Le flamand au Sénat.
La chiromantie.
Pro arte.
NOUVELLES DIVERSES.
Voilk plus d'un an que la tombola est au-
toriséemais le tirage au sort des primes est
constamment remis, pour des motifs qu'il
m'est impossible de contróler et avec l'autori-
sation du collége échevinal
Ne connaissez-vous un moyen légal de
faire acliver ce tirage au sort qui est promis
pour la date du 15 Mai, mais qui sera pro-
bablement de nouveau reculé
Veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur,
mes remerciements anticipés et l'assurance
de ma parfaite considération.
Ypres, le 11 Avril 1898.
X.
Réponse
Monsieur X.,
Le Journal la Lutte-de Strijdpossède un
bureau de consultations gratuites. Adressez
vous a lui. II pourra vous renseigner exacte-
ment sur les causes qui font remettre con
stamment le tirage au sort. II vous dira
égalemenl ce qu'il y a lieu de faire en droit
pour obtenir ce tirage.
Par amour de votre amour pour l'ensei-
gnement libre, nous vouions bien vous don-
ner une consultation gratuite, mais négative
ne vous adressez pas aux tribunaux, comme
l'ont fait certains professeurs du Collége
moderne, qui ne parviennent pas k faire
payer leurs traitements. II vous serait ré-
pondu comme k ceux ci Nous n'avons pas
d'existence juridique et cela durerait au
moins une année avant que vous obteniez
une solution.
C'est que, voyez-vous, monsieur X, la
Justice est lente, surtout lorsque l'adversaire
chercbe, dans Ia procédure et autour de la
procédure, des moyens que les juristes ap
pelant dilatoires. Ne vous y fiez pas Quand
même le tirage au sort subirait encore quel-
ques remises, il aura lieu avant la décision
du procés que vous intenteriez.
II est vrai que cela dépendra un peu du
Collége Échevinal, dont vous semblez re-
gretter Valorisation de recuier le tirage.
Ce collége a tort, k noire avis, d'accorder
ces remises consécutives. 11 estime saus
doute qu'il ne faut pas suivre l'ancienne juris
prudence administrative libérale, qui traitait
l'enseignement libre en ennemi. Ce n'est pas
sous une administration libérale, doctrinaire
ou progressiste, qu'une institution libre
aurait obtenu la permission de reculer con
stamment l'époque du tirage au sort. Elle
n'eut pas méme été autorisée k ériger une
tombola. Que voulez-vous, les cléricaux sont
tolérants, plus libéraux que ceux qui se
disent tels.
Ce n'est cependant pas un motif pour lais
ser agir le Collége moderne k sa guise. Le vin
est tiré, il faut le laisser boire. Si la tombola
n'a pas produit tout ce que l'on en attendait
et l'on est loin de compte, parait-il
il faut néanmoins procéder au tirage des
primes; sinon, c'est frustrer les souscrip-
teurs.
Mais, Monsieur X., c'est lit votre affaire.
Nous n'avons rien it voir dans le ménage du
Collége moderne. La Lutte dit que le comité
s'est trouvé dans l'impossibilité de faire ren-
trer pour le 27 Mars certains dépóts de billets
et d'établir la liste exacte des billets vendus.
Vous avez le droit de controler ce dire.
Singuliers dépositaires de billets Est-ce
que, par hasard, ces dépositaires ne savent
pastenir leur petite comptabilité? Ou sont-ce
des dépositaires aussi modernes que le col
lége moderne lui-même Ou n'est-ce qu'un
prétexte pour reculer encore le tirage au
sort
Quoiqu'il en soit.le comité du Collége mo
derne, composé de MM. Vermeulen, Heyl-
brouck et Tibbaut, pourra vous renseigner
mieux que nous. Adressez-vous done it ces
messieurs, si mieux vous n'aimez interroger
la Lutte, qui est au courant de tout.
Celle-ct vous dira, dans tous les cas, que,
au concert de la Fraternelle une collecte
fut faile au profit du denier desécoles laiques,
et que cette collecte fut trés fructueuse. Après
cela, vous vertez, mon bon Monsieur X.,
tirer au sort les primes de la tombola, et
peut-être aussi... payer les traitements des
professeurs du collége moderne. Et tout sera
dit.
Si vous croyez nous devoir des honorai-
res pour notre consultation, prenez pour
notre compte dix billets en plus.
Des billets sont encore en vente, dit la
Lutte, au Café de la Lune, ou les principaux
lots sont exposés.
Nous aimerions mieux cepondant que vous
achetiez un voile ne fut ce qu'une aune
de calicot pour dérober aux regards des
enfants certairie prime dont la place serail
mieux dans la lune qu'k ta Lune.
Agreéz, Monsieur X. etc.
Le Sénat continuera aujourd'hui la discus
sion du projet flamand.
Nous apprenons que nos Sénateurs, MM.
Struye et Surmont de Volsberghe, sont ins-
crits et prendront la parole.
Des journaux annoncent que M. le Baron
Surmont persistera dans son opposition.
