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UN PÊCHEUR DE TRUITES.
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p.Q A IV r-
Mercredi 16 Octobre 1878.Xx<^/QÜé£^-$ÏHÈ^:3
N° 1,335.
annee.
I e Journal parait le Mercredi et Ie Samedi. Les insertions coütenl 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes' la ligne. On traite d forfait ponr les insertions par annee.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés ponr articles. Réclames ou Annonces, content 10 fr. les 100 exemplaires.
C II E M B S IB E E K B6.
LE BEAU TEMPS ÉLECTORAL.
Voici le beau temps qui arrive, le beau
temps.... pour les élecleurs.
Si le mois d'öclobre a des rigueurs, des
tempéles cl des pluies, ce n'est pas pour ces
heureux rnortels.
Poureux, pendant ce mois, tout est doré,
tout est beau, lout est souriant.
C'est le mois oü les conseillers municipaux
deviennent aimables, oü ils saluenl tout le
monde et prodiguent les poignées de main a
foison.
C'est le temps oü ils promeltent monts et
merveilles, souvent la méme place a deux
personnes; le temps oü ils lont circuler mille
bruits de munificence... future.
C'est le temps oü ils paient leurs dettes, et,
oserons-nous le dire? oü leurs dames elles-
mèmes paient leurs fournisseurs, leurs notes
en retard?
C'est le temps oü les Bourgmeslres re-
viennent en toule hate de France, si loin
qu'ils y soienl allés!
C'est le temps oü la caisse municipale
aussi, si elle n'est pas trop essouffiée, essaie
de payer les entrepreneurs et de contenter
tin peu tout le monde.
C'est Ie temps oü les réglements ne sont
plus appliqués;
Oü les cabaretiers ne sont plus tracassés.
Le temps oü un mol dans le journal suffit
pour amener la réforme momentunée d'un
abus...
Mais loule médaille a son revers. Et si les
conseillers sont nés habilesles élecleurs
sont aussi malins et se disent:
Après le beau temps vient la pluie; après
Ie beau temps des promesses, viennenl les
orages des emprunls et des grosses conlri-
bulions a payer.
Profnettre et tenir, c'est deux.
UNE BONNE SA1GNÉE.
Ce n'est pas settlement a nos droits et a nos
liberies qu'en veut le ministère des tricbeurs,
c'est aussi nos bourses qu it vise, et il se
prépare a en dimmuer le volume d'une ma-
niére considerable.
Nous avons entendu I'officieux en chef du
cabinet, nutiliant que M. Pierre Van llum-
beeck, rnimstre de ('instruction publique, a
préparé un projel exigeant 20 millions de
francs a l'elï'et d'eriger et de nouvelles écoies
norrnales et une école moyenne dans chaque
chef-lieu de canton. Dans ces 20 millions ne
sonl pas comprises les sommes considerables
demandees pour la créalion du département
de ('instruction publique.
Lundi dernier, un autre valet de plume
du ministère a fait connaitre quecelui-ci va
proposer aux Ctiambres I'armement de 20
batteries de campagne avec des canons aehe-
tés a I'usine d Essen. C'est une réforme
compléte du matériel d'arlillerie, l'abandon
des pièces Wharendorf et une nouvelle dé-
pense trés onéreuse que le libéralisme veut
imposerau pays.
Mais ce n'est pas tout: le méme journal
annonce que les généraux inspecteurs de la
cavalerie, réunis Mercredi a Bruxelles, out
décidé, sur les rapports des commissions
ciiargées d'examinor les réformes a apporler
dans ['organisation de la cavalerie, qu'il
faut remplacer nos quatre regiments de
lanciers par quatre régirrients de dragons et
créer un 3e régiment de chasseurs a cheval.»
Autre énorme dépense que les coritribua-
bles auront a supporter! On a supprimé les
régimenis de cuirassiers ponr les remplacer
par des régiments de lanciers; aujourd'hui
on rejetle eeux-ci pour leur substituer des
régimenis de dragons, et qui osera assu
rer qu'avant 1880, on ne reviendra pas aux
cuirassiers, a moins que Ton forme des corps
de uhlans?
Ajoulons que Ie système des fortifications
d'Anvers va él re ètendu, que le contingent
de l'armée sera augmenté, que I'oiganisa-
tion d'une réserve est chose décidée et que
la garde civique sera rendue aclive dans tou-
les les communes ayaut une population de
10,000 habitants.
