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c,sEMf^j.
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Mercredi 11 Décembre 1878 ^tilL 13e
N° 1,351.
annee.
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I e jonrnal parail le Mercredi et Ie Samedi. Les insertions cotilenl 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes la ligne. On traite a forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris an Bureau, 10 centimes. Les numéro* snpplémentaires commandés pour articles. Réclames on Annonces, content 10 fr. les 100 exemplaires.
K SU1 K BS.
L'ECOLE.
L'enseignemenl sécularisé, funeste présent,
va bientót, il n'en fant point douter, prendre
place dans noire legislation, avec ia prélen-
tion d'étendre au loin son empire et de plier
chaque génération nouvelle sous la domina
tion du dieu-Elat. C'est le moment, plus que
jamais de bien se rendre compte du régime
que nous aimions et de celui qui nous me
nace depuis'longlemps; car des devoirs gra
ves s'imposeront bientót. et pour marcher
droit et sans hésitation aucune, commeil
convienl quand il s'agil d'un intérêt capital,
la première condition requise est de voir
clair dans la situation.
S'il est un principe que les homines de
sens et de bonne volonté ont admis de tout
temps, c'esl cerlainemenl la nécessitè de la
religion dans I'cdocation de la jeunesse. Le
sentiment populaire n'est pas seul a I'affir-
mer; philosophes, savanls, législateurs, éco-
nomisles et hommes d'Eiat, minislres et
souverains, protestants et catholiques, tons
les vrais penseurs sont d'accord, tons décla-
renl, en termes qui varient, mais avec une
énergie égale, non-seuiemenl quel'almos-
phère de l'école doit ètrc morale et religieu-
se, que la religion doit y tenir le premier
'rang cl pénélrer toute la matière de l'ensei-
gnement qui s'y donne, ma is encore que
i'école purement laïque est nne puissance
pour le mal et non pour le bicn, un véhicule
de scepticisme, la realisation d'un sysiéme
pernicieux, d'une idéé folie et dangereuse,
une source de désastres pour la société. Et il
n'est pas jusqu'aux despoteset aux révölulion-
naires qui n'aient reconnu a leurs heures que
et
ïai' Meraullloil»
I'incrédulité avait fait fausse route et lout
compromis.
Mais d'oiï vient done cette unanimité du
lémoignage, si ce n'est de la vérilé qui frap
pe tous les espriis sérieux et des lecons de
l'expérience qui eonfirment tous les jours les
enseignements de la théorie?
L'enfant est une cire molle que chaque
empreinleembellit ou déforme, un arbuste
qui grandira droit et vigoureu.x, sauvage et
stérile, ou loujours prèt a s'étioler, suivant
la séve dont il se nourrira et la main qui gui-
dera sa croissanee. I'our le diriger dans la
bonne voie, il n'est pas trop de la sagesse et
de l'abnégalion du prétre et de l'mstituleor
umssant leurs efforts. Que sera-ce done si
celui-ci détruit l'oeuvre de celui-la, ou si
même la voie de la science divine n'est plus
admise a se faire entendre!
Les passions naisscni et grandissent impé-
rieuses. N'est-il pas elfrayant de penser que
nul ne. sera la pour enseigner effieacement
le nom, l'amour et la loi de Celui qui défend
le mal et commande la vertu?
Nous savons qu'on a dit: gardez-vous d'm-
fluencer ces jeunes consciences, de leur im-
poser une religion; el les choisiront bien
elles-mêmes plus tard, dans la plenitude de
leur liberté; mais nous savons aussi que ja
mais le sophisme u'invenla d'absurdité plus
fatale. Eb quoi! la première education devra
diriger nos pas en touie autre chose, sans
nous consulter apparemment, etvousvou-
drez lui interdire de former la meilleure
partie de noire ét re, lui recommander de
refuser a Tame, jusqu'a vingt ans, I'aliment
de sa vie, le pain de la vérilé? Ce serail une
folie plus eoupable encore que le refus de la
nourriture corporelle.