Nous oroyons devoir faire observer que
notre honorable Sénateur avait annoncé,
dans son discours de l'an dernier, qu'il s'ab-
stiendrait au vote du projet Devriendt-Core-
mans.
Or,ce projei a été modilié par la Cbambre,
de manière k donner satisfaction k tous les
scrupules.
Nous croyons que M. Surmont de Vols
berghe votera le nouveau projet, ou que tout
au moins il s'abstiendra.
D'après des pointages faits, le projet pas-
sera, au Sénat, k une majorité de cinq ou six
voix. Acceptons en l'augure.
La Lutte De Strijd critique M. le Baron
Surmont au sujet de son attitude dans la
question de l'ajournement du projet.
La vérité est qu'il n'a pas été question,
dans la séance du 5 Avril, d'ajourner la dis
cussion du projet, mais de la fixer k la se-
maine suivante. M. Surmont a invoqué les
précódents et a simplement exprimé l'avis
qu'il valait mieux ne pas scinder la discus
sion.
II était d'accord, sur ce point, avec d'au-
tres membres du Sénat et notamment M.
Picard, qui ont voté l'an dernier le pro
jet Devnendt Coremans.
La Lutte et le Progrès se sont encore
échangé quelques amabillés au sujet du
fhmand.
Nous devons reconnaitre que c'est Jan de
La Lutte qui a le bon bout dans tout cela.
Comme Jan le fait observer justement,
c'est pour combattre un défenseur de la lan.
gue flamande, M. Colaert, que le Progrès a
pris une attitude anti-flamingante.
La lutte annonce qu'il sera demandé au
Progrès raison de cette attitude, k la réunion
de l'Association libérale.
Elle rappelle qu'au Congrès progressiste
de 1887, oil MM. Brunfaut, Leleup et Ver
meulen étaient présents, l'égalité des deux
langues nationales fut pioclamée. Nous
espérons, ajoute-t-elle, que ces messieurs
sont reslés fidèles k leur programme.
Nous fespéroiis aussi, mais nous en dou-
toris un peu, tout au moins pour MM. Leleup
et Brunfaut. La lutte nous le dira sans doute
après la réunion de l'Association libérale?
Plusieurs journaux catholiques ont
reproduit notre article relatif au pré-
tendu sortilège de Wulverghem.
La Patrie relève, a ce propos, d'après
un article du Temps, du a la plume
de M. Adolphe Brisson,ce qui se passé,
a Paris, la ville lumière, chez Mme de
Thèbes, une sibylle soi-disant scien-
tifique.
Nous passons, dit notre confrère
brugeois, la longue dissertation de M.
Brisson a propos de la prétendue
science de Mme de Thèbesnous vou
ions seulement donner a nos lecteurs
une idee des clients de la sibylle pa-
risienne.
Voici la fin de l'article
Quel est l'état d'ame de ceux qui se font
dire la bonne aventure? 11 est facheux que
l'on ne puisse observer leur physionomie,
tandis que Mm* de Thèbes les assiste,écouter
les aveux qui leur échappent, les questions
qui se pressent sur leurs lèvres. Tous les
drames, toutes les comédies de l'humarnté se
dépouillent, dans ce lieu, du manteau de
l'hypocrisie... On ne se défend pas contre
unesorcière; elle vous tient et vous ligotte
k son gré; la chiromancie est une école su
périeure de psychologie. Et, sans doute,
a-t-elle fourni k Dumas plus d'une indication
précieuse...Mmt de Thèbes,qui est son élève,
se flatte de posséder assez rxactement les
moeuis d'aujourd'hui. Sans oublier la discré-
tion oü l'oblige le devoir professionnel, elle
m'a communiqué quelques-unes des impres
sions générales quelle a recueillies et qui
valent la peine d'etre citées.
Les hommes affectent un scepticisme qu'ils
n'ont pas en réalité. Ils sont crédtiles et ne le
veulent point paraitre. Leur cuiiosité s'aita-
che aux jouissances positivesSerai je
riche? Aurai-je de la gloire Aurai je de la
santé?» Tels sont leurs soucis habituels.
Quand Mm' de Thèbes les voit accourir, c'est
qu'ils sont menaeés dans un de ces biens,
qu'ils font se battre en duel, ou qu'ils sont
enproiek des ambarras pécuniaires. les
femmes, au contraire, (sauf celles pour qui
l'amour se subordorme k des raisons d'inié-
rêt) se préoccupent peu de l'argent. Le sen
timent est leur principale affaire. Elles trern-
blent pour leurs enfants dés qu'ils sont ma-
lades,ou bien elles veulent apprendre si elles
sont trahies par un amant, par un mari.
de Thèbes les rassure de son mieux.
Elles lui demandent ingénument les moyens
de ramener l'infidèle... Apportez-moi
une page de son écriture, dit ia chiroman-
cienne. Et elle se guide Ik dessus pour ap-
puyer sa consultation. Si l'éeriture marque
chez le mari un naturel timide, elle oi donne
k la femme de lui faire, en rentrant, une
scène vigoureuse. Si l'homme est violent,
elle recommande k la femme de filer doux et
de s'enfermer dans une bouderie diploma
tique.
