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Mercredi 10 Avril 18
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Un numéro du journal, pris au Bureau. 10 centimes. Lest nuinéros supplémentaires cprnmandés pour, articles. Réclames on Annonces, content 10 fr. les 100 exempiaires.
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Poperinghe- Ypres, 5-15, 7-00, 9-28, 11-00, 2-1.5, 5-Q5, 9-20. Ypres-Poperinghe, 6-30, 9-07, 12-07, 3-57, 6-50, 8-45, 9-50. Pope-
rinighe-Hazebrouck, 6-53, 12-25, 7-10. Hazebrouck-Poperinglle-Yprés, 8-25, 4-00, 8-25.
Ypres-Roulers, 7-50. 12-25, 6-30. Roulers-Ypres, 9-10, t-50, 7-50.
Roulers-Bruges, 8-45, 11-34, 1-15, 5-16, 7-20 (9-55 Tliourout.) v- Bruges - Route, S-05, 12-45,5-05, 6-42. Thourout - Courtrai,
5-15 mat.
Ypres-Courtrai, 5-34, 9-46, 11-20, 2-35, 5-25. Coartrai-Ypres, 8-08, 11-05,2-50, 5-40, 8-49.
Ypres-Thourout, 7-00, 12-06, 6-07, (le Samedi a 5-50 du matiu jusqu'a Langemarck.) - Thourout-'Ypres, 9-00, 1-05, 7-45 (le
Samedi a 6-20 du matiu de Langemarck a Ypr.es).
GominesrWarnêton-Le Touquet-Houplincs-Armentières,. 6-00,. 12-00, 3-35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warnêtou-
Gominès, 7-25,2-00, 4-45. - Confines-Warnèton, 8-45 mat. 9-30 soir, (le.Lundi 6-30.) Warnêton-Gomines, 5 30, ll-l'O (le
Lundi 6-50.)
Gomines-Belgique, Gomines-Franee, Quesnoy-sur-Deüle, Wambrechies, la Madelaine, Lille, 7.27, 8,59, 11,45, 6,43, 9,41.—
Lille, la Madelaine, Wambrechies, Quesnoy-sur-Deüle. Comines-France, Gomines-Belgique, 6,1.3, 7,13, 10,35,4,37,8,15.
Gourtrai-Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, 4-40 6-37, 9-00 soir. (Thourout.)— Bruges-Gourtrai, 8-05, 12-45, 5-05, 6-42.
Bruges-Blankenberghe-Heyst (Station) 7-22, 11-27, 2-50, 7-35. (Bassin) 7-28, 11-33, 2-56, 7-41. Heyst-Blankenberghe-Bru-
ge's, 5-45, 8-,40 1-25, 5-30.
ingelmunster-Deynze-Gand, 5-00,9-41,2-15. Ingelmunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Devnze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-41.
7-21. Deynze-lngelmunster, 12-00.
Ingelmunster-Anseghem, 6-05, 12-55,6-13. Anseghem-Ingelmunster, 7-42,2-20,7-45.
Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Duukerque, 7-10, 9-08, 1-35, 7-50. Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-15,
11-05, 3-40, 5-00.
Dixmude-Nieuport, 9-50, 2-20, 8-35. Nieuport-Dixmude, 7-15, 11-55, 4-20.
Thourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thourout, 7-35, 10-10, 12-20,6-15.
Selzaete-Eecloo, 9-05,1,25, 9-03. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-20, 5-05.
Gand-Terjieuzen (station), 8-17, 12-25, S-05. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 8-25. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 5-30.
Selzaete-I.okeren, 9-04. 1,25, 9-03 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaetq, 6-00, 10-25, 5-25 (le Alarcu, 1()-(J0).
C O H. H. W S I* O lï r> A. «r C K s
COURTRAI, BRUXELLES. BRUXKLtiUS, COURTRAI.
Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42 6,35.
Bruxelles arr. 8,50 1,35 2,25 6,10 8,54.
COURTRAI, TOURNAI, I.TLLE.
Gourtrai dép. .6,37 9-37 10,56 2,54 5.34 8,47.
Tournai arr. 7,28 10,15 11,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,42 10-42 42,08 4,00 6,37 40,04.
COURTRAI, GAND.
Gourtrai dép. 6-42 9,49 12,31, 3,44 6,40 9-32.
Gand arr. 8,01 11,08 1,51, 5,04 8,00 10,20.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
I Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21 5,35 6,47.
Gourtrai arr. 8,00 10,46 2,44 7,56 8,44.
LII.LE, TOURNAT, COURTRAI.
