Mercredi 22 Aoüt 1900
10 centimes le N°
333 Année. N°. 3573.
Les affaires de Chine
La guerre Angio-Boer
Ma soeur Norbertine
Le Shah a Bruges chez les
soeursde Saint-Vincent de
Paul
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Après Ir prise de Pékin
Maiaténant que Pékiti est pris, une
question capitate va se poser, d'oü dé-
pendra, sans doute, la suite des évène-
ments. II s'agit de savoir si les puis
sances doivent se contenter d'une
réparation uiatérielle pour le tort qui
a élé cause a ieurs nationaux et de
garanties sufKsantes contre le retour,
a l'avenir, de scandales semblabl.es a
ceux auxquels n.ms venons d assister,
ou si, en outre, elles doivent deman-
der le chatiment des auteurs respon-
sables de ces scandales.Sur le premier
point, tout le monde est d'accord.
11 faut instituer un gouvernement a
Pékin qui, ayant assez d'autorité sur
toutes les provinces, et netant plus
hostile aux étrangers, inspire assez de
confiance aux puissances pour qu'elles
n'aient plus aucune crainte quaut a
leurs intéréts en Extrême-Orient.
D'autre part, de fortes indemmtés
fmancières devront être exigées pour
le meurtre des missionnaires et des
autres étrangers laïques, ainsi que
pour les dommages énormes subis par
les entreprisesdiverses des Ëuropéens.
Mais faudia-t-il laisser impunis les
conseillers duTróne, cette clique qui
a été la cause de tout le mai On a
une tendance, depuis qu'on a appris
que les ministres n'avaient pas été
massacrés, a oublier lenormité de l'at-
tentat que représententlesoulèvemeut
des Boxeurs, le siége des lègations,et,
enfin, les nombreux meurtres commis
soit a Pékin, soit dans les provinces.
On pourrait presque croire que les
Ohiuois out voulu créer eet état d'es-
prit en annoncant olliciellement le
massacre des ministres, puis en le dé-
mentaut ensuite. Toute question de
vengeance mise apart, ils'agit du
prestige du monde civilisé,qui patirait
d'un excès de clémence. On dit que le
Japon, tout en mettant hors de cause
l'empereur et Timpératrice douairière,
réclamerait ie chatiment de leurs con
seillers.
Si les puissances adhéraient a ce
programme, il s'agirait d'obtenir de
l'impératrice-douairière, nous ne
parions pas de l'empereur, qui nest
qu'un jouet entre ses mains, quelle
séparat sa cause de celle de ses funes-
tes conseillers, dont le plus coupahle
est le prince Tuan. A cette condition,
1 e, statu quo ante pourrait être rétabli,
une fois les indemnités payées et les
garanties données pour l'avenir.
Mais, si la douairière ue voulait pas
désavouer ses conseillers, il ne reste-
rait plus aux puissances qu'a continuer
la lutte contre elle. II ne saurait être
question de poursuivre la cour dans
sa retraite, une telle entreprise com-
portant un effort considérable. Mais
les alliés auraient a envisager la ques
tion de savoir s'il n'y aurait pas lieu
dedéclarer ladéchéance de l'empereur
actuel, et de mettre sur le tröne un
prince auquel ils accorderaieut leur
protection.
L'ancienne conr, se trouvant en
fuite et étant privée de la réalité du
pouvoir, perdrait sans doute assez de
son prestige aux yeux des vice-rois
pour que ceux-ci se ralliassent au nou-
veausouverain de fait. Peut-êtremême
la seule éventualité de cette solution
amènerait elle rimpératrice-douairière
a capituler devant les puissances.Quoi
qu'il en soit du parti auquels les gou-
vernements alliés s'arrêteront on voit
que 1'ere des difficultés pratiques va
peut-être s'ouvrir.
C'est dire que les renforts considé-
rables qui sont en route pour la Chine
trou veront saus doute encore l'occasion
de s'y signaler. C'est dire aussi, que
les puissances doivent, plus que ja
mais, rester étroitement unies, car les
causes de désaccord vont apparaitre,
et, si on ne lescoujurait pas, i'oeuvre
commune, jusqu'ici bien menée, pour
rait être compromise.
Une prétendue grande victoire Boer
4LOOO anghas prisonniere
7 canons peis
L'Agence Haoas communique aux
journaux beiges, Dimanche, la dépê
che suivante, qui trainait dans toutes
les feuilles de Loadres dès Samedi
Loudres 19 Aoüt. Une dépêche
de LaurenQo-Marquez 19, publiée pat-
les journaux, dit, suivaut les informa
tions de source boer, que Delarey a
effectué sa jonction avec Dewetcelui-
ci a battu les troupes anglaises, a cap
turé 4,GOD Anglais et pris 7 canons.
II ne faut pas attacher grande im
portance a cette information, qui est
suspecte, venant de Lauremjo-Mar-
quez, et qui a peut-être été frahriquée
par les Anglais, dans le but de discré-
diter les informations boers.
S'il est un instant heureux dans la vie,
c'est celui oü l'enfant devenu homme
peut remercier eeux dont il tient l'éducation
et le savoir, principes pour le dur combkl de
la viec'est son devoir d'ailleurs, et rem-
plir un devoir c'est être heureux.
