Etrennes Pontificates
mmi
m
^p-aA up
Mercredi 7 Mars 1900
10 centimes Ie N'
N0. 852 7.
Installation de
M. le Bourgmestre
85® Annêe.
1 SSmnw
On s'abonne rue au Beurre, 36, k Ypres, et
Le JOURNAL D YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
Le prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout
le pays; pour l'étranger, le port en sus.
Les abonnements sont d'un an et se régularisent fln Décembre.
Les articles et communications doivent être adrossés franc de port a 1'adresse ci-dessas.
tous les bureaux de poste du royaurae.
Les annonces content 15 centimes ia ligne. Les réclames dans le corps da journal coütent
30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires1 franc la ligne. Les numóros supplé-
mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires.
Pour les annonces de France et de Belgique excepté les 2 Flandres) s'adresser 4 l'Agence
Havas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et 4 Paris, 8, Place de la Bourse.
Listfs précédentes 1190.50
Au lit de mort des anciens rois de France,
quand le vieux souverain venait de rendre le
dernier soupir, un antique usage voulait que
les chevaliers, les grands seigneurs, les dig-
nitaires de la Maison royale présents, s'é-
criassentLe Roi est mort, vive le Roi
pour rendre témoignage que malgré la mort
du Prince, la Royauté restait vivante.
Comparant la petite royauté,qui se nomme
la première magisirature de notre ville, k
cel le dont nous rappelons la mémoire, nous
pouvons dire Vive le Roi mais non Le
Roi est mort, car l'ancien bourgmestre, Dieu
merci, est bien vivant, plus vivant que
jamais! De roi, il est devenu empereur en
quelque sorte, puisque de l'administration de
notre ville il passé k cel le du pays
C'est ce qui explique l'enthousiasrae stns
nuages, quia régné Dimanche passé pen
dant l'entrée triomphale c'est le mot
de M. le bourgmestre Colaert. Aucun souve
nir pénible, aucun regret ne s'y mêlaient.
L'on avail perdu comme bourgmestre M. le
Baron Surmont, mais on voyait le Ministre
de ('Industrie et du Travail, resté conseiller
communal, pour montrer son affection k sa
ville adoptive, se joindre k ses collègues
pour téliciter le nouveau bourgmestre, sou
successeur, qui peuten être fier, car il est
le seul bourgmestre du pays.sans nul doute,
qui compte un ministre parrai ses conseillers!
Dès l'aurore, Dimanche, de formidables
détonations annoncèrent au loin qu'Ypres
était en liesse
A mesure que la matinée s'avanpait, notre
vieiIle cité se parait de plus en plus de ses
atours de fête. A chaque maison flottait le
drapeau aux trois couleurs dans les rues
que le cortège devait traverser, des mats
couronnésde drapeauxaux couleurs nalionales
ou celles de la ville, se dressaient des deux
cötés, depuis la Grand'Place jusqu'k la place
de la Gare oü l'arc de triomphe des grands
jours, avec la belle devise Welkom
faisait une tois de plus l'admiration des
curieux.
Vers une heure de l'après dinée une sorte
de fièvre commence kagiter notre population.
Les rues oru une animation extraordinaire.
Partout on voit surgir les membres des so-
ciétés, les commissaires de la fête, lesexé-
cutants des musiques, les nombreux curieux
de la ville et de l'étranger,profitant du temps
splendide quoiqu'un peu froid pour se diriger
vers la Place oil le cortège s'organise.
De loutes part des sociétés. Voici la musi-
que desorphelins qui arrive aux sons joyeux
d'un pas redoublé entrainant,... puis une
magriifique troupe de cavaliers citadins, en
habit, et portanten sautoir les couleurs de
la ville. La Grande Fanfare vienlk son tour
se mettre k la tête du cortège, derrière les
gendarmes ft cheval qui ouvriront la marche.