I Lille dép. 5,10 8,12 11,05 2,21 4,10 8,10
Tournai 5,42 8,56 11,32 2,40 5,26
Courtrai arr. 6,42 9,49 12,31 3,44 6,40 9,32
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 5,15 8.45 9.34 1,28 4,20 7,21.
Courtrai arr. 6,37 9,37 10,50 2,54 5,34 8,47.
Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 6,43 Bruxelles dép.5,22 7,20 7,25 9,00 11,06 1,35 3,02 5,o5 5,01 8,10 8,.
Gand rt.7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 7,58 9,33. Gand arr. 5,55 8,29 9,31 10,22 1,17 3,59 4,11 /.I .7,02 9,19 10,
Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 9,31 10,42. Bruges
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
9,00 11,06 1,35 3,02 5,55
10,22 1,17 3,59 4,11 7.17
7,15 9,23 10,51 11,20 2,38 5,01 8,38
20.
26.
REFORME ELECTORALE.
Les vues érnises par M. Eudore Pirmez sur
la revision de noire legislation élnctorale
obtiennent un succès dont il sera lui-mème
surpris et effrayé. L'assenliment général
qu'elles. rencontrenl dans le camp catholique
et dans le camp libéral doit prouver au dé-
puté de Charleroi qu'il a abordé une question
müre el prochainemeni susceptible d'appli-
cations tout au moins pariiélles, exemples de
grandes difficultés pratiques.
On peut en dire autant des graves consi-
déralions émises par M. Thonissen concer-
nant la prépondérance politique des grands
centres de population el nolammenl de la
capitale. Des calculs de parli empècharent
peul-èlre M. Pirmez d'aborder ce terrain
délicat el, a ce point de vue, le discours de
l'honorable député de Hasselt compléte et
forlifie trés-heureusement celui de son col
logue carolorégien.
La proposition de M. Thonissen conlre les
dangers de la centralisation éleclorale esl
d'une actualilé frappante, surlput si l'on
songe qu'en réalilé c'est ragglomération
bruxelloise qui settle est représentée au Par
lement el que les populeux canlons de Vil-
vorde, de Hal et d'Assche sont, a vrai dire,
sans représenlation et poliliquemenl anni-
hilés.
Co mine Fa dit l'honorable député de Has
selt, c'est dans l'hypolhèse d'un gouverne
ment libéral, que celte excessive prépondé
rance de la capitale serail particuliéremenl
funeste a l'ensemble du pays. II faudrait au
ministère une majorilé süre de trente voix
pour contrebalancer le concours nécessaire
de la deputation de Bruxelles el pour pouvoir
gouverner avec une véritable indópendance.
DE
Ai
Les frères de Goncourt viennent de publier
mie Histoire de Marie-Antoinette d'oi'i nous
extrayons ces très-intéressantes pages sur te
supplice de la Reine
Elle dormait. On entre. Voila, lui dit-on,
un ctiré de Paris, qui vient vous demander si
vous voulez vous confesser. Un cure de Paris!
murmura tout bas la reine, il n'y en aguère...
Le prêtre s'avance. II dit a la reine qu'il s'appelle
Girard, qu'il est curé de Saint-Landry (1) dans la
Cité, et qu'il lui apporte les consolations de la
religion. La reine s'est confessée a Dien seul.
Elle remercie le prêtre assermenté, sans 1c
renvoyer pourtant. Elle descend de son lit, elle
marche dans le cabinet pour se récliauffer, et se
plaint de souffrir aux pieds un froid mortel.
Girard lui conseille de inettre son oreiller sur
ses pieds. La reine le fait. - Voulez-vous que je
vous accompagne dit le prêtre. Comme vous
v&u&rez, répond la reine.
A sept lieures, Sanson se présente Comme
vous venez de bonne heure, monsieur, lui dit la
reine. Ne pourriéz-vouspas retarder Non,
madame, j'ai ordre de venir.Cependant la reine
était toute prête. Elle avait elle-même coupé ses
cheveux.
La reine déjeune d'une tasse de chocolat ap-
portée du café voisin de l'entrée de la Concier-
(1) Girard était prêtre assermenüice fait explique ie
i'efus de la Reine de l'accepler comme confesseur
Or, en supposanl que les previsions les plus
optimistes el les plus aveugles du libéralisme
se réolisent conlre louie attente, oü done
ira-t-il chercher cctte majorilé de, Ircnle
voix?...
En loul élat de cause, ia centralisation
éleclorale, poussèe a l'excès, conslilue un
danger conlre lequel lous les gouvernerneiils
prévoyants et sages ont tenu a se prémunir.
M. Thonissen a produit a ce sujet des argu
ments, des comparisons, des chiffres et des
fails qu'il ne sera pas inutile de résumer.
