Un exemple bon a imiter M. le commissaire clu district de Gand vient d'adresser a toutes les administrations communales de l'arrondissement la circulaire suivante: tin bourgmestre a répondu i\ cette étrange circulaire par la lettre suivante: Une élection provinciale doit avoir lieu a Termonde en remplacement de M. Léon De Bruyn, nommé représentant. L'Onpartijdige annonce que les catholiques exigeront des candidats 1'engagement de ne jamais voter un centime de subvention en faveur d'écoles qui ne placeraient pas la reli gion it la base de l'enseignement et de l'édu- cation. G'est une excellente résolution, et nous es- pérons que nos amis du pays entier n'hésite- ront pas a la suivre. Nous sommes convaincus que tous les con- seils provinciaux et communaux catholiques se refuseront ii jouer le jeu de nos adversai- res et a subsidier les écoles Van Humbeeck. Lo gouvernement place la Belgique dans une situation violente dont il portera la res- ponsabilité. Nous sommes en état de légitime défense. Le comité electoral liberal de l'arrondisse ment de Termonde publia le 27 Novembre 1857 un manifeste dont nous extrayous les lignes suivantes Loin de vouloir rien entreprendre contre la religion, nous Ia respectons et nous la considérons comme inseparable de la civi- lisation d'un pays. Catastrophe de I'Agrappe. LE SAUVETAGE DES E'SCAPEUX» Parmi les détails que domient certains jouv- naux gueux et entre autres la Flandre libérale sur la catastrophe de Frameries, nous lisons ce qui suit: L'n détail bien touchant raconté par u" ouvrier. lis étaient douze, les malheureux. dans l'eau jusqu a mi-jainbe, enl'ermés dans une galerie de communication. La mort étad pour eux imminente, lis se sont con/esses en tre eux en attendant l'heure supreme. Entendez-vous, gueux que vous ètes, vous qui voulez arracher des unies it I Eg Use 1 Voila des ouvriers qui, eu face de la morti seutent seréveiller leurs seutimeuts religie^- Monsieur, Sur l'invitation de M. Ie gouverneur, je vous prie de faire remettrea chaque électeur général un exemplaire francais etflamand de la circulai re ci-jointe de M. Ie ministre de l'intérieuren date du 7 mars dernier et de m'adresser pour le lr Mai au plus tard un avis constatant cette re mise. Le commissaire d'arrondissement, L. De Haerne. Monsieur le commissaire d'arrondissement, En réponse a votre lettre datée d'liier N° 7210/4, nous vous prions de vouloir bien nous indiquer le texte de la loi qui nous astreint a colporter chez les électeurs les correspondances échangées entre M. le ministre de l'intérieur et M. le gouverneur de la province. Recevez, etc. rend a la patrie, est tout pret a s'écrier, comme ces juifs de StrasbourgMais chassez-nous done aussicar nous aussi nous devenons jésui- tes Alloui, les imprudents de nous avoir fait lai- re certaines comparaisons qui, sans eux, ne nous seraient jamais venues a l'esprit Race dégénórée, ont-ils osé dire Oui, ils out raison il y a des amollis etdes dégénérés qui font courir un terrible peril a la France. Mais voici qu'après avoir comparé les uns avec les autres, les chrétiens avec les radicaux, les en- fants de la campagne avec les ouvriers des villes, nous sommes arrivés a cette conclusion que e'est ia démocratie révolutionnaire qui amollit les ames et que e'est la foi qui les trempe. Nous sommes arrivés a cette conclusion que les véritables énervés, ce sont ces ouvriers que l'on voit la casquette sur loreille, la pipe a la bouche, remplir bruyammeut les assommoirs de Paris et jouer au boucbon sur les rempartsque les énervés ce sont ces bourgeois sceptiques et ventrus qui vont du comptoir au boulevard, e'est- a-dire de l'argent au plaisiretque les vaillants ce sont