Puis surgissent de toutes les artères qui
confinent ft la Grand Place, les sociétés d'ar-
chers, de joueurs de billard, les sociétés
d'horticulture dont un des membres porte
un splendide bouquet en fleurs naturelles,
qu'il compte offrir aul premier magistral
d'Ypres.... puisla jeune garde, l'orphéon,
le Katholieke Ziekentroost, puis encore les
sociétés des pêcheurs k la ligne dont les
membres sont nombreux, ce qui nest que
justice, carils connaissent les sympathies
du nouveau bourgmestre pour leur sport,
lis pourraient paraphraser les paroles de M.
Colaert k M. le Ministre Surmont au Volks
huis el dire: Les pêcheurs k la ligne ont bon
espoir, ils attendent beaucoup de vous M. le
Bourgmestre
A deux heures, le carillon se met k jouer
labrabai)(jonne au moment même ou débouche
de la rue de Menin, une longue file de cava
liers, venus de la campagne. Les campa-
gnards Yprois sont d'ailleurs fort nombreux
dans le cortège, tant k pied qu'k cheval.
La longue file des sociétés se met en branie
et se dirige versla gare. Leconseil Com
munal en landaus découverts termine la
marche. II est précédé de l'Harmonie Com
munale et escorté par le Corps des Pompiers
en grande Tenue.
Darts la première voiture, destinée k M. le
Bourgmestre, on remarque une charmante
enfant, la fille deM. le conseiller Boone, qui
porte un énorme bouquet qu'elle offrira au
nom de la cité.
Les membres de l'Orphéon ógalemerit
offi iront un bouquet k leur Président d'hon-
neur.
Vers deux heures et demie, les coups de
carton tirés sur les boulevards, annoncent
l'arrivée du train de Bruges, qui amène M.le
Bourgmestre. C'est un moment de sincère
émotion pour les milliers d'assistants, quand
M. Colaert sort en grand uniforme, de la
gare, salué par les acclamations des milliers
d'assistants, pendant que l'Harmonie joue
une pétillante brabanponne et que dans le
fond, le long du boulevard Malou, on aper-
goit les nombreux étendards et drapeaux du
cortège qui y est massé.
Après les félicitations officielles, M. le
Bourgmestre Colaert monte en voiture, le
cortège défilé devant lui et se rend k la Place
par les rues de la Station, du Temple et au
Beurre. Sur les trottoirs se presse une foule
immense, aussi nombreuse qu'aux jours des
grandes festivités.
Arrivé k la Grand'Place, M. le Bourgmes
tre passé en revue toutes les sociétés dont
la masse s'étend en faisant le tour de cette
p'.acepublique, une des plus grandes du pays,
depuis la rue de Dixmude jusque la rue des
Chiens. M. Colaert a un mot affable pour
tous les présidents de sociétés, commis
saires et mêmes simples membres du cor
tège. Tous sont enchantés de l'aménité du
Premier Magistrat de la ville.
Puis le cortège se dissout et k 3 1/2
heures a lieu k la Salie Pauwels, la séance
solennelle d'inauguration du bourgmestre et
la nomination d'un second échevin.
M. l'Echevin Berghman prononce un
beau discours pour souhaiter la bienvenue
a son ancien collègue en Echevinat, devenu
son bourgmestre, et M. Colaert remercie
par un de ces nakies discours, oeuvres litté-
raires de choix, dont il a le secret.
Puis M. le Bourgmestre continue l'ordre
du jour de la séance par l'élection d'un éche
vin, M. Ern. Fraeijs est nommé par 12 voix
contre une donnée k M. Eug. Struye et un
bulletin blanc.
Nous sommes heureux de pouvoir repro
duce dans nos colonnes les discours de
MM. l'Echevin Berghman et Bourgmestre
Colaert
Discours de
MVEchevin Berghman
Monsieur le Bourgmestre,
Quand en foulant le sol de la ville d'Y
pres, vous avez vu cette foule compacte qui
qui se pressait autour de vous, que vous avez
entendu leurscris de joie et d'allégresse,vous
devez vous être demandé ce qui se passait
dans notre antique cité, pour reconnaitre
ensuite que c'était le peuple yprois qui sou-
haitait la bienvenue k son premier magi
strat.
