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Mercredi 17 Avril 1878
13e année. N° 1,283.
MARTYRS.
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p Journal paraiI In Mercredi et Ie Samedi. Les insertions cpiilerit 15 centimes la ligne. Les réclames et. annonces fudiciaires se patent 30 centimes la ligne. On traite d forfait pour les insertions par année.
On numéro dn journal, pris an Bureau. 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles. Réclames ou Annonces, content 10 fr. les 100 exemplaires.
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V K Hl.
ENCORE DU TAPAGE.
lis n'auronl done jamais fini! lis ne seront
done jamais contents! Leurs prélentions ou-
trecuidantes iront done tdojours croissant
avec leur insolence! lis feront done toujours
du tapage!
Vous devinez qu'il s'agildeMM. les libé-
raux.
Tapage a la Chambre.Tapage a IMsso-
cialion libérale! Tapage a la Ligue des
Gueux. Tapage dans les journaux. Tapage
sur loute la ligne.
Et pourquoi?
Paree que le projet de loi augmentanl le
nombre des membres de la Législature de
10 deputes et de 5 sénateurs, en vertu du
recensement de 1876, ne donne pas a ces
messieurs lous les représenlants et tous les
séuaieurs!
Voila!
El de crier au coup de parti, a l'iniqnilé,
au scandale, a la Tricherie. Et en avant tou-
tes les grosses caisses, tous les tams-tams,
tons les gongs, toules les peaux d'anes!
Ou se croirait a la Foire, ma parole.
Pil res, fous pitres, rien que pitres.
CommedianliTragedianti!
Le dernier fiasco du Denier des Ecoles les
a rendu furieux.
lis veulen! une revanche a lout prix! lis ne
l'auronl pas.
II est impossible, en effel, qu'on fasse la
soltise de leur procurer ainsi, du coup, une
majorité loute faile, au mépris le plus for-
inel du bou sens, du bon droit, de la justice
distributive. Le projel de loi donne auxar-
rondissemenls libéraux six des dix députés
nouveaux. Ce n'est pas assez, parait-il. Les
quatre députés donnés aux arrondissements
cathoiiques offusquenl ces avale-lout. lis
crient paree que l'arrondissflmenl d'Anvers
en gagne un; ils crient paree que celui de
Malines en gagne un: ils crient, paree que
celui deLouvain gagne un sénateur. A l'ar-
rondissement libéral de Bruxelles le dépnlé
de Malines et le sénateur de Louvain! L'ar-
rondissement libéral inais rural de Warem-
me gagne un dépulé! Jamais l'arrondisse-
metu libéral mais grand centre de Liége
ne subira eet affront!
Bruxelles a déja 13 représenlants libéraux
de lout acabit, depuis le doctrinaire le plus
avarié, jusqu'au sociaIiste le plus avancé.
Cela ne suffit pas. II leur en faul quatorze, il
leur en faut quinze. Demain, ils en deman-
deront vingt!
Ei cependant, la loi de 1836, loi formelle,
faile par les libéraux au pouvoir, ordonne
que le recerisemenl déeennal servira de ba
se a la répartilion. Et cependant, en vertu de
ce recensement, les arrondissements d'An
vers, de Malines, de Waremme, de Liége,
etc., ont incontestablemenl droit a des dé
putés et sénaleurs nouveaux. Et cependant
la repartition des siéges ne se fait pasantre-
ment aujourd'hui qu'elle s'est toujours faite
depuis 1831. Aujourd'hui comme alors, on
donne des nouveaux siéges aux provinces
qui jouissent des plus forts excédants de po
pulation non représentés jusqu'ici. Aujour
d'hui comme alors, on procédé de irtème a
la sousrépartition par arrondissement. On ne
fait pas autre chose que ce que les libéraux
out toujours fait eux-inême, en 1866, lors
du fatneux coup de parli du maitre tricheur
Oris devancanl le recensement de plus de
six mois el créanl ainsi quatre députés en
tropreprésentant des Beiges qui n'existaient
pas! Cela a été constalé lors du recensement
de Déccmbre 1866.
Mais c'étaient des représenlants libéraux!
Dés lors... N'esl-ce pas que c'est bien a
ces gens-la de crier au coup de parli, a la
TricherieO. M. Frère, un pen plus de pu
deur S. V. P.