ces jeunes gens élevés dans les croyances d'autrefois, et qui, au jour du sacrifice, partent sans phrases et meurent en silence. Car l'énergie ne consiste pas a chanter la Mar seillaise, a promener des drapeaux, a invoquer le soufile de 92 et a faire un pacta avec la victoi- Un pouvoir, quel quilsoit, dont la reli- gion aurait quelque chose a craindre, est a nos yeux un pouvoir coupable. Voila le libéralisme d'ii y a vingt ans. Quantum mutatus ab illo Les ministres se sont réunis en conseil Samedi, a 5 iieures, sous la présidence de 31. Frère-Orban, ministre des affaires étran- gères. En dépit de certaines dépêches que Ton a pu- bliées ce matin, et, d'après lesquelles, les cinq mineurs vivants auraieut étó retirés hier, a une heure, ce n'est que ce matin que le sauvetage a róellement eu lieu. On avail envoyó hier, au moyeu de gourdes militaires descendues dans le puits d'extraction par un lil d'archal, du bouillon, de l'éther, du vin cliaud et une iampe; les gourdes portaient des étiquettes avec les prescriptions des médecins. Une lettre a été passée par le même moyen au porion Libert, accompagné d'un morceau de pa pier et d'un crayon, afin qu'il répondit aux questions qui lui étaient posées. Voici la réponse exacte et compléte Monsieur, Nous sommes encore cinq vivants. Nous souffrons épouvantablementLes che- vaux vivent, mais nous n'avons pas pu arriver aux écuries, il y aeu un éboulement. Dépêchez- vous, s'il vous plait, les eaux suioent de tout pres. Salut cordial de ou d (le mot est illisible) com pagnie, LIBERT. On correspond avec les malheureux qui sont laon apprend bientöt qu'ils sontdeux fem- mes et trois hommes, tous trois remonté's de la veine de 610 mètres. Libert est le porion qui surveillait les travaux dans cette galerie. On travaille activement it ótablir a 7 metres au-dessus du puits un pont en fortes poutres ap- puyées sur les murs en ruines, puis on y établit un treuil comnmniquant par une courroie aux anciennes molettes (roues) dirigeant la descènte. De l'avis des gens du métier, e'est un travail admirablemont et trés rapfdement accompli. Pendant ce temps, on travaille également dans le puits aux échelles, oh l'on perce l'éboulament qui se trouve a 408 metres, les travaiüeurs ar- rivent a 463 metres de profondeur et rejoignent le puits d'extraction au même point oil l'on a pu arriver par le puits d'exhaure ou d'ópuisement. Mais a 465 metres, les mineurs rencontrent un nou vel éboulement, et ils s'arrêtent. On amène du puits du Crachet-Piquery une longue courroie de descente et deux cufl'ats, l'un re, mais a savoir souffrir, ii savoir mourir. Et e'est la religion seule qui apprend cela avec Pespérance d'une autre vie, tandis que la Revo lution amollit les ames en prêchant lesjouissan- ces d'ici-bas. Grande vérité que l'histoire de nos jours résu- mera dans le fait que nous évoquions tout ii l'heure. Eu avant, les dél'enseurs de Paris! en avant pour la sortie torrentiellc! orient les chefs de la Révolution. Et sur 300,000 gardes nationaux,*22l tombent a Montretout. Zouaves de bonne volonté, sortez des rangs! dit le général Charette- Et sur 300 zouaves, 300 s'élancent et reviennent 120. Ce qui prouve que si les citoyons de Paris avaient étó élevés par la religion, Paris ne se serait pas rendu... Ce qui prouve que, si Paris a été l'orcé de capi- tuler, e'est que cette cité avec soa armee immen se, son enceinte redoutable, ses canons, ses forte- resses, manquait d'une chose, une chose qui est nécessaire pour mourir, une chose qu'avaient les héros de Reichsoffen et de Gravelotte: la foi en Dien ou la foi au drapeau. Saint-Genest. de forme carrée, l'autre fait au moyen d'un ton- neau. Vers huit heures, le