Mais c'est un vrai Eldorado que Ie libéra
lisme prépare a la nation; il va rcmuer les
millions a la pelle, operation qui aggravera
considérablement la erise coinmefciale et in-
dustrielle dont la Belgique souffre depuis
deux ans; voyant les libéraux a la besogne,
elle pourra comparer leurs ceuvres a celles
des calhoiiques qui n'oul pas augmenté d'un
sou les charges des contribuables.
MONOPOLE ET INTOLERANCE.
On a démontré plus de vingt fois a la
Chanibre et des milliers de fois dans la pres-
se que I'Elal, enlogique el en droit, n'est pas
compétent pour enseigner. Les majorités par-
lementaires n'out pas adopté cette maniére
de voir: soit. Mais aujourd'hui on a vu plus
loin et on pretend biffcr de notre legislation
la fuculté tie I'adoplion.
C'est, en réalilé, rapporter la loi de 1842
par voie administrative.
Les écoies congréganislqs sont loin d'avoir
le monopole assuré: olies ne ferment qu'une
minoritè dans le nombre des élablissements
ofliciels ou subsidiés.
M lis d'ailleurs ce monopole I'eussent-elles
dans les villages, encore les giieux n'auraient
pas le droit dele renverser.
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Thourout-YprèS; 9,00 1,25 7,45 (le
5,15 mat.
Ypres-Courtrai, 5,34 9,52 11,20 2,40 5,25. Courtrai-Ypres, 8,08 11,05 2,56 5,40 8,49.
Ypres-Thourout, 7,20 12,06 6,07, (le Samedi a 5,50 du matin jusqu a Langemarok.)
Samedi a 6,20 du matin de Langemarck a Ypres).
Comines-Warnêton-Le Touquet-Houplines-Armentières, 6,00 12,00 3,35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warnêton-
Comines, 7,25 2,00 4,45. Comines-Warnèton, 8,45 mat. 9,30 sóir, (le Lundi 6,30l) Warnêton-Comines, 5,30 11,10 (le
Comines-6ée]gique, Gomines-France', Quesnoy-sur-Deulé, Wambrechies, la Madelaine, Lille, 7,20, 11,45, 6,43,9,30.— Lille,
la Madelaine, Wambrechies, Quesnoy-sur-Deule, Gomines-France, Comines-Belgique, 5,55, 10,35, 4,37,8,15.
Courtrai-Bruges, 8,05 11,00 12,35 4,40 6,37 9,00 soir. (Thourout.)— Bruges-Gourtrai, 8,05 12,40 5,05 6,42.
Bruees-Blankenberghe-Heyst (Station) 7,22 9,50 11,27 12,40 2,27 2,50 5,35 6,40 7,35. (Bassin) 7,28 9,56 11,33 12,46 2,31 2,56 5,41
6 46 7 41 9,02. Heyst-Blankenberghe-Bruges, 5,45 8,20 10,10 11,25 1,25 2,45 4,10-5,30 7,35 8,45.
In^elmunster-Deynze-Gand, 5-00,9-41,2-15. Ingelmunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-41.
Deynze-Ingelmunster, 12,00 8,20.
In^elmünster-Anseghem, 6,4)5 9,40 12,35 6,13. Anseghem-Ingelmunster, 7,42 11^20 2,20 7,45.
Lichterveide-Dixmude-Furues et Dunkerque, 7,10 9,08 1,35 7.50 Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6,15
11.05 3.40 5.00.
Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 8-05. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 8-25. ïerneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 12,30 5,55
Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,25, 9-03 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 5-25 (le Mardi, 10-09).
c o 11 ESPONOAWCBS
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42 6,35.
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 Gy 10 8,51.
COURTRAI, TOURNAI, LILLE.
Courtrai dép. 6,37 9-37 10,56 2,54 5,27 8,47.
Tourna! arr. 7,28 10,15 Tl,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,42 10-42 12,08 4,00 6,37 10,04.
COURTRAI, GAND.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép. 5,22 8,28- 12,21 5,35 6,47.
Courtrai arr. 8,00 10,46 2,46 7,56 8,44.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Lille' dép. 5,10 8,12 11,05 2,21 4,10 8,10
Tournai 5,42 8,56 11,32 2,40, 5,21 8,50
Courtrai arr. 0,34 9,17 12,26'3,38 0,33 9,28
Courtrai dép. 6,32 6,42 9,49 12,31, 3,44 6,40 9-32.
