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voir et de tout dire, ne I'oublons jamais
annonce aujourd'hui:
4° Que le cabinet actuel sera araené a
présenter aux Chambres un projet d'organi-
sation de Ia réserve nationale afin de complé
ter les forces défensives du pays.
Ce projet est a l'élude.
2° Que le complément de la réforme elec
torale par Pinlroduction du vote par orrire
alphabétique el d'autres mesvres accessoires
est décidé.
3° Que le cabinet est égalemenl d'accord
sur les bases de la revision de la loi 1842
que Ton prépare en ce moment au départe
ment de l'instruclion publique.
On assure mème que, comme conse
quence de la réforme électorale complétée,
les ininistres el leurs amis envisagent avec
une parfaite serénité d'esprit l'éventualité
d'une dissolution des deux Chambres comme
un neltayage desirable.
Donl acte.
La sérénité d'esprit avec laquelle l'éven-
tualité d'une dissolution est envisagée pat
jes ministrcs et leurs amis pourrait bien se
troubler. lis ont beau èlre sereins. II y a
sereins et serins!...
MILITARISME.
La correspondance suivante, adrcsséo de
Bruxelles a la Gazelle de Liége, mérite d'at-
lirer l'attention du lecteur:
La nolede I'Echo du Parlement relati
ve aux projets ultra-militarisles du ministère
est venue nous démontrer l'exactitude de
mes renseignements. Le nouveau cabinet se
croit sitr de pouvoir lout obtenir en matiére
politique, a condition de faire d'énormes
concessions en faveur de l'armée. Voila
l'explication des destitutions si promptement
obtenues, de l'approbation de lois de pros
cription si l'acilement données.
Nousallons done voirsurgir les exagéra-
lions pour ne pas dire les folies mililaires. II
s'agit de former une réserve de irenle mille
hommes. Cette réserve, le cabinet precedent
voulail la trouver dans la garde civique, lé-
gèrement modifiée sur les bases actuelles. Le
nouveau cabinet vent, lui, créer une armee
nouvelle de trente mille hommes et former
cette armée par une sorte de service obliga
toire. Les détails ne sont pas arrèlés, mais
on voudrait aslreindre tous ceux qui se font
remplacer et même tout ou partie de ceux
qui tirent de bons numéros a entrer dans
l'armée spéciale. Messieurs les officiers ne se
génent pas pour annoncer a qui vent l'enten-
dre que le budget militaire va sjaccroitre
d'une douzaine de millions et l'armée d'une
trentaine de mille hommes sous cette l'orme
de réserve, raltachéepeut étre, pour la forme,
a la garde civique.
Dans certain monde, lout est sacrifié a
l'armée; la, l'armée est lout, on ne voil qu'el-
le. Est-ce sage? Evidemment non.
Les intéréts moraux ne priment-ils pas
tous les aulres et la force morale n'esl-elle
pas la première defense de i'Etat
A quoi bon une armée de 130,000 hom
mes si nos écoles deviennent athées et si les
éléves qui y passent en sorteni, en majoriié,
socialistes comme cela se voil en Allemagne.
Ces écoles corrompraient l'armée et l'armée
passerait a ia révolution.
Cette perversion militaire peut se faire
très-vite, d'autanl plus vile que l'armée serail
plus nombreuse. Ne versons dans aucune il
lusion. Voyez quels ont été les progrès du
socialisme en Allemagne. De 1877 a 1878
le nombre des éleclcurs socialistes a doublé.
En 1870 on pouvait en compter les centaines
sur les doigtsils sont aujourd'hui un
million.
Sur dix éléves de qualorze a quinze ans,
s'écrient lesjournaux protestants, ciuq sont
socialistes, et sur les ciuq aulres trois le de
viennent. Done les jeunes geus sont déja so
cialistes en bonne partie au moment de leur
enlrée dans l'armée.
La suppression de la loi de 1S42 dévelop-
perait infailliblemenl le socialisme en Belgi-
que, et tout fait craindre que si elle est pro-
posée, elle sera votée, hélas! et sanclionnée.
