Suisse.
Inauguration du
monument Ledeganck.
L'art photographique
a Ypres.
Belgique en particulier, que la France re-
garde au delü de ses frontières pour y cher-
cher desalliés, au lieu d'y convoiter des
territoires. Car c'est bien pour le maintien
de la paix que l'alliance franc-russe a été
faite, et non en vue de piéparer une guerre.
Evanoui, par conséquent, l'espoir de la Re
vanche. dont le patriotisme franpais s'était
nourri depuis 1870 Espoir d'ailleurs bien
aftaibli, puisqu'en France même, depuis
longtemps.l'opinion était devenueen msjori-
té hostile l'idée d'une guerre entreprise pour
arracher ii l'Allemagne le Provinces perdues.
L'alliance franco-russe n'a pas h nos yeux
l'extrême importance que nos voisins du sud
y attacbent. Que d'alliances avons-nous vu,
en ces dernières années, se nouer et se
dissoudre La France,il n'y a pas bien long-
temps, était l'amie intime de l'Italie.dont elle
est auiourd'bui plus éloignéa que de l'Alle
magne elle-rnême. El l'Allemagne n'était-elle
pas, naguère, l'alliée de la Russie comme la
France l'est maintenantLe traité franco-
russe aura-t-il une durée plus longue'/ Existe-
t-il seulement, noir sur blanc
S'il existe, aura-t il pour effet de mettre
un tertne aux ruineuses folies militaristes
Evidemment non! Les grandes armées euro-
péennes dépenseront lout autant que par le
passé, sinon davantage, eteliesne comptei
ront pas un homme de moins. L'horizon
politique a beau être serein dun jour ii
l'autre, un point noir peut se montrer, qui
grossit en orage. 11 faut que les nations
soient sur le qui vive, perpétuellement.
L'alliance franco-russe sera-t-elle au
moins la gardienne de la Justice? A eet
égard, ne nous faisons guère illusion. La
spoliation des Etats romains, et, en dernier
lieu, les massacres de l'Arménie prouvent
aux plus optimistes que les puissances ne se
soucient que médiocrement du droit inter
national.
L'alliance franco-russe ne modifiera rien
h eetétat de choses. Elle nest qu'une mani
festation nouvelle de eet «équilibre instable»
qui met en présence, armées jusqu'anx dents,
mais sans nulle envie de se battre, les gran
des nations européennes. En l'absence de
toute convention franco-russe, il n'en serait
pas autrement....
Et c'est tout juste pour ce motif que nous
ne comprenons pas 1'enthousiasme extraor
dinaire qui s'est emparé. de la France tout
entière, lorsque le télégraphe y a apporté le
mémorable texte des adieux de Nicolas II
Félix Faure.
A moins, comme nous le disons plus haut,
que la France, blasée sur les présidents de
république, n'ait voulu tout prix accla-
mer un empereur,et que.faute d'une dynastie
francaise, elle se soit tournée vers le Czar...
Le congrès de la protection
ouvrière Zurich.
Nous appelons l'attention de nos
lecteurs sur les resolutions prises, au
congrès de Zurich en ce qui concerne
la protection ouvrière.
Les démocrafes Chretiens qui ortf
cru devoir assister au congrès se
diront sans doute, en présence de cer-
taines délarations socialistes et du peu
de succès de leur intervention, qu'ils
auraient rnieux fait de... rester chez
eux.
Voici le dernier compte-rendu suc
cinct de ce congrès.
Zurich, 27 Aoüt.
Le congres international pour la protec
tion ouvrière est la veille de sa cloture. La
journée d'hier a été consacrée la discussion
du travail des femmes. Par l'organe de M.
Carton de Wiart,député au Parlement beige,
le groupe social-chrétien avait proposé une
résolution excluant l'emploi des femmes dans
la grande industrie. Après un débat trés
brillant, au cours duquel on a'entendu en
particulier Lily Rraun. femme auteur de
Berlin, la baronne de Vogelsang (de Vienne),
Clara Zethrin, zélatrice socialiste, de Stutt
gart, MM. Decurtins et Bebel, la résolution
a été repoussée par 165 voix contre 58.
M.Bebel a dit en résumé: «Les socialistes
chrétiens condamnc-nt comme nous l'ordre
social actuel et en poursuivent l'abolition,
mais ils entendent le remplacer par la restau-
ration du régime de petite bourgeoisie qui a
précédé introduction de la grande industrie.
C'est lk un idéal que nous ne partageons pas.
Reconnaissons franchement qu'iei nos che-
mins se séparent, mais cela ne nous empê-
ohera pas de travailler dans une entente
amicale a, la liquidation sociale urgente.
D'ailleurs, le socialisme ne peut accepter une
solution irréalisable. L'emploi des femmes
dans industrie est lié au régime capitaliste
actuel aussi étroiiement que la machine ou
les chemiris de fer. Que ferez-vous des mil
lions d'ouvrières que voire projet jette sur le
pavé? Vous les vouez h la misère et au vice.