Commedianli'. Tragedianti!
A la Chambre les Jotlrand, les Bergé, les
Dupont, les Warnant, les Anspach, les Pir-
mez, les Orts el les Janson l'homme-obus
uni a l'homrne aux planchesont exécuté
sur ce thérne les plus bruyanles variations et
M. Frère se réserve de jouer le finale de ton-
nerre de fer-blanc dont il a la spécialité.
Selon ies virtuoses de l'ophïcléide doctri
naire el du trombone radical, le recense
ment de 1876 est faux, archi-faux; le gou
vernement se trompe et trompe le Parlement;
les excédants des arrondissements catholi-
qeessont menteurs, et les déficits des arron
dissements libéraux également. II faut lout
changer, tout öler aux premiers, tout ren-
drc aux seconds.
M. Jottrand, au nom de Bruxelles gueux,
a menacé la droile d'émeuse et pariéde ca
nons!
M. Janson, l'homme des revendications
sociales a chargé ces canons de ses obus,
en criant: Prenez garde
Le parli liberal menace. Done il a lort!
Done il a peur. Done le bon droit est avec
le gouvernement, avec la droile. Done tl faut
répondre aux gueux, nous sommanl de ren-
dre nos armes, comme Léonidas aux Perses:
Venez les prendre!
Hors de la Chambre, mètne comédie, mé-
mes roulements d'yetix el de tambours. Mé-
me vacarme et mèmes menaces mais plus
accentuées encore.
A I'Association libérale, les citoyens Jot
lrand, Scailquin, Delecourt du Denier
des Ecoles out parlé de démuseler la ca
naille émeulicre, de lacher la Béte, d'organi-
ser des manifestations, de sauver la Patrie
en danger.
Ala Ligue des gueuxautrement dite
Ligue des queuesparee qu'elle se com
pose de toutes les queues radtcales, socialis-
les el républicaines du parli libéral les
citoyens Hnysmans, Jotlrand, Bergé el Jan
son ont hurlé les plus beaux triorceaux de
leur répertoire trop connu. Le citoyen Hnys
mans a convié les queues a «briser les vitres»
el surtout a briser les gouvernements im-
populaires. Le citoyen Bergé a fait l'apolo-
giede Bruxelles libéral qui n'obéit pas aux
lois réactionnaires Ie citoyen Janson a
parlé d'aviser au cas oü les manifestations
légales n'aboutiraient pas. Enfin le citoyen
répuhiicain Scailquin a proposéd'aller comme
\zs gueux du XVI0 siècle, faire des menaces
au Roi.
Voila leur dernier mot.
En vérilé MM. les citoyens radicaux, socia-
listes, républicains el libéraux, vous vous
faites du rot une singultére idéé, si vous
croyez que S. M. est dupe de vos comédiés,
de vos tragédies et de vos cacophanies.
Vous avez traité le Boi de roi de carton
en 1871; vous lui avez mis les crosses en
l'air sous le nez, insolemment el cynique
ment! Vous l'avez outrage libremenl el im-
punément cette fois.
larfcé.'
Une fois c'est assez. C'est trop.
Vous imaginez-vons qu'on va vous laisser
faire encore cette fois-ci?
Ce jeu la ne réussit jamais deux fois. Et
vous pourriez vous en repentir si vous l'es-
sayiez a nouveau!
Leopold II s'appelle Leopold Deux et non
Léopoliron comme vous osiez le crier en
Novernbre 1871.
Done cessez voire tapage et... fichez nous
la paix!
P. S. Jeudi aprés-midi, M. Jacobs, rap
porteur de !a Section Centrale, a déposé un
amendement retirant aux arrondissements
I d'Alost, de Malines et de Louvain les nou
veaux siéges auxquels ils ont droit, en vertu
du dernier recensement.
On caone permetlez-moi Ie mot.
Cela n'a pas empéché M. Frère de débla-
lérer effroyablement contre le projet de loi,
conlre le gouvernement, contre la droite!
Faites done des concessions... a un vilain!
Et dire qu'il a snffi de deux parades gueu-
ses pour amener Ie gouvernement a sacri-
fier trois arrondissements cathoiiques aux
criailleries de quelque Scailquin hors Cham
bre!
