Fort bienMais voioi que ce mème reli
gieux apostasie, concubine civilemenni el
prétend batir sur I'arpent de terre en ques
tion le nid de ses amours. II en a le
droit, reprend la tribti Lanrent.il est proprié-
taire.
Propriélaire?... Maiss'ilne l'était pas en
vertu de son litre d'acquisition comment
l'est-il devenu? Et quel article du Code civil
range l'aposlasie parmi les modes d'acquérir
la propriété?
Tout cela n'a pas le sens cominun.
Aussi, en désespoir de cause la Flandre
libérale déserte le terrain du droit moderne
pour se refugier dans I'ancien droit. Cest
dans notre ancienne legislation, dit-elle,
dans celle de la catholique Marie-Thérése,
que la sociélé civile trouvera des armes
contre l'envahissement de la main-morle.
11 est assez piquant de voir ainsi «les
champions du progrès exhumer de I'arse-
nal d'une legislation rouillée les véritables
«abus d'un autre age. Rappelons done a
la Flandre que nous ne vivons ni sous le
régime de Marie-Thérése, ni sous celui de
Joseph II. A cetle époque, ilyavaitde véri
tables mains-mortes, et la personnalité civile
des religieux disparaissait absolumenl dans
la communauté légalement reconnue dont
ils faisaienl partie. Autre temps, aulres lois,
aulres meeurs. Nous n'avons plus de mains-
mortes con ventuelles; et, par Ie mèmemotif,
nous n'avons plus de lois contre l'envahis
sement, des susdites mains-mortes. La
Flandre voudrail bien adapter au régime
actuel du droit cominun les sévérités de
I'ancien droit contre l'extensionde la proprié
té écclésiastique. C'esl rationnellementet juri-
diquement impossible; ralionellement par
ee que les deux situations s'excluentjuridi-
quemeotparce que les religieux étant
aujourd'hui «descitoyenscommeles aulres,»
on ne peut les bannir du droit commun sans
violer l'égalité civile, la propriété, la liberté
de conscience, en un mot toutes les bases du
pacte social qui nous régit.
II ne resle doncaux jacobins de la Flandre
que les armes traditionnelles de leur secte
1'arbilraire et la violence. Elles sont bien
dignes d'eux, tnais, grace an Ciel, elles ue
sont pas encore assez puissantes en Belgique
pour avoir raison de la justice et de la vraie
liberté! En dehors du sentiment religieux,
l'espril conservaleur lui-même est intéressé
a défendre le droit des congregations monas-
liques et a s'opposeraux annexions libérales
qui ouvriraient logiquement la voie aux
annexions socialisms. Nous l'avons dit enco
re la propriété du R. P. Philippe de Ker-
chove de Denterghem, jésuile de cceur el
d'ame, est aussi réguliére, aussi légitime,
aussi inviolable que celle de M. le comle
Charles deKerchovedeDenterghem,gueux
de cceur et d'ame. Porter at leinle aux droits
du premier, e'est ratifier d'avance les entre-
prises qui menaceraient les droits du second.
Cela est clair de toutes les clartés de l'éviden-
ce et peut se voir mème a travers les lunettes
bleues du père Laurent.
LETTRE D'UN PAYSAN.
La question de la réforme électorale n'a
pas produit ce qu'en attendait le libéralisme.
Ses espérances assez semblables a celle du
bandit qui surprend l'honnète hom me a
l'improviste et lui demande la bourse ou
la vie ontété en partie décues.
Pour lui, la bourse c'étaient les portefeuil
les minislériels; la vie, la religion dc la ma
jorité. Le coup a raté, el le libéralisme fu-
rieux de sa défaite, honleux du mépris qu'il
recueille, s'écrie comme le bandit qui part
les mains vides: c'esl a recommencer!
Les gueux vonten effel préparer quelque
nouveau coup de main: les complices d'An-
vers, apres a la curée, reviennent a la char
ge el demandent la réunion d'un congrés oü
toule la bande solidaire dressera en commun,
et a hais clos, le plan d'une nouvelle agres
sion.
Dans cetie prochaine attaque, le libéra
lisme ne dirigera pas settlement ses trails
contre le ministère; le roi lui-même sera
personnellemenl mis en cause. Aussi, tenons-
nous dés aujourd'hui a protester énergique-
medt contre les projets anti-dynastiques que
nédile le libéralisme auquel le pays honnête
hissera toule la responsabilité de sa mauvai-
se action.
