JOURNAL DtPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPIIES: I)imanche
Quatrième année. N° 27.
8 Juiliet 1866»
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Paraissant le dimanche.
PISIX O'AISWMXEMEWT
POUR LA BELGIQUE
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Ea situation.
L'Kurope libérale tout entière a accueilli, avec des
transports d'enthousiascne, l'espoir du rétabtissement
de la paix.
Cette paix, si ardemment désirée, la verrons-nous
sortir des negotiations ouvertes en ce moment entre
la France médialrice et les puissances belligérantes
II faut l'espérer, il faut le souhaiter de toutes nos
forces, mais nous garder en même temps contre des
illusions trop ha lives qu'un avenir prochain pourrait
cruellemenl démentir.
A l'heure oü nous écrivons ces lignes, ni la Prusse
ni l'Italie n'ont encore accepté l'armistice proposé par
l'empereurdes Francais. Evidemment la Prusse hésite
a dèposer les armos et, quant a l'Italie, liée qu'elle est
par un traité formel, el le comprend qu'elle ne peut
sans déshonneur abandonner i'allié dont les victoires
vont lui valoir la possession de la Vénètie.
Nous avons, cependant la confiance que celte pre
mière difliculté sera promptement écartée. Par la
cession de la Vénétie a la France, Victor-Emmanuel
se trouve hors d'élat de porter des secours a la Prusse.
11 lui faudrait, pour cela, envahir le territoire fran
cais, ce dont il n'est pas a supposer qu'il se soucie le
moins du monde. La Prusse, en repoussant l'armi
stice, se trouverait done forcément isolée, en lace de
l'arméede Benedek, renforoèe des 200,000 hommes
retires du quadrilatère. Cette situation lui donnerait
bien certainement a reflèchir et l'on peutcroire ^vec
quelque raison qu'elle la determinera a ne pas se
monirer trop difficile sur les conditions de l'armistice
sollicité par le gouvernement francais.
Mais d'un armistice de quelques jours i) une paix
durable, il y a loin. Dans son commenlaire de la lettre
de Napoleon lil a M. Drouyn de Lhuys, le Conslitu-
tionnel disait
Quel que soit le combattant que le sort des arrnes
favorise, il sorlira d'une telle lutte assez éprouvé
j> pour craindre de s'exposer a une lutte nouvelle. II
ne voudra pascreer, dans les conditions de la paix
a rólabür, quelqu'un de ces griefs qui provoque-
raient les justessuceplibililés de la France.
Les prévisions exprimées par le journal francais, il
faut le reconnaitre,ne se sontpis vérifiées. L'Autriche,
quels que soienl les revers éprouvés par ses armes,
n'en est pas arrivée, lant s'en faut, a ce degre d'épui-
sementoü un peuple accepte sans discussion Ia loi de
sou vainqueur Debarrasséede la gardede la Vénétie,
elle pent remettre en ligne une armée formidable et,
qui sait reconquérir en un seul jour le prestige qui
s'est éloigné de ses armes Dans une situation sem-
l)lable,il est peu probable que l'Autriche se sente dis-
posée ii faire des concessions excessives a la Prusse.
Ce que nous savons de l'état des esprits a Vienne nous
dit assez qua Francois-Joseph ne pourrait pas aller
loin dans cette voie sans soulever contre lui les sen
timents des populations.
Les exigences de la Prusse, mus les connaissons de
lougue date. Le gouvernement de Berlin a pris soin
de les formuler dés avant l'ouverture des bostilités
dans des termes qui ne souffrent aucuae equivoque.
La Prusse veul 1'agrandissemeDt de sou territoire et
la réforme de la Confederation germanique par le suf
frage uuiversel.
Ces prétenlions, qu'elle affichait avant la victoire,
est-il admissib'e qu'elle y renonce ou qu'elle les amoin-
hsseot aujourd'hui que, dans l'ivresse de son triom-
pb», elle se flatte d'avoir réduit ses ennemis a l'im-
pu®sance? La Prusse, comme le fait très-justement
observer le Tempssort de cette courte et prodigieuse
campagne de Bohème, avec un sentiment tout nou
veau de sa force; elle est aussi grisée de gloire que
possible, elle a une confiance absolue dans l'armernent
nouveau qui lui a donné la victoire. Dans une telle
situation, la modération est méritoire, mais difficile
el pourtant, si une paix sérieuse doit suivre l'armis
tice que nous saluons, il faut que la Prusse soit mo-
dérée Le sëra-t-elie? Comment comprendra-t-elle,
au lendemain de succès inouïs, ce qu'elle a loujours
appelé sa mission historique? Telles sont les questions
qui se posent et, qui se dérnbent, quant a présent, a
toutes les prévisions.
La tache de la puissance médiatrice n'est done pas
sans difficulté. Parviendra-t-elle a la mener a bonne
fin par la seule force de son ascendant moral? Et si
elle n'y parvient pas, si la resistance de la Prusse ne
lui laisse plus que le choix d'avouer son impuissance
ou de recourir a l'emploi de la force, au lieu de s'éclai-
rer, la situation ne fait que s'aSsembrir et menace de
jeter l'Europe dans une conflagration peut-être plus
sanglante encore que celle a laquelie elle vieut d'as-
sister.