Les exagéralions mililaires sont, au fond,
fort nuisibles a l'armée elle-mème, qu'elles
rendent impopulaire. II ne faut pas accabler
de charges trop lourdes la nation. -
D'un autre cöté, le corps des officiers se
recrule difficilemcnt, el son développement
ne se produira qu'au détriment de la qualilé,
puisqu'il faudra faire monter les sous-ofli-
ciers. Le niveau inlellectuel, dans l'iufanlene
surloul, baisse très-rapidemeut, el les officiers
supérieurs en sont alarinés. Que sera-ce,
lorsqu'il faudra créer des cadres pour une
trentaine de mille hommes
Notre échec du 11 Juin est dü en partie
dans les campagnes du moins aux dif-
ficultés que rencontre le remplacement el
aux sacrifices qu'il impose. La presse libéra
le ne manquuil pas de pester conlre le bud
get de la guerre el les lois de milice. Que
vu - l elie faire, elle qui a mangé son hie en
herbe? Comment accueillera-l-elle les pro
jets de ses maitres
J'avoue que je me réjouis d'entendre les
journaux liberaux de Charleroi, d'Anvers
el dc Verviet's sur cette question,
La chute du ministère d'Anelhan-Jacobs
aurait bien pu avoir, sinon pour cause uni
que, du moins pour cause importante, l'idée
de tenter a nouveau la formation du parli
des centres. La politique de M. Malou rend
cette explication fort probable et, de fait, M.
Malou ne cachaitpasa tous son projet plus ou
moins secret.
Si la gauche doctrinaire vienl aux catho-
liques, c'eslqu'elle a besoin d'eux, soit pour
la question militaire, soit pour les affaires
extérieures. Mais, le concours oblenu, l'allié
serail traité comme les Roumains ont été
traités par la Russie. Serions-nous done des-
linés a ètre des dupes éternelles? Et quoi!
on destilue des gouverneurs uniquement
paree que la loyautè civile des calholiques
est miseen doute; on supprime des inilliers
d'électeurs calholiques par des manoeuvres
inqualifiables; on chasse, comme iridignes,
des colléges électoraux, les membres du cler-
gé; bref, on assure, aulant qu'on le peut,
la suprémalie, et puis on vient aux calho
liques, la bouche en coenr, leur dire: Unis-
sons-nous, messieurs, poursauver la patrie
et la royaulé.
LES ENTERREMENTS CIVILS.
Le Courrier de Bruxelles, voularil dé
montrer que le libéralisme beige est descen-
du a un degré d'aberration morale et reli-
gieuse inconnue jusqu'ici, cite ce fait remar-
quable que, dans le cours de deux ou trois
ans, cinq membres du Conseil commuual de
Bruxelles, parmi lesquels deux échevins,
sont morts sans aucun secoors religieux et
ont été enlerrés civilement. Notre confrère
aurait encore pu alléguer a l'appui de sa
these, que l'Association libérale de Bruxelles
choisissait naguère, a l'unanimitè, pour un
de ses chefs, le ndmmé Fontainas qui, éche-
vin chargé de surveiller l'enseignement a
l'école Gatti, séduisit la sous-maitresse Le-
hembre et tua le fiére de sa viclime.
El aucune feuille libérale n'osa blamer ce
choix immoral et révoltant!
Le Courrier rappelle aussi qu'il ya une
dizaine d'années, une loge maconnique affi-
hée a l'Orient de Paris avail mis a son ordre
du jour l'élude des moyens les plus prati
ques de propager les enterremenls civils,
et qu'elle fut suspendue par décrel du grand
maitre du Grand Orient de France, pour le
motif que ce projet élail une alteinte por-
tée a la liberie individuelle et a la liberie de
conscience et de nature a porter le trouble
dans les families.
Si dans noire pays, ajoule le Courrier
une association gueuse quelconque se per-
metlait une semblable censure, on peul ètre
certain qu'elle tomberait immédiatement sous
la reprobation générale du libéralisme.
Cela est trés exact, car le libéralisme qui
est au pouvoir favorise de toutes ses forces
les associations pour la multiplication des
enterrements civils, lesquelles, a dit, Léo-
pold I. pousseril la société hors des voies
du christianisme au risque certain de la voir
tomberdans la barbarie; nous dirons mè
me que, plus un libéral favorise cette horri
ble pratique de la mort saus Dien, plus il
acquiert des litres a la reconnaisance du
parli. Et le fait ne sera pas dénié; car voici
la preuve a l'appui:
C'élait a l'époqne de l'élection de M. Ans
pach comme représentant. II fallait faire bien
venir sa candidature de lout ce que le libéra
lisme a de sauvage et d'irréligieux, et l'avo-
cal Verbist invoqua comme un des litres du
bourgmestre de Bruxelles a faire partie de
la Chainbre, l'énergie qu'il avail moutrée
pour faire respecter l'aulorité civile en ma
tiére de sépullure.
