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Mercredi 17 Juin 1908
10 centimes le N°
88e Année N° 8754
Révision des listes Éleclorales
1904-1905
Serbie
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VILLE D'YPRES
Le Collége des Bourgmestre el Ëchevins
de la ville d'Ypres porte k la connaissunce
du public qu'en conformité de Partiele 55 du
code électoral il sera procédé, dul'Juillet
au 31 Acüt prochain, k la révision des listes
des citoyens appelés k parliper k l'éleciion
des Chambres législatives, du Consril pro
vincial et du Conseil Communal, du lr Mai
1904 au 30 Avril 1905.
Suivant farucle 54 de la mêrae loi, tout
citoyen est invité k produire, avaut le 1'
Juillet, au Secretariat Communal, les litres
de ceux qui ri'étant pas incrits sur les listes
en vigueur, out droit k l'électorat, ainsi que
de ceux qui, ne figurant sur ces listes que
pour un nombre insuffisant de votes, ont
droit k des votes supplémentaires.
Ypres, le 1 Juin 1903.
Les Bourgmestre et Échevins,
R. C0LAERT.
Le Secrétaire, ff.
N. BOUDRY.
Le correspondant de la Nouvelle Presse
libre k Belgrade a vu l'un des officiers qui
ont pénétré dans le konak royal, M. Pera
Velimovitch. De son récit, nous extrayons
une variante qui nous parait sur certains
points se rapprocher de la vérité plus que
certains récifs précédents.
Seion M. Pera Velimovitch, l'aide de camp
duRoi, Lazar Petrovitch, aurait conduit les
officiers, qui s'étaient présentés comme une
«députation» désirant parler au Roi, jusqu'k
la porte de la Chambre d'Alexandre 1". Voici
ce qui se serait d'alors passé
...lis frappèrent k la porte de la chambre
royale. Sur la demande du Roi, Petrovitch
réponditC'est moi, ton fidéle Lazar
Le roi demanda encore Que veux-tu
sur quoi Petrovitch ditCe sont des offi
ciers qui veulent te parler.
Le roi resta un moment ir.décis, puis il
cria lis doivent dunner leur parole d'hon-
neur qu'ils n'ont pas de mauvais desseins.
En même temps il euvrit la porte.
Selon M. Velimovitch, le roi croyait que le
but de la visite da la députation était de
demander une assurance au sujet des bruits
qui couraient d une mésintelligence dans le
ménage royal et de l'éventualité d'un divorce.
Dans cette idéé, le roi aurait dit aux offi
ciers Rien de cela nest vrai, Messieurs.
Nous nous aimcns loujours...
Dans eet instant une dizaine de coups de
feu partirentd'autres suivirent en grand
nombre. Alexandre et Draga tombèrent l'un
sur l'autre. Des officiers ponèrent encore
des coups de sabre au corps de la reine...
Le Temps ayant reproduit ces ren-
seignements ajoute
Les récits successifs de l'événementfaits
depuis trois jours laissent encore subsister
des obscurités et des contradictions. Notre
envoyé spécial s'attacbe en ce moment k dé-
gager la vérité entière. Les conjurés n'ont
pas été, on le comprend, fort pressés, en
fixant tous les détails, de préciser aussi le
róle, la responsabiliié de chacun. C'est ainsi
qu'on a d'abord représenté l'irruption des
conjurés dans le konak royal comme une
démarche dans le but d'obtenir du roi son
abdication et sou départ, et qu'on a raconté
la version de la résistanee k main arraée
d'Alexandre tuant un officier et provcquant
ainsi le massacre. La vérité parait beaucoup
plus simple, plus nette, plus terrible il nest
plus question que le roi ait tiré ou résisté
les conjurés étaient venus avec l'intention
bien arrétée de ne pas se contenter de pro
messes ou de signature, mais bien de suppri-
mer la dynastie en supprimant les souverain3
selon la recette historique 11 n'y a que les
morts qui ne reviennent pas. C'est la pre
mière évidence qui ressort des récits les plus
sincères.
Ou avait cru aussi d'abord que le frère
de la reine Draga, futur béritier présomptif,
avait été lué au konak royal. Les deux frères
Liuuivitcb ont été tués ensemble et voici
la version aulbentique de leur fin
«Tous deux habitaieut non loin du palais.
Entendant au milieu de la suit le bruit des
déionatioiis, ïls se levèrent rapidemenl et
vouiurent account' au secours. Dans la rue
ils furent appréhendés et conduus dans un
poste de police, lis se croyaient simplement
arrétés et allumèrent des cigarettes. Peu de
temps après un officier et trois soldats en-
trèrent. Les soldats mirent les deux frères
en joue et l'officier commanda le feu. Nicodié
et Nicolas tombèrent morts.
L'élection royale.
L'envoyé particulier du Matin de Paris
en Serbie télégraphie k sun journal
Belgrado, 15. Un grande silence se fait.
Les députés et sénateurs sont assis les cu-
rieux sont tous debout, montés sur les chai
ses, voire sur les tables de la presse. Au
balcort de la loggia, les dames se pencbent
avec curiosité l'aspect général du Congrès
est un peu celui d une réunion publique,
mais l'ordre y est parfait.
Le président se léve et, k midi dix-sept,
déclare la réunion ouverte. II s'agit, dit-
il en quelques mots, de l'éleetion d'un roi
et de la fia d'une dynastie. Aussitót, com
me un seul homme, tous les membres de
l'aasemblée se lèvent et pous3ent le même
cri Zivio Petar Karageorgevitch Vive
Pierre Karageorgevitch C'est ce mou
vement unique que les réunions d'hier soir
et de ce matin ont évidemment préparé.