La menace de l'émeule la simple me
nacesera done Vultima ratio devant la-
quelle on cèdera toujours.
A ce jeu la, les partis perdent le pouvoir
et leur honneur. El les rois y perdent leur
couronne!
Les républicains de Bruxelles qui onl élu
hier le citoyen Jauson, et qui élironl demain
le citoyen Scailquin, le savent bien!
Cloche.)
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5-15 mat.
Ypres-Gourtrai, 5-31, 9-10, 11-20, 2-35. 5-25. -- Gonrtrai-Ypres, 8-08, 11-05, 2-50, 5-40, 8-49.
Ypres-Thourout, 7-00, 12-06, 6-07, (Ie Samedi A3-50 du matin jusqua Langemarck.) Thourout-Ypres, 9-00, 1-05, 7-45 (le
Samedi a 6-20 du matin de Langemarck a Ypres).
Cominns-\Varnèton-Le Touquet-Houplijnes-Armenüères, 6-00, 12-00, 3-35. Armentières-Houpnnes-Le Touquet- Warneton-
Comines, 7-25,2-00, 4-15. Gomines-Warnèton, 8-45 mat. 9-30 soir, (le Lundi 6-30.) Waruêton-Comines, 5 30, 11-10 (le
Lundi 6-50.)
Comines-
Courtrai-
Bri
Ingehnunster-Deynze-Gand, 5-00,9-41,2-15. Ingeimuiister-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-41.
7-2! Deynze-Ingelmunster, 12-00.
Inaelmunster-Anseghem, 6-05,12-55,6-13. Anseghem-Ingélmunster, 7-42,2-20,7-45.
Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 7-10, 9-08, 1-35, 7-50. Duukerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-15,
11-05, 3-40, 5-00.
Dixmude-Nieuport, 9-50, 2-20, 8-35. Nieuport-Dixmude, 7-15, 11-55, 4-20.
Thourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Óstende-Thourout, 7-35, 10-10, 12-20,0-15.
Selzaete-Eecloo, 9-05,1,25, 9-03. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-20, 5-05.
Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 8-05. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 8-25. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 5-30.
Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,25,'9-03 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 5-25 (le Mardi, 10-00).
O O Ï=C. TdL -».•! DF» O wr 33 A. »ST O 7E0 S
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42 6,35.
Bruxelles arr. 8,50 1,35 2,25 6,10 8,54. I
COURTRAI, TO CRN AI, LII.LE.
Courtrai dép. 0,37 9-37 10,56 2,54 5.34 8,47.
Tournai arr. 7,28 10,15 11,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,42 10-42 12,OS 4,00 6,37 10,04.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dép. 6-42 9,49 12,31, 3,44 6,40 9-32.
Gand arr. 8,01 11,08 1,51, 5,04 8,00 10,20. 1
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21 5,35 6,47.
Gourtrai arr. 8,00 10,46 2,44 7,56 8,44.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Lille dép. 5,10 8,12 11,05 2,21 4,10 8,10
Tournai - 5,42 8,56 11,32 2,40 5,26 8,50
Courtrai arr. 6,42 9,49 12,31 3,44 6,40 9.32
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 5,15 8.45 9.34 1,28 4,20 7,21.
Gourtrai arr. 6,37 9,37 10,50 2,54 5,34 8,47.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 6,43 Bruxelles dép.5,22 7,20 7,25 9,00 11,06 1,35 3,02 o,oe 5,01 8,10 8,20.
GanS a. 7,34 S,19 10,54 1,49 4,07 7,58 9,33. Gand arr. 5,55 8,29 9,31 10,22 1,17 3,59 4,11 7.17 7,02 9,19 10,26.
Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 9,31 10,42. Bruges 7,15 9,23 10,51 11,20 2,38 5,01 8,38
-*■
Les historians ont donné le nom d'ére des mar
tyrs au temps qui commence le 29 aoüt 284. Gette
ére fut établie a l'avénement de Dioclétien, pour
perpétuer le souvenir des persécutions que ce
prince tit subir aux chrétiens.'
Si, dans une conversation de nos jours, nous
entendons prónoneer les mots ére des martyrs,
il serait difficile de s'arrêter sur le nom de Dio
clétien. Entre ce grand persécuteur et nous se
placent tant de martyrs, qu'il devient impossible
de fixer un regard certain sur une date.