Tenez, s'éci ia-l-il, je puis vous dire une
chose que vous semblez iguorer. II y a
deux ans, un puissant personuage (Leo-
po Id I), ennuyè, lui, le protestant, des
succes de la Libre-Pensee, eut l'idee de
proléger une société (/Association de Ste-
Barbe,) qui, pensait-il, pouvait combaltre
ces |irogrés, et it fit sonder M. Anspach
pour savoir s'il ne pouvait empècher les
promenades des libres-penseurs a travers
la ville.
M. Anspach fit la sourde oreille.
Le puissant personnage lit faire une
seconde démarche. La reponse fut claire,
M. Anspach lit dire a ce personnage (|u'il
n'avait a écouler que sa conscience el la
loi.
Messieurs, vous commetlriez une injus-
liceet une faute grave en ne volant pas
pour M. Anspach.
Ce fait n'esl il pas éloquent?...
Et puisque nous en sommes sur cechapi-
tre de la Libre-Perisée, reproduisons ici la
belle et noble letlre que S. M. Leopold I lit
éerire a M. le doyen deSte Gudule. Elle est
de nature a apporter aux cceurs calholiques
des consolations dont ils ont bien besoin en
ge moment
Monsieur le Doyen
Le Roi, qui applaudit a toutes les nobles
entreprises de la charité, a vu avec grand
plaisir la creation récente de l'Association
i) de Sainle Barbe, donl le bul est de secon-
der leszélés efforts du clergé pour procu-
rer aux classes nécessiteuses des secours
durant la maladie, et donner, aprés la
mort a leurs obséques el a leur enterre-
ment, un caraclère religieux, digne de la
fraternilé chrétienne. Raviver, dans cette
direction, la charité évangéhque, c'est rè-
pondre dignemeut a ces hommes insensés
qui, sous le prétexle de civilisation el de
progrés, voudraienl pousser la société hors
des voies du christianisme au risque cer-
tam de la voir relomber dans la barbarie.
Sa Majesté, voulanl donner un eneoura-
gement direct a foeuvre, me charge, Mon-
sieur le doyen, de metlre a votre disposi-
lion une somme de 1,000 francs, que j'ai
l'honneur de vous faire parveniren mème
temps que cette letlre.
Agréez, etc.
L'mtendanl de la liste civile,
VlCOMTE DE Co>WAY.
La France a pendant des siécles été la pre
mière puissance de l'Europe. Alors elle s'ap-
pelait la nation chrétienne et la lille uinée de
l'Eglise. Aujourd'hui elle a oublié sou passé
et eiles'est constiluée en république. Ce qui
vient de se passer a San-Stefano montre assez
quel rang elle occupe dans l'estime des au
lres puissances.
Voici la grave nouvelle que recoil de Con
stantinople la Correspondance politique
Dans le monde diplomatique a Constan
tinople, écrit le correspondant, on n'est pas
encore revenu de la vive impression produi-
le par les incidents sigmfioatifs qui ont ac-
cotnpagné la revue de l'armée russe a San-
Stefano. Les attachés mililaires des ambassa
des avaient été invités tous par le.généra!
Tolleben; c'était le prince Lobanoff qui avait
aenvoyer les invitations aux chefs de mission;
it n'en adressa pas aux chargés d'affaires de
France el d Italië, ni au mmistre des Etats-
Unis, voulanl marquer l'antipalhie de sou
gouvernement conlre la république et la dé
mocratie, et, quant a l'llalie, conlre la politi
que révoilütionnaire de ce pays.
Le comte Monlholon ne broricha pas el
resla chez lui; le baron Golvagna, chargé
d'affaires d Italië, demanda des explications
et obtint une invitation. M. Maynard, ininis-
tre américain, arriva a la revue, a cheval,
sans la moindre invitation; le général Tot-
leben lereconnut et le pria de se joindre a
sa suite.
Au banquet qui suivil la revue, le prince
Lobanoff qui, la veil le, avait annoncé qu'il
exclurait la France des toasts, but a la santé
des souverains amis du czar, n'wjoutant pas
le molde gouvernement qui, dans ces occa
sions, serl a designer les républiques. Le gé
néral Tolleben, pouratlénuer l'effet de cette
démonstration, dit un instant aprés a l'atta-
ché militaire francais: Votre souverain,
ce n'esl autre que le maréehal de Mac-Ma-
hon.
AVIS.
Caisse des Propriétaires.
Agent a Ypres
M. A. ¥ouck-Ciciii«iit, Banquier,
rtie de l'Etoile, N" 4.
iocaic.
