Samedi 2 Mai 1903
10 centimes le N°
38e Année
N° 3741
Hodie mihi, eras tibi
Bulletin politique
Stranger
Etats de l'Eglise
Allemagne
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L'odieuse persécution qui sévit en France,
inspire au Bien Public des reflexions qu'il est
utile, croyoos-nous, de raettre sous les yeux
de nos lecteurs.
Nous leur dédions l'article de notre émi
nent confrère, et nous l'adressons, non seu-
lement auxcatholiques, mais tous les amis
de la liberté, convaincus qu'il constituera un
avertissement précieux pour ceux qui, grace l
une coupable complieité, ou une inaction j
blatnable, laisserateot aller notre pays vers Cüa^re soeiété religieuss,
l'abime oil la France 3e débat en ce moment.
Nous laissons la parole au Bien Public.
La persécution magonniquesévii en France
avec un redoublement de fureur, ne recu-
lant ni devant l'arbitraire, ni devant la vio
lence.
II faut remonter aux mauvais jours de la
Révolulion pour rettouver une situation
analogue.
G'est la guerre civile, organisée par le
pouvoir même qui a pour première obligation
d'assurer la stsbilité politique et la paix
sociale.
Rien n'est navrant lire comme les détails
que donnent les jourr.aux francais sur les
perquisitions, les expulsions violentes, les
dragonnad.es Is mot est absolumcnt
exact, ordonnées par M. Combes. Nous
ne pouvons, cause de l'ahondance même
de ces homeux exploits, qu'en mettre un
tableau sommaire et raccourci sous les yeux
de nos lecteurs; mais ce quo nous en disons
suffit amplemem pour montrer avec quelle
rapidité la République Franpaise descend la
pente au bout de laquelie Léon XIII lui mon
trait, la semaine dernière encore, la honte
et la ruine. C'est croire vraiment qu'il est
authentique ce mot qu'un journal parisien,
la Vérité, attribuait, il y a quelques jours, it
un membrehautplacé du corpsdiplomatique,
au sortir d'un ectretien avec le Président du
conseil des ministres Ou cet hornme est
fou, ou il est possédé du démon. On
n'a pas d'idée, vraiment, d'une politique plus
insensée, ni d'une rage plus infernale.
Et pendant que la France nous offre ce
lamentable spectacle, nos libéraux, nos radi
caux et nos socialistes continued it exulter
et applaudirUs n'ont pour les persécuteui s
que des éloges, pour les persécutés que des I
insultes, des sarcasmes el des mépris. Aux
Francs-mapons rien n'est interdit contre
les ordres religieux, contre le clergé, contre
les catboliques, tout est permis. Voilé ie der
nier mot de la politique anticléricaleVoilé j de vos sociétés anonymes, de vos banques
comment nos adversaires entendent et prati- et de vos comptoirs, de vos filatures, de vos
quent la justice et la liberté hauts-fourneaux, de vos charbonnages, com-
De la part des socialistes,nous comprenons me d'autant de mainmortes authentiques mais
merveille cette attitude. Leur idéaleest la injustement privilégiées, dérobées par voire
tyrannie centralisée, et ils ne sont que cortsé- égoïsme «u patrimoine général et unique de
quents avec eux-mêmes en applaudissant et collectivité sociale
en approuvant tout ce qui ies rapproche de
cet idéal, tout ce qui en prépare et en facilite
la réalisation. Ils se disent avec raison qu'tls
assistent en ce moment une répétition géné
rale de l'oeuvre qu'ils accompliront eux-
mêmes le jour oil ils seront devenus ies
maitres. Rien, ert effet, ne leur sera plus
aisé, moyennant un simple transposition,
que d'employer alors contre ia soeiété civile
tous les arguments, tous les procédés, teute
la légalité frauduleuse, loute la politique
tyraiinique et brutale qui sert aujourd'aui
Si ie droit n'existe pas pour tous.il nlexiste
pour personae et Coux qut le refusent aux
religieux s'exposent par ce refus même se J
voir enlever leur propte droit.
C'est quoi ne songeni .pas assez, sans
doute.les libéraux doctrinaires,propnétatres,
capitalistes, cossus et vent/, us qui, par pur
fanatismeamireligieux,se pament aujoutd nui
devant les fails et gestes du jacobinisme;
franpais, Qu'ils voient fermer une école libre,
un couvem, forcer les portes d'un monastè-
re, expulser des moines et des religieuses,
ils célèbretn ces violations de la justice
comme autarit de victoires du libéralisme et
de conquêtes de la civilisation. Mais comment
ne voient-ils pas que chaque proscrit, chaque
spolté est en droit de réportdre leurs sar
casmes et leurs ricanements HO HIE
MIHI, CRAS TIBI C'est aujourd'hui mon
lour, demain ce sera le vótre!
Cette loi des représailles ou, pour parler
plus exactement, cette loi du taliorr procédé
d'une sorte de logique, mystérieuse et imma
nente, qui se manifeste travers les siècies,
dans toutes ies grandes phases dë l'üistoire.