Non contente d'inscrire au frontispice de
la porte de triomphe le mot Welkom la
population yproise a tenu k traduireen oeu
vres les sentiments qu'elle éprouvait pour
vous. Les sociétés locales, les corps de mu
sique de la ville se sont formés en cortège,
l'élite de la population s'est jointe k eux pour
vous mener triomphalement k l'hötel de
ville.
Je crois être l'interprête de vous tous,
Messieurs et honorés collègues, en souhai-
tant la bien-venue au nouveau bourgmestre.
C'est dans ces vastes et splendides bkti-
ments, dans ces halles que l'administration
conserve avec un soin jaloux, dans ce monu
ment, qui fait l'admiration de quiconque
i'approche, que vous êtes appelé k travailler
au bonheur de vos concitoyens et k la pros-
périté de la ville d'Ypres.
Ces voüles antiques vous stimuleront, s'il
le fallait, au travail en vous rappelant le zèle
et l'aclivité de vos prédécesseurs, de vos
devanciers sur les traces desquels vous êtes
décidék marcher glorieusement.
Le choix que sa Majesté a fait de votre
personne comme bourgmestre de la ville est
un choix des plus heureux. Votre nomina
tion a été acclamée paria population, elle
répond au voeu de toute la cité. Le conseil
communal en particulier se réjouit de votre
promotion k la première magistrature de la
ville.
Mieux que tout autre, vous étiez préparé k
remplir ces délicates fonctions. Depuis l'an-
née 1884 vous occupez un mandat k la
chambre des représentants, vous avez
acquis l'expérience des affaires admini-
stratives, vous avez appris k vous soucier
des intéréts de vos concitoyens.
C'est en participant k l'élaboration des
lois que vous avez appris k connaitre les
nécessités auxquelles elles étaient destinées
k répondre.
Elu conseiller communal en 1887, vous
vous êtes empressé de prendre une part
active aux travaux du conseil communal,
d'étudier les réformes qu'il y avait k faire
dans l'administration de la ville. Nommé
échevin en 1891, vous n'avez pas tardé d'ap-
porter un grand soin et une grande activité
dans l'expédition des affaires. Vous avez
toujours été un puissant appui pour vos col
lègues du collége.
Pétillant d'esprit quand il était encore as-
sis sur les bancs de l'école, M. Colaert se
distingua k l'Université par ses capacités,
pour devenir ensuite un membre éminent du
barreau.
Personne ne se hasardera de prétendre
que sa nomination en qualité de bourgmestre
ne soit pas heureuse.
Quand un prince fesait sa joyeuse entrée,
il accordait sous serment des privilèges k
ses sujets il déclarait en outre qu'il serait
un souverain bon, juste et loyal et qu'il gou-
vernerait d'après la justice et la raison.
Quels sont les dons de joyeuse entrée que
nous pouvons attendre de vous La ville
a été régie sagement par le bourgmestre qui
vient de nous quitter. Ce n'est pas méconnai-
tre votre aptitude k gérer les intéréts de la
ville,que de dire que ce fut un administra
teur hors ligne.
Vous avez été formé quelque peu k son
école. C'est en marchant sur ses traces que
vous trouverez k donner satisfaction k vos
concitoyens. Vous vous ferez un devoir de
continuer les travaux d'assainissement, de
préparer la restauration de nos monuments,
de résoudre dans un avenir plus ou moins
prochain, la question du curage de nos
étangs, pour autant que nos finances le per-
mettent. Je n'abuserai pas de vos moments
pour énumérer les différentes réformes, qui,
projetées depuis longtemps se réaliseront
sous votre administration.