Oui, la jeunesse formée sous l'empirede
cei odieux système fera son choix quelquc
jour, mais ce sera quand le scepticisme, le
sarcasme, la haine et la morale indépendan-
te auront pénétré jusqu'aux plus intimes
replis du cceur. Ce jour viendra tót etalors
le culte lyrannique de la negation, du ma
térialisme et du néant aura beau jeu; car oü
l'intérieur est gangrené, cette liberie de
conscience tanl vantée n'est plus qu'un mise
rable esclavage.
Les consequences, qui ne les connail? Pour
prendre pied et s'étendre comme une lache
d'hmle, l'école sans Dieu n'a point attendu
sa promulgation officielle, et dèja, en Belgi-
que comme en maint pays, on peutjuger de
ses fruits délélères. La decadence des mceurs
marebe ffdèlement d'accord avec le cynisme
de l'impiété; que l'on envisage la familie,
l'Elat ou l'Eglise, le véritable respect pour
l'autorilé se perd, remplacé par le servilisine
erivers le pouvoir fort 011 par la licence de
l'espril démagogique, et c'est loujours dans
le milieu d'incrédulilé dont l'école du pro
giés est le centre de formation, que les doc
trines révolulionnaires recrulent leurs lettrés
et leurs légions de fanaliques. L'exlension
formidable du socialisme international et les
criants attentats de ses adeptessont la pour
dessiller les yeux les moins clairvoyants.
Visiblemenl pris sur le fait, le libéralisme
ne perd point contenance et continue a pro
lester de la pureiédeses intentions. Quand
on lui parle révision de la loi de 1842, une
parlie de ses organes font compren ire vo-
lontiers que ce n'est pas a la religion qu'il
en veul, que le prétre pourrait même être
admis a l'école, hors des heures de classe,
pour y enseigner la religion aux éléves dont
les parents en feraient la demande, et qu'a
défaut du prétre l'instituteur donnerail les
leQons de caléchisme.
Si ces accommodements, ces prélendus
modus vioendi et tanl d'aulres que l'on a
mis en avant n'étaient pas en contradiction
manifeste avec les doctrines des sectaires qui
mènent visiblemenl le parti et qm déclarent,
a qui veut l'enlendre, qu'il faut faire, la
comme ailleurs, mais la surtout, une guerre
a mort au catliolicisme, que faudrait-il en
core penser, en definitive, des pelits moyens
que l'on a invenlés pour donner le change
au public?
Le prétre devrail venir a l'école comme
un suspect, a peine loléré, dormant a part
un enseignemenl qui ne conserverait aucun
point de contact avec l'instruction générale,
ll aurait, pour ainsi parler, ce qu'on appelle
une matière purement facultative, et I'insul-
tanle abstention des enfants des libres-pen-
seurs serail la coinme un sujet continue! de
déconsidèralion j'etée sur la doctrine sainte,
sur la doctrine par excellence. Et pour com-
ble de derision, le bien qu'il aurait semé dans
des conditions aussi defavorables pourrait
être immédiatemenl détruit dans son germe
par le premier insliluleur venu qui subirait
des infl lences maconniques. De bonne foi,
qu'on nous dise si nous trouvons ici les ga
ranties de digmlé. de respect et d'enseigne-
menl fructueux que doit rencontrer al'école
celui qui vient y remplirsa mission paree
que le Christ lui a dit; Allez et enseignez!
ou s'il ne faut pas plutöt y voir la condam"
nable hypocrisie qui inslilue la persecution
et cherche a metlre les torts du cöté des
persécutés. (.Dyle.)
LES 1MPOTS,
Y a-l-il rien de plus absurde et de plus
audacieux que les paroles que le cabinet des
gueux a fait prononcerau Roi a l'ouverlure
des Cham bres?
D'un cóté, on avoue que le pays traverse
une crise terrible. Le commerce et Pindus-
trie sont aux abois. Les impóls sont deventis
bien lourds pour une foule de conlribuables
qui peinent pour nouer les deux bouts de
Pan. D'autre part on vient affirmer que l'é-
quiiibre des finances est détruit et que Pan
proebain le déficit sera plus accentué encore.