Expliquons-nous:
Depuis que la réforme électorale est votée,
(o is les journaux libéraux, et parliculiére-
inont I'Eloile, inèlent chaquejour le nom
du roi a leur polémique incendiairo. Ce pro
cédé, fort inconvenant en lui-même, renfer-
me plus d'un danger; il amoindrit le pres
tige de la couronne el habitue le peuple a
disculer ses acles, en attendant de la rendre
impopulaire.
A l'heure présente, et par suite de la po
litique anli-religieuse de nos adversaires, il
n'y a plus qu'un seul lien entre les libéraux
et les catholiques. Ce lien, c'est le Roi; ce
dernier trail-d'union géne le libéralisme, il
s'agit pour lui d'enlever a Sa Majesté le légi
time prestige dont elle jouit. La séparation
serait alors compléte entre les Beiges, et
bien lol les pouvoirs réels émaneraienl des
loges, ou se revendiqueraient au milieu du
sang et de la guerre civile. La Royauté ne
serait plus dans le pays qu'un pouvoir ficlif
et aléatoire, dans l'élat d'amoindrissement
et d'impopularité que lui aurail créé le libé
ralisme.
Ce plan nous semble tellement odieux,
que nous voudrions ne point y croire; mal-
heureusement, l'allilude des chefs du parti
gueux, la polémique et les espérances de la
presse du Kulturkampf ne nous laissent pas
le momdre doule a cel égard.
Le recours au Roi annoncé avec emphase
pour demander le refus de sanction de la loi
électorale réguliérement votée, est le pre
mier pas vers ces coupables desseins. Cette
démarche inconséquente, injurieuse mérne
pour le Roi, va se produire au milieu d'une
mise en scène inusitée. Tous les libéraux
militants el huppés du pays seronl sur pied
et s'il faut en croire les on dit, jamais mani
festation semblable n'aura abordé le palais.
Enfin les enfants terribles du libéralisme vont
jusqu'a oser dire qu'on saura bien forcer la
main du Roi!
Celle manifestation a première vue, sem
ble légale, personne, en effet, ne pent con-
tesler a un parti le droit de manifester paci-
fiquemenl; mais si Ton descend au fond des
choses, si Ton scrute la conscience du libé
ralisme, on reste effrayé de la malignité de
ses intentions et de la perversité qu'elles tc-
moignent.
Un seul mot fera compréndre.
Une fois le recours adressé, ou Sa Majesté
refusera de sanctionner la loi, ou elle la
maintiendra. Cedilemme posé, que reslera-
t-il de la coupable démarche du libéralisme?
Si le Roi sanctionne la loi malgré les efforts
des libéraux, ce qui n'est pas douleux,
un mécontentement général se fera sentir
dans le parti et nous n'hésitons pas a prédire
qu'en sorlant du palais on entendra dans la
foule plus d'un cri sédilieux. Si au contraire
et par impossible, la couronne, sous la pres-
sion libérale, refusait de signer cette loi, la
confiance des catholiques dans le pouvoir
royal serait fort compromise, lis se diraient
avec raison que si les adversaires sont assez
puissanls dans l'opposition pour forcer la
main dn roi au sujet d'un fait semblable,
leurs exigences seraient sans bornes s'ils
étaient au pouvoir,
Ainsi, de quelque cölé que l'on envisage
la démarche projetée par le libéralisme, elle
doit êtra préjudiciable a la royauté, qu'il
place dans une position extrèmement déli
cate.
Nous comprendrions l'attitude du libéra
lisme si le gouvernement catholique portait
alteinte a ses libertés; si le gouvernement
catholique, en vertu d'une loi, enlevait des
priviléges ou des droits sanctionnés par nos
institutions constitutionnelles. Mais rien de
semblable n'a lieu. Impuissanls a renverser
le gouvernement par lejeu régulier de nos
institutions, les gueux veulent l'abaltre révo-
Intionnairement. lis onblient trop qu'il y a
encore en Belgique un parti ami de l'ordre
sous la lianniére duquei se grouperont de
plus en plus ceux qui ont a cceur l'honneur
national et la véritable prospérité du pays.
Un pay aan du canton de Celles.