Comment ne pas considérer, non plus,
que cette même logique se retrouve aussi
dans les esprits, dans 1 ame des foules sur-
tout, et quelle les conduit des déduclions
bien faites pour séduire des cupidités et des
jalousies avides de s'assouvrir
Vous nous dites aujourd'hui que les reli
gieux sont incompatibles avec l*Etat moder
ne, tel que vous le concevez mais que
répondrez-vous un jour aux socialistes qui
viendrorrt vous affirmer que la propriété
privée est incompatible avec l'Etat collecti-
viste, tels qu'ils le eonpoivent
Vous afïïrmez gratuitement que les asso
ciations religieuses, basées sur le droit
commun, sont des mainmortes occultes et
frauduleuses mais qu'aurez-vous dire le
jour oü le socialisme décrétera la suppression
toute méconnaissance, toute violation du
droit sppeile, comme une conséqueocs ou
comme un chatimenl, !a tyrannie d'en lias
ou la tyrannie d'en haut, le jacobimsme ou
le césarisme Ceux qui a'ment vraiment la
liberté darts l'ordre, dans la justice, dans le
respect de tous les droits et des droits de
tous, feraient bien de s'en souvenir.
Vous accusez les Bénédictius, les Francis-
cains, les Dominieains, les Jésuites vous
aecusez, en un mot, tous les ordres religieux
detre peuplés de faineants qui vivent aux
dépeos de la soctété mats qu'aurez-vous
répoiidite lorsqu'on vous demandera compte
de i'emploi de vos propres revenus, qu'on
aura ia pretention de dé lacher vos coupons
voire place, qu'on dressera l'inventaire de
vos ricbesses inutiles et qu'on vous sommera
de laisser, non pas séculariser mats socialiser,
votre coffre-fort, voire portefeuille, vuo
équipages, vos palais, vos chateaux, vos
villas Truuverez-vous encore, ce
moment, qu'il faut sTnchner devant la loi,
même lorsque la iégalité et quelle léga
lité vous dépouilie et essate de vous
tuer
Or, uotez que toutes les éventualités que
nous vous faisons entrevoir tei, ne sont pas
de pures hypolhèses, imaginées platstr
pour les besoins de ia cause et pour ia
faciiité de l'argumentation. Ce sont bel et
bien autant d'articles parfaitement textuels
du programme que les socialistes définissent
sous le litre général de liquidation sociale.
De l'avsu de M. Vandervelde, emre autres,
ces revendications constituent l'essence du
socialisme, et caiui-ci ne pourrait les aban-
donrter ou seuiement* les atténuer sans se
reuier lui-même et sans se suicider. La
persécution maponrtique contre l'Eglise n'est
aux yeux des socialistes que le prologue d'un
drame beaucoup plus intéressant et plus
développé dans lequel le capitalisms sera,
sinon l'acteur principal, tout au moins la
principale victime
En vain direz vous que ce sont Ié de
vaines menaces, des banalités déclamatoires,
bonnes teut au plus pour iltusionner la
crédulité populaire, mais dont les classes
possédantes n'ont pas s'inquiéter. Si
l'Eglise, eroyez-vous encore, qui n'a pas de
moyens matéiiels ue se défendre, a sujet de
craindre, ia societé civile, l'Etat laïque, est
suffisamment armé pour n'avoir pas
redouter les barbar s de l'intérieur. Prenez
garde Nous vivous en un temps difficile
et troublé, oü l'autorité a beaucoup perdu
de son prestige nous vivons aussi en un
temps de bouleversetnents et de révolutions
oü la force est exposée changer de mains.
Que diriez-vous, que deviendriez-vous si lie
venait, par quelque fatale surprise, échap-
per ceux qui ia détieonent encore pour le
manuien et pour la sauvegarde de l'ordre
social
Et puis, si la force seule est impuissante
rien fonder de durable,elie est impuissante
ausssi défendre seuie ce qui n'est plus
appuyé sur la pierre fondamentale de la Participation des socialistes
justice. aux elections pour le Landtag
Voilé pourquoi le despotisme n'est pas Berlin, 29 Avril. Pour la première fois,
fait pour durermais voilé aussi pourquoi les socialistes prussiens ont décidé de parti-
Le rei Ëdouard VII
chez le saint-Père
Léon XIII est venu au devant du souve-
rain jusqu'é la ptèce donnant accès son
j bureau et l'a accueilli avec les marques d'une
vive satisfaction.Le roi Edouard s'est incliné
légèrement, en avarpant !a main que ie
Pdpe a pi'So ei gardée dans la sienne jusqu'é
ce que tous les deux aient disparu dans une
autre pièce dont la porte s'est referraée
aussitöt.
Suivant l'usage, le Pape a fait asseoir son
royal visiteur sur ue tróne cöté du sien, et
sous ie même baldaquin. L'entretien a duré
exactement 22 minutes.
Pendant ce temps, les personnages de la
suite du Roi conversaient avec les person
nages de la Cour pontificale, auxquels ils
faisaient de vifs compliments sur la beauté
des uniformes, la variété et ia richesse des
costumes dont quelques-uns ont de l'analogie
avec ceux de la Cour d'Angleterre.
L'entretien terminé, le roi Edouard a fait
introduire les personnages de sa suite et les
a présentés au Saint-Père, Léon XIII était
rayonnant de santé et comme rajeuni.
Après les presentations, le Pape, tenant
toujours le Roi par le main, l'a accotnpagné
jusqu'é l'antichambre secrète. Au moment
de prendre congé, ie Rot a exprimé au Pape
le désir d'avoir son portrait. Cette photo-
graphic sera remise au Roi par Mgr Stoaor
ce soir même.
L'ent evue d'Edouard VII avec le Pape n'a
tu aucun caractère politique.
Sa Majesté a exprimé son plaisir en appro-
nant que quelques urts des chamb/lians
qu'on lui avait présentés étaimu sas propres
sujets. Le roi dit cotnbien il avnt étófr.>ppé
par la vigueur qu'avait raont.'ée Lé 1 XI11,
et déclara qu'il failait ua effort pour s rap-
peler son age avancé.
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