Sous prétexte de restaurer la familie chré-
tienne, vous proposez un système si chimé-
rique que vos propres partisans se récrieront
sur son absurdité.
Mercredi déjh, le groupe social-chrétien
s'était vu mettre en rainorité dans la question
de la journée de huit beures. dont il accep-
taitbien le principe, mais qu'il se refusait h
proclamer dans les termes pressants préféfés
par la majorité socialiste.
Aujourd'hui encore, it propos du travail de
nuit et du travail dans les ateliers insalubres,
un délégué anglais, Hubert Burrows, s'est
appliqué k rendre épineuse la situation des
ecclésiastiques présents en acclamant la
révolution sociale h la fin d'un discours qui a
été un long rugissernent. Mme Lily Rraum n'a
pas non plus dissimulé qu'aux yeux des
femmes socialistes l'amour sanctifiut l'union
des sexes.
Zurich, 28 Aoüt.
Le congrès a discuté les voies et moyens
de réaliser la protection ouvrière.
Le congrès a prié le Conseil fédéral de
reprendre ses démarches en vue ds la régie-
mentation internationale de la protection
ouvrière.
Trois discours de cloture ont été pronon-
cés par MM. Liebknecht et Descurtins, et
M. Scherer, président. Puis le congrès a
été clos au milieu d'enthousiastes acclama
tions.
C'est hier qu a eu lieu Eecloo, en pré
sence de S. A. R. le prince Albert, l'inaugu-
ration de la statue de poète fiamand Lede
ganck. Ce dernier est né h Eecloo le 9
novembre 1805, ses parents appartenaient
h la petite bourgeoisie. II futd'abord employé
l'hötel de ville, puis i! commenpa ses
études de droit k l'Universitéde Gand. II fut
repu docteur en droit le 10 aoüt 1835.
Nommé juge de paix k Somergem, il y
épousa Mile Virginie de Hoon de Caprycke.
Deux fils sont nés de ce mariage l'un fut
médecin et littérateur Bruxelles et mourut
en 1880 l'autre est actuelleraent consul
général 5 Bangkok (Siam).
En 1842, Ledeganck démissionna comme
juge de paix et conseiller provincial, et
deviut inspecteur provincial de l'ensei-
gnement primaire. II est mort h Gand le 19
raars 1847, ii la suite d'une maladie qui le
minait depuis des années. Ledeganck est un
des plus grands littérateurs flamands son
chef d'oeuvre est sans contredit De Drie
Zustersteden (les Trois Villes Sceurs), Garrd,
Anvers et Bruges. Comme traducteur il est
trés estimé dans le monde des juristes.
La petite ville d'Eecloo a pris un air de
fête. Toutes les maisous sont pavoisées dès
le matin, il règne aux alentours de la gare
une trés grande animation les trains amè-
nent de nombreusessociétés, qui parcourent
la ville précédées de leur musique. Beaucoup
de personnes portent au chapeau une carte
avec cette inscription Hommage ii Lede
ganck égalité
Le service d'ordre est fait par la police lo
cale sous la direction de M. le commissaire
Goethals assisté d un détachement de gen
darmes a pied, et par un peloton de gendar
mes h cheval venus de Gand, sous les
ordresdu sous-lieutenant Bayart. A partir
de 1 heure toute circulation de voitures est
interdite en ville.
11 était 2 heures quand le train emmenant
le prince Albert, en grande tenue de com
mandant des grenadiers, et accompagné de
son officier d'ordonnance, M. le major
Jungblutt, entra en gare. A son arrivée, le
prince est salué par des coups de canons,
par la Brabanponnejouée par la musique
de la garde civique et les ovations enthou-
siastes des assistants.
Après avoir passé en revue le compagnie
de la gardes civique, massée dans la gare,
S. A. R. entre dans la salie d'attente, splen-
didement décorée, oü M. Dewachter, bourg-
mestre, lui souhaite en fiamand la bienve-
nue au nom des habitants d'Eecloo. Le
bourgmestre se dit heureux de pouvoir
saluer en un seul cri d'allégresse, les noms
du bien-aimé prince héritier et du poète
fiamand Ledeganck.
En une petite harangue flamande trés
heureuse, le princAlbert répond au bourg
mestre et déclare qu'il est trés touché de
l'invitation qu'on lui a faite d'assisler h la
fête organisée en l'honneur d'un des plus
brillants écrivains de Flandre. Les paroles
du prince sont couvertes par les applaudisse-
ments chaleureux de la foule qui,, au sortir
de la gare, lui fait ur e réception magnifique.
Des cris de Leve onze Prins s'échap-
pent alors de milliers et de milliers de
poitrines.
Bieniót, la file des voitures, précédée
dun peloton de gendarmes k cheval, se met
en marche. Au milieu des acclamations le
cortège arrive it la Grand'Plaee oü la statue
est érigée. S. A. R. se fait présenter les
membres de la familie du poète.
Citons encore parmi les personnalités qui
entourentle prince, Mgr Stillemans, évêque
de Gand, M. Van Ryswyck, bourgmestre
d'AnversetM. A. Visart, bourgmestre de
Bruges.