L'expédient est adroit, encore qu'il n'ait
rien de comraun avec la chiromancie. Je
complimente M'nc de Thèbes sur son ingé-
niosité.
Ne riezpas, reprend-elle... Je vis par-
mi les tristesses, je touche le fond de la
misère humaine. Sur dix femmes qui vien
nent m'entretenir. il en est buit qui aspirent
au veuvage Je vols oü tendent leurs questions
ell' s out soif d'apprendre si elles serorit bien-
tót libéi ées du jong conjugalles hommes,
k qui cette servitude pèse moins, paree qu'ils
savent l'alléger, ont d'autres tourments. Ils
guettentdes héritages et se rongent d'impa-
tience k les attendre... Partout, autour de
moi, la Mort est espérée et sollicitée.
Ces phrases sont imprégnées d'éloquence
et d'amertume. Mm« de Thèbes n'a pas d'illu-
sions sur la vertu des Parisiens de 1898.
Le concours de Thourout.
(Zang- en Tooneelkunde).
Le Weekblad annonce qu'au concours
donné k Tnourout, p.tr la société Rheto-
rika la Vlaamsche Ster a obtenu de
bril la rits succès.
MM. Maillard et Deweerdt ont éié procla-
més lauréats. Le premier prix leur est échu.
M. Maillard a obtenu en outre le 3' prix
pour son monologue Het gestolen Kind
de Raoul deNavery, traduit en vers flamands
par M. H. Creus, vice-président de la sociéte
De Vlaamsche Ster
Nous mentionnons volontiers ces succès
et nous félicitons les lauréats du concours,
auquel avaient pris part cent cinquante ama
teurs appartenant k une foule de sociétés de
Belgique et de la Flandre franpaise.
La distribution solennelle des récompenses
aura lieu le Dimanche, premier Mai.
Quadruple Aephyxie. Voi
ci quelques détails au sujet du drame qui
s'est passé k la fois k Voormezeele et k
Schaerbeek.
II y a quelques jours, la belle-mère de M.
Linster, qui habile Vormezeele, prés d'Ypres,
était victime d'un accident grave. Atteinte
d'influenza, elle devait se tenir au chaud.
Etant prés de son poële, elle avait fait chauf
fer au-dessus de celui ci un chkle dont elle
devait s'envelopper la tête or, ce chkle prit
feu au moment même oil elle s'eri entourait
elle fut grièvement brulée. Depuis lors, son
état s'empita, et comme la pauvre femme
était en danger de mort, M. Linster partit de
Buxelles Vendredi avec sa femme et deux
de ses filles pour Vormezeele.
II avait laissé au logis ses trois autres
enfants sous la garde d'une femme kjournée.
Samedi matin, on ne vit paraitre aucune
de ces personnes. A une heure de l'après-
m>di, l'agentde permanence eüt l'idéed'aller
frapper k la porte. Ne recevant pas de ré
ponse, il eüt i'iotuition de quelqu'accident, et
la fit enfoncer. La femme k jouuiée et les
trois enfants de M Linster étaient sans con-
naissance sur leur lit.
Une fuite de gaz s'étant produite, les mal-
heureux avaient éié atteints par l'asphyxie.
La femme k journée était morte déjk au mo
merit de la constatation de l'accident. Les
trois enfants encore vivants furent transpor-
lés dans une pièce du rez-de chaussée oü
plusieurs médecins leur prodiguent des
soins.
La femme k journée qui est morte est M""
Vandewyngaerde, demeurant rue Rogier, 8;
elle est kgée de 35 ans elle laisse quatre
peiits orphelins.
M. Linster tut prié, par télégracnme, de
reveriir immédiatement, tandis que plusieurs
méd >cins essayaient d'arracher k la mort ses
trois enfants.
Avec un calme et une persistance opinia-
tres, usant de tous les moyens possibles,
épiant les moindres progrès du mal, ils ont,
duranttoute la journée de Samedi, travaillé,
lutté avec un acharnement que rien ne re-
butait, accomplissant le devoir sans défail-
lance ni découragement.
Ces praticiens se trouvaient en présence
d'un empoisonnenaent du sang, provoqué par
l'absorption de carbone et déterminant l'as
phyxie.
Leur tache devait consister k réiDtroduire
dans l'organisme de l'uxygène, et de rendre
aux globules du saug la quantité de matière
perdue et viciée par 1 empoisonnement,
vner aiosi la paralysie partielle ou com
pléte qui pouvait en résulter.
lis pratiquèrent tour k tour la respiration
ai tificteile, les injections de sérum, l'insuf-
flation de gaz oxygène, les injections de
caféine, les lavements de café.
Nous avons dit qu'on espérait pouvoir
sativer tous les enfants. En réalité hélas il
n'y avait que le petit Henri agé de deux a'ns,
qui mi hors de danger.
On juge des scènes douloureuses qui se
preduisirent lorsque M. et linster
revinrent vers 8 h. 1/2 du soir
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