Ne nous abandonnons done pas trop promptement
aux illusions de nos désirs. Sansdoute, un grand pas
est fait. Le sang a cessé de couler en Bohème. N'y eut-
il que ce résultat d'obtenu, il est immense et justifie-
rait, a lui seul, la joie qu'a fait éclater de toutes paris
la note du Moniteur frangais. Cette joie, elie est hu-
maine, elle est l'honneur d'un siècle de douceur et de
civilisation a qui le despotisme fait injure en lesoup-
connant capable de trahir la liberté pour la grossière
et brutale gloire des armes. Mais ne nous batons pas
de proclamer que la paix est faite. La diplomatie nous
a donné trop de deceptions pour qu'elle mérite une
si rapide confiance, et les difficultes qu'elle va avoir
a surmonter sont trop nombreuses, trop compliquees,
pour que nous n'ayons pas le devoir de nous tenir en
defiance de ses efforts.
Le Conseil provincial de la Flandre Occi lenlale a
procédé jeudi a la nomination de quatre membres de
la Deputation permanente pour les arrondissements
judiciaires de Courtrai, Furnes, Ypres et pour un
siége flottant. Ont été nommés: MM. Lagaïet Soudan-
Bouby de Courtrai, Visart et Auguste Vanelslande.
Le principal intérêt de Ia séance résidait dans l'é-
lection de MM. Vandromme et Carpentier.
Certes, le parti libéral n'avait aucun espoir de faire
passer quelqu'un de ses caudidats. Sa force numè-
rique 23 contre 45lui interdisait tout succès,
et dés le premier jour le Conseil avail prouvé par la
composition du bureau qu'il entendait faire ses choix
parmi la plus fine fleur des adeples ciéricaux.
11 y a ingratitude de la part de nos adversaires a
abandonner de la sorte MM. Vandromme et Carpen
tier, qui n'ont pas marchandé cependant leur com
plaisance dans l'espoir d'obtenir de la majorilé catho-
lique le renouvehement de leur mandat.
Qui ne se souvient du fameux rapport sur les Bi-
bliolhèques populaires et du choix de l'ultra-clérical
M. Ghesquière comme membre de la Commission ad
ministrative des bourses V
Qui ne se rappelle la conduite tenue aux éleetions
du mois de mai par M. Vandromme qui, candidat de
l'Association libérale de Dixmude, sacrifie son collègue,
M. Gustave De Bruyne, au profit d'un adversaire po
litique
Qui ne connait Dalliance de M. Carpentier avec Ié
catholique M. Vermeersch, ses pourparlers avec les
autorités ecclésiastiques et l'appui que le clergé lui
donna dans le canton de Messines
Jusqu'a la dernière beure MM. Vandromme et Car
pentier nourrissaient L'espoir de conserver leur siége
a Ia Deputation,et nous ne serions nullement étonné
d'apprendre que, poussés par leur ambition insatiable,
ils aient fait même dans ce bul quelques tentatives
auprès de certains ciéricaux.
Mais si les intéressés recommandaient leur boutique,
a lout autre point de vue devait se placer la fraction
libérale du Conseil. De majorité considérable descen-
due en peu d'années au róle de minoritè, elle ne pou-
vait que protester. Et sa protestation devait être
d'autanl plus significative qu'elle atteignail les faux
frères non moins que les adversaires.
Disoos-le sans délour, e'est en commandant le res
pect des populations par une conduite franche et.
loyale, par une proclamation énergique et sans reti
cences de nos principes que nous devons reconquérir
la majorité au Conseil provincial. Plusde transactions
ni d'arrangemenls avec nos éternels ennemis, plusde
capitulations de conscience que l'intérêt personnel
inspire et dont quelques embitieux profitent seuls,
plus d'expèdients qui, s'ils donnent la victoire un
moment, n'ont jamais rien fondè de stable pour I'ave-
nirl Séparons une bonne fois l'ivraie; rompons cou-
rageusement avec ces calculateurs intéressés qui, li-
béraux quand Ie libéralisme est fort, passent au pre
mier échec a 1'ennemi Soyons vingt, quinze, dix, s'il
le fautmais soyons nous, sans melanges et sans bi-
garrures.
C'est ce qu'a parfaiternent bien compris la minoritè
libérale dans l'élection qui nous occupe. Lorsqu'il s'esl
agi de designer un membre de la Deputation pour
I'arroi.dissement d'Ypres, M. Carpentier, qui se trou-
vait naturellemenl en prèsence de M. Vanelslande, n'a
obtenu que deux voix la sienne sans doute et celle
de nous ne savons quel fidéle compagnon 1 Seize bul
letins blancs ont vigoureusernent protestè contre les
antécedents politiques de M. Carpentier. Voila une
manifestation qui ne permet pas I'equivoque.
Nous y aurions bien voulu. pour notre part, une
nuance de plus, nous aurions préferé qu'au lieu de
blancs nos amis se fussent mis d'accord sur un nom
accentuant d'avantage la manifestation, et puisqu'il
s'agissait de I'arrondissement d Ypres, notre pensee
se reporte tout naturellemenl sur M. Ernest Merghe-
lynck qui a été déj i notre depute permanent. II u'eö