Gand arr. 8,01 7,21 11,08 1,51, 5,04 8,00 10,20.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 5,15 8,45 9.24 1,28 4,14 7,21.
Courtrai arr. 6,34 9,33 10,51 2,49 5,23 8,12.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d
Gand a.
Bruxelles
Tout est rose, tout est parfait.
SPA 1717.
lit a Tépoque de l'année oü le beau monde,
3 du bruit, de l'étiquette, et de l'air étouf-
C'était
fatigue
fant des grandes cités, émigrait de toutes parts
pour aller respirer la fraicheur, et vivre quel-
ques mois sans gêne dans les villes de bain qui
jouissaient de la vogue en l'an de grace 1717.
Parmi ces villes, eldorados des oisil's, des poitri-
naires et d'autres personnages inoins lionorables,
aucune n'êtait aussi fróquentée au commence
ment du siècle dernier que Spa; les élégants qui
courent aujourd'hui a Ems, a Wiesbaden, en
Bohème, dans toute l'Allemagne, se croyaient
tenus, sous peine de lèse-beau genre, de visiter,
au moins une fois, ce séjour si pittoresque, si
délicieux!
L'année 1717 fut pour eet endroit une véritable
année de bénédictions: Pierre-le-Grand et une
partie de sa cour y avaient lixé leur résideuce
les roués de la régence de France, les parvenus
enrichis par Law, 'es grands seigneurs ruines
par ce fameux spéculateur, plusieurs princes
d'Allemagne, avaient saisi cette occasion pour
accourir en foule a Spa, et prendre leur part du
plaisir que promettait un si remarquable con
cours de monde opulent et distingué; aussi me-
nait-on joyeuse vie dans eet heureux rendez
vous d'aimables oisifs et de malades hypocondres;
les plaisirs se succódaient sans interruptionTor
ronlait comme un torrent sur le tapis vert des
croupiers d'alors; les parties de cbasse n etaient
pas oubliées; c'était une fète de tous les jours,
c'était un va-et-vient eontinuel de jouissances
nouvelles. Pour faire lionneur au czar, le gou-
verneur-général des Pays-Bas autrichiens, mar
quis de Prié, s'était aussi rendu a Spa, de sorte
que les moindres habitations du bourg regor-
geaient d'étrangers. Vous eussiez payé un louis
d'or pour une mansarde, qu'on n'eut pu vous la
prêter pour une nuit; tout était retenu. Qu'on
juge du parti qu'en tirèrent les bons habitants;
jamais peut-ètre ils n'avaient été en semblable
eurée. Aussi la clierté des plus petits objets
aurait-elle pu faire croire a une prochaine famine;
le prls. du moindre menu culinaire était devenu
fabdjeux; on éteit étrillé de belle l'aeon, mais
avec cette politesse exquise que niettaient les
hoteliers et les détaillants a exploiter leg voya-
geurs, arrivant imprudemment en voiture, avec
postillon galonné et domestiques nègres en livróe.
Aujourd'hui dans les villes de bains, on nomme
cela avoir en une bonne saison mais arrivons a
notre histoire.
Un beau soleil du mois de juillet selevait
derrière les Fagnes, espóce de plateau aride,
de steppes stériles dont les hauteurs dominent
la ville. Sur une vaste maison située non loin de
Téglise paroissiale, a peu prés a l'endroit oü se
trouve aujourd'hui 1 'Hotel de Flandre, on lisait
en grosgpg lettres dorées: Auberge du Grand
Empei'eur. Log it pt bonne table d douze lieurés.
La grande porto de cette jiahitation s'ouvrit
quoique le jour commencata peine a p/frafire, et
l'pn vit sortir trois hommes qui s'acheminèrent
lentemenf, h travers les rues eucore désertes,
vers la campagne, L'un deux portait une houp-
pelande de drap noir, garinc de ipprpures aux
parements et boutonnée jusqu'au menton; il avait
sur la tête un bonnet rond entouré d'un galon, et
de grandes bottes a revers jaunes plissés lui
couvraient les jambes; sur sa poitrine brillait un
petit galon d'argent de quatre doigts de largeur:
c'était le seul signe qui le distinguatde celui qui
marchait a cöté de lui. Mais sans cette espóce de
décoration, on eüt, méme au premier coup d'oeil,
deviné en lui le maitre, a son air noble et majes-
tueux, a son allure particulièrement imposante.