En présence d'une semblable situation,
que devrail faire un gouvernement soucieux
des intéréts des citoyens et de la forune pu-
blique?
Tout simplemenl économiser, arrêter tou
te dépense qui ne soit pas commandée par
une nécessité el si l'on ne peut réduire
les impóls au moins ne point augmenter
les charges publiques.
Or, le discours du tróne nous apprend
que les projets des gueux sont le contrepied
de tout cela.
Se moquant agréablement de la crise qui
nous étreint, sans pitié pour les caisses de
l'Elat que l'on dit a sec, le cabinet annonce
des projets dedépenses giganlesques.
Pour faire face aux frais qu'exige l'éla-
f">vV MAiSB
.Vtl-
Bruges - Routers, 8,05 12,40 5,05 6,42. Thourout - Gourtrai,
,08 11,05 2,56 5,40 8,49.
matin jusqu'a Laugemarok.) Thourout-Ypres, 9,00 1,25 7,45 (le
- Armentières-Houplines-Le Touquet- Warnêton-
mndi 6,30.) Warnêton-Comines, 5,30 11,10 (le
Pooeringlie- Ypres, 5,15 7,15 9,33 11,00 11,30 2,20 5,05 5,30 9,30. Ypres-Poperinghe, 6,20 9,07 10,05 12,07 2,45 3,57 6,47 8,45 9,50
poperinglie-Ilazebrouck, 6,40 12,25 7,04 Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8,25 4,00 8,25.
Ynres-Roulers, 7,50 12,25 6,30. Roulers-Ypres, 9,10 1,50 7,50.
Roulers-Bruges, 8,45 11,34 1,15 5,16 7,20 (10,00 Thourout.)
5 15 mat.
Ynres-Courtrai, 5,34 9,52 11,20 2,40 5,25. Courtrai-Ypres, 8,08 11,05 2,56 5,40 8,49.
Ynres-Thourout, 7,20 12,06 6,07, (le Samedi a 5,50 du
Samedi a 6,20 du matin de Langemarck a Ypres).
fomines-Warnêton-Le Touquet-Houplines-Armentiöres, 6,00 12,00 3,35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warnêton-
Comines, 7,25 2,00 4,45. Comines-Warnèton, 8,45 mat. 9,30 soir, (le Lui
Lundi 6,50.)
Comines-Belgique, Comines-France, Quesnoy-sur-Deule, Wambrechies, la Madelaine, Lille, 7,20, 11,45, 6,43,9,30.-— Lille,
la Madelaine, Wambrechies, Quesnoy-sur-Deüle, Comines-France, Comines-Belgique, 5,55, 10,35,4,37,8,15.
fnurtrai-Brugos, 8,05 11,00 12,35 4,40 6,37 9,00 soir. (Thourout.)— Bruges-Courtrai, 8,05 12,40 5,05 6,42.
Rnmes-Blankenberghe-Heyst (Station) 7,22 9,50 11,27 12,40 2,27 2,50 5,35 6,40 7,35. (Bassin) 7,28 9,56 11,33 12,46 2,81 2,56 5,41
6 46 7,41 9,02. Heyst-Blankenberghe-Bruges, 5,45 8,20 10,10 11,25 1,25 2,45 4,10 5,30 7,35 8,45.
Inaelmunster-Deynze-Gand, 5-00,9-41,2-15. ingelmunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Üeynze-Ingelmunster, 6-58,11-20. 4-41.
Deynze-Ingèlmunster, 12,00 8,20.
Inaelmunster-Anseghem, 6,05 9,40 12,35 6,13. Anseghem-Ingelmunster, 7,42 11,20 2,20 7,45.
Lichtervolde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 7,10 9,08 1,35 7.50 Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6,15
11,05 3,40 5,00.
nixmude-Nieuport, 9,50 12,35 2,20 5,10 8,35 10,10. Nieuport-Dixmude, 7,15 11,55 4,20 5,56 6,50.