M. le Bourgmestre d'Ypres a fait, a la dis
tribution des prix de l'école gratuite (funda-
lion La Motte), un curieux discours. Tout y
est, excepié le bon sens. Je ne comprends
vraiment pas comment on peut faire sorlir
d'une seule tète toutes les contradictions qui
ont étédébitées par notre honorable premier
Magistral.
Vous ne le savez pas peut-èlre, mes bons
concitoyens, mais
L'époque a laquelle nous vivons est spé-
cialenienl caracterisèe par I'iusurrcclion
de 1'inlelligence conlre. I'ignorance. et
Parloul se dresse, comme un besoin so-
cial, la i écessilé de briser l'eiiveloppe qui
em pêche lepanotlissemeiii des facultés de
l'houime. el
«Les principes de liberie el d'égalilé que
le tl ra pea u de la Révolution a promenés
dans l'Europe, iuiposenl a I'Etat, aux ad-
ministrations publiques et a lout bon ci-
loyen l'obligalioti d'EN assurer a ciia-
x cuu la puissangq QlJicagg,et
Cette guerrc contre l'ignorance a com-
x inencé en notre ville il y a environ un
x denti siècle, x et
Ypres, dont les monuments majestueux
x rappellenl tous les jours l'ancienne splen-
x deur, tie pouvait resler èiraugére a ce mou-
x veuient general d'émancipation de la lem-
x me. x et
Par suite de la vicissitude des temps,
x ces vasles Halles soul devenues vides, x el
Ou poursuil activement sa restauration
x et un pmceau d'artistes reproduit sur ses
x inurs des episodes glorieux du notre his-
x toire. x et
«Du haul du nouveau beffroi le peuple
x verra, pataugeant encore dans l'argile du
x moyen-age, etc. x
Je ne feiai pas retriarquer que cette nêees-
sité de briser une enveloppe qui est un
besoin sociul est dróle, ui que eet EN du
troisiéme alinéa rend la phrase inintelligible,
mais comment accorder cette insurrection
uctuelle de Cintelligence conlre Cignorance
et cette nécesstté de briser cette enveloppeet
cette guerre conlre Cignorance qui a com
mence en notre ville il y a cinquante ans
et cette urgile du moyen dge dans laquelle
nous pataugeons.
Comment aecorder tout cela avec ces mo
numents majestueux qui tous les jours
rappellenl notre ancienne splendeur
Et avec les épisodes glorieux de notre
kis toire?
Diles done quelle est cetle ancienne splen
deur? Je croyais moi, ignorant que je suis,
que c'élait celle du moyen-age; je croyais
que ces monuments majestueux dalaient de
ce moyen-age! Vous me feriez grand plaisir.
M. le Bourgmestre, de m'apprendre le con
traire. Je croyais encore que ces épisodes
glorieux de notre histoire élaient du pur
moyen-age. Si je ne me trompe, une des
peintures dont vous parlez rappelle ce qu'onl
fail pour l'instruction les moines affreux de
ces maudils temps d'ignorance. Dans tous les
aulres tableaux on voit d'affreux calotins de
ce temps-la tenir la place d'honneur. Les
Halles elles-mèmes dalent de ce temps et je
gage que l'Eeole La Motte, parson norn, rap
pelle un fanatique de la pire espèce.
Parlez done, si cela vous plait, de l'igno
rance des temps passés, de la science d'au-
jourd'hui, de l'argile du moyen-age, mais, je
vous en prie, ne dites mot dans voire dis
cours, ni de notre ancienne splendeur, ni
des épisodes glorieux de notre histoire, ni de
nos monuments majestueux. Ne nommez
surlout pas les Halles. El les pourraienl vous
entendre el, comparant les grandeurs du
temps oü el les ont surgi avec les misères
d'aujourd'hui, elles pourraient succomber
de bonte et éeraser l'insulleur.
La Patrie de Bruges a écrit un article
conlre notre Commissaire, M. Carton.
M. Carton a envoyé sa réponse a la Patrie.
La Patrie a légérement démoli M. Carlon
et sa réponse.
M. Carlon répond une seconde fois, el le
Progrés triomphe.... modeslemenl.
On point pourlant reste dans l'ombre: M.
Carton, dans une troisiéme letlre a la Patrie
ne pourrait il dire clairemenl s'il trouvebon
et jusle qu'un Commissaire d'arrondissetncnl
soit Président d'une Association libérale et
s'iladmel toutes les conséquences de celle
doctrine?