trauil a vapeur est bien établi, quelques préparatifs et travaux d'achève- ments sont encore nécessaires avant de pouvoir essayer le cuffat. Les mesures sont prises pour l'arrivée des 5 sauvés, comme disent les mineurs. Des boissons réconfortantes sont prêtres. Des civières supportant de longs paniers rem- plis de foin et de couvertures attendent. Des bot- tes de pailles sont la aussi eu masse. Le moment est solennel. Descendra-t-on facilement, pourra-t-on retirer les malheureux aujourd'hui? Personne ne le sait. On est la une trentaiae assis sur la paille, sur des pierres brisées, des poutres brülées, tenant chacun en main une lanterne de mineur, car on ne peut approcher du puits avec d'autre lunii- naire. Enfin, ii huit heures trois quarts, le culfat est descendu d'une trentaine de mètres, puis remou- tó. Le treuil a vapeur fonctionne bien. A neuf heures cinq, M. Boucher, directeur des travaux, Félicien Lheureux, J.-B. Rousseau et Grégoire Rousseau, porions, prennent place dans le cuffat. M. Arnould crie Silence ici, plus de conversations. Le silence se fait, on n'entend plus que les com- mandements donnés aux machinistes A neuf heures dix, le cuffat commence sa des cente, bien lentenient, bien doucement, car on ne sait ce qu'on rencontrera dans ce puits oh per sonae n'a encore pénétré depuis l'accident. Les sauveteurs sont en communication avec la surface du sol par une ficelle commandant une sonnette attaehée au mur. A 9 h. 21, coup de sonnette. Frémissement. Que se passe-t-ill Les coups de sonnette sontrépétés. On remonte. 9 li. 23, arrêt puis descente. 9 h. 29, on re monte. 9 h. 30, on descend. 9 h. 34, arrêt puis descente. 9h. 39, arrêt puis descente. 9 li. 44, arret puis descente. 9 h. 46, idem. 9 h. 48, idem. L'on comprendra, par ces quelques chiffres donnés, combien d'ómotion il a dü y avoir prés de ce puits toute la nuit. Lss échanges d'observatious se font a voix basse, afin de n'entraver en rien le travail de sauvetage. On n'entend que le coup de sonnette et leur traduction par les ordres repassés de boucbe en bouche jusqu'au machiniste qui dirige la ma chine a vapeur Hola HalteCore plus bas Mie plus hautmontez A 10 h. 01, on sonne la volée, c'estle signal con- venu pour annoncer que le cuffat est a 465 mètres et que eeux qui s'y trouvent correspondent avec les hommes desceudus par le puits d'épuisement et qui ne peuvent, ceux-la, descendre plus bas. Au moyen d'un lait de chaux, on fait un signe sur la courroie pour indiquer l'arrêt a 465 mè tres. De li h. 01 ii 11 h. 20 ilse produit encore cinq arrets; a 11 h. 20 on sonne quatre coups: le signal de la remonte au jourLe cuffat ne peut done arriver aux malheureux qui l'attendent, on comprend avec quelle impatience. 11 h. 22, arret puis descente. 11 h. 26 arret a 465 mètres. lib. 27 signal de remonte it la surface" encore une fois. A 11 h. 37 on entendies oris des s.uivetours qui remontant, ils arrivent a nous tout mouillés a 11 h. 45. Une seule de leurs lampes est restée allumée; les autres se sont éteintes par suite de l'eau qui tombe ils out atteiut 520 mètres; le loud du puits doit étrè inondé même, disènt-ils. On aparlé avec Libert mais on n'a pu distin- guer ses réponses. M. Boucher donne ordre de réunir beaucoup de lampes; de les mettre dans une caisse avec ua couvercle, afin qu'ellessoieutal'abri de l'eau. Une nouvelle équipe descend mais remonte saus résultat. A 3 h. 37, Philibert Stocquart, porion, Louis Drueux, Charles Rousseau et Samuel Fourneau, mineurs, descendent de nouveau. A 4 h. 06 la sonnette annonce l arrivée du cuffat en face des victimes déja on se serre les mains avec bon- lieur. Maiutenant ou en est sur, ils sont sauvés ceux lit Le