Malmené a la Chambrepar les doctrinaires,
flagellé par les catholiques qui lui opposent
ses antécédanls compromeltants, M. Janson
n'estguére mieux traité parses anciens amis
socialisms et inlernationalistes: ils trouvent
qu'il ne répond pas le moins du monde a
leur attente. C'est ce que constate on des
derniers Nosdu Werker. En voici un exlrait:
Defuisseaux fut aussi excellent, clair et
vigoureux que Janson fut mesquin, mau-
vais et équivoque. Le moment élailce-
pendant favorable pour défendre avec force
et franchise le droit des nelils; les circon-
stances auxqnellés il doit son élection l'y
obligeaient en quelque sorte, el cependant
son discours fut aussi incolore qu'une vieil-
le loque dedrapeau détrempé. (Zoo kleur-
loos als 'n oud afgegaan vlaggendoek.)
II répète ce que mille fois on a deja dit
a la Chambre et que le doctrinaire Orts eüt
pu dire aussi bien que lui. La petite bour-
geoisie de Bruxelles qui monlra, par la
derniére élection, que le jong doctrinaire
lui pesait, ne se trouvera pas peu leurrée.
Le Kleine GazeldAnvers, qui avail exal-
té l'homme bouletle jusqu'aux nues, lui
adminislre aussi une verte correction. Elle
écrit entre autres:
Le radical, socialism, républicain Jan-
son, dont nous avons salué el soutenusi
cordialement la candidature, dont nous
avons célébré si joyeusemenl el si pleins
d'espérance ('election, Janson est a peine
encore un anti-clérical, libéral et qui sait,
peul-être sous peu un représentant doctri-
naire, qui, a la grande joie de la gauche,
est rentré dans ses rangs et qui, au grand
mécompte du parti radical, lequel espérait
trouver en lui un premier représentant
plein de talent, fait mainleriant cause com-
mune avec les meneurs du mouvement
sur place, avec le parti des écrivisses.
Et plus loin:
«Sur beaucoup, les déclarations deJan-
son ont produit un pénible effet; a moi ils
ont arraché l'aveu que, pour la cause, a
laquelle il consacra ses meilleures années
el dut sa renommée la plus pure, pour la
cause du peuple, Janson est perdu.
La persistance avec laquelle la presse
gueuse s'efforce de donner le change a l'opi-
nion sur Ia portée réelle de la réforme élec
torale, est vraiment incroyable.
Hier encore, la Flandre libérale avail l'au-
dace d'imprimer
La réforme électorale votée par la droite
consacre le principe que le prétre ne ré-
pond pas devant la loi pénale des délits
commis dans l'exercice de son ministère.
Aussi bien que nous, la Flandre sail que
cette affirmation est parfailement fausse.
Le prétre répond devant la loi pénale des
délits commis dans l'exercice de son minis
tère; seuleinent les membres de Ia droite ont
refusé d'ériger l'exercice du ministère sacer
dotal en délit, ce qui est tout différent.
Cette distinction élémentaire est accessible
mème a des intelligences libéralesinais s'il
n'y a pires sourds que ceux qui ne veulent
pas entendre, il n'y a pires imbéciles que
ceux qui ne veulent pas comprendre.
LACORDAIRE
ET L'INFAILLIBILITÉ PONTIFICALE.
Nous croyons que nos lecteurs liront avec
inlerètet profit la lettre suivante écrile par
Lacordaire a M. de Monlalembert, aprés la
chute dc Lammennais (1
Paris, 2 Décembre 1833.
II est impossible de prévoir ou cette affaire
deplorable selerminera; mais il est toujours
temps de se retirer du mal. Je l'ai fail il y
a un an, aprés avoir lutté, autant qu'il élait
en moi. contre la tendance de M. de Lamen-
nais, qui ne pouvait et qui ne peul aboulir
qu'a des abiines. Ton tort, cher atni, a été de
suivre un homme au lieu de l'autorité, de
croire au talent plus qu a l'Esprit-Saint; lues
tombé sur celte pierre qui doit écraser, selon
la parole de Jésus-Christ, quiconque l'atta-
quera.