Quant au troisième homme, c'était un simple
valet, il portait sur le dos uil petit sac detoile,
un iilet appelé seinette propre a la pêche des
truites, et des batons longs et pointus.
QaRotapkin, dit Thomrne au galon, qui
marchait les mains sur le dos et humait a pleins
poümo'ns Tair pür et frats que le vent du matin
chassait dans la vallée: nous voici de bonne heure
en routej'espère au moins que des importuns
ne nous viendront point troubler dans notre
excursion matinale. Au reste, je garde Tinco-
gnito, nul n'a le droit de me reconnaitre.
Votre espoir est fondé, je pense, car aucun
de ces heureux oisil's n'a Thabitude de se lever
tót; a moins cependant qu'il ne leur en prenne
l'envie pour vous voir.
Flatteur Monsieur mon secrétaire, vous
savez que je n'aime pas les compliments. Dites
done, Rotapkinc'est une bien bizarre idéé,
avoue-le, qui m'estpassée passée par la tête hier
soir Avoue encore que si tu n'étais mon lidèle
serviteur, tu n'eusses guöre consenti a prendre
part a une semblable escapade.
Eh Seigneur, je ne vois dans tout ceci que
ce désir constant fie yous instrqire des plus pe-
tites Glioses', répliqua Rotapkin changeant babi-
i lement la face de la question; de tout apprendre,
La situation, telle qu'elle exisle aujour
d'hui, esl-elle légale V o i I a loule la ques
tion.
Or, personne ne I'a jamais sérieusemenl
conleslé.
Mais oü il y a monopole, monopole criant,
monopole scandaleux, c'est dans les grandes
villes, c'est dans les communes libera les, oü
les eonseils municipaux, sous la pression des
loges, s'emparent des enfanls; oü les iudus-
triels, les propriélaires, les administrations
ptibliques mettent le pauvre dans I 'alternati
ve de ehoisir entre motirir de faitn ou gueu-
sifier ses enfants; oü la pression ouverle, sa-
vammeni organisée, pousse les jeunes gens,
de gré ou de force, vers les pépiniéres de
libéraux, oü l'on supprime les écoies suspee-
tes de calholicisme; oü la libre-pensée el l'a-
Ihéisme sont rendus obügatoires de par le
droit de la force.
Que Mle ministredel'instruction publique
el ses officicux tourneut leurs efforts de ce
có:é, ils y trouveronl bien des liberies a ré-
lablir, bien des injustices a reformer, bien
des excés a réprimer.
Bannir de l'école I'image de la Sainte-Vier-
ge et le crucifix lui méme, pousser la haine
sauvage de Dieu jusqu'au point de seanda-
liser une population libérale elle méme, est -
ce done l'espril de la loi? est-ce done la liber-
té de conscience qu'on nous réserve
El cependant il y a des villes oü lont
cela se passé au grand jour, oü \'Ave Maria
est proscrit de l'école, oü 1'instiluleur rieane
agréablement sur les miracles el sur les pra
tiques de devotion, oü il recoil le pret re qui
vient enseigner la religion dans sa classe
avec cette politesse froide el hautaine qtij
n'est pas fate ponr inspirer aux enfants le
respect et la confiance. Eucore une fois, est-
ce la l'esprit de la loi de 1842?
de tout voir par vos yeux, de tout faire par vous
méme pour arriver plus promptement au noble
but de civilisation que vous avez en vue.
Cessez donede grace, d'etre courtisan,
Rotapkin croyez que dans la pêche de la truite
que nous allous faire tont il l'heure, je ne vois
qu'un simple divertissementque vous dirai-je,
enfin l c'est un caprice de seigneur, et rien de
plus... Voila le soleil levé, il me semble que nous
devrions être arrivés. C'est bien par ici, n'est-ce
pas
11 faut que je m'oriente un peu, dit le secré
taire, en s'arrêtant; je ne suis venu qu'utie seule
l'ois a l'endroit oü nous avons vu prendre la truite.
Ma foije pense qu'il faut aller a gauche, entre
ces grands rochers couverts de liorre et de
mousse.
L'homme au galon et Rotapkin prirent aussitöt
cette direction, suivis du valet qui ne connaissait
pas mieux la route qu'eux-mêmes.