pero de Libert, qui attend prés du puits, en apprenaut que le cuffat est en face de son iils, s eniuit, en housculant tout le monde; il court comme un fou a La Bouverie annoncer a sa fem me que dans une heure ou deux elle embrassera son enfant. A i'accrocbage de 520 mètres ils voient un ca- davre d'homme a l'entrée de la galerie, pn aper. coitla tète et une jambe nue, il a une blessure au cóté gauche de la tète, eet hommeest écrasé par un éboulement. Enfin, a 4 li. 55 on ramène une jeune fille etun homilieJuliette Descamps, agóe de 20 ans et Joseph Godard, agé de 36 ans. La joie est au comble. Godard se jette ii ;ilat ventre sur lacivière, se laisse emporter non sans peine II se démène comme une anguille,disait uil de ses carnara- des. A 5 h. 10, on descend de nouveau et enfin a 6 h 35on ramène Louise Ledune, 18 ans, légèrenient blessée au bras et a la lianche gauohe; Célestin Belleux, mineur, 43 ans, qui ii l'index de la main gauche écrasé, et Libert, porion, 32 ans. Libert, dés qu'il est au jour, vent marcher et ne consent a se laisser mettre en civière que par- ce que les médecins lui disent que le froid le rendra malade. II allume ensuite un cigare et se trompant de bout, se metarire. Tous les escapeux (óchappés), comme les appelleut les mineurs, sout conduits au bureau. Les deux femmes couchées l'une dans un paf nier-lit, l'autre dans un matelas ii terre, sont déposées dans le bureau des ingénieurs. La mère de Louise Ledune so montre ii la porte et ïi'ose approclier, la pauvre vieille femme- mais sa fille l'appelle; elle s'ólanee alorsetla couvre de baisers. On est oblige de Féloigaer, car on craintla fièvre pour sa fille. Les cinq échappés étaient a 610 mètres, avec neuf autres travailleurs, au moment de l'acci dent; ils ont eenti comme un tour-billon de vent, qui les a rénversés, puis, suivant le porion, ils sont arrivés, jeudi ii 1 heure, ii l'accrochage de 550 mètres. lis n'out vu ui entendu aucuii cama- rade. Ils n'ont pas cessé d'espérer un seul instant, sachant, ®nt-ils dit, que l'on ferait ce que l'on pourrait pour les délivrer. lis ont tous pleuré quand pour la première fois ils ont entendu la voix de M. Jacquet; c'était pour eu.x le terme des souffrances. Ils n'avaient pas une goutte d'eau buvable et rien ii manger; leur plus grande joie a été de voir arrivep la lampe qui accompagnait les boissons réconfortantes. Nous avons vu, dit un reporter, Belleux dans un bureau, les mains ènveloppées dans un inou- choir blanc et jaune se chauffaut lus pieds qu'il j avait nus. Godard et Libert étaient dans la loge du con cierge quand nous les avons vus, ce derniera I calilourehon sur sa cliaise et fumant. A 7 heures et demie, une voiture conduite par le père de Libert, emmenait les trois escapeu..: a la Bouverie. Actuellement on travaille au déblaiement de l'éboulement a 500 metres. On a encore de l'es- poir pour d'autres victimes. Les deux femmes I sont maintenant en traifement. Voici encore un admirable trait de dévoüment I filial: Le jour de l'accident ceux qui ont pu se sauver i ont atteint les échelles et out attendu la qu'on put les. retirer; eequi s'est fait jeudi, a 6 heures du soir, pour les premiers, on le sait. Or parmi ceux qui pouvaient se sauver, se trouvait un jeune mineur nommé Mahieu, mals i le père de celui-ci l'accorripagnait et ses forces I ne lui permettaient pas de suivre les cauiarades. Le jeune Maliieu alors leur dit de partir sans I lui, qu'il resterait prés de sou père, jusqu'ace I quon les vint chercher. Mais il leur reeomman- da instammeut de courir chez sa mère dès leur arrivée au jour, et lui dire que tous deux étaient g en vie!

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 2