Le malheur de M. de Lamennais n'est pas
lant dans son caractère aUier, dans son peu
d'instinct des affaires humaines et divines,
que dans son mépris pour l'autorité pontifi
cale, et pour la situation douloureuse duSaint-
Siége. II a blasphémé Rome malheureuse
c'esl le crime de Cham, le crime qui a été
puni sur la terre de la inaniére la plus visi
ble et la plus durable, aprés le déicide. De
ce jour-la, M. de Lamennais a été perdu. Je
ne désespére de lui qu'a cause de cela, quoi-
qu'il y ait beaucoup d'autres causes appa-
renlesde sa mine. Pour toi, inon ami lu es
beaucoup moins coupable, parce que tu es
jeune, parce que tu as été ébloui par un hom-
me supérieur a ioi de loules facons. Mais les
yenx doivent s'ouvrir. II ne s'agit pas pour
loi de juger Ie successeur de saint Pierre, de
lui opposer tes pelits raisonnements, mais
de i'humilier sincérement, de faire pénilen-
ce, de demander pardon a Dieu de n'avoir
pas écouté docilemenl les paroles de son vi-
caire. Tu voudraisque Ie Souverain-Ponlife
sorlit de la voie de resignation aux événe-
ments, qui a fait, depuis dix-huil siècles,
toule la politique divine de l'Eglise. Tu vou-
drais que, sans forces humaines, sans nul
appni que la Providence, qui se manifeste
(i) Extraite dulivre quivient deparaüre sous
ce titreGraudes questions du jour, de la veille
et du lendemainParis, ches Tolra; prix:
3 fr. 50 c. franco.
par les événemenis, il se ruidil contre cette
Providence, el qu'au lieu de tirer parti, com
me i! le peul, du bien qui resle encore au
fond des choses perdues, il joual le róle du
capuaine-malamore, ou le róle d'un simple
individu qui n'a rien a perdre que lui-mê
me. Sais-lu ce qui arrivera demain? Conuais-
tu les destinées de l'Europe? Sais-lu si de ce
libéralisme qui le pluil lant, il ne doit pas
sortir le plus épuuvanlable esclavage qui ail
jamais pesé sur la race humaine? Sais-lu si
la servitude antique ne sera pas rétabhe
par lui, si tes fds ne gémironl pas sous le
fouel impie du républicain victorieux Ah
tu blasphémes peul-être ce qui sauve les en-
fan Is de l'opprobre el de la misère Sur des
persuasions d'un jour, dont tu auras peut-
èlre pilié dans dix ans, tu t'élèves conlre la
plus haute autorité qui soit au monde,
conlre le vase de l'Esprit-Saint? Tu l'appuies
sur des distinctions frivoles entre cequi est
spirituel et temporel, pour te souslraire aux
conséquences de ta foi!
Ah! si l'on pouvait satisfaire pour au-
trui, si ton sort dépendail de ma pénitence,
j'irais la corde au cou me jeter aux pieds du
Souverain-Ponlife, je jeünerais des années au
pain et a l'eau, je me couvrirais d'un cilice,
je me ferais déchirer a coups de verges, et
je nj'eslimerais trop heureux si, aprés lout
cela, Dieu avail pitié de toi. Vois ou M. de
Lamennais en est arrivé: il appelle les ceu-
vres si paternelles du vicaire de Dieu des in
jures! Je reconnais celui qui appelait derniè-
ment le Saint-Pére, dans une maison, un
inbécile. Cela sera puni, Monlalembert, cela
sera puni, ou la religion n'est qu'un vain
mot. Mais je l'en conjure a genoux aie pitié
de Ion ame el de tant d'autres ames dont la
foi périra dans ces exécrables dissensions.
Tu sais si je t'aime. Tu sais si j'ai honte de
rien quand il s'agit de foi; eh bienje baise
la poussière de tes pieds, je ne veux pas
d'autre sort éternellement que celui de te
servir comme le plus vil esclave; mais accor-
de-moi, pour prix de mes humiliations
de te dire la vérilé tout entiére. De ce mo-
ment-ci dépend ta vie el peut-ètre ton éter-
nité. Si tu resles dans les routes de la ré
volte, le monde el Dieu te repousseront a ja
mais. Le repentir seul, la retraite, l'étude,
une religion moins politique et plus réelle,
la séparation la plus explicite d'avec le passé;
voila ce qui peut te sauver. Tu dois écrire au
Saint-Pére et te soumettre a lui. C'est le pre
mier acte d'humilité quiapaisera Dieu, et qui
commencera a te reconciliera vee les hommes.