Les Anglais, dit l'honorable député, onl
eu grand soin de ne pas prendre pour base
unique de leur representation nationale le
ehiffre de la population.
La population de la Grande Brelagne,
d'aprés le recensenten! de 1871, éiait de
31,628,338 ames.
La population de Londres était a la mème
époque de 3,264,260 ames; c'esl-a-dire que
ragglomération qui forme la capitale du
Royaume-Uni fournissait a peu prés ledixié
me de la population lotale,
Dans le sysléme qui prévaul chez nous,
Londres devrait, en consequence, avoir le
dixième des membres de la Chambre des
Communes.
II s'en fuut de beaueoup que les Anglais
aient admis cede théorie constilutionnelle.
Le nombre des membres de la Chambre
des Communes esl de 660.
Londres, dans le sysléme beige, aurait
done 66 représenlants a la Chambre basse.
Or, Londres n'en a que 19! Les Auglais n'ont
pas voulu allribuer une prépondérance ex
cessive a leur capitale. lis lui ont donné un
gerie, et d'un de ces petits pains appelés alors
mignonettes, si petit, que le gendarme Léger
n'ose l'éprouver eu le goütant de peur de le
diminuer.
Vers onze lieuresla reine est conduite au
grelïe, a travers une liaie de gendarmes rangés
depuis la porte du cabinet oü elle a couché jus
qu'a la porte du gretïe. On lui lie les mains
derrière le dos.
Dans Paris, a cinq lieures du matin, le tambour
batle rappel roule dans toutes les sections. A
sept lieures, trente mille hommes sont sur pied;
des canons aux extrémités des ponts, des places
et des carrefours. A dix henres, la circulation
des voitures est interdite datis toutes les rues,
du Palais jusqu'a la place de la Revolution, et
des patrouilles sillonnent Paris.
Trois cent mille hommes ne se sont pas cou
ches; le reste s'est óveillé avant le tambour. La
cour de la Conciergerie, les abords de la Con-
ciergerie, le grand perron du Parlement, le pavé,
la fenêtre, le parapet, la grille, la balustrade, le
toit, Ie peuple a tout envahi; il emplit tout, et il
attend.
Onze lieures sonuent dans le murmure de cette
foule silencieuse. Toutes les têtes, tous les re
gards, tous les yeux sont en arret etdévorent la
cliarrette acculóe a quelques pieds des portes.
Ses roues crottóessa banquette l'aite d'une
planche, son plancher sans paille ni foin, son
fort cheval blanc, et l'homme a la tête du cheval.
Les minutes semblent longues. Un bruit sourd
court parmi la foule. Un officier fait un com-
mandement, la grille s'ouvrec'est la reine en
blanc.
Derrière la reine, tenant les bouts d'une grosse
ficelle qui lui retire les coudes en arrière, marche
Sanson. La reine fait quelques pas. Elle est a la
petite échelle qui monte au marchepied trop
nombre plus élevé de représenlants, et cela
dans un pays oü les localités serondaires
trouvent cependant, en loule dirconslance,
une protection efficace dans la Chambre des
Lords.
Les Américains ont procédé avec la mème
sagesse.
La Constitution des Etals-Uitis porte que
le nombre des représenlants ne peut excéder
la proportion d'un député sur 30,000 ames.
C'est absolument, sauf le ehiffre, le sysléme
de la Constitution beige. Eh bien! il y a quel
ques aniiées, les grandes villes. New-York,
Plnladelphie, Baltimore, d'aolres encore, fi-
reni entendredes plaintes. El les prélendirent
que loule leur population n'éla,it pas repré
sentée. El les prouvérent que quelques unes
d'enlre elles n'avaient pas un représentant
par 70,000 ames. Et que fit le congrès? Créa-
t-il un nouveau siége pour chaque excédanl
de population de 30,000 am.es?. En aucune
maniére; il refusa d'augmenter la représenla
tion des grandes villes, paree qu'il ne vou-
lail pas leur aecorder une prépondérance
excessive, dangereuse pour les intéréts géné-
rauxde l'fjniori. El cependant, en Amérique,
la Coustiluiion renfermail déja un reméde
trés-efficace contre la prédominance exces
sive des grands centres. Ep, effel, au sénat
américain, ebaqueEiatde 1'Un.ion, quel que
soit le ehiffre de sa population, se trouve
représ'enté par le mème nombre de séna-
teurs.