La cantate de cireon'stance, oeuvre de
MM. Peter Benoitet Jean Bouehery, est
exécutée par 1,200 personnes, dont un
chceur d'enfants trés nombreux.
La statue est découverte au milieu d'une
immense acclamation, tandis que les fillet-
tes toutes de blanc babillées portant en
sautoir les couleurs nationales répandenl des
fleut's autour du monument.
Cest un moment de réelle émotion et
le spectacle qu offre en ce moment la Grand'
Place est vraiment d'un effet saisissant.
S. A. Ie prince se fait présenter les auteurs
de la cantate ainsi que M. Steyaert qui a
dirigé
M. le curé Claeys, de l'académieflamande,
prononce ensuite l'éloge du poète. MM.
Braun, Visart, Van Ryswyck, bourgmestres
de Gand, Bruges et Anvers (les villes soeurs,
chantées par le poète) prennent ensuite la
parole.
M. Bogaert, littérateur k Bruxelles, récite
une poésie en l'honneur du poète.
S. A.R. le prince Albert prononce en
suite un discours fiamand, trés applaud;
dans lequel il rend k son tour hommage
Ledeganck
M. Deweerdt, avocat, remercieau nom de
la familie et donne lecture d'une lettre de
Ledeganck fils, qui réside k Bangkok.
Après cette imposante cérémonie, ie
prince s'est rendu k pied, au milieu des dé-
lirantes acclamations de la foule, au Katho
lieke Werkmanskring, rue du Quai. Lit, dans
une salie décorée avec goüt, un lunch a été
servi aux invités et aux membres de la fa
milie du poète.
Après le lunch, Ie prince est remonté en
voiture, pour retourner k la gare. Sur tont
le parcours qu'il devait suivre, s'étaient ran-
gées les sociétés d Eecloo, ainsi que toutes
les sociétés flamandes représentées k la fête.
Les ovations ont éclaté de nouveau et ont
suivi le prince jusqu'au moment du départ.
Depuis que la photographic a pris rang
dans les Beaux-Arts, entre la peinturo et la
gravure, nous voyons fréquemment des ex
positions connexes de peinture et de photo
graphie. C'est cequi a décidé la jeune société
de photographic d'Ypres a tenir sa première
exposition en même temps que celle des
Beaux-Arts.Dans les comptes rendus de cette
exposition donnés jusqu'k ce jour, certaines
oeuvres de peinture ont repu des éloges
dithyrambiques, tandis que la photographie
a été laissée presqu'entièremeut dansl'ombre.
On nous a prié de réparer eet oubli, en disant
toute notre manière de voir, tantducótéde
l'éloge que de celui de la critique.
Avanttout, il convient de citer M. Honorè
Ruyssen. Son Moulin est une oeuvre vraiment
picturale que nous n'hésitons pas k mettre
au-dessus de tout le reste. Cette sombre
silhouette se détachanl sur un ciel chargé de
nuages, oü la lune (le soleil pour les initiés)
cherche k percer, est d'un réel effetartistique.
Gest pour nous une vraie révélation que de
pouvoir rendre paria photographie depareils
effets de la nature. Sans avoir Ia haute valeur
du Moulin, son épreuve Bonne nuit est re-
marquable par les violents contrastes de son
éclairage. Citons encore dans son envoi ses
motifs décoratifs avec cygnes, ses modèles
pour panneaux de paravent, ses fleurs qu'on
dirait animées, ses paysages dénotant tous
une justesse de coup d'oeil et enfin ses sujets
it contre-jour qui rendent si bien le crépus-
cule. k 1 exception toutefois d'un seul. dont
1 effet trop sombre rappelle un peu le iégen-
daire combat de nègres p ndant la nuit.
Comme procédé, M. Buyssen utilise géné-
ralement le charbon. C'est le seul membie
qui ait abordé ce genre dépassant, decent
coudées, les papiers k tous les seis d'argent,
de fer et de platiue imagiuables. Espérons
qu ii trouvera des imitateurs. Malheureuse-
ment le principal souci des amateurs est de
trouver des papiers tout préparés qu'ils trai-
teront avec les bains que le fabricant leur
passera, tout préparés aussi. Bien faire est
une question de temps, disait A. Wiertz. A
ceux qui sont pressés, nous conseillerons la
vélocipédie plutót qu la photographie.
En somme, tout l'envoi de M. Ruyssen
denote un vrai sentiment artistique et, de
plus, un tempérament de chercbeur. Nous
tie pouvons qu engager ses confrères de la
Saeiété ii erurer dans la même voie. La pho
tographie ne doit plus être simplement méca-
nique et documentaire. Elle doit nous appa-
raitre, comme toute oeuvre dart, frappée,
en quelque sorte, au coin de la personnalité
artistique plus ou moins puissame de sou
auteur.
Le premier coup d'oeil général jeté k lex-
position révèle chez nos amateurs une ten
dance bien marquée vers le paysage, U y a