MGR. DE 11AERNE.
Un enfant d'Ypres, Mgr De Haerne, le re
présentant de Courlrai, a célébré, Mardi der
nier, son jubilé de SO ans de prétrise. La
fète a été spleridide. Voici ce queraconlent
lesjournaux de Courlrai:
La Caisse des Propi iéluires émet des obligations
aux conditions suivantes
Obligations a 5 ans, intérét 4 1|2
id. 10 4 3|4 X
id. a primes 4 112 °|0
éqnivalant a 5°|» avec la prime derembóursement.
Pour obtenir les litres oil avoir des renseigne
ments s'adresser a M. VONCK-CLEMENT, seul
agent de ia Société ii "ïpres.
Les obligations de la Caisse des Propriétaires
ont un double gage les hypolhèques qui garan-
tissent les prêls el le capital Je la Société.
La journée d'hier a été splendide et émou-
vante a la fois. Le soleil nous est revenu a point,
avec ses clairs et chauds rayons, pour reliausser
de son éclat les joyeuses noces d'or de Mgr De
Haerne, membre de la Chambre des Représen-
tants.
La fête a commence a 10 heures a l'óglise de
Saint-Martin, oü Mgr De Haerne a cbantó la Mes-
se, en actions de graces. II y a cinquante ans,
l'église tenait prosterné sur les dalles du sanc-
tuaire lejeune De Haerne, appeló par Dieu au
royal sacerdoce. Le nouveau lévite avait prorr. is
a Dieu sa f'oi, pris pour unique épouse cette Egli-
se du Christ, pauvre, délaissée, lionnie et p^er-
sécutée, mais belle toujours et virginale, immor
telle. Quand il avait offert sa première Messe,
l'aine dans la joie et les yeux dans les larmes, i!
avait lait a Jésus-Christ, l'epoux de son ame,
le serment de l'atmer d'un amour dévoué, de dé-
tendre sou honneur, la vérite, ses droits im-
prescriptibles sur les hommes et sur les peuples.
Ce serment Mgr De Haerne l'a tenu. Depuis cin
quante ans, en offrant tous les jours a Dieu
l'auguste sacrifice de la Messe, il a pour sa part
opéré le grand rapprochement entre Dieu et
'tiomme qui est la liu dernière de l'apostolat
sacerdotal. Dans l'enseignement, dans la presse
dans les grands conseils de la nation oü il sié<4
depuis bientót cinquante ans, Mgr De Haerne
a rendu a l'Eglise ot a la Patrie les services les
plus 'signalés. Et quand hier nous l'entendions
entonner le Te Deum d'action de graces, poUr
remercier Dieu d'une vie si bien remplie, nous
n'avons pu nous défendre d'une vive émotion et
d'une reconnaissance plus grande pour l'Eglise
catholique qui seule suscite de ces dévouements
sans pareils.
A midi eut lieu la reception a l'hötel de ville.
Mgr De Haerne a fait son entrée au milieu des
acclamations enthousiastes d'un nombreux au-
ditoire. Quand le silence fut rétabli, M. P. Tack
représentant de Courtrai et ancien vice-Prési-
dent de la Chambre, adressa a l'honorable jubi-
laire un noble etchaleureux discours, dont je ne
puis qu'indiquer les idees les plus saillantes .-
La ville et l'arrondissement de Courtrai a
dit M. Tack, vous doivent une reconnaissance
toute particulierevous n'avez pas seulement
défendu leurs intéréts rnatériels, mais vous avez
été le valeureux champion de ces grauds prin
cipes religieux qui sont ancrós dans le coeur de
nos populations catholiques. Dans la question de
la charité, vous avez par vos écrits, éloquem-
ment protesté contre la spoliation. Vous avez
mieux fait. La charité, vous l'avez exercée. Sen-
tant votre ame émue de compassion pour les plus
malheureux des mallieureux de la terre, vous
avez consacró vos soins et vos travaux aux pau-
vres sourds-muets pour les instruire et faire-
pénétrer dans leur intelligence un rayon de la
loi qui console et qui sauve. C'est a vous que-
1 Angleterre doit sa première institution des
sourds-muets.
Dans l'enseignement, vous avez rendu des
services non moins grands. C'est vous qui, avec
deux autres hommes, qui nous sont chers, M.
Verheke et le chanoine Clément, avez fondé notre
Collége St-Amand vos éléves, j'en étais, se
souviennent avec bonheur de vos lecons si doc-
tes et si entrainantes. Je ne dirai pas tout ce que
vous avez fait pour l'enseignement comme ins
pecteur diocésain mais je veux rappeler les
services que vous avez rendus dans votre car
rière politique.