Thourout-Ostende, 4,50 9,15 1,50 8,05 10,15. Ostende-Thourout, 7-35, 10,16 12,20 6-15 9,15.
Selzaete-Eecloo, 9,05 1,25, 9,03. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-20, 5-05.
Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 8-05. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 8-25. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 12,30 5,55
Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,25, 9-03 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 5-25 (leMardi, 10-09).
C O H. fl M I' O W HAWCE8.
COURTRAT, BRUXELLES. BRUXELLES, GOURTRAI.
Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42 6,35.
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 6,10 8,54.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
5,22 8,28
8,00 10,46
12,21
2,46
5,35
7,56
6,47.
8,44.
COURTRAT, TOURNAI, LILLE.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille
6,37
7,28
7,42
9-37
10,15
10-42
10,56
11,47
12,08
2,54
3,48
4,00
5,27 8,47.
"6,39 9,41.
6,37 10,04.
Lille dép.
Tournai
Courtrai arr.
5,10
5,42
6,34
8,12
8,56
9,17
11,05 2,21
11,32 2,40
12,26 3,38
4,10
5,21
6,33
8,10
8,50
9,2S
COURTRAI, GAND.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,32
8,01
6,42
7,21
9,49
11,08
12,31,
l,ol,
3,44
5,04
6,40
8,00
9-32.
10,20.
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 5,15 8,45
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
(iana aap. o,iu 8,45 9.24 1,28 4,14 7,21.
Courtrai arr. 6,34 9,33 10,51 2,49 5,23 8,12.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 3,59 6,43 8,43 Bruxelles dép.5,22 7,20 7,25 9,00 11,06 1,35 3,02 4,53 5,55 5,01,
Gand a. 7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 4,44 7,58 9,28. Gand arr. 6,00 8,38 9,36 10,27 1,23 3,25 4,16 6,13 7.23 7,3a.
Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 5,58 9,31 10,42. j Bruges 7,15 9,23 10,51 11,20 2,38 5,01 6,50 8,15 8,50.
DE TOURS
Samedi 23 Hovembre a eu lieu, sous la prési-
dence de Mgr l'archevêque de Tours, la rèunion
annuelle de l'ceuvre des cercles catholiques de
cette ville. Mgr Colet était entouré de ses grands
vicaires. Prés de Sa Grandeur ont pris place
Mgr Mermillod, évêque de Genève, M. le mar
quis de Beaumont, président du comité de l'osuvre
en Touraineet M. l'abbó Dénéchau, évêque
hommé de Tulle.
M. le marquis de Beaumont a Iu un rapport
sur les développements de l'osuvre, et rappelé
qu'elle se propose de régónérer la classe ouvriöre
par l'influence de celles qui sont providentielle-
ment établies pour lui fournir exemple et pro
tection. Autrefois, il y avait union dans la hiërar
chie sociale aujourd'hui, il y a antagonisme..La
Revolution n'a pu détruire cette hiërarchie
condition memo de l'humanitéelle en a seule-
ttent bouleversó l'harmonie. II s'agit de la re-
eonstruire. Mais comment En retrouvant le
secret qui avait, voila dix-huit siècles, permis
d'élever l'édiflce social sur des bases solides. Ce
secret n'est autre que le ciment des principes
chrétiens et l'inspiration de l'Eglise. Les cercles
catholiques d'ouvriers sont les premiers groupe-
Wents nécessaires. Grace a eux hommes de
toutes classes, naguère dispersés, prévenus les
lus contre les autres ennemis mêmesont
Biaintenant rassemblés, apprennent a -s'estimer
et ii s'aimer, et so disposent a refairo l'harmonie
hans la hiërarchie, l'ordre et la Uberté dans la
corporation, l'union de lous par la chai'ité dans
Christ.
Le pèlerinage de Chartres et l'assemblée géné
rale des comités a Paris ont prouvé de nouveau,
cette année, la vitalité religieuss et intellectuelle
de l'osuvre. A Paris, toutes les questions sociales
ont été étudiées, et le grave problème de l'atelier
chrétien avec l'antagODisme de la main-d'ceuvre
et du capital a été rósolüment envisagé. L'opi-
niatre investigation des chercheurs de la vórité
finira par trouver la solution voulue.