Ailleurs encore, sous une forme ou sous
l'aulre, on a pris des precautions conlre la
prédominance excessive des centres popu
leux. En SuissBj par exemple, lous les can-
court. Sanson s'avance pour la soutonir de la
main. La reine le remercie d'un signe, monte
seule, et yeut enjamber la banquette pour se
placer en face du cheval, lorsque Sanson et son
aide lui disent de se retoufner. Le prêtre Girard,
en habit bourgeois, monte dans la charrette et
s'assied aux cótés de la reine. Sanson se place
derrière, le tricorne a la main, debout, appuyé
contre les écalages de la charrette, laissant, avec
un soin visible; Hotter les cordons qui tiennent
les bras de la reine. L'aide de Sanson est au fond,
debout comme lui et le tricorne a la main. II ne
devait y avoir, en ce jour, de décent que les
bourreaux.
La Charrette sort de la cour, et débouche dans
la multitude. Le peuple se rue et se tait d'abord.
La charrette avance, au milieu des gendarmes a
pied et a cheval, dans la double liaie des gardes
nationaux.
La reine est vètue d'un méehant manteau de
lit de piqué blanc, par dessus un jupon noir.
Élle porte un ruban de faveur noire aux poignets.
au cou uil fichu de mousseline ur.i blanc; elle a
des bas noirs et des souliers de prunelle noire,
le talon haut de deux pouces, a la Saint lluberty
La reine n'a pu obtenir d'aller a l'écliafaud
tête nue: un bonnet de sinon, sans barbes, un
bonnet repassé par elle le matin, cache au peuple
les cheveux que la Révolution lui a flits, des
cheveux tout blancs. La reine est pale; le sang
tache ses pommettes et injecte ses yeux, ses cils
sont roides et immobiles, sa tête ést ('iroite et
son regard se promeneindifférentsur les
gardes nationaux en hai.e, sur les visages aux
fenötressur les flammes tricoloressur les
inscriptions des maisons.
La charrette avance dans la rue Saint Honoré.
Le peuple fait retirer les hommes des fenêtres.
Presqu'en face de I'oi'atoire, un enfant so\ilevé
Ions, quelle que soil leur population, ont le
mème nombre de représenlants au conseil
fédéral.
Cela revienl a dire que Ie véritable régime
représentaitf comporle bier, moins la repré
senlation exacte des individus que la repre
sentation proportionnelle des intéréts.
Quant au sysléme de M. Pirmez sur la
représenlation des minorilés, il devrait d'a
bord, et a litre d'essai, s'appliquer aux elec
tions communales avant de s'étendre aux
éleclions legislatives. La commune est l'uni-
té première de notre sysléme politique, com
me le franc esl l'uuilé première de notre
sysléme monélaire. D'aulre pari, c'est sur le
terrain de l'administralion communale que
le besoin de voir représenter les minorilés se
fait le plus vivement sentir. Sur le terrain
politique propremenl dit, il ya des compen
sations qui rétablissenl sinon l'équilibre, tout
au moins un sysléme de bascule. Si l'expé-
rience préconisée par M. Pirmez réussit pour
les éleclions communales, la logique et la
force des eboses amèneront nécessaircmenl
sou application aux éleclions p,novinciales et
aux éleclions pour la Chambre el pour le
Sénal.
Nous reconnaissons cependant que le mè
me résultat, c'esl-a-dire la representation
plus fidéle et plus compléte du pays, pour-
rail s'obtenir par une autre voie, c'esl-a-dire
par le vote uninominal elan chef-lieu du
canton. Les grandes circonscriplions sonl. a
raison inême de leur élendue ainsi que du
nombre considerable des élecleurs, un ob-
slacle naturel a des scrutius relletant avec
exaclilude les dispositions réelles du corps
élecloral
par sa müreenvoie de ses petites mains un
baiser a la reine... Ge fut le seul moment oü la
reine craignit de pleurer.
Au Palais-Egalité, le regard de la reine s'allume
un instant, et l'inscription de la porte ne lui
óehappe pas.
Quelques-uns battent des mains sur le passage
de la reine; d'autres crient.
Le cheval marche au pas. Lr charrette avance
lentement. II faut que la reine boive longtemps
la mort.
Devant Saint Rocli, la charrette fait une station
au milieu des liuóes et des luirlements. Mille
injures se lèvent des degrés de l'église comme
une seule injure, saluant d'ordures cette Reine
qui va mourir. Elle pöurtant, sereine et majes-
tueuse, pardon naif aux injures en ne les enten-
dant pas.
La charrette enfin repart, accompagnée de
clanieurs qui courent devant elle. La reine n'a
pas encore parlé au curé Girardde temps a
autre seulement elle lui indique, d'un mouve
ment, qu'elle souffre des noeuds de cordes qui la
serrentet Girard, pour la soulager, appuie la
main sur son bras gauche.