La suite de ta vie, d'une vie calme, modérée,
studieuse, achévera le resle. Bien loin de son
ger a revenir en France dans ce moment, tu
dois rendre graces a Dieu d'en être absent,
et de ce qu'on ne peut t'imputer les acles qui
viennent de paraiire. C'est celte absence qui
me prouveque Dieu veut être miséricordieux
pour toi, si tu fais le moindre effort pour le
mériler. Vois comme il a été bon pour
moi quelle difference aujourd'hui de
mon sort et de ce qu'il eüt été si je n'a-
vais pas eu le courage de rompre mes liens
Quel bien ne puis-je pas faire? Quel bien
aurais-je pu auparavanlTout le monde,
mème les laïcs, mème les incrédules, me
Iouent aujourd'hui. L'abbé de Lamennais,
au contraire, n'a rencontré que la plus pro-
fonde indifference partout, parce que person
ne ne peut comprendre sa conduite, ni amis,
ni ennemis. Ah laisse-moi espérer que tu
reviendras loi-même, que tu abjureras un
vain orgueil, que tu seras bon et saint, que
tu ne contribueras pas a l'affliclion de l'Egli
se, la seule sociélé subsislanle aujourd'hui
dans Ie monde, puisqu'il n'y a plus de liens
nulle part.
Mon cceur se fend en te parianl, je sens
que je t'aime jusqu'a mourir pour toi. Eeoule
celte voix que tu as trop dédaignée, et qui
l'a tant averti de ce que lu verrais arriver.
Mon Charles, mon doux ami, puissé-je souf-
frir pour toi tous les tourmenls de la Pas
sion Puissé-je èlre fouetté devant tout le
monde, crucifié entre des voleurs, abreuvé
de fiel, percéau cóté! Si ce n'est pas assez,
puissé-je comme les suppliciés de Cronstad,
recevoir huit mille coups de verges! Et que
sais-je?Tout sera doux, tout sera délicieux,
tout sera le Paradis, pourvu que lu te sauves,
que lu te recconnaisses!
Vois oü méne l'orgueil. La preuve que
tes idéés sont fausses, c'est que tu ne peux
les admeltre qu'en ruinant dans ton esprit
la nolion de l'Eglise, c'est-a-dire ce qu'il y
a de plus solidemenl élabli sur la terre....
J'ai inontré a M,ne Swelehine ma lettre précé-
dente, qui n'était que sévére, mais celle-ci,
je ne la confie qu'a Dieu et a loi. C'est le plus
intime de mon être, le fond de mes entrailles.
II n'yia que devant Dieu qu'on puisse aimer
ainsi sans rotigir. Et encore Dieu voit ce que
tu ne vois paslui seul sail combien ma pas
sion est violente, combien tu es pour moi.
Tu as été bien ingrat envers moi, tu m'as
bien sacrifié el méconnu c'est le moment
de réparer les torts. Si lu ne le fais pas, si lu
ne sais pas reconnaitre quand Dieu nous
parle par Ie cceur de nos amis, par eet oracle
doux et sacré. il te pariera plus lard par des
chatiments qui frapperont ta chair et tori
esprit. Tu verras deschoses qui terempliront
d'un remords éternel et d'une honte égale.
Malheur a qui trouble l'EgliseMalheur a qui
blasphèrnc les apótres! La destinéede l'Egli
se est d'étre viclorieuse encore; les temps de
l'Antechrist ne sont pas venus. M. de Lamen
nais n'arrètera pas par sa chute ce mouve
ment formidable de la vérilé; cette chute
mème y servira. Et toi, qu'elles seronl alors
les pensées! Tu retrouveras dans ton esprit
celle lamentable hisloire; lu ne trouveras
aulour de loi que honte. regrets, mépris de
loi-méme, pitié de ton propre jugemenl qui
l'aiira égaré a ce point.... Je ne puis croire
qu'il en'sera ainsi. Tu profiteras de celle
lecon de la Providence pourdevcnir meilleur.
Tu' as le cceur bon. tend re, chrélien, sois toi-
méme, sois mon ami. Jelle-toi aux pieds de
ton crucifix aprés avoir lu ma letire, el écris
au Pape comme luaurais fait a saint Pierre,
car c'esl saint Pierre lui-même.