Paris, tombé au pouvoir de la Commune, a ses
martyrs, döntlesvoix semblentrésonner encore
a nos oreilles. La revolution de 1792 est tellement
riche en martyrs, que les cruautés des républi-
cains ressemblent lort a celles de Dioclétien.
11 est bon dé ne pas oublier l'une de ces lamen-
lables histoires. Nous empruntons ce souvenir
glorieux pour l'Eglise aux Mémoires ecclésiasti-
ques koncernant la ville de Laval et ses environs
de 1789 a 1802 et aux Notes d'un bourgeois breton.
Le 20 juin 1792, 400 prètres fidèles furent
incarcérés clans deux couvents dc Laval avec
l'évêque de Dol, Mgr de Hercé. Les deportations
commcncèront. Des convois de prètres enchainés,
traités en criminels, marchaient n pied sur les
routes, conduits par la force armée. Les uns
aliaient en Angleterre, les autrés en Espagne.
Le 22 octobre 1793, a l'approche de l'armée
vendéenne, 88 religieux, détenns a Laval, furent
reveilles au milieu de la buit attachés deux par
deux, et dirigés sur Rambouillet. On laissa dans
la prison de Laval quinze malades ou infirmes,
que les médecins déclarèrent hors d'ótat de sup
porter les fatigues du voyage. L'un d'euxmourut
quelques jours après sur la paille de sa prison,
dans lqs bras de ses compagnons de captivité.
Le tribunal révolutionnaire de Laval, composé
d'hommes étrangers a la ville, réclama les1 qua
torze prètres. Mais les médecins reconnurent
que pas un seul n'était en état de comparaitre,
tant leurs maladies présentaient de sérieux carac-
tères. Le tribunal donna l'ordre de les soigner
vigoureusernentafin qu'ils pussent ètre jugés le
plus tót possible. En attendant, le tribunal con-
damna a la peine de mort quatre cent soixante
deux personnes, dont cent trois femmes.
Les prètres détenns devaient ètre fort malades,
puisqu'ils n'avaient pu faire partie du convoi
dirigé sur Rambouillet, et qui comptaitdans ses
rangs öctogénaires, uil aveugle et plusieurs pa-
ralytiques.
Des hommes armés, dans un état voisin de
l'ivresse, se rendirent a la prison pour y cber-
cher les prètres et les conduire au tribunal.
Quatre d'entrê eux, qui ne pouvaient marcher,
furent placés sur une charrette. Parmi ces der-
niers se trouvait M. Gallot, cbapelain des reli-
gieuses bénédictines, bomme dans la force de
l'age, mais devenu perclus par suite de Flnimi-
dité des prisons,
Pour aller au tribunal révolutionnaire les
quatorze prètres traversórent la ville oü la
populace les poursuivit d'injures et de menaces.
Quelques bonnêtés personnes, attirées aux fenê-
trespar le bruit, adressaient aux martyrs des
regards sympatbiquesmais craintifscar la
terreur régnait partout. Par un raffinement de
cruauté, le convoi s'arrêta devant la guillotine
dressóe en permanence sur la placé publiquö.
11 était buit beures du matin, un froid glacial se
l'aisait sentir, et les pauvres prètres, tous a jeun,
a peijie. couverts de leurs soutanes en lambeaux,
tremblaient sous la neige fondante. La vile mul
titude les poursuivait toujours de ses cris fóro-
ces. Eux priaient a voix basse, quelques-uus
récitaicnt leur cbapelet. Parmi les oetogénaires,
deuxne pouvant plus marcher, furent jetés
brutalement sur la charrette, oü M. Gallot les
couvrit do ses propres vêtements dont il se
dépouilla.
Après une halte prolongóe au pied de la guillo
tine, on prit le chemin du tribunal révolution
naire. II était encombré dune foule agitée
bruyante, qui demandait a grands cris la mort
des prètres. Les juges semblaient appartenir aux
dernióres classes de la société. Leurs costumes
civils, grossiers pour la plupart, indiquaient des
hommes étrangers a l'étude des lois. Le président
seul, qui venait on ne sait de quelle province
lointaine, apportait dans le jugement quelques-
unes des tormes de la procédure. Ce petit homme
maigre, pale, usé, respirait la baino, la jalousie
et toutes les basses passions.