Une salve d'applaudissements a salué le rap
port de M. le marquis de Beaumont, rapport
plein d'intérêt, mais dont nous ne pouvons don-
ner qu'une imparfaite idée.
Discours de Mgr Mermillod.
Abordarit la question même de l'oeuvre des
cercles, l'orateur a passé en revue les objections
principales qu'elle a suscitées. D'abord, il y en a
qui se découragent par le seul fait des objections-
Puérilité Dieu lui-mème n'est pas a l'abri des
objections. Certains s'étonnent de la nouveauté
de l'institution. Que diriez-vous d'un pays qui
opposerait les arbalètes du moyen-age aux ca
nons Krupp Laissez done l'Eglise prendre des
armes nouvelles pour sa latte paciflque. D'autres
nous disentYous enlevez l'ouvrier k sa familie!
Nullementpour la plupart, hólas il n'y a plus
de familie Les uns qui ont leur foyer dans la
ville, les autres qui viennent de la campagne,
fréquentent le théatre et le cabaret.
Eh bien, le cercle peut être pour les premiers
la courbe utile qui les ramène insensiblement au
foyer et offrir aux seconds un refuge devenu
nécessaire. Nous faisons au contraire le sauve-
tage fie )a familie. J'entends encore dire Yous
enlevez l'ouyrier a l'Eglise/ Mais il la dósertait,
ou il n'en sait plus le chemin. Allons ne craignez
pas que la chapelle du cercle devienne le vesti
bule de l'église C'est une oeuvre d'enthousiasme!
s'écrient quelques-uns. Assurément. Et quefe-
raient le peintre, le musicien, le poète, sans
enthousiasme Et la jeune lille devingt ans, qui
échange ses parures contre la bure de la sceur
de charité Dans le siècle du positivisme, crier
a la peur de l'enthousiasme serait la même cliose
que de crier au feu pendant le déluge.
Qu'est-ce qu'un cercle catholique d'ouvriers
Une muvre d'apostolat, une oeuvre d'apaisement
social, une oeuvre patriotique.
Un apostolatLe dix-neuvième siècle est l'in-
verse du dix-huitième un peu de science avait
éloigné les classes élevées de l'Eglise; un peu de
science, avec de l'expérience et de la sincérité,
les y a ramenóes. Les classes inférieure» suivent
le mouvement, un peu cle science, ou mieux, de
la science frelatóe, les éloigne de l'Eglise; un peu
de science correcte les y raménera. Qu'on se
ligure le jeune ouvrier transplants des champs
a la ville, a 'vingt ans, au milieu d'entrainements
de toute sorte, assiógé matin et soir par la petite
presse a un sou, qui tourne en dérision et calom-
nie tout ce qu'il a aimé et respecté jusqu'alors.
N'a-t-il pas besoin de soutien, d'encouragement,
d'une nouvelle vision de l'église du village Le
cercle lui rend tout cela, et une vieille femme
reste a la campagne, qui ne se plaindra pas de
ce qu'il le fréquente. Au contraire, elle hénit
Dieu: le jeune ouvrier a gardé la foi de sa mère
Oü parle-t-on directement au peuple? A l'église,
au cabaret, au club. Si l'ouvrier ne va pas a l'é
glise, le prétre ne peut se faire eutendre de lui;
il ne saurait l'aller chercher ailleurs. üès lors le
laïque doit remplacer le prétre et ouvrir un
cercle qui, sans être un cabaret ou un club, soit
un autre centre de vie chrétienne. C'est la que
l'ouvrier se relève et se revoit le frère des saints.
Un apaisement socialII en est besoin, Une
question s'impose depuis six mille ans; Pourquoi
des pauvres? Pourquoi des riches Aucun siècle
n'y a donné, n'y donnera de solution. Le Christ a
dit: «Yous aurez toujours des pauvres parmi
vous. C'est la consequence du libre arbitre et
de l'imperfection originaire de l'homme. L'Eglise
peut adoucir certains effets de cette conséquence,
le seul progrès matériel est impuissant a cela.
