
qui l'ont précédée de quelques éléments qu'on
les compose, les commissions sont frappées a l'avance
d'une incurable stérilité.
Le cholera a remis a l'ordre du jour la question si
importante de l'assainissement des quartiers insa-
lubres et de la construction d'habitations pour les ou-
vriers. Cette question, trop longtemps ajournée, s'im-
pose aujourd'hui a ('attention publique avec une
autorité et une impatience de solution dont il est
permis d'augurer favorablement pour un avenir pro-
chain. Un premier point est a vider dans ce grave
débat. Faut-il s'en remettre purement et simplement
a l'initiative privée du soin d'assainir les quartiers
insalubres ou bien l'Etat et les communes devront-
elles intervenir? Les opinions sont dlvisées dans la
presse et, chose singulière, ce sont les journaux mi
nistériels, accusés chaque jour de tendre une centra
lisation excessive, qui soutiennent avec le plus de vi-
vacité la thèse de la non-intervention du gouverne
ment en cette matière. II me semble, quant a moi, que
l'Etat ne doit pas moins de sollicitude aux citoyens
qu'aux animaux et que s'il se croit en droit d'inter-
venir pour arrêter les progrès de la peste bovine, il
aurait mauvaise grèce a se retirer quand il s'agit de
préserver les citoyens de l'épouvantable contagion du
choléra.
Des dépêches annoncent le licenciement du corps
belge-mexicain. Elles se taisent absolument sur les
mesures prises par le gouvernement de Maximilien
en ce qui concerne nos malheureux et trop confiants
compatriotes. Le licenciement signifie-t-il que le gou
vernement impérial considère leurs engagements
comme rompus ou bien veut-il dire tout simple
ment que le corps beige est dissous, sauf a incor-
porer ce qui en reste dans l'armée mexicaine Cette
incertitude pèse douloureusement sur un grand nom-
bre de families beiges et il serail grandement désirable
que le ministère la fit cesser au plus tót en fournissant
quelques explications nettes et précises dans le Moni-
teur. II est vrai que le ministère est et reste si complé-
tement étranger a l'expédition mexicaine qu'on peut
douter très-sérieusement qu'il soit a même d'en don-
L'Exposition est ouverte depuis avant-hier. De
l'avis de tous ceux qui l'ont visitée, elle renferme
un très-grand nombre d'oeuvres remarquables et,
prise dans son ensemble, elle marque une incontes
table supériorité sur celle de 1863. Ypres y est digne-
ment représenté, j'ose vous l'assurer, par toute une
série d'artistes dont les travaux méritent, au plus
haut titre, ('attention des hommes de goül. II y a Ia des
Bossuet, des Roffiaen, des Cériez, des Böhm et un Del-
becque qui ne laisseront pas déchoir votre antique
réputation artistique. Mais, en attendant que je re-
vienne sur ces belles productions de votre école,
permettez-moi de mentionner dès aujourd'hui, parmi
les ceuvres capitales de l'Exposition, un tableau de
M. De Coninck, représentant une chasseresse accrou-
pie. qui est un véritable chef-d'ceuvre de dessin et de
modelé. Je puis vous le dire sans exagération ce ta
bleau est un des événements du salon.
P.-S. Vindépendance beige publie aujourd'hui
même, dans son édilion du soir, une lettre datée
de Mexico et qui fixe toutes les incertitudes a l'égard
de nos malheureux compatriotes. A la suite d'un
soulèvement provoqué par le retard que le gou
vernement de Maximilien met dans le paiement de
la solde, le corps beige a été licencié. L'ordre du
jour suivant, pn date du 29 juin, rendu par le
général Neigre, établi désormais la position de l'ex-
corps beige
Sa Majeslé l'empereur Maximilien a décidé que
Ie contingent beige, tel qu'il est organisé mainte-
nant, serait licencié.