Les quatorze prètres prirent place sur le banc
des accusés. Plusieurs furent couchésleurs
forces ne leur permettant pas de rester assis.
On lit dans les notes du bourgeois breton
De bons cathoiiques comme moi s'étaient
glissés dans la foule et tremblaient, en pensant
que les pauvres'curés malades ne pourraient pas
tous soutenir leur caractère jusqu'a la fin. II fal-
lait bien s'attendrc a ce que plus d'un se laissat
intimider par les menaces de la mort. Notre foi
redoubla en voyant le courage de ces pauvres
prètres, qui n'eurent pas une minute de défail-
Après avoir demandó aux accusés leur nom,
le président adressa ces questions a chacun
d'eux
1° As-tu fait le serment de 1791, prescrit par
la constitution civile du clergé 'l
2° As-tu fait le serment de liberté-égalité
3° Veux-tu prête.r ces serments
4° Veux-tu jurer d'etre fidéle a la république,
d'observer ses lois, et, en conséquence, de ne
professer aucune religion, et notamnient point
la religion catholique
Le premier qui fut interrogé répondit d'üne
voix ferme quatre fois non.
Réponds a ehaque question, dit le président,
et n'oublie pas qu'il y va de ta vie.
Le prêtre sourit, et lorsque ehaque question
lui était lue, il répondaitnon.
Le curé de la Trinité de Laval, M. Turpin du
Cormier, était au nombre des accusés. Le prési
dent lui adressa cette question': N'est-ce pas
toi qui as empêché tes prètres de faire lo serment?
Quand on nous le demanda, répondit M. Tur
pin, nous nous assemblames pour en délibérer,
et nous reconnümes que notre conscience ne
nous permettait pas de le prèter.
Alors le greffier se leva et dit au tribunal: Ce
citoyen-la u'est pas méebant, e'est son vicaire
Donnés qui l'a perdu.
L'abbé Gallot ne put sq lever et répondit, couchó
sur un banc. Le président, avant même de-lui
adresser les quatre questions, prononca ces pa
roles Veux-tu jurer d'etre fidéle a la républi
que, et de ne plus professer ta religion? Je
serai toujours catholique, s'écsia M. Gallot.
Mais non pas publiquement dit le président.
Qui, publiquement, repritle cbapelain. N'importe
oü, je me dirai toujours catholique. Je serai tou
jours fier de Jésus-Christ. En prononcjant ces
paroles, l'abbé Gallot oublia ses souffrances, il
fit un effort suprème et sa voix éclata comme s'il
eüt été en chaire. Des murmures se firent enten
dre, et l'un des patriötes s'écria Qu'il est
effronté Le secrétaire du tribunal se leva et
dit a l'abbé GallotSois si'ir que tu vas ètre guil
lotine. Ge sera bientöt fait,répondit l'accusé.
L'abbé Pellé, prêtre habitué de la paroisse de
la Trinité, fut interrogé après M. Gallot. L'abbé
était connu a Laval pour ses facons un peu brus
ques et son langage populaire. Excellent prêtre
d'ailleurscharitable, zélé, et d'un caractère
ferme autant que loyal.
Le président lui adressa la question As-tu
fait le serment de 1791, prescrit par ia constitu
tion civile du clergé Vous m'embêtez avec
votre serment, répondit l'abbé Pellé, je ne le
ferai pas et je me inoque de la guillotine et des
guillotineurs -
L'abbé Ambroise, prêtre de Laval, passait pour
janséniste. Le président lui ditJ'espère que
tu ne refuseras pas ce qu'on te demande, car tu
ne partages pas les erreurs de tes confrères
Jeveux bien, répondit M. Ambroise, obéir au
gouvernement; mais je ne veux pas renoncer a
ma religion. N'es-tu pas janséniste reprit le
juge. Je conviens, dit l'accusé, que j'ai eu le
malheur d'adöpter des opinions qui n'étaient pas
conformes a la saine doctrinemais Dieu m'a
fait la grace de reconnaitre mes erreurs, je les ai
abjuróes devant mes confrères, qui m'ontróeon-
cilió avec l'Eglise. Je suis content de lavor ma
faute dans mon sang. -
(A continue,'