Je t'en conjure encore une fois a genoux,
dans le plus violent transporl d'amour qu'une
créature puisse éprouver pour une créature,
dans le plus profond oubli de moi-mème; je
baise les pieds, je les mouille de mes pleurs,
je rassemble en une seule fois toules mes
caresses de irois ans, tous mes chagrins pour
loi, toutes mes joies, toules mes humiliations,
que je préfére a tout; je te liens sur ma poi -
trinc enivré d'amitié et du désir de ton salut,
et je l'ordonne de m'obéir, el si lu ne m'o-
béis pas, il faut qu'il y ait une grande male
diction sur ta lêle. Adieu, je veux que tu
écrives sur le champ au Saint-Pére, et que tu
m'envoies une copie de la lettre.
Ce qui doit allirer l'attention du lecleur
dans cette lettre, c'est d'abord celte admira
ble parole qui résumé lout l'espril de l'Egli
se catholique: Ecris au Pape, comme tu
aurais fait a saint Pierre, car c'est saint
Pierre lui-même!
C'est ensuile celte apostrophe a foccasion
de M. de Lamenais, blasphémanl Rome mal
heureuse, osant trailer le Pape d'imbécile et
renouvelant le crime de Cham:
Cela sera puni. Montalembert, cela sera
puni, ou la religion n'est qu'un vain mot!
C'est enfin et surtoul ce passage d'une
énergie sublime el prophétique, oü, prenant
a partie et nommant par son nom Ie libéra
lisme, ce libéralisme si cher a son jeune ami
eta lant d'autres nobles coeurs, il prédit et
maudit par avance les germes horribles dc
servitude, de dissolution et de mort qu'il
porie en son sein. Oui, on les entend, au
jourd'hui surtout les claquements de ce fouet
impie du républicain victorieux. Ce fouet
vil et sanglant sous lequel ont gémi et gémi
ronl encore les fils de la France chrétienne,
c'est le libéralisme qui l'a mis aux mains de
ces tyrans hypocrites. Ce n'est pas nous qui
le disons, c'esl Lacordaire qui l'écrit a Mon
lalembert, en 18B3, quinze ans avant la re
volution de Février, dix-huit ans avanl l'Em-
pire, trenle-sept ans avant le 4 Septembreet
la Commune, comme si la suite de cette
histoire se füt déja déroulée devant lui et
que l'image lamentable de sa patrie mulilée
et de Paris en feu eüt par avance épouvanlé
ses yeux.
BULLETIN POLITIQUE.
La journée de samedi a eu a Versailles une
importance extréme.
Le gouvernement est résolu d'en finir.
de Broglie s'est décidé pour une dissolution
immédiale. Un message présidentiel; porlé
par lui au Sénat, a demandé a cette assemblée
son avis conforme, cn mème temps que le
ministrede l'intérieur informait la Chambre
des dépulés des résolutions du chef du gou
vernement.
Le Sénat a remis a aujourd'hui la nomina
tion de la commission chargéede statuersur
le message.
A la Chambre, aprés la lecture de 13 de
claration gouvernementale el le vole de IV-
gence pour les crédils que la commission dn
budget consent a accorder, ('interpellation
déposée a la séance du 16 mai, a été déve-
loppéepar M. Bethmont. M. de Fouriou yi
répondu par un acte d'accusation en régl<
contre la majorité. II a fait ressortir l'impuis
sance de la majorité acluelle et la stérilit
gouvernementale du parti radical dont I'
triomphe aurait pour effet immédiat et iné
vitable la déchéance irrémédiable de I
France.
M. Gambetta a essayé de repondre. II
péroré pendant deux heures, et son langage
d'une violence incroyable, l'a tellement épui
sé lui-même qu'il a été pris d'une faiblessj
en finissant sa harangue.
II serait inutile de se le dissimulerla I"11
que le gouvernement vip.nt d'entamer est un
partie suprème, d'oü doit sortir logiquenie-
le salut ou la mort. Le radicalisme, apr<
cerlaines'hésitation-s, reléve le ganti'
défendra a oulrance, et ce ne sera pas
de toules les forces conservatrices pour
eraser.
Ce qui, cependant, ressort en dernie
analyse de l'attitude des gauches, c'esl
colère qn'inspirent aux républicains la Pe
peclive de se présenter de nouveau a 'e