Ce fut aux anciens élèves de Soeur Norber
tine de la Ste Familie que fut donné ce bon-
heur, hier; tous ont tenu k fêter le 25®
anniversaire de professorat de cette vaillante
religieuse.
A 9 heures, en la chapelle de l'lnstitut,
une messe d'action de grkces fut célébrée
par un ancien élève; la Soeur Norbertine
agenouillée au milieu d'eux tous, priaitsans
doute pour leur bonheur,tandis qu'ils remer-
ciaient Dieu et le priaient pour elle. Lorsque
le prêtre, dont elle guida les premiers pas,
entonna le sublime Te Deum beaucoup
de larmes hésitèrent au coin des paupières,
larmes de bonheur et de reconnaissance.
Après cette touchante cérémonie, eut lieu
la réception en la salie de fête de l'lnstitut,
splendidement óécorée.
Après une séance musicale des plus agréa-
bles, Monsieur l'avocat G. Soenen un des
plus anciens élèves, se leva, et, en termes
éloquents et partis du cceur, retraga la vie
toute de devoir et d'abnégation de la vail
lante religieuse.
11 y a 25 ans, dit-il entr'autres, j'étais assis
sur les bancs de voire classej 25 ans, c'tsl
long! Ehbien! il m'arrive souvent, dans
mes momenis de rêve, d'évoquer tous les
souvenirs si bons, si doux de mon enfance,
et c'est toujours aux années que je passai
sous voire garde que je me plais k m'arrêter
davantage.
II m'est doux de me rapeller les legons et
même les corrections si pleines de tact que
vous nous donniez tant.que nous n'éiioos pas
k même de comprendre encore. Et plus loin
Merci! au nom de tous! nous demandons
k Dieu que vous qui fines notre boussole si
longtemps, vous le puissiezétre de longues
années encore pour nos plus jeunes
D'unanimes applaudissements, approuvè-
rent les chaleureuses paroles du jeune avocat
qui remit ensuite au nom de tous les anciens
élèves une superbe chape brodée,don préféré
par la sainte religieuse qui toujours toute
d'abnégation voulut offrir au service de Dieu
un don que lui offrait la reconnaissance de
ses anciens élèves.
Ce fut Monsieur l'abbé Moureaux,directeur
de l'lnstitut qui les remercia tous au nom de
la bonne Soeur Norbertine qui ne trouvait pas
de mots, elle, pour remercier, elle pleurait
de bonheur, c'était, trop bon, trop beau
elle nous aimó tous, disait elle voilk 1
Levin d'honneurcircula, puis tous voulu-
rentrevoir les bancs ou tout petit ils passé-
rent de si doux instants. La classe est tou
jours la même me disait un ancien élève,
toujours telle qu'il y a 25 ans, c'est bien tou
jours le même Christ au dessus de l'estrade
de notre bonne Soeur Norbertine,toujours les
mêmes statues de la Vierge et de St Joseph,
k gauche et k droite toujours la même Carte
de Belgique, lk bas dans le coin, k l'entrée;
la cour, elle n'a pas changée non plus,
voyez les deux noyers, et dans le fond la
colline, ou tout petits, nous allions les après-
midi de Mai, chanter au pied de la statue de
laVierge qui la domine. C'était bon, c'était
beau, de voir tous ces anciens élèves,
devenus prêtres, membre du barreau, de
l'armée, négociants se précipiter pour s'as-
seoir encore une fois sur les petits bancs
oü ils apprirent l'A B C aux multiples efforts
de leurs petites mémoires, et la silhouette
discrète, si bien connue, de Soeur Norbertine
qui riait maintenant de sa première émotion,
se mouvait au milieu des ses garpons
conirae elle se plait k les nommer encore.
Que de longues années encore Soeur
Norbertine puisse continuer sa vaillante car
rière, c'est le voeu ému et sincère que for-
ment pour elle tous ses anciens élèves que
Dieu exaucera s'il écoute leurs prières.
Merci, Soeur Norbertine et que Dieu vous
récompense.
Mouzaffer-Ed Din est arrivé dimuiche
après-midi k Bruges. L'intérieur de la gare
était décoré de drapeaux aux couleurs per-
sanes. M. le baron Ruzette, gouvern. ur de
la province et M. le comte Visart, bourg-
mestre, attendaient le train royal, qui est
arrivé k 4 heures.
Le Shah fut salué par des acclamations
enthousiastes. 11 était accompagné de son
grand vizir, de M. Coetermans, consul géné-
ral, de M. le généralTheunis, de M. le baron
d'Etp, etc. une dizaine de voituivs les
attendaient. Le souverain est monté dans la
première en compagnie de son grand vizir
et de M. le baron Ruzette, précédé de 20
gendarmes k cheval sous le commandement
de M. le capitaine Archambauld.
Le cortège est parti immédiatement au
galop par la rue des Pierres oü flotlait par-
tout le drapeau national. Quelques minutes
après, leShah et sa suite arrivaientk l'hópi-
tal oü il a été repu par la commission des
hospices civils et par M. Yserbyt, curé de
l'höpital. Prés de l'entrée'du célèbre musée
se trouvaient rangées les soeurs de l'hópital
auxquelles le Shah adressa un saiut trés
cordiah
maw'