Ah 1 nous y voici enfin, s'écria le secrétaire,
tout joyeux en voyant au détour d'un grand
quartier de roe une eau froide et lirapide s'épan-
dre en légers bouillons sur les pierres et le gra-
vier qui formaient le lit de la petite rivière.
Allons, Rotapkin, al'oeuvres'écrie Tnoinme
au galon, saisissant avec empressement ie filet
et se préparant a le disposer lut-mème avec le
valet, pour la pêche de la truite. Nous verrons
si nous sommes adroiis ce sera chose a raconter
ce soir a la bouillotte, lorsque madame l'ambas-
sadrice de France se permettra de plaisantér sur
ma rusticité et 111011 horreqp pour l'étiquette.
Une pose ilê quelques minutes ayaut suivi le
placement de la seinette dans la rivière, le pè-
cheur étranger ordonna au valet de retirer le
filet,
II y a plusieurs années un professeur d'un
de nosaihénées disail au Congrés des scien
ces sociales de Gand L'Elat vise a reeon-
sliluer le monopole, et 1'Elat a raison
Depuis lors l'esprit gueux a marché, el, en
elïet nous voila bien prés du monopole.
En réalilé, le droit d'adoplion élant écrit
dans la loi, il n'appartieni pas a un minis!re
de le supprimer, pas plus qu'il ne lui appar-
tiendrait des'opposer a ce qu'une commune
appelal des inslilnleurs congrégonisles pour
dirjger ses écoies officielles.
Celte commune serail dans son droit; ce
qu'on ne peut pas dire de M. Van Hnmbeeck
supprimant par mesure générale l'exercice
de la facullé d'adoplion.
De quel droit le gouvernement distingue-
t-il enlre école laïque et école religieuse
Qui peul m'empècher, comme particulier,
de m'habiller comme je l'entends, de prendre
Iels engagements qui me plaisent, sans pour
cela perdre aucune de mes prérogatives de
ciloyen de mori pays
Aux yeux du gouvernement il ne peut y
avoir rii laïques ni congréganisles: il n'y a
que des Beiges.
Et du inouvèincnlqu'une commune trouve
corivenable de confier ses écoies a lelies per
sonnel plutót qu'è telles aulres, nous vou-
drtons savoir derrière qu'elle loi le gouver
nement, quelqué gueux qu'il soit, s'abrile-
rait pour casscr les nominations
L'Elat. n'a pas plus le droit d'imposer aux
iiistituteurs le pantalon el la redingote laï
ques qu'un eonseil communal n'aurait celui
d'obliger ses instituteurs a donner leurs
cours en robe de chambie.
Diable s'écria-t-il avec une joie presqu'en-
fantlné, il parait que nous ne sommes pas mal-
habiles a en saisir. Yoyez, voyez, quelle masse
cle truites frétillent dans ces lacs. Simon, pour-
suivit-il en s'adressant au domestique, serrez
notre capture dans ce sac.
Qu'en voulez-vous done faire, monseigneur?
demanda Rotapkin qui ne s'attendait pas a ce
qu'on emportat les poissons.
Ce que j'en veux faire? Parbleuce n'est
pas bien diflicile a dire les manger en compa
gnie des bons amis qui j'inviterai a ce régal
d'espèce nouvelle, et en donner même, s'il en
restea l'hótelier du Grand Empereur, pour
qu'il goüte de ma pêche aussi.
Eucore. je...
Savez-vous, Rotapkin, que si Ton connais
sait la main qui a aidé a les prendre, notre belle
auberge no serait pas grande assez pour contenir
tous ceux qui en voudraient venir manger
Ma foic'est vrai; ce ne serait pas monsieur
l'hóte qui ferait les 'plus mauvaises affaires.
Puisque cela va bien, replongeons le filet.
Mais la seinette avait a peine dispara une deu-
xième fois dans l'eau qu'une voix rude se fit
entendre
Brigands, vagabonds, chiens d'étrangers,
voleurs de truites Je vous attrape enfin sur le
fait, vous ailez passer un mauvais moment, je
vous le dis.
Celui qui venait de prononcer ces menaeantes
paroles était un solido campagnard; il dóbouchait
a eet instant par un sentier tortueux, tenant en
main un baton ferre. et fianqué a ses cótés de
deux éuormes dogues qui au momdre signal
eusseut déchiré les amateurs inoffensifs de la
p êehe aux truites, fA continuer).