Pendent prés de cinquante ans, vous avez
pris dans les Chambres la defense de l'Eglise et
de ses droits, et vous le faites eucore tous les
jours. Plus que jamais notre cause a besoin
d'hommes énergiques et dévouésun souflie d'in-
tolérance a passé sur le pays, nos adversaïres
méditent l'éerasement du catholicisme. II faudra
réunir tous nos efforts, tous les dévouements et
tous les sacrifices pour résister aux déhordements
del'impiété et du despotisme; a ce prix seule
ment reviendra, comme en 1870, le jour du sou-
lagement universel.
\ous avez surtout défendu ces grands et
chers intéréts comme prêtre du Seigneur. Dès
1820 vous preniez part a la redaction du Journal
des Flandresdéputé par les catholiques de
Roulers vous avez attaché brillamment votre
nom aux travaux du Congrès national. Vous avez
été un de ceux qui ontdonnéa notre patrie notre
Constitution, qui n est un idéal ni pour vous ni
pour moi, qui comme toute oeuvre humaine a ses
lacunes et ses imperfections, mais qui, dans nos
temps troublés, a pendant cinquante ans servi de
rempart pour la defense de nos libertés catho
liques...
Vous rappelant tous ces services nous avons
voulu aujourd'hui vous donner un gage public et
affectueux do notre reconnaissance.
A ce moment on a óté le voile qui recouvrait le
superbe portrait du jubilaire peint par M. Mer-
gaert. Toute la salie a éclaté en applaudisse-
ments pour coufirmer les sentiments de sympa
thie si noblement exprimés par M. Tack.
Mgr De Haerne vivement touché a répondu a
peu prés en ces termes
Mon honorable ami et collègue, M. Tack
vient de nous parler des circonstances pénibles
du moment, d'une lutteplus vive, d'une jeunesse
ardente. II n a oublié qu'une chose, c'est d'ajon-
ter qu'il marche a sa tète. II a ótó l'interprête de
ces beaux sentiments qui éclatant de toutes parts
a Toccasion de mon jubilé do cinquante aus de
prétrise. Le jubilé est un usage antique auquet
le christianisme a donné une signification spiri-
tuelle. J ai voulu rendre grace a Dieu pour les
bénédietions dont il m'a comblé, je voulais faire
de eet anniversaire une fète privée, mais vous
avez désiré que celüt la léte du sacerdoce catho
lique honoré en ma personne et aussi la fète de
la charité internationale paria part qu'y pren-
nent mes amis d Angleterre, mais c'est encore
une fète de familie par l'affection cordiale
11 y a a 1 égard des jubilés de cinquante ans «n
préjugé assez répandu, c'est qu'ils prédisposent
a la mort; mais tout ce que je vois et entend's
Suffit pour m'öter toute crainte.
Vous avez voulu symboliser vos sentiments et
vos voeux dans ce portrait, qui est comme l'ima-
ge d'une vie nouvelle que vous semblez vouloir
me donner. L artiste a bien voulu me rajeuuir
tout en eonservant la ressemblance. Mes amis
d'Angleterre ont voulu également donner urn
démenti' au préjugé dont je pariais en attachant
délicatement, affectueusement mon nom a une
fondation de charité et en mettantainsi en re
lief les consolations que je rencontre parmi les
iniortunes. tout cela aura cei'tes pour effet de
prolonger ma vie.
Ce qui me réjouit surtout c'est que vos voeux
sont adressés a Dieu pour queje puisse obtenir
de nou velles forces et ètre longtemps encore
utile a mes concitoyens. Nqs convictions sont les
mêmes nous défendons la mème cause Le pa
triotisme est, au fond de nos coeurs, un senti
ment cbrótien qui se fortifie par l'exemple et
prolonge la vie. J accepte tout ce qui a été dit de
mon patriotisme, car ces sentiments doivent
être ceux de tout bon citoyen. Je vous remercie
done de toute cette ovation si affectueuse. Merci
de tont mon coeurLaissez-moi vous féliciter a
mon tour de votre attachement a la cause de la:
patrie, de l'ordre et de la vraie liberté, cause
qui nous unit tous ici et qui nous tiendra unis
sous ce drapeau glorieux dont les défaites mêmes
ne sont pas sans gloire et qui doit nous conduire,
j'en ai la contiance, aux trigrnplies cte 1'aveuir.