L'ouvrier libre-penseur, a la vue des splendeurs
du riche et des merveilles de l'Exposition, se dit:
Je suis une puissance électorale, une puissance
intellectuelle pourquoi ne serais-je pas une
puissance jouissante?
Unmécanicien de chemin de fer, a qui j'avais
rendu un service, me recommit unjour. lime
serre la main et me ditJ'étais chrétien, je suis
devenu libre-penseur. Mais que pensez-vous
Que je travaille a la pluie, en face d'une four-
naise qui me dévore la vie; et je me demande
pourquoi.je rie suis pas aux premières, étendus
sur des coussins. Je sais que je mourrai a qua-
rante-cinq ans environ. Je gagne a pefne de quoi
élever ma familie. Peu s'en faut que je n'aie en-
vie de lancer ma locomotive dans un fossé.
Eh bien quoi vous retient Ce n'est pas le
gendarme. Quoi done alors? Dieu qui me
jugeraitEt vous êtes libre-penseur
Alors, ajoute l'orateur, j'ai pensé aux écrivains,
prédicateurs de la libre pensée, dont quelques-
uns peut-être étaient conduits par eet homrae,
qui n'osait pas tirer toutes les conséquences de
leurs odieux prinoipes.
Seule, l'idóe religieuse peut réveiller la foi
seule, elle'est remède; seule, elle procure l'apai-
sement social.
(Èuvre patriotique Après la guerre de 70-
71, des ofliciers, a la vue des malheurs de la
Communesont allés d'eux-mêmes tendre la
main au peuple ógaré. Ce fut la l'origine des
cercles. Dans les catqeomhes romaines, les chré
tiens, riches' ou pauvres, s'aimaient comme des
frères les pauvres y apprirent a rester résignés
pendant dix-huit siècles. Mais d'autres catacom-
hes sont ouvertes, depuis cent ans, oü le prolé-
taire apprend k s'insurger contre la société
Ouvrons des asiles oü l'ouvrier puisse rappren-
dre la résignation et sentir que le richa est son
frère. La, il trouvera de la sympathie et des
délassements honnêtes. II ne s'y agit pas de
politique. Quelques-uns qualilient de dirigeantes
les classes élevées. Parmi les catholiques, il n'y
a pas de classes dirigeantes. Je n'aime pas ce
mot, qui manque de vérité. Nos classes élevées
ont pour mission de donner l'exemple du bien.
L'Eglise seule a la mission de diriger les ames
dans les voios chrétiennes.
Les cercles catholiques d'ouvriers sont done
une oeuvre d'apostolat, une oeuvre d'apaisement
social, une oeuvre patriotique.
La fondation de comités de dames patronnesses
compléte cette oeuvre. Jeanne d'Arc clamait a
travers les Hammes du bücher: Mon Dieu, ayez
pitié de la France L'histoire dit que son coeur
fut trouvé intact parmi les cendres. De même,
le coeur de la femme frangaise est restö intact,
et c'est par elle que la France revivra chrétienne.
Encouragés par de tels dévouements, ouvriers
chrétiens, faites-vous apótresVotre labeur quo-
tidien est dur; mais la matière Unit par céder a la
main qui la fagonne. Le labeur du prétre est plus
dur, les ames sont longtemps rebelles a sa voix.
Depuis tant d'années, moi, je m'épuise en vain
loin de la ville qui me force a l'exilOuvriers,
soyez apótres, et répétez la parole de Jeanne
d'Arc Les hommes batailleront et Dieu donnera
la victoire Ainsi se refera 1'union patriotique et
le triomphe de la France
Bien des fois, les applaudissements de la sym-
pathique assemblée ont interrompu la magnilique
conférence de Mgr Mermillod, dont nous venous
de donner un résumé formé le plus possible de
ses paroles mêmes. Tous se sont retirés profon-
dément impressionnés et fortifies par l'éloquence
ardente et persuasive du digne successeur de
St-Frangois de Sales.