Au passage des Jacobins, la reine se penche
vers lui et semble l'interroger sur l'écriteau de
la porte, qu'elle a mal lil Atelier d'armes répu-
blicaines pour foudroyer les tyrans. Pour ré-
ponse, Girard élève un petit Christ d'ivoire. Au
mème instant, le comédien Grammont, qui cara
cole autour de la charrette, se dressant sur ses
étriers, léve son épée, la brandit, et, se retour-
nant vers la reine, crie au peuple La voila,
Vinfame AntoinetteElle est amis /...-
II était midi. La guillotine etle peuple s'impa-
tientaient d'attendre, quand la charrette arriva
sur la place de la Révolution. La veuve de Louis
XVI descendit pour mourir oü était mort sou
CIVILISATION GUEUSE.
Le parli libéral brillè par son éducation,
son urbanilé el son affection pour tout ce
qui est modéré; oncques on ne vil parli si
délicat dans ses procédés, si dévoué a I'ordre,
si scrnpulcux observaleur de la loi. li assorn-
rne les caiholiques qui prient, ses Lamas cra.
chent sur des prétres inoffensifs, il irouble
les processions el déchire les costumes des
jeunes enfanls qui en font parlie, il pille et
dévasle les maisons de cenx qu'il n'a pu
vaincre au scrutin, il assaisonne les discus
sions parlemenlaires de propos de cabaret,
il expose au mépris public des prélals, des
femmes et des représenlants de l'autorité,
el puis viennent des feuilles sedisanl libe
rates qui applaudissenl a ces hauls exploits
et féheitent leurs auteurs.
La semaine a été fertile pour cc grand
parti liberal, si tolérant, si modéré, ami des
lumiéres et de la conservation par le pro-
grès. II a organisé a Bruxelles une mascarade
immonde et une autre plus orduriére encore
a Tournai; il est vrai que ceile-ci a eu inaille
a partir avec l'énergie catholique; il a ren-
gaiué de gré ou de force l'exhibilion iinpie
qu'il prélendail renouveler a Gand, el donné
a la ville de Louvain tin specimen de la bril-
laiite éducation qu'on a donnée a sa géné-
ration naissante dans les écoles sans Dieu:
Les chasseurs-éclaireurs d'Anvers ont
élé fesloyer dunanche avec leurs frères de
Louvain. La Gazelle de cello villenous ap-
prend que la fèle a eu pour couronneinenl
i'instilte aux catboliques et le lapage. Quand
les convives, dit-elle, quiltérent la Grand'
Place pour aller reprendre le train, on n'en-
lendaii parlout que les cris A bas la calotte
Vtvenl les gueux! Daus un eslaminet de la
Place de la Slation ces provocations ainené-
mari. La mère de Louis XVII tourna un moment
les yeux du cóté des Tuileries, et devint plus
pale qu'elle n'avait été jusqu'alors. Puis la reine
de France monta a l'écliafaud, et se précipita A
la mort...
Vive la République cria le peuple C'était
Sanson qui montrait au peuple la tête de Marie-
Antoinette, tandis qu'au-dessous de la guillotine
le gendarme Mingault trempait son mouchoir
dans le sang de la martyre.
Le soir, un homme, son ouvrage du jour ttni,
écrivait ce compte que les mains de l'histoire ne
touchent qu'en frissonant
Mémoires des frais et inhumations l'aits par
Joly, fossoyeur de la Madeleine de la Ville-l'Evê-
que, pour les personnes mises a mort par juge-
ment dudit tribunal.
La veuve Gapet pour la bière, 6 livres.
Pour la fosse et les fossoyeurs, 25 livres. -
La mort de Marie-Antoinette a calomnió la
France et a déshonoré la Révolution.
Oui, ce jour, dont la postérité ne se consolera
pas, demeurera dans la mémöire des hommes
l'immortel exemple de la Terreur. Le 1G Octobre
1793 apprendrace que les jeux d'une révolution
1'ont d'un peuple.
(Tout serait a citer de ce livre écrit sans pas
sion et avec le respect dü a la vèrité. Mais ce
sont hélasceux qui devraient le commenter
avec plus de fruit qui ne voudront pas le lire
effroyable chose que l'esprit politique qui fait
dire a d'honnètes gens qu'il pouvait étre utile au
bonheur de rimmanité de tuer une feimne, et
pour comble de cruauté, de la forcer a regarder,
de l'écliafaud, ce palais des Tuileries oü s'étaient
écoulés ses plus beaux jours, comme reine et
comnie mere
-a