Alors le président dit qu'on va procéder
k l'appel nominal de chacun, et prendre de
sa place le nom de son candidat. L'un des
secrétaires commence alors l'appel des cent
soixante quinze noras et c'est une curieuse
litanie Un telPetar Karageorgevitch
Un tel Petar Karageorgevitch Un
tel Palat' Karage irgevitab Un tel
Petar Karageorgevitch Aiasi de suite
jusqu'au cent soixante quinzième. Pas un
seul des représentants présents ne manque
de répondre k l'appel, et ils y répondent
tous par le même nom, l'antépénultième
Petar Karageorgevitch Quand le der
nier nom est appelé, ie président s'éerie
II y a unanimité Alors tout le monde
se léve une fois de plus et crie Zivio
Ainsi s'exprime le vivat en serbe.
Au moment précis oü la moitié plus un
des souftrages est acquise, ua monsieur s'en
va ouvrir les fenètres d'un salon faisant
suite k la salie des fêtes, qui donne sur la
rue. Lk, des milliers de personnes se sont
massées, contenues par la troupe. On leur
crie le nom du nouveau roi et alors un
Zivio formidable éclate. Sur une dis
tance de cinq cents mètres, les hommes, les
femmes, les civils, les miliiaires, tout le
monde s'embrasse et se met k chanter, et les
Zivio Zivio s'entrecroisent.
Toute la journée, chacun va s'aborder k
Belgrade en faisent précéder la fourmule
banale Comment allez-vous de cette
autre formule moins ordinaire, puisqu'elle ne
doilservir qu'un jour Vive notre nouveau
roi Petar Karageorgevitch
Dans la salie de la séance, le secrétaire fait
rapidement le coiitre appel. Le président dé
clare qu'après avoir ainsi riommé le roi, il
faut penser au pays, k la liberté, et se mettre
d'accord sur la Constitution qui sera imposée
au souverain. A eet effet, la Chambre et le
Sénat se réuniront dans l'après-midi, k cinq
heures.
Un orateur éeouté de la Serbie, M. Guer-
citcht, prend alors la parole et dit en sub
stance ceci, qui mérité d'être noté au passa
ge, car c'est typique: «Depuis longtemps, la
Serbie attendait ('événement qui la délivre
enfin. II faut maintenant songer k travailler
pour l'avenir de notre pays. II a tout ce qu'il
faut pour devenir prospère, chacun doit con-
sacrer tout ce qu'il a de forces k la grandeur
de la Serbie. Par spéculation méprisable, une
reine indigne a pu arriver au pouvoir et s'y
maintenir. Délivrée par sa mort, ainsi que
par la mort d'un roi faible d'esprit, la patrie
doit marcher désormais dans la voie du pro-
grès et du travail.
De nouveaux«Ziviodonnent, aprèscette
courte harangue, la consécration quasiment
légale, parlementaire tout au moins, aux
meurtres commis k dix pas de cette même
salie, il y a quatre jours k peine. Jnvineible-
ment, je regarde la fenêtre funeste par oü
passèrent les corps mutilés des souverains
d'hier, et je vous avoue que je m'abime avec
une certaine amertume dans un océan de ré-
flexions philosopbiques, cependant que M.
Avakounovitch, chef du gouvernement provi
soire, prononce quelques paroles de circon-
stance et fait appel, aussi, au patriotisme des
législateurs. II est midi trente-cinq. Sur un
dernier Ziviola séance est levée.
On pourrait maintenant écrireici«Troi-
sième acte, la bénédiction», celui-lk vraiment
suggestif.
Nous venions de sortir de la séance, séna
teurs, députés, journalistes, lorsque dans le
jardin qui se trouve dernière le vieux palais,
lk-même oü les officiers firent sauter ia porte
k la dynamite, nous vimes la garde royale
défiier, musique en tête. Le soleil semontrait
enfin; chacun s'arrêta pour voir la troupe,
pantalon rouge, veston bleu-ciel, faire letour
de la pelouse et se placer sur deux rangs. A
cette troupe vinrent se joindre une centaine
d'hommes de la garde, habillés de couleur
plus sombre, et douze gardes sans armes
plus dix ou douze officiers. Sur la pelouse,
l'aumónier de l'armée, aux longs cheveux
blancs, en surplis et en étole ainsi qu'un dia-
ere aux cheveux noirs crépus, revêtudepour-
pre ornementée d'or, se tenaient trés dignes,
attendant que le drapeau fut arrivé. Le dra-
peau arrive. Contrairement au drapeau natio
nal serbe, qui comporte nos trois couleurs
cousues horizontalement comme dans le pa
vilion russe, mais dans eet ordre: rouge en
haut, bleu et blanc, le drapeau de ia garde
royale est tout rouge.
Au lendemain des drames horribles du
Konak, on opine que Ia couleur de sang est
ici de circonstance. La musiquesonneau dra
peau. Tout le monde se découvre, y compris
les soldats et les officiers, sur un commande-
ment bref du colonel de la garde, un colosse,
baptisé tout de suite colonel Porthos c'était
indiqué. L'aumónier parle; les officiers et les
soldats font le signe de la croix, en commen-
gant par la droite, comme c'est l'usage dans
1 Eglise orthodoxe; puis le prêtre après quel
ques psalmodies, fait balancer l'encensoir par
devant, deux doigts en l'air et en criant «Je
le jure C'est le serment de filélité au
nouveau roi.
Le prêtre lit la formule; la troupe tépèie
mot par mot tout ce que les livres saints or-
donnent de faire pour défendre le roi... Et
voilk un serment de plus acquis k i'Histoire.
Or, la même garde prêtait, il y a dix ans, le
même serment au jeune roi Alexandre, devant
le même aumónier de l'armée, bien proba-
blement.